C'était le même jour qui se levait. Le même jour qui se couchait et comme d'habitude tu prenais un café pour te réveiller. Comme d'habitude tu allais dans ton bureau propre et impeccable pour remplir des papiers qui n'avaient pas une importance cruciale, mais qui aidait la grande chef à se délester d'un peu de son travail. Pas trop, pour ne pas te donner le pouvoir, juste assez pour te rendre utile sans lui nuire. Tes études avaient été pour reprendre l'hôpital tout autant pour t'éloigner. Elle avait été claire, la chef de famille, elle ne te laisserait pas son hôpital tant que tu seras faible. Ca avait toujours été ainsi. Une grande dame bien que dure et impitoyable. Elle avait le mérite de s'en être sortie seule et d'avoir gravi chaque échelon avec brio. Perdre un mari n'était pas chose aisée. S'élever seule pour une femme  l'était encore moins, mais elle avait réussi. Avec des crocs , des batailles et des guerres de gagnées. C'était son combat, son choix. Choix qu'elle remettait sur le dos de son fils. Présumer successeur, homme de surcroît il convenait à tous les investisseurs. Mais perdre ainsi son siège face à un homme, même de son sang, était inconcevable.

Une philosophie que tu avais légèrement étudié, tu t'y étais penché mais finalement tu te pliais simplement à ses exigences, ton regard brillait de cette envie de lui faire plaisir, d'entendre la mère féliciter le fils. Et ce fut cette idée qui te réveilla de tes songes éveillés alors que ton stylo c'était stoppé sur un dossier. Une pause. Il te fallait une pause. Prendre une heure n'allait pas te tuer. Tu pris alors tes affaires et te dirigeais vers un endroit que tu  fréquentais souvent, loin, bien plus loin de ton bureau mais qui pouvait te relaxer. Une sortie non loin du village traditionnel te donnait toujours beaucoup de force. Depuis petit tu y trouvais une cachette, un réconfort. Tu te faisais toujours beaucoup de films quand tu te promenais dans les rues étroites et anciennes du village. Tu revoyais ce petit garçon courir alors qu'on lui interdisait partout. Un petit sourire vint étirer tes lèvres dans un rêve un peu fou, un passé qui te hantait et pourtant que tu regrettais presque. Grandir n'était pas si drôle.

Ton regard croisa alors un petit café et tu te décidas à récompenser ta marche montant les trois quatre marches qui t'éloignaient de la porte d'entrée. Et à peine allais tu toucher la poignée que la porte se rua sur toi. Saleté de porte qui bougeait seule, ou presque. Tu n'eus le temps que de reculer légèrement lui laissant la place de cogner ton nez avec force, te laissant échapper un petit gémissement de douleur. Ton karma était mauvais. Vraiment mauvais.