Je supporte pas qu'on me prenne pour un con. Il m'a fait venir ici, près de cette boite pleine de mielleux culs terreux, juste pour me filer de quoi me détendre après le taf, et je l'ai trouvé défoncé avec ma cam, dans les seins d'une fille à papa qui doit gémir plus fort qu'une génisse si bien secouée. Ça vaut même pas les orangina. Elles au moins, une fois secouée, elles sont encore meilleures. Ces filles là, faut des pincettes et un mode d'emploi. Je pisse dessus, y'a pas de mode d'emploi avec moi, c'est quitte ou double, en haut ou en bas, devant ou derrière, et si possible , sans les hurlements que ces filles là savent bien faire et qui me font saigner les oreilles. Y'a rien de mieux qu'une nana qui retient ses cris pour pas déranger les pauvres voisins, ou pour pas qu'on la voit en public en train de se faire défaire l'arrière train. Quelle vulgarité, je devrais avoir honte. Dommage, j'y arrive pas. Le drame de tout assumer même le pire. Parait qu'il me faut un psy. Pas un psychologue, ceux là, ce sont des petits joueurs vous comprenez. Non, on veut me coller un vrai psychiatre, avec les diplomes tout ça, le genre de cadres que j'aurais envie de lui faire bouffer à la fin de la première séance. Je préfère lui épargner ça, tant de bonté en moi. Ce sera mieux pour tout le monde, d'autant plus que je le vis très bien, donc à partir du moment où je ne suis pas malade pour moi-même , pourquoi me soigner? Une perte de temps tout ça. J'ai bien assez à faire. En l'occurence ce soir, essayer d'oublier ce traitre et me trouver une autre source. Si je ne me détends pas, je risque de déraper. Encore. Enfin déraper. Je ne le vois pas comme ça, mais il parait que ça s'appelle déraper, alors je dis déraper. Perso je trouve ça important de s'exprimer. Garder sa frustration en soi, c'est castrateur, et ça. Non. La pire des sensations la frustration, mais elle m'aime, elle revient sans cesse, me taquine, me pousse à bout, me rend dingue et j'invente chaque jour de nouvelles méthodes pour l'extraire, espérant un jour atteindre la délivrance décisive. Ce petit jeu me fatigue parfois. Je les envie ces curés de comptoir: voeu de chasteté, voeu de silence, voeu de pauvreté, voeu de charité. Tout ça c'est pas quand on est mort? Ça devrait , parce que c'est inhumain. En fait, non je les envie pas.

Je sors et extirpe un paquet de clopes de la poche de mon jean usé, troué, m'essuyant la main sur les pans de ma chemise noire, ouverte sur un tee shirt blanc, encore à peu près propre. Je ressemble à quelque chose ce soir, et il a osé me foutre un vent ce connard. Fais des efforts qu'ils disent les potes, tu ressembles à un clodo des fois. J'en fais et pour quoi ! Ta mère. Mon mégot encore frais crépite au bout de mes lèvres quand j'entends une voix railleuse sur la droite, à quelques pas. Je plisse un œil, grimace en sentant un vent pas terrible me passer dans le cou, observant sans grand intérêt. Quelques secondes me suffisent. Je pose mon dos contre le mur pas loin et admire cette drague pathétique. Faut vraiment que le gouvernement se décide à ouvrir une école pour former les prédateurs, ce type est la honte de notre espèce. On dirait une vieille adaptation porno d'un conte de princesse. Ça me fait limite saigner les oreilles. Par contre... mes yeux suivent les cuisses de la gamine. Elle est canon. Pas étonnant que  ce porky tente sa chance.  Et si je lui volais sa proie... Peut-être que j'ai pas perdu ma soirée finalement. Mon esprit se crame à trouver une tangente, analyse, retient les détails. Je vais attendre, voir ce qu'elle va faire. Si c'est une petite conne sans défense, je vois pas pourquoi je m'arrêterai dessus. Je pars du principe que lorsqu'on ne sait pas se défendre, on se limite à la salopette ou au col roulé. Si tu mets une robe courte avec ton minois de petite panthère, faut t'attendre à te faire happer. Surtout en traînant seule ici. C'est chercher le bâton pour se faire battre. La fumée m'enrobe le visage. Je les fixe, dans l'ombre. Je sens la clope vibrer dans mes doigts poussiéreux et froid. Je pue la soude, la sueur d'une journée trop longue et la cigarette. Le mec en somme. Lui, il sent quoi. La lourdeur, l'alcool et un relan de vieil after shave, je le sens d'ici. Elle va se faire baiser sec... pas inter.... mh.

Mon intérêt est piqué. En quelques secondes, il a le genou à terre, le poignet malmené et la rage dans la voix de Raiponce. Fous lui ton talon dans la gueule. Allez, du cran un peu. Montre-moi comme tu peux être une saleté, ça se pourrait que tu suscites vivement mon intérêt. mais peut-être aussi que tu devrais ne pas aller plus loin. J'aime la tournure que ça prend. J'en banderai presque si la porte à coté de moi ne s'était pas ouverte me cachant la vue. Et bien entendu comme une merde ne vient pas sans sa jumelle, ils le connaissent.  "Putain tu fais quoi pétasse! Lâche not'pote!" De suite les insultes... ash... c'est tellement petit. Forcément qu'elle n'aura pas le dessus! Ils gâchent tout. Révélation: les talons c'est pas fait pour courir, mais ça, elles ne le retiennent jamais. J'avoue ne pas avoir la patience. Ils me les brisent. Mais je veux voir ce qui se passe. Si c'est pas malsain... D'un pied, je pousse la porte qui se claque dans un bruit de ferraille rouillée. Ils se retournent vers moi surpris. Bou. Quoi, y'a un malaise? Un témoin? C'est chiant? Pourquoi, ils ont l'intention de faire une vilaine chose à plusieurs sur une pauvre créature? "Vous gênez pas pour moi. J'admire." Pourquoi je mentirai? Ah oui, c'est vrai. Je mens tout le temps, mais ça, ils sont trop cons pour percuter visiblement, puisqu'ils ne font même plus attention à moi, et je peux me contenter d'être spectateur. Faut avoir un grain pour laisser une personne être témoin d'un délit d'agression... mais plus rien ne me surprend. C'est marqué sur ma gueule que j'ai pas de morale? Voyons voir ce qu'elle a dans le ventre. Et de ce que j'ai cru comprendre, elle les connait? Ce serait si dommage que je gâche sa possibilité de se venger. Si je sais encore compter... quatre. Cinq? Je sais pas si je dois compter le boiteux pour un ou un demi. Allez quatre et demi avec un coup de pied dans les couilles. Faudrait qu'elle y pense cela dit. On dirait que je fais des pronostiques sur un cheval de courses. ça fait chier, y'a personne pour parier.

Vous savez ce qui est fascinant dans le fait d'assister à un conflit? C'est de voir à quel point l'humain est capable de tout pour arriver à ses fins. La manifestation parfois bestiale, parfois sadique, parfois vicieuse ou complètement inconsciente ou débile qu'a une personne dans un moment où son cerveau s'est mis sur off. Cette volonté violente de nuire à autrui. Les psychiatres appellent ça des névroses, des psychoses, des pulsions... si beaux termes pour définir juste un acte: la violence sans détour. Celle qu'ils essaient d'expliquer et de classer mais au fond, quand on se fout dans un conflit, on n'en a absolument rien à foutre de la raison, puisque si on en arrive là, c'est qu'on en a plein le cul de devoir gérer, encaisser ou s'excuser, et que merde, dominer l'autre, ça fait du bien, ça rassure: juste jouissif. J'aime être le conflit. Et comme dans le monde en son entièreté, y'a les proies et les prédateurs. Et j'avoue que pour le coup, c'est assez drôle et intéressant à la fois de voir une proie s'énerver et des prédateurs se faire frapper. Ça me laisse un vieux gout de scène foireuse, d'illogisme, un truc qui devrait même pas exister. On dirait un chat sous extasie la petite brune, à leur griffer la gueule, mordre, les frapper (quand elle atteint son but) et eux, qui n'arrivent pas à la chopper. Une spectacle des plus décousus mais je regarde, un peu comme quand on ne peut pas détacher son regard d'un acte théâtrale d'une jeu de téléréalité et qu'on se dit: mais pourquoi je regarde ça... ça me pique les yeux. Je me dis que peut-être il va en résulter un truc pas trop dégueulasse.
Je sais pas trop...
Vraiment pas. J'espère? Ok ça sert à rien.

Pas de coït, faut que j'arrange ça, sinon ma soirée sera définitivement foirée, je risquerai de revenir dans la boite pour arracher les dents de ce con qui ma sifflé ma cam, et j'aimerais autant éviter les flics. Mais si j'arrange cette histoire, ça veut aussi dire que je ferai acte de bonté, donc je devrais rééquilibrer la balance en contrepartie après ça en commettant un truc immoral. Question de fierté. Donc si je veux ne pas avoir à faire double manœuvre, il faut que je fasse acte d'altruisme sans être altruiste. Y'a des fois où j'aimerais ne pas avoir de cerveau , juste pour être con par interim et m'épargner ces pensées profondes qui me font me dire que j'aurais peut-être du faire des études pour enc*ler les gens un peu plus haut placés, et que ça au moins, ça aurait payé.

Je les vois tomber, un par un. Mes yeux suivent leur corps, blasé. C'est quoi ces vieux glaires... c'est n'importe quoi. Tout seul contre une fille, et ils se font battre? Le monde n'est plus ce qu'il était.  Je vais vraiment demander à changer mon identité pour "selection naturelle". Séoul va se dépeupler. Ce serait pas mal mais je me ferai vite chier, donc ... non, encore mauvaise idée. J'en ai marre d'attendre. C'est quand elle se fait étrangler que ça perd tout son intérêt. C'est nul, elle perd. Elle me déçoit. Heureusement que je n'ai pas pu parier, elle m'aurait ruiné. Déjà que j'ai rien. Je me décolle du mur, dégouté et laisse tomber mon mégot fumant au sol. Elle est énervée comme un diable, un peu rouge mais énervée, c'est amusant, j'aime bien. L'un d'eux commence à se relever, mais il me soule.

"Sss.... reste par terre toi..." et je lui marche sur le dos pour le forcer à se recoucher, passant au dessus. ça compte comme une agression l'écrasement accidentelle de vertèbres? J'ai des problèmes de vue il parait. Il est dans une flaque et mes pompes sont pas étanches, c'est pas celles du taf. Autant qu'il soit utile à un truc avant de mourir. La bonne idée qu'il a de m'attraper le pied quand je passe à coté. Mon autre pied part et percute son nez. Un craquement et il gémit en roulant sur le dos. J'aime pas qu'on me touche les chevilles, j'y peux quoi? La fille est toujours vivante, j'ai le temps... Je m'accroupis à coté du second type, dans les vapes et fouille sa poche... portefeuille. Du liquide. Intéressant. Je touche pas au reste, pour peu que ce soit volé, aucune envie de faire les frais. Je lui tapote sur la joue en remerciement de sa générosité inconsciente. Dieu sera faire de toi mon ami, tu as aidé un nécessiteux. Je fais pareil avec l'autre qui a carrément été séché. Elle a fait une prouesse j'avoue, après, est-ce que c'était un coup de bol, je sais pas, faudrait qu'elle recommence, mais j'ai pas envie de le réveiller. Le quatrième se relève, et le cinquième a lâché la fille quand il m'a vu fouillé ses potes. "Vas y t'es qui toi, t'as cru qu'tu pouvais nous siffler not' thune comm' ça?" Achète toi des vraies phrases? "Faut croire..." je devrais dire quoi? C'est bien la vérité. Je jette un œil à la fille derrière, elle a l'air de respirer mieux. Elle va avoir une belle marque. Qu'elle se plaigne pas, son cul est pas distendu, parce qu'ils se seraient pas gênés... Quoi que je l'aurais fait aussi je vais pas mentir, mais seulement avec son accord. Enfin je crois. Faudrait que j'y réfléchisse. Après.

Il me charge. Prévisible. Il enchaîne les coups, qu'il loupe bien entendu, et ça m'énerve encore plus. Pas étonnant qu'elle soit arrivée à les sécher. Elle n'est pas mauvaise,je pensais qu'elle avait du frapper plus fort mais quand lui colle un coup dans les cotes et qu'il tombe à terre.. je me rends compte que c'est vraiment des fiottes. "Aashhh..." que je râle. Je grimace... "...vous faites pitié...j'ai même pas envie de me faire mal aux mains pour vous..." Et quand on veut garder ses mains propres, on utilise quoi ! Non, pas ça, l'autre truc... le pied. Un coup dans le genou puis en pleine poire et j'enfonce mes mains dans mes poches, contrarié. Y'a du sang sur ma chaussure. C'est qui qui va devoir payer la laveuse, bouffon!  Mrrlr..... ça vaut bien un dernier coup dans sa gueule tiens... kss... il finit par terre, en sang... je secoue la tète et regarde la nana en coin... je la juge du regard. Qu'est-ce que je devrais faire d'autre? Elle a échoué. Mon cerveau, il comprend que deux trucs: tu réussis ou t'échoues. Et j'aime pas l'échec. Je déteste l'échec. "T'as une couille qui pousse, sois fière."
Je me ressors une clope. "Tire sur ta robe, j'ai une vue pas si mal d'ici." que je lui sors en me concentrant sur l'allumage de mon futur mégot de fortune. Même mes clopes sont miteuses. Rien ne s'arrange. Elle a du mal à prendre, humide. J'ai pas envie de m'attarder donc je renifle un peu, toc compulsif de ma contrariété  et je commence à m'éloigner avec un "la prochaine fois, fais mieux. Quand on montre son cul, faut s'attendre à attirer les mouches..." oh le proverbe... la poésie c'est pas mon fort , et puis quand elle est moindre, il se trouve que ça fait souvent son effet. Qui sait, elle va peut-être tenter de me tuer.. comme d'autres. Ça pourrait bien m'exciter.