Il y a de ses relations malsaines, toxiques, qui font ressortir le pire en vous, qui dévoilent vos mauvais côtés, qui blesse si profondément votre âme que vous ne pouvez faire autrement que de devenir un monstre, une bête sans cœur prête à tout pour remporter la joute. Mr. Et Mme Hwang, c’était exactement ça, elle prête à tout pour recouvrer sa liberté, étouffée dans cette relation unilatérale, dans celle culpabilité cuisante de sentiments qu’on tentait de lui enfoncer dans la gorge. Comme un animal pris au piège, elle montrait les crocs, levait le ton, était prête à toute bassesse pour qu’il accepte enfin de mettre fin à leur union. Et lui … misérable créature affectueuse, tellement rongé par la peur panique de la perdre, qu’il se cramponnait de toutes ses forces, lui arrachant un à un ses privilèges dans l’espoir que si elle n’avait que lui, elle resterait. Comment ils en étaient arrivés là, à se déchirer ainsi? Son mari, c’était un homme bien, un mec loyal, attachant, et en dépit de ses tocs et de ses manies de control freak. Mais face à ses provocations, à ses attaques sournoises … à ses amants ouvertement exposés, il devenait graduellement un paquet de nerfs, coincé dans son anxiété, malade à l’idée de ne pas réussir à la contrôler elle… Alors les prises de becs, elles étaient de plus en plus fréquentes, les cris aussi, ils passaient le peu de temps qu’ils avaient ensemble à s’insulter – enfin elle, elle insultait, lui, il se contenait de menacer, et parfois, de l’attraper par le poignet pour la secouer, un peu plus fort chaque fois, quand son anxiété gagnait le meilleur de lui.

Alors ce soir-là ne faisait pas exception. Il devait être 22h00, il faisait noir et presque toutes les boutiques sur la petite rue ou était située celle de Momoka était close, un silence pesant régnait dans ce coin du quartier, à l’exception de deux voix, qui graduellement grimpaient en intensité. La dispute du jour : Dae Suk avait mis mit en vente l’immeuble dans lequel son épouse venait tout juste d’ouvrir son commerce, et elle l’avait appris, alors que des acheteurs potentiels s’étaient pointés durant la journée. Une nouvelle tentative de la contrôler, de lui arracher un vestige de liberté… une nouvelle raison pour elle d’hurler. Elle se doutait bien pourtant, que cette folie avait tout à voir avec ce qu’il avait surpris sous la douche, elle… et Jayden. « Je peux pas CROIRE que t’ai osé me faire ça! T’es vraiment un beau connard! Tu t’imagines quoi, que si j’ai plus d’emploi j’vais venir te supplier?! » Il s’était approché, menaçant, la dépassant d’une bonne tête, cette petite furie. « Plus d’emploi? Sérieusement?! T’es une telle catin que t’auras aucun mal à faire le trottoir!   » Il avait agrippé son bras, et elle s’était débattu, prisonnière de cette poigne pourtant, d’autant plus insultée par ses insinuations.

Elle avait envie de le blesser, de lui faire si mal qu’il arrêterait de s’accrocher. Ne voyait-il pas le genre de monstre qu’elle faisait de lui? Objectivement, elle voyait bien qu’il était au bord des larmes, qu’il paniquait, de la voir si peu réceptive… mais sur le coup, elle était surtout en pétard. « Ah bah c’est cool, avec pute comme choix de carrière t’auras peut-être une chance, t’es friqué non? C’est pas mal tout ce que t’as, de l’argent! » Il avait resserré sa poigne, elle avait pincé les lèvres, ça laisserait une marque, elle le savait. Ça ne serait pas le première. « Non, j’ai une boutique maintenant. » Provocation, efficace, puisqu’elle l’avait poussé de toutes se faibles forces, un peu choquée, tentant de libérer son poignet qui prenait une teinte violacé. « Gardes-là, mais moi je divorce. » Le terrible mot en D, la provocation ultime. Ça avait suffi, mais plutôt que de la lâcher, comme il aurait dû, il avait semblé perdre le cap. La panique était passée dans son regard, tangible, en véritable crise d’angoisse, il devenait toujours violent dans ces moments-là… mais jamais autant, jamais avec elle. Elle avait eu cette certitude, des années durant, qu’il n’oserait jamais. Et pourtant, c’était bien sa main qui s’abattait sur son visage, le goût de son propre sang, dans sa bouche, alors qu’elle titubait, blessée, choquée, et qu’il la libérait enfin, réalisant sa bévue. Il l’avait frappé. Dae Suk l’avait frappé. Le monde pouvait bien s’ouvrir sous ses pieds. Et le pire, c’est qu’elle était certaine de le mériter. Terrifiée, profondément perturbée par le geste, elle s’était retournée, n’écoutant ni son nom, rien, elle s’était mise à courir, comme au automate, le plus loin possible de lui. Si confuse, qu’elle avait heurté le deuxième plus grand con de corée dans sa course. Super.

La nipponne pouvait sentir le goût ferreux de son propre sang perlant sur sa lèvre déjà enflée sous l’impact. Le coup de poing avait été maladroit, désordonné, comme s’il s’agitait plus qu’il ne tentait de la frapper, elle avait eu l’impact à moitié, il avait mal visé… dans sa panique, comme un gamin en pleine crisette de colère… Mais le résultat demeurait le même. Il l’avait atteint au visage, ça faisait un mal de chien sur sa mâchoire et, sous l’impact, sa lèvre s’était fendue et elle était à peu près certaine qu’elle conserverait une jolie trace bleutée sur le bas du visage. Elle était terrorisée. Elle ne s’était jamais imaginée, dans aucun des scénarios probables, que son non-violent de mari, son excentrique, control-freak et désagréable d’époux oserait un jour lui faire du mal. Mais il l’avait fait, si facilement, et elle en était toute secouée. Son pauvre battant s’emportait, tambourinant avec panique dans son poitrail et, poussée par l’adrénaline, elle n’avait eu qu’un besoin : mettre le plus de distance entre elle et lui. Un besoin viscéral, qui l’avait empêché de regarder devant elle… et de heurter son abruti de partenaire de paques. Elle avait cligné des yeux, se redressant, fière, tentant malgré elle d’avoir l’air assurée, puissante, alors que sa lèvre tremblait, alors qu’elle se retenait de toutes ses forces pour ne pas s’effondrer. Son regard doux, inquiet, elle ne le lisait pas, tout ce à quoi elle pouvait penser, c’était que ce petit con l’avait brusqué à deux reprises, leurs deux seules rencontres, elle n’avait aucune envie d’un autre coup ce soir. « Ça va très bien! J’ai pas besoin que tu te moques en plus! Ou tu veux me pousser encore?! » Un ton accusateur, agressif, comme un animal blessé qui montre les crocs pour ne pas laisser voir sa vulnérabilité. Elle était pétrifiée, et n’eut été la voix de son mari, qui lui avait emboité le pas, elle n’aurait pas bougé. « Momo! Reviens ici !! C’était un accident attends ! »

Non, elle n’avait aucune envie d’attendre, aucune. Elle releva le regard vers l’inconnu dans un : « Sh*t!   » lui signalant de la tête de se pousser, pour qu’elle puisse reprendre sa course. Elle n’avait aucune envie de discuter, aucune envie de tenter le diable. La terreur grimpait en elle, en entendant les pas se rapprocher mais pour une des rares fois dans sa vie, elle n’en avait pas, du courage. Elle était pétrifiée, vraiment, coincée entre la certitude de mériter les coups, et celle que si elle fermait les yeux, ça serait un mauvais rêve. Elle n’avait même pas réagis, lorsque Georgie avait tendu le bras pour agripper le sien dans un : « … Momoka …   » Non, elle était restée là, un lièvre pris au piège entre deux démons, reste à savoir ce qui lui ferait le plus de mal. En vrai, elle était surtout en état de choc. Cet homme, son mari, celui qui avait un ami, un confident, une personne chère pendant dix ans… il venait de lui mettre un droit bordel de merde!

Dire qu’elle ne comprenait absolument pas la situation aurait été un euphémisme, en réalité, la scène semblait tellement irréelle, surnaturelle, que ses neurones avaient du mal à assimiler ce que ses yeux lui transmettaient comme information. Déjà, ça ne faisait aucun sens que son mari ait levé la main sur elle, et pourtant, la douleur cuisante sur sa mâchoire, le goût ferreux dans sa bouche lui confirmait bel et bien cet évènement, sans compter la main brusque de son mari qui s’était refermé sur son avant-bras, lui arrachant un couinement douloureux. Plus incompréhensible encore, fut la hâte avec laquelle son mystérieux sauveur libéra on bras et ce réflexe qu’il avait eu de la mettre derrière lui, protecteur. Pourquoi il faisait ça hein? Pourquoi il l’aidait? N’était-il pas le genre de crétin qui ne pense qu’à lui, à ses fesses, pourquoi diable montrait-il une once d’intérêt pour sa sécurité alors qu’il n’avait aucune raison de le faire? Ils n’étaient pas en bons termes. Et pourtant, quelque part, elle était vachement heureuse qu’il le fasse. Ses iris embrouillés fixaient les épaules de Je Ha comme un bouclier entre elle et Dae Suk, qui grognait toujours sans qu’elle ne parvienne à comprendre.

Les voix lui semblaient distantes, vagues, mais elle avait bien eu conscience d’un coup, et des bruits de pas, son mari, qui prenait la fuite après avoir mangé le droit de sa vie. On ne l’avait certainement jamais frappé, Dae Suk, et elle avait raté le spectacle, pas trop certaine de qui s’était ramassé le droit. Tout ce qu’elle avait entendu, c’était les bruits, l’impact, et le dos de son sauveur qui lui évitait de voir. Figée, elle avait quand même fait l’effort de tendre une main hésitante vers Je Ha, de poser tout en douceur, ses doigt sur son avant-bras pour tirer sur sa manche, elle tremblait, profondément secouée de sa soirée. Allait-il la frapper aussi, si elle osait poser la main sur lui? Il l’avait déjà bousculée, et ce souvenir était cuisant dans ses songes. Ses iris sombres s’étaient brouillés de larmes qu’elle peinait à contenir, alors qu’elle avait couinée, idiote. « Il t’as frappé ? T’es blessé? » Visiblement, elle était de celles qui pariaient sur le mauvais cheval! Mais la culpabilité lui prenait les tripes, s’il s’était fait amoché par sa faute hein, comment allait-elle payer cette dette? Elle avait tiré un peu plus sa manche, pour qu’il se retourne, pour voir son visage, avant de le libérer dans un sursaut, comme un animal craintif d’être corrigé, frappée à nouveau. « M-me pousse pas… j-je… j’voulais pas te toucher. » Son minois était assez amoché, sa lèvre en sang et surtout, elle était tellement crispée qu’elle luttait pour tenir debout. Vraiment, on l’avait poussé dans ses derniers retranchement, se faire violenter ainsi par une personne de confiance… « M-merci. Mais… je… enfin… on vit à la même adresse. » Une nouvelle inspiration ardue, un tremblement de sa lèvre, un regard de lièvre paniqué. « C’est mon mari. » Aveux implicite qu’il aurait tout le loisir de lui faire payer, et peut-être, qu’elle le méritait au final, ou à tout le moins, croyait le mériter.

« … D-désolée… t’étais pas obligé de… de l’arrêter. » Maintenant, elle lui est redevable, il l’a vu faible, il la sait faible, et ça lui est inadmissible. Elle déteste qu’on la sache vulnérable, elle déteste l’être… mais pourtant, elle est plutôt reconnaissance, qu’il se soit mis entre elle et le coréen, qu’il l’ait chassé, même si c’est bref, même si ce n’est que ce soit elle a un petit répit un temps pour se reprendre. Elle soupire, l’observe, ne sait pas trop quoi faire. On ne l’a jamais frappé avant, ni son mari, ni sa famille, elle vient d’un monde assez rose bonbon, assez beau, de ce côté-là, alors elle réagis comme une idiote. Elle n’a pas besoin de lui demander, au tatoué, pour savoir qu’il doit avoir l’habitude. Après tout, elle doute que ses poursuivants, lors de leur première rencontre, voulaient juste le convertir à leur église ou lui vendre des biscuits. « … » Sa gorge est nouée, son cœur bat à tout rompre, elle est franchement secouée.

Elle n’avait pas l’habitude de se montrer vulnérable, Momoka, alors à sa question, elle se permet de renifler, pour contenir ses larmes qui menacent de poindre à nouveau, et elle force un sourire, pas franchement heureux, mais moqueur, chieur, pendant une seconde, elle se dit que ce n’est pas plus mal, d’user des techniques du tatoué en face d’elle, de faire comme si elle s’en fichait et que rien n’avait d’importance. Il avait l’air de bien s’en tirer. Sa voix est un murmure, un couinement, elle a tenté de la rendre légère mais sans succès. « Je sais bien choisir mes hommes hein? » elle pince les lèvres, regarde ses pieds. D’habitude, elle prend des connards qui lui brisent el cœur… avec Dae Suk, elle ne s’était jamais imaginé qu’il ait pu avoir envie de lui briser les os. Il fait froid, elle est terrorisée, déboussolée et encore plus quand sent la chaleur sur ses épaules, le veston de l’inconnu d’y poser. Les iris noisettes de la bridée se relèvent sur le jeune homme, un air réel d’incompréhension y passe, puis, de la reconnaissance, de la vraie, elle le regarde comme le messie mais demeure interdite à sa question. Ce qu’elle veut faire? « J-je… » ses mains resserrent les pans de la veste sur ses épaules, elle l’observe toujours, les larmes recommencent leur chemin sur ses joues.

Elle cherche sa voix, échoue, mais tente encore. « Je sais pas… mais… t’as pas… pas à t’occuper de moi… t’en as déjà beaucoup fait… » Elle soupire, sourit, franchement cette fois. Elle a envie de le remercier, vraiment, mais elle a peur que tout geste soit mal interprété, qu’il la pousse encore. Alors elle lui tend bêtement sa petite main, comme une personne civilisée, comme une offrande de paix dans un : « Merci. » Vraiment, merci, ses iris ne quittent pas les siens, elle attend là, mains tendue comme une conne. « Au fond… t’es vraiment un type bien… tu me dis ton nom? ... Que je saches qui je remercie. » C’est la moindre des choses, non?

Elle était du genre fier, la nipponne, elle laissait rarement les gens la prendre au dépourvus ou déceler la moindre trace de faiblesse chez elle, elle emmurait ses émotions si profondément que par moment, elle oubliait de les ressentir. Hors, elle était au bout du rouleau ce soir, parce que l’inacceptable était arrivé, parce que ses nerfs avaient finalement lâché quand Dae Suk avait levé la main sur elle, l’effrois l’avait pris aux tripes et elle ne pouvait rien faire d’autre que sangloter devant un étranger – enfin, un petit con qu’elle avait fort peu apprécié par le passé – en état de choc. Et que ça soit lui, parmi toutes les personnes possibles, qui viennent à sa rescousse, qui lui offre sa veste dans laquelle elle s’était enveloppée en tentant de contrôler ses sanglots… ça la choquait. Elle l’avait mal jugé, probablement, et maintenant elle se sentait coupable. Et faible, vraiment faible, elle aurait aimé qu’il ne la voie pas si vulnérable, mais étrangement, il ne se moquait pas. Tentant de détendre l’atmosphère et de regagner un peu d’amour-propre, elle s’était risquée à la blague, espérant brouiller les cartes, éviter de parler de ce qui était vraiment important, nier juste un peu, ce qui venait d’arriver. Dieu merci, le jeune homme semblait comprendre son stratagème, et le petit sourire en coin qu’il lui adressa était exactement la réaction dont elle avait besoin. Elle n’aimait pas être rassurée, Momo, elle aimait avoir l’air indestructible. Alors elle avait rajouté une couche, lui rendant son petit sourire, dans une autre blague minable sur un ton joueur : « Te moques pas… c’est vraiment un soucis même ton sourire chieur je le trouve charmant ! » Elle trouvait les plaisanteries plus rassurantes, comme si, elle avait juste besoin qu’il soit sympa, pour avoir moins peur, pour cesser de trembler. Ça irait…elle finirait par se reprendre.

Refermant les pants de la veste sur son petit corps – c’est qu’elle est naine avec son 1.50 m la Momoka, elle l’avait complimenté, plutôt surprise de le voir répliquer instantanément. Est-ce qu’il voulait vraiment être un con? Ou est-ce qu’on lui avait dit trop souvent qu’il n’avait pas de valeur? Elle se doutait bien qu’elle ne pourrait pas lui demander sans se prendre un rejet, alors elle avait secoué la tête, haussé les épaules. Il était peut-être un con, mais pour elle, ce soir, il était héroïque. « Si tu le dis. Tu sais qui d’autre tiens ce discours et aide les gens? » Elle se mord la lèvre, se dit qu’il va la trouver débile, et abdique. « Batman. » Sauf que lui, il avait un nom tout coréen, qu’il venait de lui divulguer. Rangeant sa main, qu’il refusait visiblement de serrer, elle répliqua un « Okina Momoka. » en lui adressant un sourire incertain. Et puis quoi? Elle n’avait pas envie de penser à la suite, mais avec ses questions concernées… il l’y forçait. Elle haussa les épaules. Des amis, elle en avait, mais elle se voyait mal regagner l’appartement dans cet état, Woojin et Hye Rin l’étranglerait sur le coup, pour avoir caché combien son mariage était merdique… Elle se mordit la lèvre, un peu honteuse de son aveu. « … Meh. J’ai pas vraiment envie d’embêter les gens avec ma gueule amochée… » De causer des soucis… « En fait là, j’ai surtout envie d’un verre pour calmer mes nerfs… » Et penser, elle se disait que la chaleur du soju finirait par amoindrir le bloc de glace qu’elle avait l’impression d’avoir avalé quand son mari l’avait frappé… Poussant sa chance, elle lui proposa quand même. « … J’ai des bouteilles à la boutique… Tu veux pas rester avec moi… juste un peu? T’es pas obligé. » Elle n’avait pas envie qu’il se fâche, en fait, elle était encore pas mal secouée.

Elle prenait conscience, dans son état nerveux actuel, qu’elle a peut-être mal jugé le croupier, au fond, il a beau faire un peu peur avec son air sombre et ses tatouages, il est assez sympathique… rien ne le forçait à la défendre ce soir, ou à lui prêter sa veste, ou même, à rester avec elle, mais il l’a fait, en grognant certes, mais fait. Et pour ça, elle lui est reconnaissante, parce qu’elle aurait probablement brisée en morceaux s’il n’avait pas été là pour la protéger, ou alors… elle aurait suivi Dae Suk, la peur au ventre, et aurait blâmé sa propre personne pour les conneries qu’elle subissait. Elle était forte là-dessous, tout embouteiller, refouler, par soucis d’inquiéter ses proches. Alors quand il accepta de rester, juste un peu, elle lui tira un sourire reconnaissant, en le rassurant d’un « Je tiens mon alcool. » assez vrai. Pour un petit bout de femme, elle pouvait en consommer par mal. D’un signe, elle désigna sa boutique, deux coins de rue plus bas, devant la scène du ‘’crime’’ et qu’il guida dans un « Ok. Suis-moi. ». Elle avait bien appris, elle ne lui avait pas touché, elle ne l’avait presque pas regardé, comme si elle redoutait qu’il s’évapore si elle insistait trop. Elle était simplement reconnaissante pour sa présence, sa silhouette, elle se sentait en sécurité, avec cet étrange partenaire. Poussant la porte et les guidant au fond, vers son bureau nouvellement décoré, elle confia, en se mordant la lèvre. « Tu sais… je suis contente de voir que tu vas bien … je me suis inquiété l’autre fois…. T’as pu te sauver sans embuches? » Ça l’avait tourmenté, la pauvre, qu’on le pourchasse.
Et pourtant, elle le connaissait à peine. Se dirigeant vers le frigo, et allumant au passage l’éclairage doux de la pièce, elle proposa à son sauveur un « Ça va ta main? J’ai de la glace… » avant d’extirper deux bouteilles de bière et de les ouvrir contre son bureau avant de revenir vers lui, vers l’autre bout de la pièce où il y avait un canapé et des chaises. « Visiblement, j’ai que de la bière... T’es difficile? » Elle lui tendit les deux, une pâle et une foncée, qu’il choisisse, franchement ce soir, elle n’était pas difficile. Une fois une main de libre, elle pris une longue gorgée de houblon en soupirant, ses yeux encore humides. Elle avait vraiment eu peur, et pire encore, elle se sentait drastiquement responsable, coupable… conne. Merde, elle devrait vraiment divorcer…Mais Dae’ est-ce qu’il allait encore se mettre en colère si elle demandant? Serrant le poing comme une fille qui ne se bat pas souvent – le pouce en dehors, classique mal positionné, elle le brandit vers son sauveur dans un « Comment t’as fait pour frapper sans te faire mal? J’me suis cassé un doigt la dernière fois que j’ai frappé quelqu’un… je le fais pas bien? » Tous les sujets sont bons, pour ne pas parler de ses emmerdes. C’est une reine de l’évasion Momoka.