RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une forêt remplie d'animaux magiques et un ciel si noir qu'on pouvait y déceler la moindre étoile de la voie lactée. Le vent qui te caresse le visage et l'air marin qui te pique le bout du nez, puis, au bout de la plage, un bateau amarré là et flottant à moitié dans les airs, au bout de sa corde... montrer dessus, ce serait bien. Et partir quelque part à l'aventure, sans que ça s'arrête, pour toujours ! Partir, partir découvrir des lieux incroyables et des gens, vivre des choses que personne n'a jamais vécu avant et devenir l'ami des esprits dans la montagne. Partir, partir, créer une réalité à soi et quelque chose de si joli que rien ni personne ne pourra jamais le détruire. À partir de maintenant, je suis Moi, je suis qui je veux, je... « Hoseok-shi ? C'est l'heure. »

Ouvrant lentement les yeux pendant que tout le paysage imaginaire s'évanouissait dans mon subconscient, je déposais vaguement mon attention sur l'infirmière présente à mes côtés et la laissais prendre mes constantes avec une docilité totale. Ne me demandez pas quel jour on était, je n'en n'avais pas la moindre idée, mais une certitude ; c'est que le temps avait suffisamment passé pour que j'arrête d'opposer de la résistance face au fait d'être dans une chambre d'hôpital. J'avais toujours vécu ça comme une hantise, jusqu'à présent, mais en vrai, c'était plutôt agréable... tellement agréable que je serais bien resté, en fait. Puis dieu sait ce qu'ils mettaient dans leurs cachets, mais du moment que je pouvais m'en aller loin de la réalité dès que j'avais les yeux fermés, ou même parfois ouverts, j'étais content. Pour le moment, la psy n'était cependant pas parvenue à m'arracher le moindre mot, mes parents non plus et les amis, j'avais juste été capable de me mettre à pleurer face à l'inquiétude sur leurs visages. Aucune idée de comment on appelait cet état d'engouement profond avec des termes scientifiques, mais je n'avais pas le moindre désir d'en sortir à l'heure actuelle, parce que mon monde à moi, il était idéal. Idéal ou presque, bon. C'aurait été mieux d'avoir quelqu'un pour partager tout ça, quand même, outre mon ami-renard, lui aussi imaginaire.

Lorsque l'infirmière s'en alla, je suivis un peu ses pas, puis relevais les yeux sur la perfusion qui laissait s'échapper les gouttes de nutriments petit à petit et qui faisait un très bon socle pour de l'auto-hypnose. C'est pourtant là qu'un détail me chatouilla l'esprit... je n'étais pas dans ma chambre habituelle, ici. Attendez, qu'est-ce qui s'était passé ? Interloqué et un peu stressé par ce changement je me redressais alors en position assise pour observer ce qui se passait autour de moi, jusqu'à ce que mon regard s'arrête sur une silhouette étrangement familière. Tiens... mais quelle surprise.

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Vous comprenez ? » Lentement, il hoche sa tête et regarde sa mère. Il sait qu’il les inquiète tous. Il s’en veut quand même énormément. C’est arrivé il y a déjà deux jours et pourtant, il a l’impression d’avoir dormi un siècle au moins. C’est si étrange dans sa tête, comme s’il n’était pas là. Il est soulagé en réalité. Réellement soulagé qu’enfin, les gens ne comprennent. Enfin. Qu’on se rende compte qu’on ne peut pas couper les ailes à un oiseau et espérer qu’il ne vive encore. Surtout qu’il n’avait pas fini de rembourser ses dettes auprès de l’agence, celles qu’ils cumulent tous pendant les années de trainees et les débuts. Celles qui sont virulentes si tout s’arrête. Son maigre salaire de prof y passait entièrement, parce que ça, le CEO ne les a jamais suspendu hein. Ça faisait trop. Les dettes, le manque du groupe, Andy. Ce n’était plus gérable, et il avait l’impression que tout en lui criait à quel point ça n’allait pas. Sauf que dans cette société, il faut toujours faire comme si ça allait, et faire comme si les autres allaient bien aussi. Alors, il se sentait invisible. Invisible au possible.

Là, on le regarde enfin.




Il marche en tenant sa potence, sa mère suit avec une valise d’affaire et il se pose alors dans le nouveau lit. Ils avaient besoin de la chambre pour un nouveau cas, et ce n’est pas parce qu’on est connu, même un petit peu, qu’on peut avoir un traitement de faveur. Alors, il s’en fiche de partager avec quelqu’un. Ils ont promis à sa mère de faire attention. « Je vais aller me chercher un thé, tu veux quelque chose ? » Il secoue sa tête, reste muet. Il n’arrive pas parler, il n’arrive pas les affronter. Sa mère a bien essayé de lui demander pourquoi cela dit. Et il lui a juste montré son sac à main, faisant référence à la lettre qu’il avait écrite. Il avait tout dit dedans. Trois longues pages de désespoir. Elle n’avait pas insisté. C’est vrai, il lui avait dit. Mais elle voulait savoir pourquoi il ne l’avait pas fait avant. « Je reviens chaton. » il lui offre un maigre sourire. Il a hâte de voir les autres plus tard même si tout le monde est en colère. Doucement, il se tourne pour regarder la chambre et tire lentement le rideau qui sépare les deux lits… pour remarquer la silhouette et poser ses yeux ébahis sur son visage. « Samuel…. » Qu’il murmure alors faiblement, le coeur pinçant un peu. Il se masse le torse et le fixe longuement. « Toi… aussi… ? » Il sait que c’est une unité spéciale pour les suicides. Une aile spécialisée pour aider les personnes suicidaires à remonter la pente. Une larme roule alors sur sa joue en y songeant. Parce qu’il ne peut pas lui en vouloir. Ça serait hautement hypocrite. Non. Il comprend juste que lui aussi, il était mal à ce point, et ça le rend triste d’y penser. De savoir que quelqu’un d’aussi doux et gentil pouvait ressentir un tel désespoir. Il ose tendre sa main libre vers lui doucement.

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Que faisait-il ici... ? Lui, que faisait-il ici ? Toi aussi. Toi aussi, qu'il demandait... toi aussi, c'était ta solution pour arrêter la douleur ? Plus que ses mots, c'est le fait de le voir relâcher une larme qui fit malgré tout trembler ma peau et gorger mes yeux, comme dans un effet miroir induit par son état à lui. Oui. Pour que tout s'arrête de tourner, pour que tout s'arrête et pour que le silence arrive enfin. Jusque là, j'avais trouvé le moyen d'éviter les discussions ou même de penser à ce que je m'étais infligé, mais ce regard... quelque part, je n'avais pas tellement envie d'y faire face, vous savez ? Juste pour... pour rester dans mon illusion, encore un moment.

Alors vivement, ma main parti agripper le rideau pour le tirer à nouveau entre-nous deux et surtout, le tenir fermement entre mes doigts fins. Non, non, non, je peux pas, je peux pas, je veux pas, je veux dormir, je veux retourner dormir, je veux pas y penser ! J'arriverai pas à faire semblant. « Shhhhhhht... »

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il ne s’attendait pas à ce que Sam referme le rideau d’un coup comme ça. Sursautant presque, il reste sur son lit, la main encore tendue durant plusieurs secondes avant de la ramener vers son corps. Attendant un peu, il sursaute à nouveau lorsque sa mère entre dans la pièce. « Tout va bien ? » Il hoche la tête lentement en regardant encore le rideau avant de la regarder elle à nouveau. « Eomma... » Première fois qu’il dit maman depuis deux jours. Et il remarque bien les larmes qu’elle a du mal à retenir pendant que lui essuie son visage pour cacher celle qui est tombée. « Est-c… ce que… tu... » Pourquoi c’est devenu si dur de parler à quelqu’un hein ? Il a l’impression d’avoir répondu à tellement de questions depuis son réveil que parler spontanément, c’est presque une corvée. « Tu veux bien ramener deux chocolats chauds ? » Elle le regarde, vraiment surprise avant de venir embrasser ses cheveux. « Deux ? » Il hoche la tête mais pour le coup, elle ne lui pose pas plus de questions. Elle sait qu’il est fatigué de ça. Alors, lorsqu’elle sort, il en profite pour se lever doucement, mais déjà là, il se tient au pied de son lit, pris d’un léger vertige… Attrapant quelque chose sur son lit, il finit par réussir à faire le tour et se poser doucement sur celui de Samuel avant de lui tendre une peluche en forme d’ourson qui semble avoir vécu milles vies déjà. « Tiens... » Il la dépose dans ses bras et lui caresse doucement les cheveux. « J’ai… Je voulais te dire merci tu sais ? » Il arrête ses gestes et regarde le sol, ses pieds. « Quand on s’est rencontrés, ta gentillesse et ta bienveillance m’ont fait beaucoup de bien... » C’était inespéré à vrai dire.

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un petit sursaut que j'eus également, jusqu'à entendre les voix discuter entre-elles et partir me terrer sous mes draps. Un comportement digne de celui d'enfant durant une grosse soirée d'orage, mais je crois que j'étais réduit à ça, depuis que mes deux Amis avaient fait venir une ambulance à l'appartement, refusant l'idée-même de responsabilité à porter ou toute autre information se rapportant à des choses factuelles. Cependant, lorsqu'une sensation de poids se déposa sur mon lit et que j'entendis à nouveau la voix de Rae Hwa retentir, je finis par m'extirper de ma cachette pour me retrouver face à une peluche d'ourson qui semblait avoir lutté contre bien des monstres de cauchemars. Par réflexe, je l'attrapais alors et l'observais intensément, avant de regarder son propriétaire dans les yeux. Je ne m'étais pas encore vu dans un miroir depuis que j'étais arrivé dans le service et n'en n'avais pas le désir, mais lui semblait tellement épuisé que ça me donnait une idée de ce que je devais moi-même refléter comme image. « Merci... ? » Assez surpris, je l'écoutais alors s'expliquer et me redressais légèrement, confus à l'idée d'avoir pu l'aider à se sentir mieux, même si ça n'avait fait office que d'un soulagement éphémère. Remémorons-nous ce moment... je ne voulais pas penser au monde de dehors, préférant ma fantaisie, mais fis tout de même l'effort de remettre les choses les plus en place possible, jusqu'à revenir à ce qui s'était réveillé en nous, ce jour-là. Ah... « J'aurais jamais pu te laisser comme ça alors que je sais... » Je sais comme ça peut faire mal, d'être seul au monde, dans sa tête. Serrant un peu l'ours contre mon torse, je l'observais à nouveau. « Comment s'appelle-t-il ? »

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le voir sortir progressivement de son trou sans le rejeter, ça le fait sourire et il le montre. Il… Enfin, le médecin lui a dit qu’il devait arrêter de se cacher. Qu’il devait montrer quand ça va, quand ça ne va pas. Qu’il sait que la société conditionne les gens à être ainsi mais que ce n’est pas forcément une bonne chose vue le nombre de suicides en augmentation chaque jour en Corée… Rae n’a pas pu s’empêcher de se demander si son geste était légitime après tout ça. Il doit passer pour un enfant capricieux aux yeux de certains non ? Et sa mère… Lorsqu’elle a dit qu’elle s’excusait mais surtout, qu’elle ne lui en voulait pas, qu’elle remerciait les cieux qu’il soit en vie… ça lui a fait beaucoup de bien. Au moins pour elle, il n’est pas un paria. « Merci... ? » « Hn... » Il sourit encore, et continue ses explications en se massant un peu la gorge par moment. C’est que le lavage d’estomac à la sonde à été un peu barbare… Il a mal sans cesse depuis, mais on lui a dit que c’était normal. « J'aurais jamais pu te laisser comme ça alors que je sais... » ça lui collerait les larmes aux yeux ça, mais il se retient comme il peut en le regardant, avant de fixer son ourson que Sam ne lâche pas. « Comment s'appelle-t-il ? » « Baba… Je crois que j’essayais de dire papa… mais ça sortait différemment. » Il sourit en coin, doucement, puis, lorsque sa mère arrive et les observe, elle vient leur donner les chocolats chauds. « Je vais rentrer prendre une douche et... » « Te reposer. » Qu’il dit en la coupant. « Tu… en as besoin…. » Sa voix est toute petite lorsqu’il s’agit de quelqu’un d’autre que Sam. Mais sa maman hoche la tête et vient embrasser la sienne avant d’avoir un sourire doux pour l’autre jeune homme et de les laisser tranquille. Rae fixe alors le mur intensément en tentant de ne pas pleurer. Il aimerait que son réservoir se vide. Il n’en peut plus à vrai dire, de pleurer depuis des semaines. Il finit par sourire à nouveau en regardant Sam. « J’peux m’allonger contre toi ? » C’est peut-être le destin qui a voulu les réunir. Quelque chose… de fort pour qu’ils puissent veiller l’un sur l’autre en se comprenant sincèrement et réellement.

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Baba... » Le voir sourire autant malgré les circonstances finit par me décrocher une faible mimique aussi et je caressais les oreilles de la peluche un peu mécaniquement, comme si elle possédait un pouvoir spécial, jusqu'à entendre la porte s'ouvrir encore sur ce qui semblait être la mère de Raehwa. Elle non plus, n'avait pas beaucoup dormi... mes parents aussi, d'ailleurs. Les pauvres... ils avaient toujours fait leur possible pour que je me sente bien et pour que je ne manque de rien, alors je me sentais coupable d'avoir finalement craqué sous ce qui avait eu l'effet d'un coup de massue a mes croyances, celles que j'avais construit pour combler les trous dans l'histoire. Apprendre que mon vrai père avait eu connaissance de mon existence, mais qu'il n'avait jamais rien fait pour me retrouver jusqu'à présent... à présent que c'en était fini de lui... c'était démolir tous mes espoirs que cet homme était peut-être un héros de l'ombre. Finalement, lorsque l'un essayait de vous tuer d'un côté et qu'on faisait comme si ne vous existiez pas de l'autre, vous terminiez par vous demander pourquoi vous étiez encore là, à vivre une vie sans destination. « Merci. » J'inclinais la tête en prenant le gobelet de chocolat qui m'était destiné et y glissais le nez pour en humer l'odeur, jusqu'à entendre la question de mon camarade et redresser un peu le visage dans sa direction. J'aurais pu lui demander ce qui ne tournait pas rond, j'aurais pu... mais dans le fond, est-ce que c'était ce qui comptait le plus, dans un moment pareil ? Il avait essayé de mourir, j'avais essayé de mourir et dans tous les cas, nous étions fragilisés, mais étrangement, l'avoir ici me permettait de me sentir... beaucoup moins largué dans mes songes. Lentement, je posais donc ma boisson sur la tablette dans un geste naturel et ouvris le drap pour lui faire une place sans poser la moindre question. « Hn... » Souriant faiblement, je l'aidais alors à se placer avec sa perfusion et me recouchais sur le dos, cette fois-ci avec la tête tournée dans sa direction, l'ourson entre-nous. « Quand je ferme les yeux, je pars dans un autre monde où on peut être qui on veut... il y a des Dieux et des fées, des dragons et des atlantes. Tout ce que les livres de contes racontent devient la réalité... tu veux venir avec moi, ce soir ? »

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]C’est dur de voir nos amis, nos familles. Les personnes qu’on aime. C’est vraiment dur de les voir et lorsque maman s’en va, je me sens un peu plus léger, même si ce n’est pas bien de ressentir ça, je le sais. C’est vraiment une situation étrange, latente, fatigante, mais étrangement, je suis… Je suis content d’être encore en vie. Je suis content qu’on m’ait trouvé. Content qu’ils aient essayé de me sauver. Je ne peux pas le nier. Me sentir important pour eux, j’en avais besoin, parce que plus j’avançais, plus je me sentais devenir invisible. Et c’est une horreur à vivre. Je ne le souhaite à personne. « Hn... » Je viens vite le rejoindre en me mettant sur le dos. On est si faim de toute façon que le lit suffit. C’est triste à dire en y pensant. Je veux redevenir comme avant. Avant d’être malade. Parce que ce n’est pas « juste une déprime ». C’est une maladie. Une vraie maladie qui fait mal, qui rend faible, et qui fait qu’on change, physiquement, mentalement. C’est une sangsue qui aspire tout sur son passage. « Quand je ferme les yeux, je pars dans un autre monde où on peut être qui on veut... il y a des Dieux et des fées, des dragons et des atlantes. Tout ce que les livres de contes racontent devient la réalité... tu veux venir avec moi, ce soir ? » Tournant la tête vers lui, je la hoche doucement et caresse le nounours distraitement, en le laissant tout de même entre nous. Mes yeux se ferment doucement et j’inspire profondément. « Raconte-moi comment c’est... »

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je tournais à nouveau la tête vers lui en entendant sa réponse et souris doucement à ces mots-là, avant d'inspirer un peu en l'imitant, mes yeux se fermant à leur tour. « C'est... » Hum. Massant un peu ma gorge douloureuse, puis mon torse, je finis par laisser tomber ma main à côté de moi pour oublier mon corps momentanément. « Ça ressemble à ici, mais en regardant à deux fois, certaines personnes font tâche dans le paysage. C'est des gens avec des pouvoirs, on alors des créatures qui se cachent... et en allant vers la forêt ou l'océan, on peut les voir devenir eux-mêmes. » Mes paupières finirent par se rouvrir malgré tout et je fixais longuement le plafond, l'esprit flottant quelque part par là. « Je suis sur la plage d'une île, il fait nuit pour le moment, on voit bien les étoiles, mais j'aimerais partir découvrir le reste du monde qu'on ne voit pas... tu peux venir aussi, si tu veux. » Hésitant un peu, je finis par tendre une main vers la sienne et la frôlais pour attirer son attention, avant de l'ouvrir devant lui pour l'inviter. Je sais que c'est pas la réalité et que c'est complètement débile, qu'on va dire que je perds la tête, mais juste un peu, s'échapper... ça fait du bien, non ? « Tu peux être qui tu veux. » 

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« C'est... Ça ressemble à ici, mais en regardant à deux fois, certaines personnes font tâche dans le paysage. C'est des gens avec des pouvoirs, on alors des créatures qui se cachent... et en allant vers la forêt ou l'océan, on peut les voir devenir eux-mêmes. » Des sirènes ? Des atlantes ? Et ils sont comme nous alors ? Et nous aussi ? On pourrait être magiques ? Est-ce qu’on souffre moins lorsqu’on est magiques et qu’on peut s’échapper ailleurs comme ça ? Est-ce que le monde pourrait être comme dans l’enfant et la bête ? « Je suis sur la plage d'une île, il fait nuit pour le moment, on voit bien les étoiles, mais j'aimerais partir découvrir le reste du monde qu'on ne voit pas... tu peux venir aussi, si tu veux. » Lorsque sa main me frôle, je sens la mienne trembler un peu, mais je m’accroche rapidement à ses doigts et me tourne sur le côté pour me nicher contre lui. Comme si on pouvait mutuellement se protéger contre cette douleur qui nous disloque en morceaux perpétuellement. Ça fait si mal de devoir se rassembler constamment. Les gens ne se rendent pas compte… Et en même temps, c’est si dur de leurs expliquer vraiment ce qui se passe dans nos têtes. Mais je suis épuisé, et pour une fois, je me sens avide d’un sommeil réparateur et pas assailli par des peurs. Alors, je tombe lourdement contre lui, jusqu’au petit matin, lorsque les soignants viennent dans la chambre pour prendre nos constantes et nous donner nos médicaments. Doucement, je retourne sur mon lit pour ne pas déranger et regarde l’infirmière. « Le… petit-déjeuner, il… il arrive quand déjà ? » C’est la première fois que je le réclame, mais… partir ailleurs cette nuit, rester contre Samuel, me dire que… quasiment au même moment, l’univers a fait en sorte d’épagner nos deux vies ben…. Ça… ça m’aide à me dire que… il faut avancer hein ? « Vous avez faim ? » Mes épaules se haussent doucement. Non, je n’ai pas faim. J’ai juste sommeil, mais manger et une étape non ? « J’apporte pour vous deux ? » Elle attend la réponse de Samuel, puis me sourit. « Si vous mangez bien aujourd’hui, on fera sans doute retirer la perfusion, hn ? » Ma tête se hoche doucement, la regarde partir avant de me tourner vers Samuel, et lui sourire doucement. « Merci… » Vraiment.

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ne me demandez pas pourquoi j'avais accepté cette personne contre-moi si facilement, ni même pourquoi je m'étais glissé contre lui de mon propre chef, alors que nous ne nous étions vus qu'une seule fois jusqu'à présent. Concrètement, je ne le connaissais pas et lui non plus... nous n'étions que des étrangers l'un pour l'autre... pourtant... pourtant, il y avait quelque chose de réconfortant dans la situation actuelle. S'il se trouvait ici, c'est qu'il était tout aussi éclaté de l'intérieur que je l'étais. Et s'il se trouvait ici en même temps que moi, alors c'est qu'il ne s'agissait pas d'un hasard. On avait juste pris... deux chemins différents pour arriver dans cette chambre, mais on y était, à deux. Vivants, épuisés. Epuisés... c'était le seul terme qui me venait à l'esprit. Parce qu'on tient, on tient en attendant qu'une situation se termine, mais non, elle ne se termine pas, elle dure... encore, et encore... c'est une course et lorsqu'il n'y a pas de ligne d'arrivée à celle-ci, ben on finit par tomber de fatigue, qu'on soit un débutant ou un athlète.

Et on a besoin de repos. Et c'est plus simple de se reposer lorsqu'il ne faut pas faire semblant de sourire. Et c'est aussi plus simple, lorsqu'on n'est pas seul avec soi-même.

Mettant alors mes fantaisies de côté parce que j'avais désormais un interlocuteur qui ne me demandait pas de faire d'efforts pour le rassurer sur mon état mental, je me glissais contre ce dernier et finis par m'endormir lourdement jusqu'au lendemain, pour le check up matinal. Petit déjeuné demandé, je restais muet en présence de l'infirmière et ne répondis à ses questions que par des gestes de tête, jusqu'à ce qu'elle nous laisse à nouveau tranquilles. « Merci... ? » Je l'observais longuement et commençais à jouer avec les draps, sans le lâcher des yeux, jusqu'à sentir des larmes monter progressivement. « Toi aussi, tu... te dis que si tu n'étais pas né, ça n'aurait dérangé personne, au final ? »

RAE HWA & SAM[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]C’est plus facile, d’un coup, de savoir qu’il était là, qu’il avait au moins autant mal que moi, peut-être plus d’ailleurs, je ne sais pas. Mais ça m’aidait. Je ne sais même pas comment l’expliquer. Au moins, on a plus besoin de faire semblant avec quelqu’un. C’est important. Vraiment important, ça fait du bien. C’est comme si on savait qu’il n’y aurait pas de jugement, ni de pensées négatives envers l’autre. Lui au moins, il ne va pas m’en vouloir de ne plus avoir réussi à supporter tout ça…

« Merci... ? » « Hn…. » Et lorsque je vois ses yeux s’inonder d’un coup, je me lève doucement pour venir caresser ses joues et effacer ses larmes faiblement. « Toi aussi, tu... te dis que si tu n'étais pas né, ça n'aurait dérangé personne, au final ? » « Ani...et j'aurai été... triste de pas te connaître. » Non, parce que ce n’est pas la même histoire… Alors, je viens sur son lit, encore, et je lui attrape le bras pour le tenir contre moi. « Mais… Je me disais que si j’étais né normal… alors ça aurait été plus simple. » Ne pas pleurer.. j’en ai marre de pleurer. « Tu sais… si… j’avais eu envie de… de devenir, je sais pas… ingénieur ou… avocat et… pas artiste… et que… si j’avais été… hé… » C’est si dur de l’avouer. Si dur. Pourtant, j’espère que Sam… il comprendra… « Si j’étais pas... » Je déglutis et efface une larme qui tombe. « Homosexuel... » Je l’ai dit, vraiment ? Mais je n’ose pas le regarder, vraiment pas… J’ai peur de ce qu’il va dire ou faire et je n’arrive pas le lâcher pour autant. « J’aime Andy... » ma voix craque et se brise, mais comme il ne s’en va pas, alors, j’ose le regarder. Tu comprends Samuel ? Tu comprends que c’est impossible toi, d’être un artiste dans ce pays et d’aimer si fort son meilleur ami ? Tu comprends qu’on me hait déjà pour être le frère d’un meurtrier… alors un homme amoureux d’un autre homme ? On me mettrait au bûcher. Et Andy… Et Andy ? On lui ferait quoi ? Et si on tombe ensemble, le groupe sera effacé aussi… Les angoisses reviennent, violentes, virulentes et la crise de panique avec pendant que je songe à tout ça… Ma main vient alors se planter dans mon bras en tremblant pour que ce qu’il me reste d’ongles tentent d’arracher ma peau.