|	the truth untold ; feat; cashay

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] — Il commençait à se faire tard pour un adolescent de mon âge, sortie manger en ville avec des camarades de classe. Mes parents adoptifs me laissent toujours une heure pour rentrer, telle cendrillon. Je n'ai pas la permission de minuit et je ne risque pas de me changer en citrouille si jamais je dépasse l'heure autorisée. Pour ceux, je dois être rentré avant vingt-deux heures, sinon ça annonce un très mauvais quart d'heure et une interdiction de sortir pour les prochaines semaines. J'ai beau avoir vingt ans, pour eux je suis toujours un petit enfant insouciant qui pourrait se faire kidnapper par un fou psychopathe. Ils s'inquiètent vraiment beaucoup pour moi, mais en sachant par quoi je suis déjà passé en étant gosse, c'est facilement compréhensible. Si le meurtre de mes parents biologiques était un drame en soi, ma disparition n'a fait que rendre les choses difficiles. Mes souvenirs sont flous quant à cette période, en même temps j'étais vraiment trop jeune pour m'en rappeler. Pourtant je garde des séquelles, comme mon mutisme. Ce silence dans lequel je me suis renfermé depuis de longues années et auquel je ne parviens pas à réchapper aujourd'hui. Parler n'a jamais été aussi dure qu'en étant muet, c'est comme si mon corps ne coopérait pas avec mon cerveau, avec mon envie d'essayer de retrouver l'usage de la parole... Et c'est frustrant.

à la fin de notre sortie, chacun rentre chez soi. Je n'ai qu'à prendre le bus et retourner à Jung-Gu, ça ne devrait pas me prendre plus d'une petite demi-heure. Les yeux rivés sur mon portable, je réponds à un message quand quelqu'un me bouscule. Tiré de mon occupation, la personne qui m'a heurté l'épaule ne s'est ni arrêté, ni excusé. Quant à moi, je ne peux rien faire de plus que bader en silence, portant mon attention sur autre chose que mon SMS. La nuit est déjà tombée, c'est sûrement l'heure où les étudiants rentrent bosser leurs cours ou se vautrer devant une série, un film, peu importe. Pour ma part, je comptais me rendre à l'arrêt de bus, mais mon regard se pose sur un visage familier, au loin. Comme d'habitude c'est impossible de l'interpeller et je n'ai pas le temps de le contacter par message, captant qu'il est accompagné. Une fille? Shay a sûrement l'âge d'avoir une copine, je suppose. Par contre... Je ne sais pas quoi penser de l'endroit où ils vont. Un hôtel. Le genre de lieu où tu n'amènes pas la fille de tes rêves. En tout cas, ce n'est pas là où j'irai. ça ne me regarde pas, n'est-ce pas? Alors pourquoi je m'en préoccupe à ce point? Pourquoi je ressens ce besoin de savoir... Ma curiosité causera ma perte.

Le bus m'a déposé à l'arrêt de Jung-gu le plus proche de ma résidence. Pourtant je n'ai pas marché deux minutes que l'image de Shay avec cette fille me revient à l'esprit. C'était qui pour lui? Je n'ai jamais vu personne être proche de lui, encore moins une femme. Je pensais qu'il n'avait pas d'ami, que j'étais l'un des premiers ou peut-être même le tout premier... Aurais-je eu tort? Plus je réfléchis, moins je parviens à me le sortir de la tête. Tant et si bien que je me suis arrêté dehors, sous l'un des poteaux éclairant la rue où nous logeons tous les deux. Il va rentrer, j'espère. De toute façon, j'ai le droit d'être à l'extérieur jusqu'à vingt deux ans et tant qu'il n'est pas l'heure de retourner à l'intérieur, j'attendrais de voir s'il revient ou pas.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] — Cette routine où on me confit une femme, souvent d’âge mûr, une femme plus âgée que moi pour que je comble ses désirs malsains, sexuels est loin d’être rare. Ça m’arrive une à deux fois par semaine, c’est mon job en tant que membre de la mafia, attiré les proies dans les filets de façon à ce que mon père les tient à sa merci, piégées. Je suis aussi souvent la récompense d’un deal, qu’importe, on m’utilise et j’en ai conscience depuis des années. Aujourd’hui encore, même hôtel, chambre prête et facture payée. Il ne me reste qu’à passer à l’acte avec des hommes du gang gardant l’extérieur comme si j’étais incapable de faire mon affaire, enfin, c’est plus pour ma protection qu’ils disent, sottise, mon père a peur que je le trahisse ? Ça ne m’étonne pas. J’ai pourtant rien montré comme faiblesse ou autres, j’ai même pris des échelons dans le groupe, respecté par les plus vieux, je suis un élément essentiel dans cette mafia, mais je suis aussi incertain quant à l’avenir qu’on attend de moi dans l’organisation. Après avoir terminé, je ne m’occupe pas de la femme à bout de souffle, passant par la salle de bain rapidement, je quitte la chambre sans un mot, laissant les autres types s’occuper du reste, deal ou je ne sais quoi. Je rentre chez moi.

Je ne m’attendais pas à croiser -encore- Cahya dans le quartier, attendant quelque chose ou quelqu’un ? « On dirait que tu aime bien trainer là, qu’est-ce que tu fous ? » Il est « tard » et devant chez lui, à quoi bon patienter dehors, sauf s’il a une bonne raison. « Tu attends quelqu’un ? » Je ne me doute pas une seconde que cette personne ce soit moi.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] — Il n'y a pas énormément de chose qui me perturbe, mais voir Shay avec une femme plus vieille que lui se rendre dans un hôtel m'a laissé cette drôle d'impression. De l'inquiétude aussi. Je ne pensais pas ressentir ce sentiment-là envers le jeune homme, mais je dois admettre que si j'avais eu plus de cran, je l'aurais suivi dans cet hôtel pour essayer d'en savoir plus ou de comprendre ce qu'il compte faire. Dans un sens, heureusement que je n'ai pas eu l'audace de jouer à ce petit jeu car les hommes le suivant de près m'auraient remarqué, quand moi je n'ai fait attention à aucun d'entre eux. L'ayant vu disparaître dans le bâtiment, je me suis décidé à rentrer chez moi en prenant le bus et sans parvenir à me sortir cette scène de la tête. Est-ce que Shay aime les femmes plus mûres? Qu'est-ce qu'il comptait faire avec elle? Plus je réfléchis à ça et plus ça me paraît fou. Il n'est pas comme ça, si? Après tout je ne connais pas grand-chose à son sujet. Il pourrait aimer ce genre de fréquentation brève, éphémère et sans suite. Dans ce cas pourquoi ça me préoccupe autant? J'ai besoin de m'assurer qu'il va bien, qu'il ne fait pas ça pour une raison négative ou pour une baisse de moral. Nous ne sommes jamais vraiment nous quand l'humeur est au plus bas. Le temps paraît plus long quand on attend quelqu'un, pire encore quand l'heure tourne sans voir l'ombre d'un passant. Je reste dans la lumière du lampadaire par sécurité, pensant qu'ainsi n'importe qui pourrait me voir, me surveiller ou ne pas essayer de m'approcher. De toute façon, le quartier est plutôt calme en général.

Regardant mon portable pour la énième fois, Shay n'est toujours pas là et mon couvre-feu approche à grands pas. Que faire? Lui envoyer un message pour être sûr que tout va bien chez lui? Je me tracasse beaucoup, quand finalement la source de mes angoisses débarque. Shay m'interroge mais je n'ai pas le temps de répondre avec mon portable qu'il me demande si j'attends quelqu'un. Pour répondre simple et rapidement, je le pointe du doigt. C'est lui que j'attends, pas le pape! Alors dans ma précipitation, je commence à signer en oubliant qu'il ne peut me comprendre. « Tu étais où? » cette question est peut-être un peu trop intrusive mais pour le coup, je m'en fiche un peu. Le temps que l'information remonte à mon cerveau, je m'empresse de prendre mon seul moyen de discuter pour taper un message dans le bloc-notes. « Je t'ai vu en ville. »