[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ✲ C’était probablement le secret de mieux gardé chez les Lim – la famille de son paternel – qu’en dépit de leurs apparences angéliques et honorables, ils baignaient dans le crime organisé et, plus spécifiquement, dans le commerce très lucratif des drogues dures. Aussi, si elle n’avait jamais réellement été impliquée dans la chose, Hana avait apprise depuis toute petite à être un témoin silencieux, à analyser, enregistrer, dans jamais faire un son, à détourner les yeux d’emmerdes qui ne la concernaient pas. La vérité, c’est que ce genre de tracas, un empire des plus dangereux, elle n’y aspirait absolument pas, préférant jouer la carte de l’image socialement parfaite et vivre sa vie sous les projecteurs. Elle trouvait dans l’acclamation des foules l’attention qui lui avait toujours fait défaut, une sorte de validation qu’elle ne pourrait jamais s’accorder, elle qui se haïssait tant. Ce dégoût cuisant qu’elle entretenait envers sa propre enveloppe corporelle, d’avantage révulsée par ce corps si parfait qui ne lui convenait pas, était une entaille à son indifférence glaciale, à son incapacité sentimentale cuisante, à croire que le peu qu’elle pouvait ressentir, il fallait que ça soit de la haine envers elle-même. Super! N’ayant pas la force de croire qu’on pourrait réellement un jour s’intéresser au monstre qu’elle était, elle avait prise sur elle d’user des crapules riches pour financer son mode de vie outrageux jusqu’au jour où ses parents la coinceraient dans un mariage de convenance. Avec un peu de chance, elle scorerait un mari gay comme son oncle Haneul… M’enfin, dans la lignée des proies un peu trop faciles, elle avait jeté son dévolu sur le fils Hwang, partiellement parce qu’il était friqué mais surtout, parce que ce fils de pute était facile à manipuler…
Le truc qu’elle avait loupé, cependant, c’est qu’il était dangereux, ce gamin un peu trop impulsif. Si elle s’imaginait le tenir autour de son petit doigt après plusieurs rancards hors de prix et toujours aucun rapprochement – vu sa carte de fille de bonne famille – elle n’avait certainement pas anticipé la suite des réjouissances. Ce soir-là, elle grimpa à l’arrière de la voiture de luxe du riche héritier, pressa ses lèvres écarlates sur sa joue, un sourire faux et innocent aux lèvres, son acte de princesse pure parfaitement intégré. Elle salua même le prénommé Moon – garde du corps ou chien galleux, au choix – qui n’avait jamais vraiment été loin d’eux durant leurs sorties. Hwang Moon, une véritable arme blanche, de ce qu’elle avait déduit en usant de ses charmes sur le jeune Hwang un peu trop bavard quand il avait bu. Faut dire que leurs trois dernières dates s’étaient résumées à Hana qui le soule et laisse imaginé qu’elle l’a laissé la sauter, ce porc. Ce qu’elle cherche avec l’héritier, c’est toujours la même chose : un talon d’Achilles pour le faire chanter, un secret pour lui escroquer de l’argent, sa spécialité. Mais avec un gros poisson comme lui, elle doit être prudente, ne rien laisser au hasard, raison pour laquelle elle le travaille depuis des semaines … pour obtenir de l’information sur son bras droit : Moon.
Parce que ce type qui le suit partout, ce toutou docile, il sait forcément des trucs incriminants. Alors c’est de lui qu’elle doit d’abord de jouer. Une personne normale aurait pondéré les risques, craint pour sa vie… pas Hana. Déjà parce que la peur est une émotion qu’elle ne connait pas… ensuite…parce que quelque chose l’intrigue franchement chez ce larbin. Le look badboy, l’incohérence de ses actes… elle n’arrive pas à le cerner, à le mettre dans un moule, et ça la rend chèvre. L’actrice, elle aime calculer, prévoir, manipuler, et ce type, elle ne sait pas du tout comment le manier pour qu’il ne lui explose pas entre les mains. Elle finira par trouver. La bagnole s’arrête, le fils Hwang lui balance un : «
Je dois régler un deal, ça peut prendre un moment, tâche de ne pas emmerder mon chien. » Tant de mépris. Il explique alors un truc à Moon, un plan B, visiblement, si ça tourne au vinaigre. Il sort finalement de la bagnole la laissant, dans sa jolie robe sombre, grimée pour sortir, seule sur la banquette arrière de la voiture alors qu’il s’éloigne vers un bâtiment glauque. Super. Elle croise les jambes, les bras, et relève ses iris vers son babysitter imposé. Il a l’air tellement posé, ça l’enrage mais elle se contente de sourire. Elle a ce besoin pathologique de le pousser à bout, de voir ce qu’il cache. Usant de ce qu’elle a appris sans trop savoir si elle veut s’en faire un ami ou un ennemi, elle lui sourit, de cet air de biche innocente, et demande, comme un poignard : «
Comment va ta mère, Lassie? » Parce que les Hwang payaient pour elle non? Elle l'avait appris de son ivrogne de rancard l'autre jour...
(c) Miss Pie
Accueil
