[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pourquoi ? – c'était la question essentielle, celle qui courait dans son esprit depuis plusieurs minutes. Plusieurs heures, même. Pourquoi ? – qu'il pensait, les lèvres pincées, les bras le long du corps, les prunelles basses. Pourquoi ? – qu'il se demandait, ses iris détaillant à peine les feuilles étalées sur le sol devant lui. Un coup d’œil autour lui confirma que non, il n'y avait rien sur son chemin Un coup d’œil et la conclusion fut aussi évidente que le soleil dans le ciel. Il avait trébuché... sur rien. Encore. C'en devenait lassant. Et épuisant surtout. Passant ses mains sur son visage, manquant de se mettre un doigt dans l’œil au passage, il lâcha un grognement à peine audible, les sourcils un brin froncés devant sa propre bêtise. Il se baissa, récupérant petit à petit les feuilles, tentant de les classer du mieux qu'il le pouvait.
Aujourd'hui, ce n'était clairement pas son jour...

Ca avait commencé dès le matin. Dès le réveil. Et Jihoon savait que lorsque ça commençait comme ça... Il avait manqué de tomber la tête pile contre le meuble de son couloir en voulant éviter son chat. Il avait renversé son thé, raté son petit-déjeuner et s'était mis du shampoing dans les yeux une fois sous la douche. Il remarqua après être sorti de chez lui qu'il avait toujours ses chaussons aux pieds. Par miracle rien de bien dramatique se passa sur le chemin jusqu'à l'école – si on omettait le fait qu'il se soit effrayé pour rien sur un passage piéton et qu'il ait failli renverser une vieille dame, non, vraiment, il ne s'était rien passé.
A l'école, il remarqua après s'être installé et avoir sorti ses affaires que ce n'était pas les élèves qui s'étaient trompés de salle, mais lui. Son stylo n'avait plus d'encre, et comme par hasard aujourd'hui il n'en avait qu'un. Et maintenant, les cours qu'il avait préparés éparpillés sur le sol comme des confettis. Non, vraiment, c'était pas sa journée.
Fort heureusement pour Jihoon, après ce petit désagrément, le reste des cours se passa plutôt bien. Tout comme le reste de sa journée. Mais il se méfiait, le professeur. Il essayait de rester sur ses gardes, de bien faire attention où il mettait les pieds.

Les cours finis, il emprunta le chemin habituel, s'arrêtant dans un petit café, voulant récupérer une boisson chaude avant de rentrer. Il l'avait bien mérité, pas vrai ? Ce fut avec une esquisse fine aux lèvres qu'il paya, ses doigts attrapant son café avec une joie à peine dissimulée. Il sortit de la petite bâtisse, et évita de justesse un couple qui passait. Il eut à peine le temps de soupirer de soulagement que son corps basculait de l'autre côté, heurtant un autre corps, renversant son café sur l'inconnu et renversant la boisson de ce dernier sur le sol. Il se redressa bien vite, la bouche ouverte dans une surprise visible, les yeux écarquillés. Il devenait pâle à vue d’œil, d'ailleurs. « Je suis vraiment désolé », articula-t-il directement, en se courbant poliment. « Vous n'avez rien ? Je veux dire c'était chaud mais ah.. Votre café et... Pardon j'ai pas... je... », son index pointa l'espace à tort et à travers comme s'il souhaitait trouver un coupable à sa maladresse. « Pardon... », qu'il répéta, un peu plus bas.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Peut être que cette journée tu ne la verrais pas passer. Peut être que tu aurais une vraie tâche, une qui ne consiste pas à trier des papiers ou résoudre des petits conflits. Elle avait tellement peu confiance en toi, non pire encore elle désirait tellement garder son pouvoir qu'elle n'acceptait pas de te faire faire des tâches importantes, responsables. Comme si tu étais devenu idiot au court de la nuit. A croire qu'on t'extirpait un bout de cerveau à chaque fois que tu dormais. Ou peut être qu'à la conception ils avaient oublié cette partie. A croire que c'était le cas.
Cette journée était donc comme toute les autres et tu rêvais presque d'un évènement inattendu, d'une cascade de papiers dégringolant dans les escaliers. une personne criant dans l'hôpital. Ou peut être ... non en fait tu ne savais pas. Mais un truc.

Soupirant devant tes papiers tu signais encore une feuille avant de te lever et marcher dans l'hôpital. C'était un petit tour de routine. Voir que tout allait bien, ou très mal pour certains patients. Parfois tu t'arrêtais comme un idiot en détaillant la situation qui se passait devant toi. Soigner des gens, aider les autres, sauver des vies. Tu devais être fier de faire parti de ce processus, d'offrir un toit pour ce genre de chose et pourtant sur ton bureau tu ne voyais que des chiffres, des tas de chiffres qui ne donnaient clairement pas cette impression d'aider les autres mais plutôt de les dépouiller. ET ta mère n'hésitait pas à augmenter les frais. Tu ne comprenais pas le fonctionnement, et c'était ce qu'elle te reprochait. D'être faible, et inutile face à ce qu'elle avait construit. Imaginez donc l'idée même de te donner les rennes de ce business ; impossible.

Après avoir rempli la feuille qui faisait office de compte rendu pour la marâtre qui servait de patron tu la déposas à ta secrétaire qui n'était qu'un pion pour t'observer. Beau stratagème que tu avais remarqué. Ce qui était bien quand on attendait rien de vous c'est qu'il était toujours possible de déjoué et surprendre l'adversaire. Mais au fond.. tu voulais juste lui plaire. " Je vais voir un client, je serai de retour avant la fin de la journée. Mais vous pouvez partir avant. " Prenant alors ta veste et tes clefs de voiture tu t'échappais de cette ambiance pesante, oppressante. Ce n'était pas pour rien que tu te shootais au café. Cela te permettait de te détendre au moins un peu. D'ailleurs tu allais chercher ta dose avant de continuer cette journée marathon. Profitant de la chaleur que diffusais le liquide contre ton épiderme tu te posas un instant. Restant quelques secondes de plus à juste regarder les autres bouger, à juste profiter du calme, pas trop calme. Une activité bien réelle, bien vivante. Prenant une gorgée tu t'étais décidé à enchaîner ta journée. A la finir surtout.

C'était sans compter sur ta prière du matin qui, pour une première fois, avait marché. Sentir un liquide tout aussi chaud que celui dans ta main trempé et brulé ton corps n'était pas exactement ce à quoi tu t'attendais, mais... Surprise. Lâchant un gémissement plaintif suivit de pas de danse du "c'est chaud" tu essayais tant bien que mal de détaché ta chemise de ta peau histoire qu'elles ne fusionnent pas ensemble. "Chaud... " Tout le monde l'avait compris. Regardant à peine ce jeune homme trop occupé à sauver ta peau tu secouas doucement la main. " Ca arrive. " Voilà que tu recommençais avec ta gentillesse à deux balles. Secouant le tissu tu relevas la tête en reprenant ta respiration qui s'était clairement coupée. " Ca va .. " En fait non, tu aurais du lui faire payer. Mais en regardant ton café étalé ainsi à terre tu te disais que c'était une perte de temps. Et tu préférais t'en racheter un. " Rien de casser? "






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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cette journée était juste horrible. Une petite voix dans son esprit lui répétait qu'il aurait mieux fait de ne pas se lever et de rester au lit. Il aurait fait de dormir et de ne pas bouger, il n'aurait pas créé désastre sur désastre. Il commençait à croire qu'il n'avait pas de chance... enfin non, il y avait toujours cru. Mais il pensait surtout qu'il était idiot et gauche comme pas deux. C'était tout de même dingue ça, de ne pas réussir à faire trois pas sans tomber ou renverser quelque chose – ou quelqu'un. C'était un don à ce niveau-là, non ? Un talent. Quelque chose de bien plus gros que lui. C'en était frustrant, aussi, de ne pas réussir à s'empêcher de faire tout et n'importe quoi. Il s'en voulait à chaque fois, Jihoon. Que ce soit parce qu'une simple tombait sur le sol ou parce que son café volait au travers de la pièce, il s'en voulait. Il se traitait d'idiot, de bon à rien et se disait qu'il aurait faire ci ou ça pour éviter la catastrophe. Parce que la catastrophe, dans le fond, il la voyait toujours venir. Il ne pouvait jamais être totalement serein, jamais sûr de lui en avançant, en parlant ou même en buvant. Encore la semaine dernière, il avait essayé, de boire avec assurance en discutant avec ses collègues dans la salle de pause. Ca avait fini avec Jihoon qui courait vers les toilettes parce que son café s'était poétiquement retrouvé sur ses cuisses. Ca avait été plus que gênant de faire cours avec une tâche sombre sur sa cuisse – et l'expliquer, ça avait été encore pire. Surtout que ses élèves paraissaient dubitatifs. Enfin certains. D'autres s'étaient inquiétés de savoir s'il s'était brûlé ou non. Enfin tout ça pour dire que même boire tranquillement, il n'y arrivait pas.
Alors pourquoi espérer vivre tranquillement quand il était un désastre ambulant ?

Ce jeune homme n'avait rien demandé, en plus. Il était juste au mauvais endroit au mauvais moment. Ou plutôt, Jihoon était là au mauvais endroit au mauvais moment. Un air totalement désolé au visage il ne pouvait s'empêcher de le fixer, inquiet, perturbé, gêné. S'il pouvait, il irait disparaître dans le premier trou qu'il croisait. Mais il était trop grand pour ça, Jihoon. Quelle idée de donner une taille pareille à un maladroit de première franchement ! Mère Nature avait clairement merdé. Une grimace au visage il ne paraissait pas convaincu. Ca arrivait oui, mais ça lui arrivait un peu trop souvent à lui et ça commençait à bien faire... « Vous êtes sûr ? », il se mordit la lèvre, compatissant. Un faible « Hein ? » quitta ses lèvres aux mots suivants de son vis-à-vis. Il jeta un regard sur sa gauche puis sur sa droite. « Qui ça ? Moi ? », demanda-t-il en se désignant de l'index, l'air penaud. Pourquoi s'inquiéterait-il de savoir s'il s'était fait mal ? « Je euh... je vais bien », ses pommettes se mirent à rosir et il se pinça les lèvres. « C'est plutôt à moi de vous poser la question... », encore. Parce qu'il l'avait déjà posée, cette question. « J'ai un haut de rechange sur moi d'habitude mais j'en ai pas aujourd'hui », forcément. C'était pas drôle sinon. « Je vais vous repayer votre café et vous me donnerez votre haut, je m'occuperai de le laver », c'était la moindre des choses. Non ?

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Peut être que ta journée n'était pas si mauvaise après tout. C'était ce que tu avais essayé de penser. Penser positivement comme le disait les thérapeutes. Alors tu tentais, tu essayais. Et c'était quelque chose dont on pouvait te féliciter. Même si personne ne voyait les efforts, personne ne voyait ce que tu faisais ou ce que tu ne faisais pas. Personne ne savait qui tu étais et contre quels démons tu te battais chaque jour. Personne ne savait quel état d'esprit tu avais et encore moins quelle dépression te menaçait à chaque seconde. A chaque minute où tu voulais lâcher les rames lourdes qui engourdissaient tes bras. Tu tentais pourtant d'avancer, de pagayer, de finir la course, de la rendre fière ,mais rien n'y faisait ta barque ne bougeait pas, ou très peu et son sourire , son approbation devenait un rêve lointain inatteignable et presque flou.
Alors tu essayais de te raisonner seul, tu prenais les mauvaises décisions en les prenant pour des bonnes idées. Tu devenais quelqu'un que tu n'étais pas pour lui ressembler. Tu voyais les yeux des gens avec qui tu travaillais devenir ternes. La peur s'installer et tu blessais. Tu blessais ceux autour de toi pour lui prouver que tu n'étais pas le faible qu'elle avait envoyé loin d'elle. Ecraser pour se prouver qu'on existe, telle était ta vie. Aussi triste cela était. La vie basique t'échappait et les banalités devenaient des choses rares. Les sourires se faisaient précieux, et méfiants. La gentillesse une arme, la manipulation une habitude. Ton monde ne tournait plus rond, mais il tournait autour d'elle.

Ca aurait pu être une bonne journée. Mais finalement la vie te remerciait de tout ce que tu faisais par un café, une maladresse partagée dans l'après midi. Un moment d'inattention, ou bien l'avait il fait exprès ? Tu devenais suspicieux d'absolument tout. Seulement c'était l'épuisement qui répondait. Celui qui puisait dans ton énergie. Celui qui te rendait faible. Tu en avais marre de gueuler, de paraître froid, d'être désagréable. Et même devant un acte qui aurait pu t'énerver tu te retrouvais à ne plus avoir l'énergie de faire un scandale. Tant mieux pour ce jeune homme qui semblait réellement désolé. Dépité, voilà l'air qui peignait ton visage. " Oui oui.. " Que voulait il ? Une punition ? Une sanction? que tu appelles les flics ? Que tu lui gueules dessus ? Ta mère aurait sûrement fait tout ça mais tu n'étais pas si énergique, certainement aps aujourd'hui. " J'ai juste chaud... "Tu pinçais toujours ton haut afin qu'il ne touche en aucun cas ta peau, après le chaud, le froid, hors de question de faire pointer tes tétons sous ce changement ! Soupirant doucement tu voyais déjà ton énergie au sol s'écouler comme de l'eau. "Tant mieux si vous n'avez rien...  " Il ne pourrait pas te la faire à l'envers et dire que tu avais été un méchant riche qui l'avait maltraité. Oh les techniques de vol étaient nombreuses. Un haut de rechange ? Qui venait avec un haut de rechange ? Et qui voulait ton haut ? Waaw tu étais peut être tombé sur un admirateur. Tes yeux se relevèrent pour le regarder alors que tu lâchais enfin ton haut qui se collait parfaitement à ta peau, merci l'humidité. "Ca ira, un café suffira.  " Relevant légèrement ta manche en tirant dessus tu regardas l'heure affichée sur ta montre déjà bien trop chère pour être une montre. " Je  n'ai pas beaucoup de temps " Un moyen de dire que s'il voulait réparer son erreur c'était maintenant ou jamais. " VOus pouvez me donner votre carte de visite je vous contacterai  " Ou pas. Peut être quand l'ennuie te prendra. Ou alors pour prouver que tu n'avais pas laissé filer le petit maladroit qui t'avait bousculé.



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