La rencontre des saisons

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Alors que la jeune femme n’était supposée commencer à travailler que la semaine prochaine, on l’avait appelé. Les plans avaient été devancés et on avait immédiatement besoin d’elle. Pile au pire moment. Elle n’avait même pas eu le temps de se remettre de ses émotions, de se calmer convenablement… voilà qu’on la stressait ! Sayuri aurait pourtant eu la meilleure des excuses pour ne pas se présenter à son premier jour. « Excusez-moi, mon ex petit ami qui a promis de me retrouver pour me tuer a été libérer de prison. J’aimerais donc rester chez moi pour me barricader et me mettre en PLS, merci ! » Enfin, ça, c’était la vie de Natsu… celle qui n’avait pas eu le job, celle que personne ne connaissait ici et que la Japonaise devait s’efforcer d’arrêter d’être pour sa propre sécurité. Sayuri était une petite Japonaise, légèrement plus âgée, qui n’avait pas encore de passé précis. En effet, la nouvelle assistante n’avait pas eu le temps de vraiment se faire de nouvelles connaissances et donc de s’inventer une nouvelle vie. Elle en aurait sûrement l’occasion avec ce nouveau job, mais déjà, elle devait se changer et se dépêcher à y aller ! Son téléphone était presque mort, donc, elle le chargerait pendant qu’elle se préparait. Ne prêtant pas attention à l’écran, elle le déposa simplement sur le bureau et alla se changer. Comment ça s’habille une assistante d’acteur ? Aucune idée. Elle aurait aimé arriver à se concentrer mieux sur la question, mais la peur d’entendre toquer à la porte et de tomber nez à nez avec Akihiko venait lui brouiller l’esprit. C’était idiot, complètement irrationnel, elle le savait. Déjà, le perturbé de la vie ne savait pas où elle se trouvait et même s’il arrivait à le savoir, il ne pourrait pas se téléporter à elle dans la seconde ! Elle était donc tranquille, au moins pour aujourd’hui. Non ? Sayuri s’assit sur son lit, ferme les yeux et se force à penser à son jardin intérieur. Là où personne ne peut la toucher, personne ne peut lui faire de mal, là où elle est en sécurité. Elle inspire profondément, expire lentement, répète l’expérience durant quelques secondes, puis rouvre les yeux.

Elle est presque calme. Assez du moins pour se choisir une tenue en toute simplicité, monochrome et très sobre. La couleur innocente et pure lui va bien. Akihiko ne la reconnaîtrait certainement pas, tant ce style paraît puritain comparé à ce qu’elle portait avant. La nippone se maquille légèrement, mettant l’accent sur ses lèvres, se disant que son sourire l’aidera à mieux s’intégrer. Pas le temps d’hésiter sur la coiffure, elle y va donc avec quelque chose de naturel et il ne lui reste qu’à espérer qu’on ne lui reprochera pas de ne pas avoir copier un magazine VOGUE pour venir travailler. C’est qu’elle ne s’y connaît pas vraiment dans le domaine fashion, ni dans celui de l’entertainment et tout ça… Ironique pour une fille qui est la nouvelle assistante d’un acteur supposément très populaire, non ? Elle qui pensait faire quelques recherches sur lui, le lendemain, au calme, afin de savoir pour qui elle allait travailler. Bah nah ! Elle allait devoir le faire dans le métro ! Elle s’assure qu’elle n’a rien de coincé entre les dents, traverse un nuage de parfum floral afin de sentir bon, et la voilà partie ! A-t-elle pris son téléphone ? Non. Elle l’a complètement oublié en se hâtant trop. Le boulet. Sayuri ne s’en rend d’ailleurs compte qu’une fois assise dans le métro qu’elle a couru pour attraper. Elle se tape le front et balance la tête vers l’arrière en fermant les yeux. Tous les jurons qu’elle connaît - donc beaucoup trop - lui traverse l’esprit. Bon, elle a son badge, son portefeuille et un paquet de gommes dans son sac à mains. L’essentiel de survie, en somme. Elle se rappelle aussi de l’adresse, de l’étage et du nom de la personne, donc ça va. Elle se rappelle du nom ? C’était fils de printemps ? Roi du printemps ? Un truc printanier, elle s’en rappelle parce qu’il avait été doucereux de se dire que leurs prénoms s'enchaînent naturellement. Se traiter d’imbécile et se torturer pour se rappeler des détails les plus importants pour ce premier jour de travail lui fait presque oublier sa crainte de mort imminente. Cette dernière revient toutefois lui sauter à la gorge lorsque son regard se pose sur une silhouette imposante, malgré sa taille élancée, d’homme qui lui tourne le dos. C’est qu’il porte une veste en cuir avec le même dessin que celle qu’Akihiko portait toujours. Un vieux modèle qui a été très à la mode, il y a trois ans de cela. Ce n’est toutefois pas lui et elle respire de nouveau, en voyant le visage aux traits occidentaux de l’inconnu.

La japonaise se sent d’autant plus soulagée lorsqu’elle s’éclipse du métro, l’inconnu y restant. Elle traverse la marée humaine et retrouve assez facilement l’immeuble auquel elle doit se rendre. Sayuri salue poliment, bien que toujours aussi nerveuse, les gens qu’elle croise. Certains seront ses futurs collègues, d’autres, de simples personnes qu’elle croisera à l’occasion… Elle galère un peu avec son badge, mais on vient gentiment l’aider. L’assistante remercie la personne avec un sourire chaleureux, puis court jusqu’à l’ascenseur. Elle ne sait pas pourquoi, trois personnes attendent le prochain plutôt que d’entrer avec l’homme qui s’y trouve seul. S’ils ont du temps à perdre, pas elle.

-« Paaardon ! » lance-t-elle en arrêtant de justesse la fermeture des portes. « Je ne peux vraiment pas être en retard à mon premier jour de travail ! » admit-elle avec un adorable sourire désolé. « Même si j’ai absolument peur pour ma vie… » murmura-t-elle pour elle-même, réfléchissant à voix basse.

Un autre Japonais ? Il ne porte pas de veste de cuir, ça va… Elle ne se sent pas à l’aise, mais il ne lui fait pas trop peur. Elle s’incline poliment pour s’excuser encore et se retourne pour appuyer sur le bouton de son étage, uniquement pour se rendre compte qu’il a déjà été choisi.

-« Ah ? Vous aussi vous allez au septième étage ? » commenta-t-elle, naïvement surprise. « Nous serons peut-être collègues ! Je n’ai aucune expérience dans le domaine, mais je travaillerai dur pour être à la hauteur ! Je m’appelle Morita Sayuri, je suis la nouvelle assistante de Mr. Lee… Haru...o ? » ajouta-t-elle, essayant de ne pas se tromper de prénom, avec un enthousiasme touchant.

C’est qu’elle était pétillante la petite ! Surtout pour une fille qui pensait sincèrement que sa vie était en danger ! Mais, elle essayait de se concentrer sur un problème à la fois. Stresser pour le travail lui changerait les idées ou enfin, c’était ce qu’elle espérait.

-« Vous avez déjà travaillé avec lui ? Ce n’est pas un pervers ou un tyran ou les deux, j’espère ? » demanda-t-elle, s’inquiétant visiblement au sujet de son futur patron.