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Une vie à Séoul, des histoires qui s'entrecroisent, des liens qui se forment et se déforment. C'est dans cette ville que des histoires s'écrivent sans en avoir l'air, des histoires qui pourraient tout à fait voler la vedette aux dramas affichés sur vos téléviseurs. Votre vie n'est pas pas si différente que celle de l’acteur des plateaux. Déciderez-vous d'obtenir le premier rôle de votre existence ? - lire la suite
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Les gens souriaient, riaient, prenaient des photos et s’amusaient. L’ambiance était réellement très bonne, mais son coeur n’arrivait pas à s’en réjouir. Elle savait tout de la vie de son fiancé, toutes ces parts d’ombres, tous ses doutes, tous ses regrets… Il ne lui avait rien caché et elle avait tout accepté. Ku Fei restait convaincu qu’elle le connaissait mieux que personne et qu’il était un homme bon. Il avait pourtant commis des crimes horribles, mais avait-il eu le choix ? Non. Il n’était qu’un enfant, un gamin qui se construit dans un terrible monde avec un père qui n’aurait sûrement pas hésiter à le tuer. Son fiancé avait tout fait ce qu’il avait pu pour aider les victimes, dans le plus grand des secrets, puis avait tout fait éclater. Acte ultime de rébellion, de liberté… Cela lui avait coûté de devoir changer d’apparence, d’identité, de s’éloigner de sa cadette… Or, il était venu le temps de retourner vers elle. Personne ne pouvait dire qu’il ne mettrait pas la chinoise en danger, en revenant à ses côtés. Personne ne pouvait dire que Beom Soo n’aurait pas besoin de son coeur avant qu’il ne soit de retour… Il avait peut-être refusé de rompre les fiançailles, suite à son accident, disant qu’il patienterait que son cadet ne reçoive un coeur. Cette fois, la situation leur semblait impossible. Il ne voulait pas l’exposer à la mafia et elle, elle ne voulait pas abandonner son petit frère, ni le mettre en danger.
Les adieux s’étaient imposés d’eux-mêmes, sans qu’aucun des deux ne les voient vraiment venir. Qui aurait pu prédire qu’il recevrait de précieuses informations et devrait agir dans l’urgence ? Au moins, ils avaient pu passer une dernière nuit ensemble. Ni l’un, ni l’autre n’avait voulu dormir. Tous deux avaient souhaité profiter de chaque minute, chaque seconde, comprenant que plus jamais leurs chemins ne se croiseraient. Ku Fei ne voulait pas se créer de faux espoirs qui lui rendrait difficile de revenir sur sa décision, quant à son coeur. Tous deux se comprenaient, agissant chacun pour le petit être avec qui ils partageaient le lien du sang. Une semaine s’était écoulée depuis et la manhwaga n’avait changé aucun de ses plans professionnels. Son sourire était étiré sur ses lèvres, mais son regard était éteint. Les blagues ne franchissaient plus sa bouche avec ce ton joyeux et salace. Ses yeux ne déshabillaient plus les passants du regard… Elle n’avait rien réussi à dessiner depuis qu’elle était rentrée chez elle, après l’avoir accompagné à l’aéroport. Ku Fei ne postait que le minimum sur les réseaux sociaux, se forçant à avoir l’air enjouée et comme d’habitude. Sa tristesse n’était jamais affichée, toujours contenue.
La jeune femme gardait en tête qu’elle ne voulait laisser que d’heureux souvenirs à son entourage, s’il lui arrivait quelque chose. Elle avait donné à son fiancé toutes les vidéos qu’elle avait préparé pour lui, après que son coeur n’ait été donné à son frère. Ku Fei n’était pas morte, mais leur relation de sept longues années se terminaient et ils n’allaient plus jamais se voir. Voir un cosplayer demander sa petite amie en mariage fut la goutte de trop pour elle. C’était mignon, mais horriblement difficile. Les larmes lui montèrent aux yeux. Les fans le remarquant commentèrent que c’était touchant de la voir aussi émue par le bonheur des autres, ignorant que l’heureux événement ne faisait que lui rappeler que jamais elle ne monterait la grande allée. Ku Fei eut toutes les difficultés du monde à forcer un sourire et à s’excuser, s’éclipsant de son stand. Elle avait besoin d’être tranquille, d’être seule, de se laisser aller… Chose qu’elle n’osait pas faire devant Beom Soo, ne voulant pas qu’il ne se sente coupable de quoique ce soit.
Les toilettes étaient une véritable zone de danger, étant beaucoup trop exposées. Les gens faisaient la file pour y aller, prenaient le temps de retoucher leur maquillage, replacer leurs perruques… L’enfer pour quelqu’un qui veut la paix. La blonde trouva finalement une pièce à part, oubliée des visiteurs de la convention. Trop aveuglée par les émotions qui l’étouffaient et les larmes qui abondèrent sur son joli visage, elle ne remarqua pas la présence de l’inconnu. La manhwaga était directement allée se réfugier dans un coin, souhaitant échapper aux regards des passants. Se recroquevillant dans un coin, elle avait caché son visage de poupée entre ses mains. Elle était étonnamment silencieuse, ayant l’habitude que de partager ses émotions positives, elle semblait avoir appris à garder le reste pour elle-même. Quelques éclats de rire, venant de l’extérieur lui rappelèrent qu’elle devait prendre sur elle. Ku Fei était là en tant qu’Akemi, manhwaga populaire de séries érotiques très appréciées ! Les gens voulaient la voir sourire, l’entendre rire et faire des commentaires déplacés ! Elle se devait d’être professionnelle ! Elle inspira un grand coup et passa délicatement ses doigts sous ses yeux, bénissant le maquillage waterproof d’exister. La blondinette espérait d’ailleurs qu’il avait bien tenu le coup.
Elle se releva et replaça son costume d’écolière, choisi spécialement pour faire plaisir aux fans. La surprise s’étira sur ses traits tirés lorsqu’elle se retourna et tomba sur l’inconnu. Elle cligna des yeux, se demandant s’il était là depuis longtemps, puis força un sourire. Il fallait chasser le malaise, trouver un sujet de conversation, vite !
-« Oh… qu’est-ce que tu lis ? » lança-t-elle, en désespoir de cause.
Il ne lui fallut que deux secondes pour reconnaître la couverture, après tout, elle était l’artiste qui l’avait dessiné ! Le bouquin avait l’air tout neuf, aucune trace d’usure encore.
-« T’es rendu loin ? T’en penses quoi ? » demanda-t-elle, cherchant ainsi à savoir s’il la reconnaissait ou non.
Sa voix n'était pas très sûre, ses yeux étaient encore rouges et légèrement humides, mais elle faisait au mieux.
Un frisson d'effroi parcourait son échine, voyant le stand de figurines être attaqué par une foule attroupée tout autour. Les vendeurs étaient débordés et n'avaient pas réellement de temps pour souffler un coup... C'était hors de question de se coller à cette foule pour avoir une satanée figurine qui va finir dans le fond de sa collection bien trop grande pour sa vitrine. Le visage exprimant un fort ennui, il tourna ses talons pour aller dans le sens opposé du stand de figurines en se disant qu'il reviendra plus tard pour voir s'il reste des figurines intéressantes, même s'il en doute fortement. Le brun s'y attendait de voir une masse de monde dans une telle convention, c'est après tout une grande communauté qui se rassemble. Mais c'est malheureusement, une phobie qu'il n'a jamais su battre. Il ressent toujours une forte anxiété quand on lui touche à peine le bras et, cela peut mener à une crise de panique... Il refusait bien même les câlins de sa petite sœur, alors qu'il la connaît et sacrifierait tout pour elle. Ce n'est cependant la faute de personne, jamais il pourra indéfiniment éviter le contact physique.
Il s'approcha d'un stand de nourriture et boisson, les yeux rivés vers la pancarte qui indiquait les prix. Il hésita quelques instants à ce qu'il pourrait acheter pour remplir son estomac vide depuis la matinée, puis son ventre gargouilla à l'idée d'un muffin nature accompagné d'un lait aromatisé à la fraise. Il paya finalement par carte de crédit pour éviter futilement le contact avec le serveur du stand, il récupéra sa commande posée sur le comptoir puis emprunta poliment un sourire avant de s'incliner pour le remercier et le saluer. Le petit sac en plastique dans la main droite, il traîna des pieds et regardant les stands où peu de visiteurs passaient et ça le rassurait un peu qu'il puisse au moins visiter quelques stands sans que sa peur d'être toucher le terrorise. Le canadien errant arriva finalement à un vendeur de mangas et ce dernier regarda tranquillement s'il y avait une oeuvre qu'il n'avait jamais lu, ou jamais entendu parler et ce fut le cas d'un livre qui se trouvait entre une de ses œuvres favorites. Sans même regarder le résumé ni la première page du livre, il le pointa du doigt au vendeur qui lui faisait une drôle de tête. Dans l'incompréhension, il paya silencieusement et s'en alla avec son nouvel achat... Et c'est là, qu'il bouscula un passant. Tout se passait très vite et le brun ressenti son cœur s'emballer à toute vitesse, ce n'est surtout pas l'endroit où il faudrait faire une crise d'anxiété et encore moins de panique. Il serra alors le livre contre son torse et malgré le nœud dans sa gorge, il lâcha un léger "excusez-moi" à la personne qui s'était aussi excusée.
Il déglutissa rapidement en se dirigeant aussi loin qu'il pouvait de l'endroit des expositions et stands, son cœur était toujours en train de paniquer et le brun ne savait pas très exactement comment le calmer dans une situation pareille. Il voulait se cacher dans les toilettes des hommes, le temps de se calmer mais il y avait beaucoup trop de gens et une file à en rester jusqu'à l'éternité. Il se sentait honteux et espérait que personne ne le remarqua paniquer, c'est ainsi qu'il trouva une pièce où il ne semblait y avoir personne. Il déposa le livre sur un sécheur et ce dernier ouvrit le robinet pour se passer rapidement de l'eau sur le visage. Les idées en place et une gifle mentale, il s'appuya contre le mur puis tourna son regard vers le livre avant de le prendre et d'enfin se mettre à le lire... Peut-être que ça lui changera les idées... C'est cependant en lisant la catégorie du livre qu'il rit en comprenant maintenant pourquoi le vendeur le regardait si bizarrement. Il avait acheté un livre érotique et maintenant qu'il l'avait acheté, il devait le lire. Sinon, il aurait jeté de l'argent par la fenêtre... Même si c'est quelque chose qu'il faisait tous les jours.
C'est à peine en commençant à le lire, qu'une personne entra dans la même pièce que lui. Son cœur rata un battement, mais le brun se rassura en se disant que la demoiselle l'ignorera et qu'est-ce qu'il fut idiot de penser une telle chose. Il releva son regard brusquement vers la jeune femme, et fut surpris au passage par son apparence de poupée. Il tilta qu'elle lui avait posée une question, puis il secoua légèrement la tête pour reprendre son esprit.
- « Hein pardon ? » disait-il premièrement avant d'entre-fermer le livre. « Euh... Je l'ai à peine commencé en fait. » ajoutait-t-il. Il ne savait pas trop où se mettre, étant un peu honteux sur le fait qu'il lisait un livre érotique accidentellement acheté. Il remarqua les yeux rouges de la femme qui se trouvait devant lui, mais il ne disait rien en se disant qu'il ne devrait pas remuer le couteau dans la plaie.
- « En fait, je l'ai acheté par accident et pour éviter de me dire que j'ai jeté mon argent par la fenêtre pour rien... Je le lis. Puis ça va, c'est pas le pire manga érotique que j'ai lu dans ma vie. » avoua-t-il avec un visage fermé, sans même tilter sur ce qu'il venait de dire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || La journée aurait dû lui changer les idées, mettre un peu de baume sur son coeur brisé… Or, ce qu’elle venait de voir avait eu l’impact d’une bombe au coeur. La fin de sa relation n’ayant pas encore été publiquement annoncée, personne ne pouvait savoir et encore moins se douter de quoique ce soit. Un sourire forcé aux lèvres, elle se prêtait au jeu et jouait la comédie. Blagues salaces qui ne l’amusaient pas, rires forcés et sourires vides. L’Akemi que tout le monde aimait et adorait n’était définitivement pas présente, mais elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour faire comme si. Un choc de trop pour son âme endolorie et elle s’était retirée, afin de s’effondrer loin des regards. S’improvisant Charlotte, dans la princesse et la grenouille, la manhwaga avait vite effacé ses larmes et remit un masque plus présentable, lorsqu’elle avait capté la présence d’une autre personne. La chinoise ne le reconnaissait pas. Elle ne savait pas non plus si lui la reconnaissait. Peut-être s’agissait-il d’un fan, ils étaient tout de même plusieurs présents à la convention puisque la présence de la jeune femme avait été annoncée sur le site internet et partout. Peut-être qu’il ne la connaissait pas. Peu importait, elle se sentait gênée à l’idée d’avoir possiblement été vue dans un tel moment de vulnérabilité. Elle aurait bien pu faire comme si de rien n’était et sortir… mais… elle devait s’assurer que ses larmes resteraient entre eux, s’il savait. Sans pourtant chercher à le faire, le jeune homme lui tendit une perche en ayant un bouquin dans les mains. Une question anodine, toute simple et assez facile à poser dans le contexte lui avait servi à débuter la conversation.
-« Hein pardon? »
Elle n’eut toutefois pas besoin de répéter sa question, puisque le hamster de l’inconnu sembla se mettre à l’exercice et il reprit.
-« Euh… Je l’ai à peine commencé, en fait. »
Ku Fei hocha la tête, acquiesçant distraitement. Il avait la délicatesse de ne rien dire sur ses yeux qui étaient encore clairement rouges ou sur sa voix qui manquait d’assurance. Quelque part, cela la rassurait un peu. Elle ne s’arrêta toutefois pas là pour autant, ne voulant rien prendre pour acquis.
-« En fait, je l'ai acheté par accident et pour éviter de me dire que j'ai jeté mon argent par la fenêtre pour rien... Je le lis. Puis ça va, c'est pas le pire manga érotique que j'ai lu dans ma vie. »
Elle haussa les sourcils, penchant la tête sur le côté et affichant une petite moue. C’est une manière comme une autre de commencer à lire son travail, en effet. Il n’avait pas l’air de faire semblant ou de mentir. C’était soulageant. La jeune femme jeta un oeil vers la porte, se mordilla la lèvre inférieure en sentant son coeur se resserrer et décida plutôt de s’asseoir à ses côtés.
-« Ce n’est pas le pire, mais ce n’est pas son meilleur non plus. » admit-elle en grimaçant. « Je me rappelle… m… son éditeur lui prenait grave la tête ! » ajouta-t-elle, se corrigeant juste à temps.
Avec un peu de chance, le tout passerait ni vu, ni connu et elle pourrait passer pour une fan toute simplette.
-« Ce n’est pas étonnant que ça ait été le dernier tome publié avec cette maison d’éditions…[/i] » marmonna-t-elle, encore énervée en repensant à ce travail désagréable.
Le bouquin n’était pas récent, puisque ça avait aussi été le dernier publié avant l’accident qui avait changé sa vie. Son style avait évolué depuis… mais on pouvait encore trouver quelques copies, comme à cette convention où elle avait été invitée. Il était donc normal que plusieurs de ses oeuvres ne soient facilement trouvables.
-« Enfin ! T’es venu voir un artiste en particulier ? Ou juste profiter de la convention ? » demanda-t-elle, en plongeant ses grands yeux de poupée curieuse dans les siens.
Elle n’avait rien de menaçant, juste une pauvre fille qui cherche à oublier pourquoi elle s’éclipse du monde qui l’attend pourtant.
Pourquoi était-il venu à la convention s’il ne voulait pas se mêler à la foule ? C’est la question qu’il s’était immédiatement posée lorsqu’il se dépêcha d’atteindre une salle vide, où personne ne le rejoindrait. Il avait besoin de s’enfermer pendant quelques minutes afin d’éviter de faire une crise en plein chemin, ça éviterait aux passants de regarder une larve en PLS en plein milieu du passage. Enfin enfermé dans la salle, il s’avança aux lavabos pour se passer de l’eau froide sur son visage. Le brun se regarda dans le miroir en repensant à tout ça, il avait vraiment l’air d’un idiot… Et c’est bien pour ça qu’il détourna son attention sur le livre qu’il venait d’acheter par accident. Par “accident”, ce fut l’excuse qu’il avait mis en place pour compenser le fait qu’il n’avait pas lu le résumé, ni la catégorie du manga. Ça lui apprendra à acheter sans regarder, même si ce n’est pas la première fois que ça lui arrive. Il se rappellera toujours la fois où il avait acheté un iphone pour trois dollars et qu’au final, c’était un minuscule téléphone pour Barbie… Oh oui, il a encore un mauvais goût sur la langue depuis ce jour. Il soupira et le prit en main, ouvrant la première page. Il espéra que ce livre valait les 27 100 wons qu’il avait déboursés.
Et bien qu’il ait commencé à lire, une femme était venue lui parler. Son cerveau, fonctionnant au ralenti, mit un certain temps à se mettre en marche avant de comprendre qu’il devait socialiser avec une inconnue contre son gré. Il fut surpris par son apparence similaire à celle d’une poupée, mais il n’en fit aucun commentaire et se contenta de répondre à sa question. Légèrement honteux, il tenta de cacher la couverture sauf que bien évidemment, elle demanda ce qu’il lisait. Mentir était facile, mais la blonde semblait reconnaître le livre et le brun se contraignit de dire la vérité. Ouais, il avoua tout bonnement qu’il l’avait acheté accidentellement, mais qu’au moins ce n’était pas le pire livre érotique qu’il avait lu. Le brun lança un regard de travers lorsque la poupée s’assied à ses côtés, ce n’était pas voulu… Il était juste encore un peu secoué par la petite bousculade et donc, il se décala légèrement pour mettre en place son périmètre de sécurité.
- « Ce n’est pas le pire, mais ce n’est pas son meilleur non plus. » le brun tourna son regard vers la blonde. « Je me rappelle… m… son éditeur lui prenait grave la tête ! » encore l’une de ces histoires ? Il se rappela avoir lu des histoires de ce genre, où des éditeurs prenaient la tête aux auteurs sur des forums de discussions.
- « De toute façon, c’est presque tous des cons là-dedans… » sans retenue, il s’était formé une opinion générale sur les éditeurs en tous genres. Bien qu’il ne soit pas ce genre de personne, il était prêt à partir en octogone contre les éditeurs.
- « Ce n’est pas étonnant que ça ait été le dernier tome publié avec cette maison d’éditions… » il s’en doutait bien, qui voudrait rester avec un éditeur casse-pied même ? Il ne connaissait pas cette fameuse Akemi, mais elle devait avoir bataillé corps et âmes pour changer de maison d’éditions…
- « Hé bien, j’espère qu’elle se sent mieux où elle est maintenant. » lança-t-il indirectement à la fille. Bien sûr, il ignora le fait que l’auteure était assise à ses côtés et il pensa que ce n’était qu’une simple demoiselle lambda qui s’était déguisée en écolière. Yeah, l’ignorance le tuera un jour.
-« Enfin ! T’es venu voir un artiste en particulier ? Ou juste profiter de la convention ? » l’effroi de cette foule endiablée autour du stand de figurine le blessa encore plus, tel la drama queen qu’il est.
- « Ben, je suis venu pour m’acheter des figurines… Mais je pense que tu as remarqué la horde de zombies qui rôde autour du stand… » fit-il avec cet air de défaitiste. « J’veux pas qu’on me bouffe la cervelle, alors je suis venu ici en attendant… » les métaphores que le jeune brun utilisait étaient anodines et il avait clairement sauté le passage où il avait paniqué comme un poulet devant KFC. « Et toi ? »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Était-ce une bonne idée de venir à une convention alors qu’elle avait le coeur brisé, n’arrivait pas vraiment à être elle-même, mais devait se forcer à sourire et faire comme si tout allait bien ? Sûrement pas. L’avait-elle fait ? Bien sûr. La manhwaga avait pensé qu’il serait plus facile de faire semblant plutôt que d’admettre la réalité, l’accepter et faire face aux réactions des gens… Était-ce le cas ? Elle n’en était pas si certaine. Il ne semblait y avoir aucune solution facile. La vie avait simplement décidé d’être merdique et de tenter de la briser un peu plus. Vraiment, elle était loin d’être la pile d’énergie lubrique qu’elle était naturellement. La douleur l’en empêchait. On lui dirait que ça lui passerait et, quelque part, la jeune demoiselle se disait qu’elle devait s’activer à aller mieux. Si quelque chose arrivait à Beom Soo et qu’elle devait lui donner son coeur… Ku Fei ne pouvait pas lui donner un coeur brisé ! Dans cette optique, faire comme si de rien était et qu’elle allait bien était la meilleure solution ! C’était toutefois sans compter sur les événements romantiques spontanés et imprévus qui arrivaient autour d’elle, lui rappelant toujours plus cruellement sa situation. Elle avait craqué, s’était éloignée pour se cacher du monde… mais ne semblait pas avoir réussi ? En effet, une autre personne s’était invitée dans cette pièce. Une autre victime de ses choix ? Un fan pervers qui cherchait un endroit tranquille pour… « apprécier à sa juste valeur » sa lecture ? La blondinette essuya ses larmes et se rapprocha, se demandant s’il ne l’avait pas vu pleurer, chose qu’elle préférait éviter. La facilité se décidant finalement à se mettre de son côté, elle utilisa la technique du « Qu’est-ce que tu lis ? ». Elle savait déjà la réponse, reconnaissant son propre travail. Mais la reconnaissait-il, lui ? Était-ce un fan qui venait de la découvrir dans une posture délicate ? Ou un inconnu comme il y en avait tant d’autres à cette convention ?
Sa réponse ne fut pas la plus flatteuse. Même qu’elle aurait pu piquer son ego, si elle avait été dans un meilleur état. Cependant, à l’instant présent, elle appréciait l’honnêteté. Ça lui changeait de la pitié qu’on lui servirait quand tout le monde saurait pour la fin de sa relation avec son fiancé. N’ayant pas la foi de retourner tout de suite à la convention, elle s’était installée à côté de lui sans lui demander si elle le pouvait. Ku Fei ne se formalisa ni de son regard, ni du fait qu’il s’éloigna un peu. La chinoise était trop à l’ouest et à essayer d’avoir l’air « normale » pour cela. Elle admit plutôt que cette oeuvre n’était pas sa meilleure. Elle datait un peu et l’artiste l’associait à cet éditeur qui l’avait rendu folle. Pendant une seconde, l’excentrique hésita à admettre qu’elle en était l’auteure. Mais s’il ne savait pas qui elle était, ça l’arrangeait. La manhwaga colorée et déjantée gardait son image mythique dans la tête de ses petits pervers et lui, il n’associait pas sa lecture moyenne à cette poupée aux yeux rougis et à la voix cassée.
-« De toute façon, c’est presque tous des cons là-dedans… »
-« Yup… presque tous… » admit-elle dans un profond soupir qui venait de l’expérience bien personnelle.
Elle pinça les lèvres et hocha lentement la tête. Ils n’étaient pas tous des imbéciles, celui avec lequel elle travaillait depuis qu’elle avait changé de maison d’éditions était gentil. Ku Fei nourrit beaucoup de respect pour lui et lui est reconnaissante de ne pas la rendre complètement folle !
-« Hé bien, j’espère qu’elle se sent mieux où elle est maintenant. »
L’ironie et l’absurdité, bien que touchante, de la situation la fit éclater de rire. Se rendant compte de la bizarrerie de sa réaction, elle se calma et esquissa un sourire mal à l’aise.
-« Désolée… » dit-elle d’abord, en replaçant une mèche de ses cheveux. « Elle est absolument misérable, a le coeur brisé…. mais personne ne le sait parce qu’elle fait comme si rien n’avait changé ! » admit-elle avec un rire nerveux et triste.
Sur le point de craquer encore ? Probablement. C’est pourquoi elle décida de changer de sujet abruptement, lui demandant plutôt ce qui l’avait amené ici. S’ils parlaient d’autres choses, tout irait bien, tout irait mieux et elle pourrait continuer de faire semblant.
-« Ben, je suis venu pour m’acheter des figurines… Mais je pense que tu as remarqué la horde de zombies qui rôde autour du stand… J’veux pas qu’on me bouffe la cervelle, alors je suis venu ici en attendant… »
Akemi acquiesça en hochant la tête, l’ombre d’un sourire se dessinant en entendant sa dernière phrase. En effet, elle pouvait comprendre. Elle-même s’était sauvée des petits Cupidons et des pervers dont l’énergie l’étouffait plus qu’ils ne l’enivrait, pour la première fois de sa vie.
-« Et toi ? »
-« Moi ? » répliqua-t-elle se demandant comment répondre à ça. « J’avais promis de venir, il y a des mois de ça, donc… me voilà ! » dit-elle simplement en levant les bras comme une cheerleader.
Oui, elle essayait de se convaincre qu’elle allait bien, encore.
-« Je ne voulais pas décevoir en annulant à la dernière minute… » ajouta-t-elle en haussant les épaules, ayant ramené ses bras le long de son corps et posé ses mains sur ses genoux. « Mais… si tu attends trop longtemps, les plus jolies figurines seront prises, non ? Lesquelles voulais-tu ? » demanda-t-elle, éloignant encore une fois le sujet d’elle-même.
S’il était franc avec lui-même, il avouerait qu’il ne sait absolument pas ce qu’il fout de sa vie. Pourquoi est-ce qu’il se pointe à une convention pour de simples figurines qu’il aurait pu commander sur le net alors qu’il a une peur bleue de la foule ? Il se force à faire des choses dont il n’a aucune envie dans la simple optique de ne pas décevoir sa petite soeur ainsi que sa pauvre mère qui avait presque fait une syncope en apprenant sa tentative de suicide. Et le voilà. En train de faire une crise qui pourrait se transformer en bombe à retardement de larmes à cause d’une fichue bousculade. C'est comme une larve peureuse qu'il s'est réfugié dans une pièce où, il pensait, personne n'irait et qu'est-ce qu'il fut idiot de penser ça. Il avait à peine posé ses fesses contre le sol froid que la porte de la pièce s'ouvrait pour laisser entrer une personne. Le brun essayait de ne porter aucune attention à cette dernière, espérant qu'en ne faisant aucun bruit elle ne le remarquerait pas et qu'est-ce qu'il fut doublement idiot de penser ça ! La voix de la jeune femme l'interpellait et à son habitude, le brun avait mis du temps à capter qu'elle lui parlait. Bien qu'ils étaient les deux seules personnes dans la pièce. Ça le gênait qu'on vienne lui parler alors qu'il essayait justement d'éviter toute socialisation jusqu'à ce qu'il ait le courage de sortir de cette pièce, pas très bien entretenue maintenant qu'il regarde de plus près. Nom de dieu, c'est quoi cette tache sur le plafond...? Il essayait cependant de ne pas paraître malaisé et plus... sympathique et bienveillant, bien que sa franchise ne le trahisse sur ce coup-là. Il avait remarqué les yeux rouges et cette mine plutôt triste, mais il avait préféré de ne pas le faire remarquer et parler de choses qui pourraient changer les idées à cette inconnue. La discussion tourna alors sur le sujet du livre et de l'auteure. Il ne connaissait pas cette fameuse Akemi, mais elle semblait en avoir chiée.
-« Yup… presque tous… » disait-elle, tandis que le brun tournait la page de son nouveau livre érotique dont il n'a aucune honte de lire. Il y avait une panoplie de mauvais éditeurs et le canadien ne comprenait pas vraiment pourquoi les gens pouvaient être de si grosses pourritures. Mais le monde ne pouvait pas être parfait, ça il le savait très bien. Son monde à lui était un roller-coaster qui ne faisait que descendre de plus en plus dans les enfers. Les cicatrices dans son esprit étaient toutes en replay et le plus il tentait de faire comme si tout allait bien, le plus il se détériorait. Milo arquait d'un sourcil lorsque l'inconnue laissait échapper un rire, qu'est-ce qui est drôle dans ce qu'il venait de dire ?
-« Désolée… » elle disait en premier, laissant le brun perplexe. « Elle est absolument misérable, a le coeur brisé…. mais personne ne le sait parce qu’elle fait comme si rien n’avait changé ! » le canadien hochait la tête, il comprenait alors mieux pourquoi elle avait rit.
-« Oh... Je vois. » Il commentait avant de soupirer. Profondément, il éprouvait de la peine pour cette Akemi. Il savait ce que ça faisait d'avoir le cœur brisé... Bien qu'il espère que ce ne soit pas le même type de cœur brisé. « Je suis désolé, ce doit être vraiment difficile pour elle. » Disait-il d'une voix légèrement compatissante. Mais évidemment, le sujet de la conversation changea et le brun y répondit avec humour bien qu'il y pensait sérieusement. Détester être touché et se faufiler dans une foule qui ne font que de se coller-serrer est étrangement similaire de marcher dans une horde de zombies ! Alors oui, il allait perdre de son temps à rester cloîtré dans cette pièce que devoir se taper ces zombies super bruyant et flashy.
-« Moi ? » Elle disait en premier, le brun avait interrompu sa lecture pour l'écouter. « J’avais promis de venir, il y a des mois de ça, donc… me voilà ! » Milo s'écartait en se recroquevillant légèrement lorsqu'elle levait les bras, on ne sait jamais ! Elle pourrait dépasser le périmètre de sécurité. « Je ne voulais pas décevoir en annulant à la dernière minute… »
-« Huh... Hé bien, j'espère que tu apprécie la convention plus que je ne l'apprécie... » Oui, il trouvait la convention vraiment pas ouf. Pourquoi il était venu ? C'était encore une question sans réponses. Chaque années il se persuadait que la prochaine serait meilleure et à chaque fois, il est déçu ou alors il part plus tôt que prévu à cause de sa phobie.
-« Mais… si tu attends trop longtemps, les plus jolies figurines seront prises, non ? Lesquelles voulais-tu ? » Le brun souriait légèrement.
-« Je reste dans l'optimisme qu'il y aura quand même une figurine qui me plaira... » Il répondait en s'agrippant une touffe de cheveux sur le haut de sa nuque, un toc qu'il ne remarque jamais. « Oh, je voulais celle de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ! Elle est giga-cool mais j'ai jamais réussi à mettre la main dessus... » En même temps, c'est pas avec une technique pareille qu'il va réussir à s'en choper une. « Mais bon, entre nous... Je peux très bien me l'acheter sur internet... J'ai peut-être juste la flemme de la livraison. » Depuis quand est-il devenu une pipelette ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Elle pensait être tranquille pour pleurer, s’échapper du public et ne pas avoir à feindre le bonheur, quelques minutes. Hélas, la solitude la boude aujourd’hui et c’est ainsi qu’elle se retrouve enfermée avec un inconnu. Il est mignon en plus ! Sauf qu’elle n’a pas le coeur à le draguer, le reluquer ou tenter sa chance. C’est dire à quel point sa rupture l’affecte ! Il lui faudra du temps pour faire le deuil de ses fiançailles et de tous les beaux projets d’avenir qu’ils partageaient… Elle le sait, mais elle n’a pas l’impression de pouvoir se permettre ce luxe. La course contre la montre pour retrouver un sourire sincère la stresse, la frustre et la pousse toujours plus vers le bas. Ses émotions ne la rendent que plus fragile, plus prône à craquer et à révéler n’importe quoi qu’elle aurait normalement gardé pour elle. Après tout, elle en dévoile plus qu’à l’habitude, sous le couvert d’un anonymat plus ou moins feint, à ce jeune homme. Ku Fei n’a pas l’habitude de se plaindre, pas même aux inconnus qu’elle ne pense pas revoir. Elle essaie toujours de laisser le souvenir le plus positif possible aux gens. Alors pourquoi ne le fait-elle pas avec lui ? Pourquoi lui montre-t-elle une facette vulnérable et triste ? Parce qu’elle n’arrive pas à faire autrement. La force de remettre le masque de son personnage heureux est épuisée… et il ne semble pas savoir qui elle est, donc elle peut s’en permettre un peu, non ? La chinoise va jusqu’à lui avouer pour son coeur brisé et son état lamentable, bien qu’elle ne fasse comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre. L’a-t-elle dit à quelqu’un d’autre ? Elle n’en est pas certaine… Akemi aurait pourtant pu le partager à ses ami.e.s, à Joo Won ou Young Ja, au moins… mais non, elle n’en a pas eu le courage. Le dire, c’est jeter les mots dans les airs et on ne peut pas les reprendre… c’est admettre les faits et c’est ça le plus dur.
-« Oh... Je vois. Je suis désolé, ce doit être vraiment difficile pour elle. »
Difficile ? Un petit rire triste lui échappa, masquant un sanglot qu’elle avait sauvagement retenu. Sa main était venue couvrir ses lèvres qu’elle mordillait. Son regard était venu se perdre sur le sol, tentant de cacher le fait que les larmes menaçaient de revenir dévaler sur ses joues. Ses mains s’étaient refermées, plantant ses longs ongles manucurés dans sa paume si délicate. Le mot qu’il avait utilisé était faible. Ku Fei a toujours été légère, insouciante, pas du tout du genre à se prendre la tête. La souffrance semblait ne pas trop l’aimer, puisqu’elle ne l’avait que peu côtoyée si on demandait l’avis de la blondinette. Elle avait eu le coeur brisé, lorsqu’une sasaeng s’était fait passer pour Young Ja et l’avait incendié pour qu’elle ne sorte de la vie de l’idole. Puis, la grande soeur avait cru mourir d’inquiétude suite à l’accident avec son cadet. Elle-même ne s’en était pas sortie indemne, ayant droit à son petit moment entre les deux mondes, suivi d’un réveil dans un corps qu’elle ne reconnaissait pas et d’une longue rééducation… mais plutôt que de s’inquiéter pour sa propre santé, Ku Fei n’avait fait que penser à celle de son petit frère. Et maintenant, ça. Donc, non, la chinoise n’avait pas l’habitude de souffrir, de ressentir les déchirements d’une douleur qui laisse de profondes marques… Elle n’y était pas préparée et ne savait pas comment y faire face. Avait-elle le droit de se permettre de le digérer sainement ? Ça prend du temps et elle n’en a pas… Tout était compliqué et elle se sentait prise au piège d’une ironie qui lui échappait. Elle avala sa salive, ne voulant pas éclater encore. Certes, elle s’était permise quelques aveux, mais se mettre à pleurer serait trop hors de sa zone de confort. L’artiste avait donc préféré changer de sujet, essayant de s’égayer en parlant d’autres choses.
-« Huh... Hé bien, j'espère que tu apprécie la convention plus que je ne l'apprécie... »
-« Si c’était le cas, je ne serais pas ici à me cacher de mes f… » admit-elle en haussant les épaules, le mot « fans » lui échappant presque !
Akemi grimace un brin et enchaîne directement en soulignant qu’il ne restera sûrement plus de jolies figurines, s’il traîne trop.
-« Je reste dans l'optimisme qu'il y aura quand même une figurine qui me plaira... »
La manhwaga fait une petite moue. C’est beau l’optimisme… mais il faut être un brin réaliste ! Le monde des otakus n’est pas le plus tendre lorsqu’il s’agit de la guerre pour les goodies !
-« Oh, je voulais celle de Genos dans One Punch Man ! Elle est giga-cool mais j'ai jamais réussi à mettre la main dessus... »
Ah oui, elle voit de laquelle il parle. La blonde hoche d’abord la tête, calmement, pour montrer qu’elle comprend, puis ses yeux s’agrandissent sous les effets de la réalisation. Il a bien dit Genos ?
-« Mais bon, entre nous... Je peux très bien me l'acheter sur internet... J'ai peut-être juste la flemme de la livraison. »
-« Oui, oui… Internet… Livraison… tout ça… » répondit-elle, distraite, alors qu’elle cherchait où elle avait rangé son téléphone.
Elle sourit finalement en mettant la main sur l’appareil recherché et fouille dans ses contacts pour choisir « BGG T_T », qui veut dire « Beau Gosse Gay T_T ». Elle tient l’appareil à plat, l’écran vers le plafond, le micro près de ses lèvres alors qu’elle a mis la fonction haut-parleur.
-« Hi ? » répondit calmement une voix masculine avec un accent américain.
-« Mimi ? T’es occupé ? » lança-t-elle avec toute l’innocence qu’elle était capable d’avoir.
-« Mais ! Tu penses quoi ?! On est à la même convention… pour la même raison ! Bien sûr que je suis occupé…! » répliqua-t-il, visiblement découragé par cette question.
-« Okay… ouais… mais… occupé comme… C’est ton tour dans 5 minutes ? Ou tu peux faire un détour par le stand de figurines ? » insista-t-elle ne se laissant pas décontenancer par l’attitude de son ami.
-« … … ... Tu veux ma mort ? » commenta-t-il en soupirant.
Ku Fei ne répondit rien, sachant bien qu’il avait l’air ronchon parce qu’il stressait, que ce n’était pas comment il était pour vrai. Elle releva plutôt les yeux vers l’inconnu et leva le pouce pour l’encourager.
-« … Bon… Laquelle tu veux ? » finit-il par demander. « Mais je ne vais pas te la livrer dans un placard ou un ascenseur ! On a déjà eu cette discussion ! » s’empressa-t-il d’ajouter, visiblement accoutumé à une Ku Fei plus taquine et lubrique.
-« Merci, merci, merci, merci !! T’es le meilleur ! » le remercia-t-elle avec chaleur. « Hmmmm… Celle de Genos ? » demanda-t-elle, jouant de nouveau les innocentes.
-« … … … … Mais ! Ake… Aish ! Ils sont gentils, mais je ne pourrai jamais en sortir vivant ! Je t’en aurais ramené une autographiée et tout, avec plaisir, si tu me l’avais demandé la dernière fois que j’y étais pour le boulot ! » se plaignit-il, apparemment anxieux à l’idée d’aller à ce stand.
C’est que déjà, tout comme elle, il se faisait aborder par pleins de fans et se prêtait au jeu. Il en était content et aimait bien partager ce genre de moments avec les fans. Mais comment la voix de Genos pourrait aller acheter une figurine de Genos et revenir à temps pour son planning !
-« Je sais, je sais Mimi… mais c’est pour un fan, justement ! Il n’arrivera jamais à avoir sa figurine sinon. Aaaaallez, Mimi, s’il-te-plaît !! Je promets de ne pas te faire de proposition pendant… un mois, si tu le fais ! » insista-t-elle, allant jusqu’à proposer un répit qu’il aurait eu de toutes façons, parce qu’elle n’était pas d’humeur à faire des propositions indécentes.
-« … … … Tu sais que je l’aurais fait juste parce que c’est pour un fan… ? Mais okay… un mois de paix, ça ne se refuse pas. Je t’appelle quand je l’ai. » finit-il par répondre, parlant toujours de cette voix si calme. « No matter what. Whatever it takes. » ajouta-t-il en prenant la voix du fameux personnage.
S’il y allait en jouant déjà le personnage, les fans seraient heureux et le vendeur se montrerait probablement plus enclin à ne pas le faire poireauter mille ans. En plus, ça l’aiderait à monter son chiffre d’affaires, non ? Ku Fei remercia chaleureusement son ami, puis raccrocha.
-« Pas besoin d’affronter les zombies, ni de commander sur internet ! » lança-t-elle, toute fière de son coup.
Il ne lui avait rien demandé et peut-être même qu’il serait fâché par la liberté qu’elle avait pris, mais pour sa part, ça lui changeait les idées et lui faisait sincèrement plaisir. Elle ne pensait pas à sa peine, lorsqu’elle s’occupait avec des plans machiavéliques comme celui d’envoyer l’acteur dans la fosse aux lions.
-« La convention est toujours aussi pénible, alors ? Ou c’est un peu mieux ? » demanda-t-elle, en rangeant son téléphone dans sa poche.
L’âme craintive avait été rejoint par une inconnue contre son gré. Il pensait avoir affaire à une simple cosplayeuse comme il y en a tant d’autres à cette convention vraiment pas ouf. La tête encore un peu secouée par sa phobie de la foule, il ne s’était pas attardé sur son apparence de poupée, ni à ses yeux rouges larmoyants. Bien qu’il soit énormément curieux, il ne veut pas se mêler de sa vie personnelle. Remuer le couteau dans la plaie est bien trop risqué et il préfère qu’elle se change les idées en lui parlant d’autre choses, que ce qui la tracasse. Ce n’est pas son rôle de la réconforter, puisqu’il ne la connaît absolument pas… Il préfère donc se retenir, éviter de vouloir faire le héros et écouter les questions qu’elle lui pose dans un ton qu’il considère faux. Milo reconnaît les personnes qui font semblant d’aller bien, il en fait partie. C’en est presque devenu un métier de faire semblant. Il devrait être payé, ça lui coûte sa santé mentale. Tous ces jours qu’il passe au café, à emprunter ce sourire, à faire semblant d’être un jeune homme dans la vingtaine d’années avec une bonne santé mentale ne se déroulent pas dans la facilité. Lorsqu’il rentre chez lui, tout ce qu’il lui reste sont des émotions vides de sens… Des émotions qui lui donnent l’envie de pleurer jusqu’à ce qu’il se laisse tomber dans les bras de Morphée. Il aimerait que quelqu’un soit là pour lui sécher ses larmes, pour lui soulever cette lourde peine qui périt son âme. Mais il sait que c’est impossible. Il sait que personne ne voudra de lui, personne ne voudra d’une personne sale, entaillée d’un passé qui continue de le poignarder alors qu’il est à terre. Il en bave, il en pleure. Il veut qu’on l'aide, mais dire que tout va bien est plus facile que de tout arranger, d’accepter la réalité et de la rendre plus supportable.
L’état de l’inconnue l’inquiète, mais il n’en dit rien et se contente de l’écouter attentivement. Si ça l’aide un peu, il s’en contentera… Il admet être désolé pour la manhwaga, ajoutant que de passer une telle épreuve devait être difficile pour elle. Le jeune homme ne sait pas très bien mâcher ses mots, trouver les bons mots pour qu’ils soient assez subtils. Il ne sait même pas s’exprimer correctement et ça l’agace ! Il ne se veut en aucun cas blessant, mais encourageant… C’est idiot qu’il ne le fasse pas pour lui-même. Cette fâcheuse habitude de penser plus aux autres qu’à sa propre personne… C’est ce qu’on lui reproche le plus, récemment. Il essaye de ne pas paraître inquiet pour la jeune femme, espérant que tout rentrera dans l’ordre pour elle… Que tout pourra s’arranger et qu’elle sera heureuse dans le futur qu’il espère proche.
-« Si c’était le cas, je ne serais pas ici à me cacher de mes f… », de ses quoi ? Le Canadien relève sa tête vers elle en étant plutôt surpris de cette soudaine coupure… Il n’en dit toujours rien. Cette envie de ne pas être invasif à poser les trois tonnes de questions qui trottent dans sa tête est plutôt désagréable lorsqu’on pense à sa curiosité maladive. Est-ce qu’il devrait poser ses questions de toute façon ? Il en juge que non puisqu’elle semble changer assez rapidement de sujet. Milo hausse les épaules et y répond tranquillement, en espérant ne pas paraître si désespéré par la foule qu’il ne l’est… Il laisse échapper un énième soupir de ses croissants de chair, après avoir avoué vouloir la figurine de Genos dans cet anime qu’il apprécie un peu beaucoup trop.
-« Oui, oui… Internet… Livraison… tout ça… », intrigué, le brun tourne son regard vers l’inconnue qui semble chercher quelque chose sur son téléphone. Il n’a cependant pas besoin de loucher sur l’écran pour finalement comprendre qu’elle appelle quelqu’un, mais qui est ce quelqu’un ? La voix qui émane du téléphone le surprend, cette voix masculine est familière… Si familière qu’il ne peut pas y mettre un visage. Il hésite à prendre la parole, mais tout se déroule si vite… Le mélancolique reste dans son coin, livre à moitié fermé alors qu’il tente de se rappeler d’où vient cette voix. Pourquoi est-ce qu’il n’arrive pas à mettre le doigt dessus ? C’est son cerveau qui lui joue des tours, encore une fois ?
La cosplayeuse semble demander à son ami d’aller au stand de figurines et Milo commence à se demander ce qu’elle manigance… C’était jusqu’à ce qu’elle lui demande de prendre la figurine de Genos, et c’est là… Que son cerveau stoppa. La voix qui lui semblait familière est celle du voice actor de Genos… Il fait les yeux ronds en essayant de se contenir, de ne pas être un gros fanboy de première. Il étouffe presque alors qu’il essaye de rester calme face au fait que cette parfaite inconnue venait d'appeler LE voice actor pour qu’IL aille chercher la figurine qu’il voulait depuis des années ! Il ferme le manga qu’il tient dans les mains, pour essayer de comprendre ce qu’il vient de se passer…
-« Pas besoin d’affronter les zombies, ni de commander sur internet ! », le brun ne réagit plus, il est toujours dans la phase de compréhension.
-« La convention est toujours aussi pénible, alors ? Ou c’est un peu mieux ? », il cligne plusieurs fois des yeux et tente de se pincer le bras, relevant le regard vers l’inconnue. Milo réalise alors, que c’est bel et bien la réalité et que son cœur de gros weeb vient de vivre le meilleur jour de sa vie.
- « Euh… Je... », bafouille-t-il en ne sachant plus très bien quoi répondre. « Je ne comprends pas très bien... », il marmonne dans sa barbe inexistante. Son pauvre cerveau met beaucoup trop de temps à comprendre. À la base, il voulait tranquillement lire dans une pièce où il pensait que personne viendrait et le voilà… Avec une inconnue, qui vient d’appeler le voice actor de Genos… Il n’en revenait pas. Il allait tenir dans ses mains une figurine touchée par ce gars, dont il ne s’était jamais renseigné.
- « C’était pas obligé de faire ça… je… je devrais te remercier, mais je ne comprends pas… ton initiative… », il détourne son regard en agrippant une nouvelle fois une touffe de ses cheveux au-dessus de sa nuque. Au moins, il n’aura pas besoin d’attendre la pénible livraison qui aurait durée quelques jours...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Ce jeune homme l’avait écouté et ne lui avait pas posé de questions. Pourtant, il aurait eu toutes les raisons du monde de le faire. Elle avait les yeux rouges, gonflés, parlait mystérieusement, se coupant au milieu de ses phrases… Ku Fei avait laissé sous-entendre plusieurs choses, mais n’avait rien exprimé pleinement pour autant. Il lisait son manga, mais lui en avait donné un avis honnête. Fort probablement parce qu’il ne savait pas qu’elle était celle qui l’avait dessiné et écrit, cependant, un peu de franchise avait été rafraîchissante pour la jeune femme. Elle a tellement l’habitude que tout le monde ne la traite avec des pincettes ou qu’on ne la ménage. C’est que les gens semblent avoir décidé pour elle qu’elle a traversé assez de dures épreuves comme ça et que la situation avec son petit frère est délicate ! La blonde refuse de voir les choses ainsi. Peut-être se voile-t-elle la face, mais la vie était plus facile quand elle restait positive. Chose qu’elle trouve incroyablement dure à faire depuis sa rupture avec son fiancé. La manhwaga avait eu un éclair de génie, en entendant le jeune homme admettre qu’il rêvait d’une figurine bien particulière. Miles était présent à cette convention, elle ne l’avait pas encore croisé, mais ils s’étaient écrits afin de tenter de trouver un moment pour se voir. Enfin, ils s’étaient écrits quand la chinoise avait encore la force d’avoir une vie sociale… et si elle faisait comme si elle avait oublié, maintenant, ce serait bizarre. L’Américain la connaissait assez pour savoir qu’elle n’en ratait jamais une pour le draguer et lui proposer de jouer la voix d’un personnage principal d’une de ses adaptations ! Or, son ami avait eu l’agréable surprise de se voir offrir un mois de paix en échange d’un « petit » service.
Ku Fei sait trop bien ce que c’est que de voir son coeur battre pour un goodie et de voir sa vie être complètement chamboulée par les feels. Si elle pouvait ainsi améliorer, ne serait-ce qu’un tout petit peu la journée de ce garçon, l’excentrique se disait que sa venue à la convention aurait eu une raison. Parce que l’idée selon laquelle cela lui changerait les idées était complètement morte depuis un moment, maintenant ! Elle raccrocha donc avec son ami, se doutant qu’il n’avait pas mille ans devant lui et s’adressa de nouveau au pauvre inconnu. La barbie humaine pencha la tête sur le côté et passa sa main devant l’image du jeune homme qui semblait avoir buggé. Venait-elle de le tuer ? Il avait encore les yeux ouverts… Il n’avait pas fait de bruits bizarres, n’avait pas eu de spasmes, aucun démon lubrique ne semblait avoir pris possession de son corps… (c’était presque dommage). Le voilà qui s’active, il cligne des yeux, essaie de se pincer ? Akemi l’observe en silence en haussant un sourcil, ayant ramené sa main sur sa propre cuisse.
-« Euh… Je... Je ne comprends pas très bien... »
-« Oh. J’ai appelé Mimi et il va aller chercher la figurine, avant de monter sur scène pour faire son truc. » répondit-elle comme si c’était la chose la plus normale du monde, en haussant les épaules. « On va espérer que les fans vont le laisser nous revenir en vie, cela dit… Ou que les fans ne feront pas un arrêt cardiaque en voyant ces muscles… ces tatouages… ce fantasme vivant… ! » ajouta-t-elle, se laissant aller à un bref instant de rêverie.
Son fantasme n’est que de courte durée, puisque le sourire qu’elle préférait se dessine dans son esprit. Plus jamais elle ne le reverra ni ne le goûtera. Son coeur se serre dangereusement, elle se mordille les lèvres et baisse les yeux. La douleur essaie d’avoir raison d’elle, mais Ku Fei se doit de se montrer forte. Heureusement, le lecteur reprend la parole.
-« C’était pas obligé de faire ça… je… je devrais te remercier, mais je ne comprends pas… ton initiative… »
Ku Fei pince les lèvres, hésitant à répondre.
-« Je l’ai fait parce que je le pouvais. » admet-elle tout simplement, en haussant de nouveau les épaules. « Et honnêtement, parce que ça me change les idées… et que ça me rend service… » ajouta-t-elle en poussant un long soupir.
Elle triture ses doigts qu’elle fixe, se demandant si elle se lance ou non.
-« Aider quelqu’un à passer un bon moment… ça me fait oublier ce que je vis présentement ? Puis, j’ai promis à Mimi de le laisser tranquille pendant un mois… Il a sûrement déjà compris qu’il se passe quelque chose, mais comme ça… Pendant un mois, je ne me sentirai pas forcée de le harceler pour qu’il fasse la voix d’un personnage d’une de mes créations ? » expliqua-t-elle finalement, en relevant un regard larmoyant vers le jeune homme. « Miles est le voice actor le plus sexy que je connaisse, donc évidemment que je rêve d’être un homme pour faire toutes les choses que je dessine et même plus ! Sauf que je n’ai pas le coeur à être… moi-même… en ce moment… donc ça me rend service aussi, de savoir que j’aurai une raison de ne pas le harceler… » continua-t-elle en détournant le regard vers le vide et mettant des guillemets avec ses doigts au mot «moi-même».
En gros, elle se servirait de cette excuse pour tenter de camoufler sa peine qui lui enlevait toute envie de faire des commentaires obscènes à son ami. Miles la connaissant peut-être un peu trop pour croire que cette histoire suffirait, devinerait sûrement qu’il y a autres choses, mais pour l’instant, Ku Fei voulait croire qu’elle serait tranquille.
-« Ah mais ! Mimi va venir avec la facture hein ! Il n’y aura pas de frais de livraisons comme tu en aurais eu sur internet et je doute que le livreur aurait été la voix, elle-même, de Genos… donc, je dirais que c’est plutôt cool, non ? Sauf que… tu as bien l’argent pour la payer ? » demanda-t-elle, réalisant qu’elle aurait peut-être dû commencer par ça, en ramenant un regard curieux sur le brun.
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