[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Hana n’était qu’au début de sa carrière d’actrice, ayant tout juste terminé l’école et n’ayant, à ce jour, que peu d’expérience pertinente dans le domaine mis à part un petit rôle dans un Drama bien en vogue, un bon début. C’est donc pour cette raison que, lorsqu’elle avait décroché un boulot comme modèle pour une marque de vêtements, et ce, en dépit que ça ne soit pas un rôle, elle avait sauté sur l’occasion. C’était difficile pour elle, de se voir en photo, ou dans un miroir, elle se haïssait tant, mais elle n’était pas sans savoir que ses proportions de rêves – merci chirurgie – plaisaient au commun des mortels et qu’elle devait en jouer, aussi répugnante semblait-elle selon son jugement bien personnel. Et c’est donc ainsi qu’elle se retrouva assise sur une chaise ce jour-là, à se faire coiffer et maquiller pour la session photo, encore un peu sous le choc d’être vraiment assise là, plutôt excitée de cette chance, malgré tout. C’était une opportunité en or, et elle ne pouvait pas nier cela.

Ce qui était moins plaisant par contre, c’était les deux maquilleuses qui marmonnaient des ragots tout en s’activant à la tâche. La jeune coréenne conserva un silence buté, néanmoins embêtée par leurs sales langues. Enfin… autant que possible, parce que lorsqu’elles se mirent à parler en mal d’une collègue, une jolie blonde dont elle n’ignorait ni la popularité, ni le talent de modèle, ça devenait presque impossible de ne rien dire! Hana fulminait. Ayant elle-même était victime de rumeurs infondés sur sa personne, accusée à tords, ça la prenait aux tripes qu’on fasse pareil aux autres, ça touchait une corde sensible. Assez pour qu’elle ne remarque pas que ladite Arizona avait été dirigée vers elles, vers la chaise libre à côté d’Hana – sans doute pour faire finaliser son maquillage, et que même cette approche n’avait pas fait taire les deux commères qui avaient murmuré un non subtil : « Évites de lui parler, il parait que c’est une vraie garce cette Williams. » un sourire faux, angélique avait étiré les traits de la jeune actrice alors qu’elle se permettait de répondre à cette idiote, franchement énervée pour la pauvre blonde qui n’avait rien demandé!  « En fait, vous devriez probablement éviter DE parler. Parce que garce, c’est encore gentil pour vous qualifier là… » Oups. Elle n’aurait pas dû dire ça. Merde.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Rongée par la culpabilité, elle l’était. Etouffée par la pression que pesait sur ses épaules. Non elle ne supportait plus de voir son image, son visage affiché sur des murs entiers. Un visage admiré par des centaines de gamines qui passeraient sûrement sous le bistouri juste pour essayer de lui ressembler. Parce qu’elles imaginaient qu’elle avait une belle vie, que sous ses traits doux, il y avait une gentille fille devenue une princesse. Mais elle n’était qu’un monstre déguisé. Personne ne savait ce qu’elle avait fait. Cinq ans. Cinq longues années bercées par des larmes, des regrets, des remords. Cinq années à jouer un rôle. A dissimuler ce qu’elle ressentait réellement. Une tonne de sentiments qui lui retournaient l’estomac. Et on parlait à son sujet. Elle les entendait, les rumeurs. Ce que l’on pensait d’elle mais que personne n’osait lui dire en face. Ils étaient tous des lâches.

Non personne ne savait ce qu’elle avait fait là-bas. Et pourtant on disait qu’elle était trop belle pour être gentille. Qu’elle n’était qu’une vulgaire poupée refaite et complètement stupide. Elle les méritait Arizona, toutes ses insultes. Comme un besoin d’être puni pour avoir poussé cette fille au pire. Elle n’avait que dix-sept ans. Son sourire dissimulait de lourdes blessures, des remises en question incessantes, endormies par la présence de son frère. Une envie de se racheter qui la prenait aux tripes. Les doigts au fond de sa gorge, elle avait vérifié que les toilettes étaient vides. On pouvait croire qu’elle le faisait pour garder la ligne, mais elle n’avait aucune explication. Juste ce mal être au fond d’elle qui la poussait à se faire du mal.

Mauvaise. Elle était mauvaise. Et son reflet dans le miroir ne faisait que lui rejeter en plein figure. Alors ce shooting devenait un véritable enfer. Parce que le photographe ne cessait de lui dire à quel point elle était belle. Elle éveillait la jalousie par ses yeux bleus et sa peau trop pâle. Les maquilleuses parlaient dans son dos, elle ne se défendait jamais. Mais elle ne s’attendait clairement pas à ce quelqu’un prenne sa défense. La solitude. L’hypocrisie. La dure réalité de ce métier. Les filles ne s’entraidaient jamais, se battant pour la première place. Arizona ? Elle était la belle fille du pdg. Pistonnée et sans talent. Voilà ce que l’on pensait d’elle.

« T’es pas obligée de me défendre tu sais... C’est courant, faut pas y faire attention...» Sinon, elle allait se faire bouffer. Alors elle souriait aux maquilleuses, éloignant la rebelle brune pour lui éviter les problèmes. « Règle n°1, elles peuvent te cracher dessus, mais jamais l’inverse.» C’était injust. Mais ce boulot l’était.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ça avait eu le don de la mettre hors d’elle, quand on disait du mal des gens, déjà parce qu’elle n’avait pu qu’être une victime éternelle des médire de sa propre mère, sans arrêt rabaissée, insultée, au point où elle n’arrivait à voir rien d’autre qu’un monstre quand elle se croisait dans un miroir. Même sur cette chaise, coiffée, maquillée pour un shoot, elle évitait soigneusement la glace, sa simple vue lui haussant le cœur. Elle savait très bien ce que c’était, Hana, être incapable de vivre avec elle-même, il était hors de question qu’elle souhaite cela à son pire ennemi… Ou à cette jolie blonde, qui était physiquement l’apogée de la beauté… qui était-elle pour s’imaginer qu’elle avait une vie à envier? La beauté, ça ne faisait pas tout. Peut-être qu’elle avait senti que sa vis-à-vis était aussi brisée qu’elle, aussi torturée… ou peut-être que pour une fois, elle avait envie d’être sympa… elle avait des envies étranges… d’être une meilleure personne, depuis qu’un auteur un peu idiot – et diablement craquant – était entré dans sa vie. « … Peut-être… mais si elles disaient des trucs pareil sur moi, je les scalperais… du coup, c’est un peu pour leur sécurité que je t’ai défendu... » Elle avait forcé un sourire, se laissant attirer.

Elle voyait bien, que la demoiselle essayait réellement de l’aider, et elle avait assez vécu en société pour savoir que l’étiquette, les règles de prendre sa place, c’était nécessaire… Pourtant, allez savoir pourquoi, elle refusait d’obéir cette fois, d’avouer qu’elle avait mal agis. Elle avait eu ce petit sourire en coin, amusée, avant de souffler. « Je n’ai jamais vraiment aimé suivre les règles… Mais merci du conseil. » … Et puis, elle voulait percer comme actrice de théâtre, pas comme égérie du vêtement. Pour la peine, elle n’en avait vraiment rien à faire que ces idiotes de maquilleuses contre attaquent. Semblant se souvenir qu’il y avait certaines règles de politesse à ne pas dépasser, elle avait quand même décidé de se présenter. « Au fait, moi c’est Hana… La fille qu’on va certainement jeter dehors avant la fin du shoot. » Elle avait hoché la tête, ajoutant quand même. « Mais promis, je leur mettrai un droit avant de sortir, que la vraie mannequin d’entre nous arrête de se faire casser les oreilles. »

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Elle était franche la nouvelle. Un peu trop pour ce job, mais c’était rafraichissant. D’avoir quelqu’un capable de dire tout ce qu’elle pensait sans mesurer des paroles. Elle était comme ça Arizona, et c’était ce qui avait poussé cette fille à s’ôter la vie alors qu’elle n’était qu’une gamine. Elle n’avait pas pour habitude d’être défendu. Star des photoshoot, elle devait bien accepter les critiques. Elle n’était pourtant pas difficile, et elle ne faisait pas de caprices. Bien au contraire. Mais cette image de fille à papa lui collait à la peau. Mais personne ne savait, ce qu’elle avait vécu. La disparition de son père, les dépressions, la violence de ce monde.  « Les scalper ? C’est plutôt radical ! Mais... Merci quand même. Les gens n’osent pas trop se mettre de mon côté. Je suis la fille du patron tu vois... Les rumeurs vont vite. On va dire que tu es mon amie et que c’est grâce à moi que tu es là et... » Et on ne verrait pas son véritable talent. Elle était célèbre la blondinette, malgré les critiques, et elle ne voulait pas ruiner la carrière de la jolie brune.

Elle riait doucement face à la détermination de la rebelle.  « On croit que c’est génial comme job, mais faut survivre au milieu de cette jungle. Alors reste toi-même, mais... attention à ce que tu dis parfois. Certains ne se gêneraient pas pour te mettre des bâtons dans les roues. » Par simple esprit de vengeance. Jamais elle ne conseillerait aux gamines qui l’adulaient de suivre ses pas. Parce que sa vie ne lui appartenait plus.  « Enchantée Hana. Moi c’est Arizona... Et ne t’inquiète pas, je ferais en sorte que tu restes là. » Elle était la reine du shooting aujourd’hui, alors si Arizona demandait quelque chose, les autres exécutaient. Elle n’usait jamais de ce pouvoir, pour ne pas passer pour une garce. Mais pour Hana. Elle le ferait.  « Pas besoin de les toucher, les ignorer c’est encore mieux. Elles parlent tout le temps, mais c’est de la jalousie. Alors souris. Ça les rend dingue. » Faire abstraction de tous ces chuchotements était terriblement difficile. Et ce choix de vie lui avait été plus ou moins imposé par son beau-père. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle ressentait quand elle voyait son visage sur toutes ces photos ? Le dégoût qui lui tordait les tripes.  « Tu fais ça depuis longtemps ? »

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Hana n’avait jamais aimé qu’on dise ouvertement du mal des autres, déjà parce que les ragots salaces, elle y avait gouté, mais surtout, parce que ça manquait cruellement de classe et sa fibre un peu snob était franchement agressée par un comportement aussi puéril. Pour qui se prenaient ses gueuses de maquilleuses, pour insulter une fille sans qui, elles seraient probablement au chômage hein? Ça l’avait piqué, assez pour qu’elle se permette de les remettre à leur place et, dans le lot, de se faire une alliée de taille… la fille du patron. Bon après, à voir son visage d’ange et ses cheveux d’or, il était facile de deviner que c’était une grosse pointure sur le shooting … mais de là à être aussi importante? La coréenne demeura perplexe, avec de telles connections, elle aurait pu foutre à la rue ses deux bécasses, pourtant, elle restait de marbre, souriait, comme si elle n’en avait rien à faire, comme si … elle pensait mériter de telles paroles? Cette hypothèse eut don d’attendrir l’actrice, trop habituée à s’automutiler émotivement de la sorte, en encaissant. Ça semblait tellement cruel, de voir une autre faire, qu’elle avait rétorqué, incrédule : « La fille du patron… carrément.  C’est le pire rôle… après, même si tu donnes une prestation digne d’un record, personne ne la reconnaitra… les gens sont vraiment stupides.  » … Elle l’avait trop souvent endossé, ce rôle-là. La petite fille de bonne famille, riche, clairement, elle ne pouvait pas avoir de problèmes…

La simple pensée pour ses parents suffit à lui donner des sueurs froides. Elle se sentait coupable de leur en vouloir, elle se sentait indigne de les blâmer… mais le mal était fait, elle était incapable de voir autre chose qu’un monstre, dans un miroir… et elle avait sa mère à tenir responsable. Au moins, pour une fois, elle semblait avoir quelqu’un prête à l’aider ou au moins, à lui donner de bon conseils. Comme surveiller ses paroles, chose qu’elle faisait souvent… ça lui avait échappé, aujourd’hui. « Ah ça… pour être une jungle, s’en est une… Les gens râlent toujours contre les standards de beauté inatteignables… mais quand t’es un visage public, tu dois les représenter et tout le monde t’en veux quand même... Mais… merci, c’est un bon conseil. Je tiendrai ma langue.  » … Elle essaierait. Un petit sourire vint illuminer son minois à la proposition de la blonde, c’était rassurant, de savoir que le pouvoir était de son côté. « J’espère que tu n’auras pas besoin d’agir... Mais je veux bien apprendre du maître…  à rendre ces idiotes folles de rage. On peut s’amuser un peu... non?  » Elle avait, à ces mots, adressé son plus radieux sourire aux deux maquilleuses qui papotaient comme deux idiotes dans leur coin.

Elle n’était pas certaine d’aimer l’ambiance, ou le job, mais elle n’avait pas trop de choix. C’était un pas de plus vers son rêve. « C’est ma première fois en vrai. Normalement, je fais plutôt des boulots d’actrice… mais mon agent pense que ça peut booster ma visibilité… Enfin, si j’arrive à trouver comment poser, ce n’est pas gagné.  » La simple idée qu’on la regarde, qu’on l’immortalise lui glaçait le sang. Elle haïssait les compliments, certaine qu’ils n’étaient que mensonge, moquerie… ça serait difficile. Sans réaliser qu’elle avait parlé, elle s’était lâchement confessé d’un : « Désolée… je parle trop, je suis un peu nerveuse… Je crois que… je n’aime pas trop, me voir en photo.  »  Ou se voir, point barre.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La fille du patron. Elle avait raison, il n’y avait pas pire place. Il imaginait lui faire une faveur, mais il ne se rendait pas compte qu’elle devait toujours travailler plus dur que les autres, qu’elle devait s’imposer pour se faire respecter. Elle devait prouver sans arrêt qu’elle en valait la peine Arizona. Qu’elle n’était pas juste là grâce à quelques faveurs. C’était épuisant, et parfois, elle avait juste envie de tout laisser tomber. Qu’on la laisse tranquille avec ses crayons de couleurs. Assise à son bureau. Une imagination brouillée par tout l’alcool qu’elle ingurgitait. Ce boulot était en train de la tuer. Et tout ce que l’on faisait, c’était la pousser encore plus sur le devant de la scène.  « Je devrais changer de job. T’en penses quoi ? Et je pourrais te laisser ma place. Au moins, elles n’oseront pas t’emmerder toi ! » Surtout si elle menaçait de les scalper encore une fois. Elle avait sûrement plus de caractère et les épaules suffisantes pour supporter cette pression.

Et la jungle était une belle métaphore, même un peu trop douce.  « C’est juste un conseil si tu tiens à ta carrière ! Entoure-toi des bonnes personnes et peut-être que tu pourras continuer à jouer les serial killer sans te faire virer ! » Il fallait du temps, pour trouver une équipe capable de former une véritable famille. Et Arizona, elle n’avait pas le choix. Alors elle se retrouvait avec ces maquilleuses qui passaient leur temps à la critiquer. L’ignorance, il n’y avait rien de pire pour la rendre encore plus hautaine et intouchable. Elle était belle. Elle était riche Et ces filles pouvaient bien aller se faire voir.  « Je comprends pas cette jalousie. » La blonde affichait le même sourire que sa nouvelle amie.  « On va peut-être réussir à les faire démissionner si on leur sourie comme des psychopathes pendant tout le shooting ?» C’était aussi un bon plan non ?

Arizona, elle avait déjà tourné des publicités, mais tout ce qui concernait le cinéma ne l’avait jamais attiré. Ce qu’elle aimait, c’était dessiner.  « Tu sais jouer non ? Alors c’est un peu pareil. Tu joues avec le photographe. Ça va bien se passer tu verras. » Elle la comprenait si bien l’américaine, elle qui ne supportait plus son image. Et pourtant, elle se voyait tous les jours. Trop maquillée, trop retouchée, à ne vendre que du mensonge et rien d’autre.  « Je suis pareille tu sais. Je regarde jamais le résultat après. Je les laisse choisir pour moi... » De toute façon, on se foutait bien de son avis non. Elle n’aimait que le modèle, stupide et qui devait obéir.  « On pourra aller manger un truc si tu veux ? Comme ça, t’auras pas besoin de te voir ! » Prendre la fuite était parfois nécessaire.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ça l’énervait, les ragots, les potins, tous ses sons insignifiants, agressants, elle détestait qu’on accuse quelqu’un qui n’avait rien fait d’autre que de naître avec une cuillère dorée dans la bouche. Toutes les idiotes, si elles s’imaginaient que la richesse s’obtenait sans efforts. La majorité des familles friquées venaient avec leur lot de problèmes, et une image impeccable à maintenir. Hana, on l’avait élevée comme une automate, incapable de ressentir la moindre affection, la moindre tendresse, conditionnée à ne s’attacher à rien du tout sans quoi ça lui serait arraché. Chaque jour de sa putain de vie, et quel que soit qui ait un jour allumé son intérêt, sa curiosité, sa mère le lui avait pris, rappel cruel qu’elle n’était qu’un pion, une poupée vide, condamnée à porter le masque qu’elle désirerait elle, sa génitrice. Maudite, lorsque cette usurpation, on la lui avait imposée de façon permanente par des chirurgies… Ce visage, qui lui valait d’être ici aujourd’hui, il n’avait rien de naturel, une dissimulation du monstre qu’elle était. Arizona, elle semblait comprendre ça, ce calvaire. « Ta place? Faudrait que je sois blonde pour ça ... Mais t’inquiète, elles n’oseront pas t’emmerder, je vieille. » Et puis, elle n’avait rien à perdre. Elle s’en fichait de ce job. Son truc, c’était le théâtre.

Pourtant, elle n’était pas sourde aux demandes de la blondinette, hochant la tête, tentant de lui ramener un sourire dans un : « … C’est un bon conseil... Je vais en faire bon usage. Il faut croire que je ne suis pas si nulle pour les repérer, comme je traine avec la fille du boss. » Elle avait de l’humour, au moins, ça plaisait toujours, elle savait se faire aimer, on l’avait conditionnée à cela, et elle avait fait le rester. Jouer avec un photographe, le captiver, elle savait y faire, n’était-ce pas son gagne-pain, de séduire des cons. « Ça vaut la peine d’essayer. » Un petit sourire, et son masque était revenu, adieu vulnérabilité, adieu fragilité, elle haïssait laisser voir ces côtés d’elle. « Ah ça… je sais faire… Au final, les hommes sont tous pareils. » Attendant que le grand moment arrive, elle avait observé aux alentours, remarquant que la jeune femme avait raison, plus elle souriait, plus les idiotes semblaient s’énerver.

Alors forcément… c’est un air angélique, innocent, avec un brin d’arrogance qu’elle affichait, jubilant de leurs airs hargneux. Au final, ça la divertissait toujours, d’enrager les gens, d’attiser leurs jalousies. Ce qu’elles ignoraient, ces connes, c’est qu’elles aussi, elles étaient minables, on les retoucherait, on les déformerait… au final, personne n’était parfait. « C’est ça, de toute façon, ils ont tous une idée préconçues de ce à quoi on devrait ressembler… S’en est pathétique. » Surprise par la proposition de la blonde, elle avait longuement réfléchie. Hana, elle ne mangeait presque pas, contrôle malsain, abusif de son poids. Elle avait pourtant haussé les épaules, étrangement franche. « J’ai un peu une relation d’amour-haine avec la bouffe… Mais si t’as envie de me mettre la tête blonde, j’ai du vin au froid chez moi. »

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « S’il n’y a que ça, je peux m’occuper de tes cheveux ! » qu’elle disait en plaisantant. Mais elle savait plutôt bien s’y prendre. Parce qu’elle s’était longtemps occupé de la tignasse sauvage de sa mère.  En vérité, elle était prête à céder sa place, se retrouver dans l’ombre. Passer ses journées à dessiner, et colorier. Ecrire, laisser place à son imagination. Elle en avait assez de suivre des ordres Arizona, sans jamais avoir son mot à dire, parce qu’elle n’était que le modèle. Que son boulot consistait à être belle et à se taire. Et ce n’était pas juste. Alors elle était ravie de découvrir que toutes les filles dans ce métier n’était pas exécrables. Elle était même drôle Hana, avec son caractère de gangster. Raison pour laquelle elle lui offrait quelques conseils. Elle n’était pas obligé de les respecter.  « J’aurais adoré te rencontrer avant ! J’aurais pu te trainer avec moi sur plusieurs shootings ! Je suis sûre qu’on ferait des belles photos ensemble. » Avec ses yeux bridés et elle, ses airs d’étrangères. C’était un joli mélange qui pouvait faire vendre. Mais qui écouterait les idées d’une Barbie qui semblait stupide ?

Stupide, elle ne l’était pourtant pas. Aveugle encore moins. Elle avait appris à faire avec la jalousie des autres, mais ce n’était pas une raison pour toujours l’accepter. Et leurs sourires faisaient leur petit effet, ce qui la faisait rire, de manière très sincère. Depuis quand est-ce qu’elle n’avait pas ri pour de vrai ? Au moins cinq ans. Peut-être même dix ?  « Ce sont des animaux dans le fond, est-ce qu’on peut réellement leur en vouloir ? Tout le monde ne sait pas être civilisé.» Une phrase appuyé d’un regard en direction des  maquilleuses. Hana éveillait son instinct protecteur. Se laisser marcher sur les pieds n’était pas la solution. Elle avait le droit d’être blessé non ? Malgré tout ce qu’elle avait pu faire. Ce n’était pas juste et elle devait arrêter de l’accepter.

 « Je sais que c’est mon boulot, mais je trouve ça bête d’avoir un standard de beauté... On est toutes différentes.» Et de nombreux complexes naissaient de ces femmes exposées comme synonyme de beauté. Elle hochait simplement la tête à la proposition d’Hana.  « Je suis d’accord, tu sais comment me parler ! Je préfère boire !» Manger, c’était uniquement lors d’une de ses crises de boulimie. Au moins, elle n’allait pas boire seule. Elle pourrait s’écrouler sur le canapé de la jolie brune sans honte. Sans avouer que ses nuits se ressemblaient toutes.  « Je vais te faire le plus joli blond ! Presque aussi bien que le mien !» Celui qui lui coûtait une fortune en entretien.  « Tu fais tes photos et je t’attendrais !» De toute façon, elle avait besoin de se changer.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Elle lui plaisait, la petite blonde, parce qu’en dessous de son apparence harmonieuse, elle était brisée, tordue, et Hana était attirée par ses cassures de l’âme plus que par tout le reste. Après tout, elle n’avait pas vraiment de tendresse à offrir, ou même de compassion, mais les autres monstres, ceux que la vie avec brisés et recraché, ceux qui n’étaient que des automates comme elle, elle parvenait à les apprécier d’avantage, voir à les défendre, comme elle l’avait fait aujourd’hui. Quoi qui ait façonné cette occidentale, qui en ait fait la créature silencieuse et hargneuse qu’elle était, Hana s’en fichait. Là, maintenant, elle était un divertissement intéressant, elle l’intriguait, et c’est tout ce qu’on pouvait espérer avec elle. « Je ne sais pas pour les photos, mais on aurait au moins fait notre loi dans la salle de maquillage! C’est nul que tu te coltines ça toute seule. » parce qu’il était hors de question qu’elle se laisse mener à la baguette par ses sous-métier, des ingrates petites maquilleuses débiles. Qu’elles fassent leur boulot, et qu’elles cessent les ragots. Là-dessus, elle avait hérité de sa famille, arrogante, fière, un peu snob. Finement coiffée et maquillée, elle avait adressé un sourire à sa camarade, dans un amusé : « Des animaux, je veux bien… mais même les plus brisés des chiens obéissent avec un peu de persuasion. On devrait leur donner des gâteries?. » Regard haineux à leurs ennemis dans le staff. Elle avait un instant eu l’image de ces bécasses donnant la patte et s’en était amusée, avant de proposer à la jolie blonde une soirée buverie vite acceptée.

Un nouveau sourire. « Je savais bien qu’on était faites pour s’entendre. J’en ai pas pour longtemps, et après, je prends le risque de devenir chauve. » Entendant son nom – et massacré, rien de mois, la coréenne s’était dirigée vers le plateau, un peu anxieuse. Pourtant, mettre un masque, sourire, faire semblant, elle avait fait ça toute sa vie. Écoutant les conseils de la fille du patron, elle s’en était plutôt bien tiré, dans ses shoots, ne laissant pour rien au monde le reste du staff voir son état de nerfs. Lorsqu’on la libéra enfin, une bonne heure plus tard, elle crevait d’envie de sortir de ses fringues inconfortable, et se démaquiller et de rentrer. Chose qu’elle fit, pour le maquillage au moins, avant de rejoindre la demoiselle. « Me revoilà. Tu sais quelle coloration il nous faut? On peut faire un arrêt, j’ai ma bagnole dehors. » Sans perdre de temps, elle avait extirpé ses clés de son sac à main récupéré, prête à les conduire ou le vent le voudrait, prête à devenir blonde… et à boire. Surtout, à boire. Elle guida sa meilleur amie vers l’extérieur, vers sa voiture dans un dernier : « Promis j’ai du vin, t’es en état de me décolorer en état d’ébriété? » Seul l’avenir nous dirait si ses cheveux finiraient verts.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Seule. Elle l’était Arizona, elle s’en rendait un peu plus compte à chaque fois qu’elle entendait glousser dans son dos. On l’entourait, juste pour obtenir quelque chose de sa part. Des amis, est-ce qu’elle en avait vraiment ? Non. Aucun. Aucune personne prête à se jeter sous un train pour elle. Aucune personne pour débarquer en plein milieu de la nuit durant une de ses crises. Et elle préférait ne pas y penser. Elle la méritait sa solitude pour tout le mal qu’elle avait fait. C’était tout ce dont elle avait le droit d’espérer. Mais Hana, elle l’aimait bien. La force qu’elle dégageait, et qui lui donnait l’impression de n’avoir peur de rien. Elle semblait solide. Mais ce n’était pas difficile de l’être plus que la blonde. Si fragile. Elle riait l’américaine, suite à ses réflexions. Elle n’avait pas peur de dire les choses. Et c’était un véritable souffle d’air frais. Une présence qui lui faisait du bien alors qu’elle la connaissait à peine.  « Tu sais quoi, la prochaine fois je leur apporterais des pâtisseries... mais je suis pas certaine qu’elles les mangent. Elles vont croire que je veux les empoisonner.» Elle passait pour un sorcière le plupart du temps. Ce qu’elle était à l’époque, elle ne pouvait pas le nier. Et la souffrance ne pouvait pas toujours lui servir d’excuse. Mais aujourd’hui, elle faisait de son mieux Arizona, pour être quelqu’un de bien.

Une soirée entre copine. Elle se surprenait à sourire à cette idée. Ce n’était pourtant rien d’exceptionnelle, mais elle se sentait chanceuse d’avoir croisé sa route.  « Fais-moi confiance ! Même si je suis certaine que tu serais parfaite en étant chauve aussi ! » Sur ces paroles, elle partait se changer pour retrouver sa nouvelle meilleure amie à la sortie.  « Je sais exactement ce qu’il nous faut et dans quelle boutique on doit aller ! » Au moins, elle savait faire quelque chose de ses dix doigts la blonde. En dehors des dessins. Il y avait ce grossiste un peu plus loin qu’elle connaissait un peu trop bien et qui leur ferait sûrement un bon prix. Même si l’argent n’était pas un problème.  « Je tiens bien l’alcool, tu verras !» qu’elle disait en riant, alors qu’elle montait dans la voiture. A force de boire tous les jours, elle devenait résistante la blondinette. Elle jouerait au moins correctement son rôle de coiffeuse.