[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Un moment de pause entre des tonnes de papiers qui s'accumulaient sur un bureau portant ton nom mais qui ne te laissait pas de place pour ton vrai statut. Tu n'étais qu'un pantin contrôlé habilement par la femme la plus froide que tu ne connaisse. Tu relevais le bout de ton nez de ces pages blanches noircis pour multiples raisons et tu en venais à regretter tes années à la fac. Non tu les regrettais déjà, rien qu'en posant un pied au sol coréen. Car oui, à partir du moment où tu étais revenu sur les terres de ton enfance tu avais l'impression qu'elle y dirigeait tout. Elle t'empoignait au cou et te guidait sans te laisser placer un mot. Loin de tout ça tu avais réussi à faire autre chose, même si tout était très contrôlé, que le moindre débordement était rapporté, amplifié, réprimandé. Un enfant de cinq ans avait plus de libertés. Mais tu t'en contentais. Tu avais été éduqué ainsi, à obéir à chacun de ses mots. A savoir quand est ce que tu devais ouvrir ta bouche ou la fermer. Souvent il fallait que tu la gardes fermer pour ne pas t'attirer les foudres de la maîtresse de l'empire que tu étais en train de reprendre.
Chose qu'elle n'appréciait pas, mais qu'elle savait impossible à contrer. Alors que les heures défilaient et se ressemblaient tu décidais de quitter cette chaise qui endolorissait ton postérieur et tous tes membres. Pas longtemps, juste un moment pour un café. De quoi réveiller ton esprit.

Tu quittais alors ton bureau sous le regard de cette secrétaire que tu savais du côté de ta mère. " Si j'ai un appel veuillez le noter je rappellerai juste après.  " Tu mettais ta main dans ta poche et prenais l'ascenseur en reprenant ton souffle comme si chaque déplacement était une suite de réflexion intense qui devait être fait avec précision. Après tout c'était le cas. Ce n'est qu'au Starbucks que tu te sentais un peu plus détendu, l'odeur du café venant doucement revigorer tes membres. Tu commandais alors en frottant un de tes yeux dans un esquisse légèrement fatiguée. Il n'y avait que loin de l'hôpital où tu pouvais te le permettre de toute façon. La faiblesse créant le chaos dans votre entreprise. Une règle après une autre tu les avais toutes apprises, ingérées , et recrachées.

Et pourtant dans cette tempête de règles un prénom sorti du lot, appelé par le serveur. Un prénom qui devait être commun mais lorsque ton regard se posa sur la personne prenant le gobelet tu fus surpris de reconnaître également le visage. "  Oh.. Jae Jin. Jae Jin ! " Un léger geste et tu venais lentement vers lui. Que faisait il là ? Ton passé te rattrapait un peu trop, et tu craignais.. tu craignais de la revoir et de ressentir encore cette peur et cette honte que tu avais toi même provoquée.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Encore une journée de travail. Encore une journée ratée. Une journée où il avait été médiocre du début à la fin. Une journée où rien n'était allé comme prévu. Il détestait ces journées-là, et elles semblaient ne pas l'apprécier non plus. Soupirant longuement il laissa son visage s'abaisser sur le sol, ses mains crispées dans ses mèches brunes. Il secoua brièvement son visage. Il était exaspéré. Par lui, le reste, tout. C'en devenait presque ridicule. Il en devenait totalement ridicule. Il sentait déjà les maux de tête qui s'infiltraient sous son cuire chevelu et ça lui donnait presque la nausée. Il se donnait la nausée. Il ferma les yeux, laissant l'obscurité l'envelopper et il retint son souffle. Pourquoi tout était ainsi ? Pourquoi rien n'était-il plus simple ? Pourquoi était-il ainsi ? Pourquoi était-il lui ? Pourquoi était-il là ? Les questions naissaient encore et encore sans jamais s'arrêter, injectant leur poison dans ses veines et dans son cœur. C'était ridicule. Tout ça. Cette situation. Il réfléchissait tout simplement trop, Jae Jin. Il lisait des mots entre les lignes alors qu'il n'y en avait pas. Il sur-interprétait tout ce qu'on pouvait lui dire, surtout quand on parlait de lui. Il doutait de tout. Surtout de lui. Et ça le bouffait. Ca le boufferait.
Et il en crèverait, certainement.
Soupirant à nouveau, il se redressa, non sans passer une nouvelle fois ses doigts dans ses cheveux. Il ne pouvait pas rester là éternellement, il devait rentrer... mais pas avant de s'être arrêté pour prendre un café. Il en avait besoin.

Il se laissa envelopper par l'atmosphère et les odeurs, commandant sa boisson puis attendant sagement jusqu'à ce qu'on l'appelle. Une fois ceci fait, il s'avança avec un léger geste de la main pour se faire voir, et il attrapa son gobelet, remerciant l'employé dans une petite esquisse. Il cligna des paupières, tournant le visage dans un air penaud vers la voix qui appelait encore son prénom. Son visage partit sur le côté en observant le jeune homme qui s'avançait, ses doigts se pressant sur son gobelet comme si on allait lui voler. La frimousse tendue dans un air clairement surpris, il lâcha un petit « Oh » tout en reconnaissant Tae Min. Il resta silencieux un instant, le scrutant simplement, quelque peu perturbé de le revoir ici. « Qu'est-ce que tu fais là ? », et les mots sortirent plus vite qu'il ne put réfléchir. Ses yeux s'écarquillèrent de manière comique. « Boire un café oui vu qu'on est... là... enfin c'est pour le café », son index pointait des directions au hasard avant de désigner son gobelet. « Je venais pour le café aussi », sans déconner... Il se racla la gorge, tentant de masquer son embarras face à sa propre stupidité. « Désolé », qu'il articula dans un chuchotement à peine audible. Il baissa quelque peu le regard avant de le relever vers lui. « Tu vas bien ? Ca fait longtemps »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Le travail n'était pas un lieu de tout repos, et ce pour personne. C'était un lieu où l'angoisse, le stress venait se mêler aux insécurités journalières. Pour peu qu'on soit comme toi ou ton ami, poussé à bout, jugé et cela devenait un enfer. Chaque erreur pointée, surlignée. On ne te laissait aucun répit et tu savais que tu l'entendrais hausser la voix. T'envoyer les papiers avec l'erreur, aussi minime soit elle. Tu savais qu'elle s'énerverait avec un sang froid presque glacial. Entre la crise de nerf et la retenue elle te dirait à quel point tu as été mauvais. Tu n''étais rien à ses yeux. Rien que la personne qui lui faisait perdre son statut. Elle voulait tout contrôler, mais tu étais, de par ta nature et la société, là pour reprendre les rennes. Reprendre ce qu'elle avait construit à la sueur de son front. Sûrement aurait elle fait une bonne féministe. Si elle n'avait pas été toujours aussi froide.

Tu avais toujours cherché à lui plaire, te pliant à ses exigences, te pliant à ses règles comme tu l'avais toujours fait. Le sourire aux coins des lèvres tu avais essayé de te montrer digne oubliant chaque claque reçu pour chaque erreur faite. En grandissant tu comprenais qu'elle aurait toujours cet emprise sur toi, tant tu voulais qu'elle te félicite. Tu voulais une vie normale, une mère qui encourageait son enfant, une mère qui connaissait les goûts au moins alimentaire de celui ci. Au moins l'allergie que tu avais. Faire le fils modèle était pesant.

Alors si ce café devait t'aider tu en prendrais tous les jours. Mais tu n'étais pas sûr. Pas vraiment. Allait il t'aider ? Ou attirer les foudres de cette directrice stricte qui t'aurait vu quitter ton poste. Toutes ces questions restèrent en suspens alors que tes yeux détaillaient la personne appelée. CE prénom t'était connu, tu le connaissais, fut une époque où tu aimais l'appeler également. Et en détaillant les traits fins du jeune homme tu retrouvais cet ami perdu. Ta voix et tes lèvres se mettaient alors simplement à retracer son prénom et tu vins vers lui par une force inconnue. Pourquoi ? POuruqoi commencer une conversation? Tes yeux vaguant entre le gobelet et le jeune homme tu hochas la tête. " Oui pour le café... il est bon.  " Super, tu ne t'améliorais pas en relation sociale. Il semblait tout aussi perdu que toi ce qui te rassura tout de même. "  Ca va oui .. effectivement et toi que deviens tu ? " Prenant ton gobelet suite à l'appel de ton prénom tu revenais directement à ses côtés pour entendre sa réponse. Que faisait il ? Qu'est ce qu'il se passait autour de toi? Allait il bien? Est ce qu'il s'était bien porté ? Tu n'avais jamais eu d'ami comme les autres, mais tu te souvenais t'être demandé plusieurs fois comment il allait, car oui, il fut un de tes rares amis.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Qu'est-ce qu'il devenait ? Ah... il détestait cette question. Il détestait la réponse. Et il détestait toute la réflexion qu'il y avait derrière. Toute la réflexion qu'il se faisait mais aussi tous les reproches que cela engendrait. Que devenait-il ? Concrètement ? Métaphoriquement ? Ou dans ses rêves les plus fous et illogiques ?
Concrètement, il ne devenait rien. Pas grand chose. Juste... lui ? Juste Jae Jin. Il continuait sa voie, son petit chemin. Il continuait tout droit, le regard rivé sur l'arrière. Il n'osait pas vraiment regarder devant. Parce que demain était effrayant, aujourd'hui encore plus. Alors il préférait se focaliser sur hier. Sur ce hier qui avait été si beau, si tendre, si doux. Et il regrettait ce temps-là. Ce temps où l'innocence faisait rage dans son esprit. Ce temps où il ne savait rien. Il aurait mieux fait de ne jamais savoir. Il aurait mieux fait de ne jamais comprendre. Il n'en voulait pas à ses parents, c'était aimable de leur part de lui avoir avoué la vérité mais... Mais Jae Jin s'en serait passé. Vraiment passé. Il aurait préféré ne jamais savoir. Il n'aurait rien remis en doute. Ni ses parents, ni son frère et sa sœur, ni le reste de la famille, ni lui. Il aurait juste été insouciant et aurait pris la vie comme elle venait. Comme il était avant. Il aurait profité de ce qu'il avait, de ce que la vie lui donnait et offrait. Il aurait tout savouré, jusqu'à la dernière goutte, jusqu'à la dernière bouffée d'air. Et il aurait pu dire, à la fin, qu'il avait vécu une belle vie.
Là, actuellement, il ne serait pas capable de le dire. Pas que sa vie avait été misérable – il se plaignait et il s'en voulait parce que certains vivaient pire. Juste que ce n'était pas ce qu'il avait envisagé pour lui, voilà tout.

Alors oui, il détestait cette question. Il détestait la réflexion, la conclusion et les mots qui sortaient de sa bouche. Il détestait cette sensation d'inutilité qui le prenait. Il détestait se sentir aussi stupide. « Pas grand chose », qu'il répondit doucement, une esquisse légère aux lèvres alors que son regard exprimait son désarroi. C'était toujours la même réponse. En même temps... ce n'était pas menti. Ce n'était pas recherché. C'était la réalité. « Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? », ça aussi, il n'aimait pas. Parce que les réponses étaient généralement plus poussées que les siennes. Les autres devenaient quelqu'un, au moins. Il observa rapidement les alentours, se raclant discrètement la gorge et invita Tae Min à se décaler, se plaçant à ses côtés. « Tu viens souvent ici ? », super la question, et ce serait quoi la prochaine ? Sa marque de sous-vêtements favori ? Il se désespérait... « Enfin... je veux dire... oui... hum... », ses pommettes rosirent quelque peu. « Je suis content de te revoir », admit-il dans un sourire discret.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Tu n'étais clairement pas un spécialiste des relations humaines mais il te semblait que cette question était un signe d'intérêt. Cet intérêt était il vrai, faux, feint ou jouer , ça personne ne le savait. Toi même tu ignorais la réponse. Tu ignorais jusqu'à ton propre intérêt, tes passions et ce qui te plaisait. Tout était régis, contrôler, et rien ne semblait se faire au hasard. Alors oui, tu demandais simplement ce que la vie t'avait appris à demander.
Alors comment allait Jae Jin, cette personne aux traits familiers. Cette presque unique personne que tu connaissais. Bien que tu revoyais ton passé dans les yeux des gens en ce moment tu ne pouvais pas dire que ça t'était désagréable. C'était comme reprendre un peu sa vie. Comme si tu retrouvais la mémoire. Qui tu étais. Qui tu aspirais à être. Ce que tu faisais. Tu t'étais tant demandé ce que tu faisais là. Cherchant simplement à satisfaire une personne oubliant ta volonté propre. Sous son contrôle comme un pantin tu perdais peu à peu tes goûts ne te souvenant que de ce désir profond et vieux de la voir sourire, de la voir fière de toi. Mais au fond, tu savais que ça n'arriverait jamais. Mais te voilà encore dans cet hôpital , à essuyer les critiques, à écraser ceux qui n'avaient rien d'intéressant pour vous. Parce que c'est ce qu'elle voulait. Tu étais là à manger les plats qu'elle demandait, faisant bonne figure quand celui ci faisait gonfler ta gorge à en suffoquer. Ne rappelant pas l'allergie que tu avais pour ces aliments qu'elle te demandait de consciemment déguster. Tu étais là à passer pour quelqu'un, quelqu'un que tu ne connaissais pas.

Finalement, sans même le savoir, vous étiez assez semblable. Vous détestiez autant cette sensation d'être inutile, nul et incapable. Vous détestiez la manière dont les autres vous regardaient. Peut être détestait il autant décevoir une et même personne que toi. Peut être qu'il était aussi perdu que toi ne comprenant aucun des signaux que les autres envoyaient, tout comme ses yeux qui criaient de détresse. Hochant doucement la tête face à une telle réponse, ne sachant pas quoi dire, faire quelque soit la réponse tu restais muet, fermé. MAis vint ton tour de répondre à cette fameuse question qui positionnait un être que tu ne connaissais plus. Tu étais perdu. Tu ne devenais plus puisque tu avais cessé d'exister. C'était ce qu'il aurait fallu répondre en toute honnêteté. "  Pas grand chose non plus... " Tu avais eu cette place dans l'hôpital sans qu'on te fasse confiance, tu étais revenu sous un ordre , tu restais dans l'attente d'une excuse pour te faire virer. Que devenais tu ? Regardant à ton tour autour tu le suivis bien que ce n'était pas dans tes habitudes de jouer l'homme discret. Non pas parce que tu le voulais , mais parce qu'elle ne l'acceptait pas. " Oui.. assez et toi?  " Le naturel avait quitté cette planète au moment où vos chemins s'étaient croisés. raclant un peu ta gorge après lui tu humidifias tes lèvres avant d'hocher de nouveau la tête. Comment parlait on à des amis ? Comment savait on qu'on avait des amis ? Tu te posais tant de questions, tu cherchais tant à t'éloigner que ses mots te coupèrent net. Tu le regardais simplement sentant une chaleur douce et inhabituelle t'habiter. Comme quand Minah te parlait. Non quand elle te parlait ton sourire s'étirait seul. " Désolé.  " Le toi d'avant, le vrai toi parlait. Tu étais navré d'être parti. Navré d'être toi. Jae Jin connaissait ta mère, sa sévérité et peut être même ton envie de la satisfaire. " Je suis revenu il y a peu. Mais n'hésites pas à appeler. " "J'ai mal". "Je suis mal". "Je ne sais pas quoi faire, qui je suis". "Aide moi". Tant de phrases non dites que ton coeur criait sans qu'on puisse les entendre. Mais tu ne méritais rien, pas même la compassion.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Il en avait assez d'être lui, Jae Jin. Il voudrait être différent, quelqu'un d'autre, autrement. Il voudrait avoir des pensées plus sereines, plus saines. Il voudrait voir enfin cette lumière, être reposé, tranquille. Il voudrait connaître cette satisfaction personnelle. Il voudrait pouvoir s'endormir fier de lui, de sa journée, de ses accomplissements. Mais il n'accomplissait rien du tout dans la journée, Jae Jin. Il restait immobile, silencieux. Il observait, spectateur. De sa vie, de celles des autres. Il restait sans voix face au spectacle. Il se laissait emprisonner dans son ombre tandis qu'il enviait cette lumière dans le regard des autres. Mais c'était ridicule, parce qu'il savait. Chaque personne menait un combat. Chaque personne devait faire face à quelque chose qui lui pourrissait la vie d'une manière ou d'une autre. Mais les autres, au contraire de lui, ne s’apitoyaient pas sur leur sort. Ils se battaient, relevaient la tête et se dressaient contre vents et marées. Ils y allaient, parce qu'ils le voulaient. Ils étaient courageux, ces autres. Capable de faire face à leurs démons pour lui ordonner de retourner dans leurs cages. Jae Jin, lui, n'avait pas cette force-là. Il se plaignait de leur présence sur son épaule alors qu'il ne se battait pas non plus pour qu'ils s'en aillent. Au contraire, il les laissait se loger là, faire leurs nids. Il les laissait lui susurrer les pires abominations. Il ne disait rien, Jae Jin. Il ne faisait qu'écouter. C'était normal alors que les autres lui murmurent la même chose. Jae Jin ne disait pas le contraire. Il était lâche, oui. Il était faible, oui. Il se laissait avoir, oui. Il voudrait avoir la force de se battre, oui. Mais il ne faisait rien pour y arriver, totalement. Il était le pire, à se plaindre sans rien faire, sans changer.
Il voudrait changer, Jae Jin. Il voudrait devenir quelqu'un d'autre, ce quelqu'un qu'il aurait dû être, qu'il s'imaginait être dans ses rêves les plus fous. Mais il était pitoyable, Jae Jin. Il ne parvenait même pas à se relever. Il voudrait changer, Jae Jin. Mais il y avait encore du boulot, peu d'espoir, pas de force. Il voudrait changer...
Pourtant, le changement, ça lui faisait peur à Jae Jin. Ironique, n'est-ce pas ?

Douce ironie, oui. Comme sa vie. Son existence. Sa présence ici. Ironique, oui. Comme la raison pour laquelle il était ici. Ironique, tout comme la raison pour laquelle il se retrouvait face à Tae Min. Il n'était rien, comparé à lui. Il n'arriverait à rien, comparé à lui. Et ça, c'était ironique, de vouloir se comparer à quelqu'un alors qu'il n'y avait rien à comparer. Que ce n'était pas comparable. Que leurs vies ne pouvaient pas être comparables. Pourtant Jae Jin le faisait. Tout le temps. Avec n'importe qui. Et à chaque fois il finissait sur la même pensée, sur la même conclusion. Stupide, hein ? Tout comme lui. Un léger « Oh » quitta ses lèvres à la réponse du brun avant qu'il se pince doucement les lèvres, désolé. Désolé de quoi ? Pour quoi ? Lui-même ne savait pas. Peut-être parce qu'il était désolé d'être là, d'être lui. Désolé que Tae Min soit tombé sur lui. Il n'avait rien à lui raconter, c'était alors normal que Tae Min n'ait rien non plus. Triste vie. « Ca m'arrive oui », dit-il lentement, le sourire fin posé sur ses lippes. Il l'observa un instant, laissant ses prunelles cavaler sur son visage avant de regarder ailleurs, la lèvre prise entre ses dents. « Désolé ? Pourquoi ? », il cligna des paupières, surpris, penaud. Si quelqu'un devait s'excuser... c'était lui, non ? Il n'était plus sûr de rien, Jae Jin. Il voulait tout le temps demander pardon. D'être là, d'être lui. « C'est gentil. N'hésite pas non plus si tu veux », qu'il lui proposa. L'appeler ? Et lui dire quoi ? Lui dire tout ce qu'il pensait ? Tae Min allait le trouver ridicule. Jae Jin n'avait pas de quoi se plaindre et pourtant il ne faisait que ça. « Tu veux t'asseoir un peu ? », il désigna une table vide un peu plus loin. « Ca te plaît d'être revenu ? », il s'installa calmement à table, ses paumes sur ses cuisses. « T'as l'air fatigué. Tu te reposes bien ? », il pencha sur le visage sur le côté, étudiant celui de son vis-à-vis. « Ne bois pas trop de cafés pour pallier la fatigue. Les jus de fruits c'est meilleur », et quoi il était devenu diététicien maintenant ??? « Enfin... je veux dire... tu fais comme tu veux t'es assez grand... désolé », il se pinça les lèvres, baissant le regard dans une frimousse honteuse. Ce n'était pas à lui de lui dire ça...

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Vous étiez totalement différents et totalement similaires. Vivant dans une ombre qui n'était pas la votre vous tentiez de trouver votre place de remplir ce moule qu'on vous avez donner. Tu l'avais plus arraché des mains de ta mère qu'elle ne te l'avait gentiment donné mais ce n'était pas si différent. Toi aussi tu souffrais. De ne pas être toi tout en étant trop toi en même temps. De n'être qu'une ombre parmi les ombres. De te tenir là, statique en sentant des mains maléfiques venir serrer ton cou pour t'empêcher de respirer. Elles voulaient te faire perdre la tête , t'éloigner de tout, de ton but. Quel était il ? Immature et burlesque il était pourtant d'une simplicité aberrante pour chacun qui n'avait pas connu ta vie. Satisfaire ta mère, la faire agir comme tel, sentir son amour pour toi. Mais en avait elle ? Tu te demandais cela parfois, avant de voir son regard. Elle devait t'aimer. Elle le devait, car tu courais après depuis ta tendre enfance. Et si elle n'avait jamais eu ces sentiments alors tu courais après le vent depuis toutes ces années, c'était impossible. Tu voulais, tu devais trouver son amour pour toi. La fierté de t'avoir enfanté. Et pourtant tout t'éloignait de la personne que tu aurais du devenir. Quelqu'un de bien, quelqu'un de doux. Une personne avec un grand coeur , trop grand pour elle. Alors tu l'avais enchaîné, oublié , comme tu pouvais. Mais parfois il revenait toquer. Il prenait ta conscience en otage et ça te donnait envie de vomir. Bien , mal, tu étais perdu dans tout ça. Mais toi non plus tu ne faisais rien. Comme si tu te complaisais dans cette routine, au lieu de tout balancer. Comme une peur de regretter.

Finalement vous aviez tout pour vous entendre, mais il n'était pas dans vos habitudes de parler de vos faiblesses. Tu ne t'étais ouvert à personne et tu ignorais tout des tourments de Jae Jin. Tu imaginais même sa vie remplie, intéressante et tellement plus légère que la tienne. Comme si tu étais le seul à souffrir. Égoïste ou naïf tu oublias les peurs, les tristesses des autres pour ne garder que les tiennes. Tel était l'état d'esprit qu'on t'avait offert. Centré sur toi, ne penser qu'à toi. Et si parfois tu pensais aux autres, on te rappelait combien tu étais faible. Alors oui encore aujourd'hui tu n'avais pas grand chose à dire, puisque tu répétais ce schéma depuis des années. Les mots, la conversation était incroyablement gênante et rouillée. Comme deux personnes perdues entre la politesse et toutes ces formulations. Quel intérêt de savoir si vous veniez souvent ? Et pourtant les gens parlaient pour rien dire normalement non ? Ton poing se serrant doucement pour te donner une force qui t'avait quitté bien longtemps avant tu semblas former quelques sons avec tes lèvres sans pour autant les exprimer. Tels étaient les balbutiements de ton être face à la normalité. "Hm.. merci.   " Tu ne l'appellerais jamais. Parce que tu ne connaissais pas ça. Tu ne savais pas faire, tu ne voulais pas perdre toutes ces années d'effort, tu ne voulais pas qu'elle te voit fléchir, faiblir. Te tournant tu regardas alors la table vide et tu trouvas cette option bien moins risquée. "  Oui allons y . " Le suivant tu pris place en soupirant doucement. " C'est.. différent. C'et comme rentrer à la maison.   " Une maison froide, oppressante, mais une maison quand même. LEs repères, les preuves tout étaient ici. Même tes connaissances. Et pourtant tu semblais plus libre des milliers de kilomètres plus loin. Mais rapidement la conversation te fais te toucher les joues dans une surprise non cachée. Devais tu comprendre que tu ne faisais pas bien ton travail? Que tu semblais être une personne faisant la fête ? Pourtant tout dans Jae Jin donnait cette impression douce et chaleureuse d'être pris sous l'aile de quelqu'un, d'inquiéter, de percuter une personne. " J'ai beaucoup de travail... mais je vais bien. Merci pour le conseil je testerai le jus de fruit.  " Et tu allais vraiment tester. Généralement tu prenais comme tout le monde, un café, mais ça n'avait pas l'air bête. " Et toi ? Tu ne sembles pas dans ton assiette. Tout va bien? Le travail aussi ?  " Tu avais rarement eu des personnes souciantes de ton bonheur ou ta santé, tu ne pouvais donc ignorer ce trait qui te poussait à faire tomber une des nombreuses barrières que tu avais. " C'est assez drôle de tomber l'un sur l'autre après tant de temps. Je me demandais comment tu allais.  " Et ce n'"était pas faux. Tu pensais toujours à ces personnes qui avaient fait ton quotidien.


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