Ne sachant pas comment lui répondre, mais voulant pourtant lui faire passer un message clair, Sang Min avait délicatement pris le sourd dans ses bras. Même si ce n’était pas la première fois, qu’ils s’enlaçaient, c’était probablement la première fois que c’était l’auteur qui initiait le geste. Ça ne le dérangeait pas que le plus jeune soit tactile avec lui, étrangement. Même s’ils ne se connaissaient que depuis peu, il s’y était habitué. Il prenait ça comme une manière différente qu’avait le sourd de s’exprimer. Il ne sait pas si Ki Tae est comme ça avec tout le monde, c’est fort probable. Il n’y a pas des raisons pour qu’il ne traite différemment Sang Min des autres, sinon justement qu’ils ne se connaissent que peu. Ils se sont pourtant déjà vus à quelques reprises, l’amnésique libère toujours un peu de place dans son horaire pour le jeune homme, lorsque celui-ci lui écrit pour qu’ils se voient. Même s’il ne comprend pas pourquoi, son cadet a cet effet sur lui. Sa simple présence l’apaise et suffit à chasser ses soucis. Trop de gens lui font la morale, dernièrement, lui disant qu’ils lui en voudraient ou même qu’ils ne lui pardonneraient pas s’il faisait une nouvelle tentative. On lui dit des choses bizarres comme « Je suis content que tu sois en vie » ou « Je suis content que tu existes, en vrai ». Sang Min ne comprend pas d’où viennent ses mots et encore moins pourquoi ils lui sont adressés. Il les entend pourtant très bien, ils sont dits par des gens qui comptent pour lui… mais ils ont moins de poids que les messages haineux dont on le bombarde sur les réseaux sociaux. Ceux-ci sont beaucoup plus nombreux et font davantage échos à ce qu’il pense, de toutes manières.

Personne ne sait tout ce qui se passe dans sa tête, il n’arrive qu’à en expliquer des bribes ici et là. L’histoire complète ne veut pas être admise à personne, il a peur de la partager. La révéler dans son entièreté reviendrait à tout admettre. Il n’est pas prêt pour cela encore. Presque trois semaines se sont pourtant écoulées maintenant. Sang Min a évité Erin depuis, il n’arrive pas à envisager de la voir sans craquer. Fuir est plus facile. Se réfugier dans ces moments doux et innocents avec Ki Tae plaît davantage à son âme que de faire face à toutes ces choses qui l’écorchent de plus en plus à vif. Il profite donc du fait que le blond ne le repousse pas et le garde un peu dans ses bras. Tout comme Ki Tae le rassure toujours de par sa présence, il espère que, pour une fois, c’est lui qui réussit à lui faire du bien. Il sait qu’il ne peut pas lui promettre qu’il sera toujours là, surtout avec tout ce qui l’attaque sournoisement lorsqu’il est seul. Cependant, tant qu’il sera encore assez con pour essayer de rester vivant, il espère pouvoir aider le sourd à ne plus ressentir l’étaux qui se resserre jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Contrairement à lui, le plus jeune en vaut la peine. Il mériterait mieux même, hélas, Sang Min ne peut qu’offrir tout ce qu’il a.

-« Promis je t’enverrai un sms, j’aime passer du temps avec toi. »

Son cœur se ramollit quelques secondes, cet horrible traitre. Comment osait-il être si content par ces mots ?! Il ne devait pas commencer à faire n’importe quoi ! L’auteur ne veut pas blesser Ki Tae. Cela arrivera fort probablement s’ils se rapprochent trop. Il le sait, il a l’habitude de voir l’inquiétude et la tristesse dans les yeux de ses proches, lorsqu’ils le regardent. Comment le faire encore plus culpabiliser… leurs réactions sont bien normales et légitimes, il le sait. Il ne peut pas leur en vouloir, c’est lui qui les blesse avec son comportement. C’est lui le monstre… et pourtant, son horrible main est posée sur la joue du jeune homme qu’il voudrait pourtant protéger.

-« Moi aussi… » avait-il fini par simplement répondre dans un murmure.

Inutile de le dire fort, le blond n’entendrait pas de toutes manières. Il pourrait le lire sur ses lèvres et s’il n’avait pas capté cette réponse discrète, c’était peut-être pour le mieux. Sang Min n’avait pas osé la signer, gardant sa main sur sa joue à la place. Le sourd était mignon à ainsi pencher la tête vers sa main, simple geste qui rassurait un peu le peintre. Ki Tae ne devait pas être dégoûté, alors. Puis, il avait hésité. Les mots ne lui venaient pas, donc, il avait tenté de s’exprimer autrement, venant tendrement poser ses lèvres sur son front. Peut-être que les mots se refusaient à lui pour la plus évidente des raisons : les empêcher de se rapprocher. Le suicidaire aurait dû leur prêter plus d’attention, il l’aurait peut-être compris et n’aurait donc pas posé ce geste… Vraiment, il n’arrivait pas à être très consistant ! Oscillant entre sa raison qui lui crie de laisser le pauvre Kiki tranquille pour son bien et … ce truc qu’il ne veut pas nommer, qu’il ne veut pas s’expliquer… qui le pousse à sourire lorsqu’il reçoit ses messages, qui le motive à travailler un peu plus vite afin de pouvoir voir Ki Tae, qui le rend plus tactile avec lui…

Il avait été soulagé de ne pas se faire frapper après ce geste qui avait été à la fois naturel et terrifiant. Déjà, quand il s’agit d’un homme et une femme, il y a des risques de se prendre une gifle. Alors quand c’est un garçon qui fait ça à un autre, il prend la chance de se prendre un poing ! Certes, d’après ses publications instagram… ou Ki Tae aime particulièrement les arc-en-ciels ou il est ouvert d’esprit ou comme Sang Min, il n’est pas hétéro. L’auteur ne le sait pas, il ne lui a jamais demandé et n’assume pas l’orientation des gens. Puis, peu importe son orientation, même si le geste était innocent, il aurait très bien pu le frapper quand-même ! Soulagé, il trouve finalement quelques mots pour lui répondre. Son expression reste triste, puisqu’il a conscience de la lourdeur de ce qu’il dit. Son expression s’était ensuite adoucie, trahissant la résignation qui a fini par s’installer confortablement en lui, sur ce sujet difficile. Il n’était même pas triste, alors qu’il lui partageait honnêtement se trouver horrible et n’avoir aucune valeur. Pour lui, ça aurait été aussi stupide que d’être triste de dire que le ciel est bleu. Oui, il en est là dans sa relation avec lui-même. Il ne s’aime tellement pas que d’admettre combien il est laid n’est même plus douloureux. Il est trop détaché de cette apparence qu’il rejette ainsi comme il le peut. Il n’y a que ses cicatrices qui réussissent à lui faire encore mal… et il les lui a pourtant montrées.

-« Tu sais quand on est né avec un sens en moins, on dit que les autres sens sont plus affinés. Je suis sûr que je vois beaucoup mieux que toi Sang Min. »

Un sourire tristement rieur s’était dessiné sur ses lèvres. Ki Tae était mignon à essayer, mais il n’avait pas à dire n’importe quoi.

-« Je vois plus de choses, et…. je te donnerai bien mes yeux pour que tu puisses te voir tel que je te vois et tu saurais pourquoi je te trouve beau. »

Vraiment, il est adorable. Sang Min aimerait y croire, hélas, il n’y arrive pas…

-« Tu vois plus de choses… mais tu ne vois pas ce que je vois… » répondit-il en signant tranquillement. « Plus on connaît quelqu’un… plus on passe de temps avec une personne… plus on voit sa vraie apparence. J’ai passé des mois seul avec moi-même… Tu me connais depuis deux semaines… Je suis désolé… mais tu finiras par voir que j’ai raison… » ajouta-t-il ponctuant sa phrase par un triste sourire.

Il fait une pause, baissant les yeux alors qu’il se mordille les lèvres. Le sourd sera bien déçu quand il comprendra ce que dit l’auteur. La relation changera… Enfin, pour ça, il faut déjà que Ki Tae ne se lasse pas de Sang Min avant !

-« J’aimerais être comme tu me vois… mais je ne suis pas… » commença-t-il, mais il s’arrêta.

Le peintre ne savait pas trop quel adjectif utilisé : bien ? important ? précieux ? potable ? Il y en a trop qui ferait l’affaire. Il tente de constamment le rappeler à ses proches qui le voient avec ce drôle de filtre qui déforme leur réalité… Il préfère changer de sujet et revenir à ce qu’ils avaient commencé. Ki Tae ne s’est quand-même pas déshabiller pour rien ! Les mains du plus jeune était venues se loger dans celles du plus vieux. Doucement, Sang Min avait refermé ses doigts sur les siens. Il ne retenait pas ses mains, croyant qu’il en avait besoin pour s’exprimer, mais il appréciait ce petit contact. L’amnésique s’inquiéta de le voir hésiter comme ça. Il serra délicatement ses mains, cherchant à lui montrer qu’il était là. Il l’interrogea du regard. Si le jeune homme ne se sentait plus à l’aise pour poser, le peintre n’allait pas lui en tenir rigueur, il allait comprendre.

-« Oui...je…. ve...veux…. con… inuer. »

La surprise avait remplacé l’interrogation dans ses yeux sombres, puis le plus adorables des sourires avait étiré ses lèvres. Un grand sourire sincère, le genre très rare qui ne s’esquissait pratiquement jamais sur ses lèvres, vint illuminer son visage.

-« Tu peux parler ? » avait-il demandé, visiblement étonné.

Ses mains n’avaient pas lâché les siennes, donc, Ki Tae avait dû lire sur ses lèvres, cette fois. La prononciation n’étant visiblement pas son fort, mais comme il n’avait rien dit de compliqué, Sang Min avait compris.

-« Ta voix est mignonne, c’est dommage que tu ne puisses pas l’entendre. » admit-il avec une douce tendresse peinte sur le visage.

Il relâcha ses mains et se leva tranquillement. L’artiste attrapa les lingettes qu’il avait pris pour se nettoyer le cou et alla les jeter. Il passa nerveusement ses doigts sur ses cicatrices, son cœur se serrant pendant quelques secondes. Ça lui faisait bizarre de penser qu’il les avait montrées à quelqu’un, de son propre chef, sans que ce ne soit par accident… C’était d’autant plus étrange de ne pas immédiatement les recouvrir. Cependant, il était avec Ki Tae, il n’avait plus besoin de les cacher pour le moment. Si jamais le blond les fixait trop ou le regardait avec cette tristesse dans les yeux, le peintre irait les cacher. Dans l’espace cuisine, il jeta les lingettes à la poubelle, prit deux bouteilles d’eau dans le frigo et revint auprès de son ami. Il les déposa sur la table basse, se libérant ainsi les mains.

-« Installe-toi confortablement, prends une pose dans laquelle tu es à l’aise. Inutile de faire compliqué, ce sera juste pénible pour toi de rester comme ça longtemps. » signa-t-il tranquillement. « J’ai apporté des bouteilles d’eau, mais si tu préfères quelque chose de chaud, tu me le dis. » ajouta-t-il, avant de se diriger vers son chevalet.

Sang Min a toujours eu l’habitude de mettre de la musique, pendant qu’il peint. Les mélodies le transportent et viennent exacerber les sentiments qu’il cherche à partager. Or, en mettre alors que son modèle est sourd lui paraissait déplacé. Pour une fois, son modèle aurait son entière attention… Enfin, avec Ki Tae, c’était devenu une habitude, puisqu’il le dessinait dans le silence, en général.

Il n’aurait jamais pensé se trouver dans une telle situation Ki Tae. Il n’avait pas pensé que Sang Min était aussi détruit que lui pouvait l’être. A la différence que l’artiste avait l’air beaucoup plus endommagé que lui comme en témoignait les marques de brûlures qu’il avait au niveau du cou. Il le savait voir quelqu’un qui avait souhaité autant mourir que lui ça ne lui faisait pas rien. C’était comme s’il trouvait quelqu’un qui le comprenait en quelques sortes. Il sentait que sans le vouloir, ça l’avait rapproché un peu plus de cet être si unique qu’était Sangmin. Il ne pouvait rien y faire, tout semblait lui crier d’avancer encore. Et pour une fois, Ki Tae n’avait pas envie de fuir. Il restait pour cet être incroyable qu’était Sang Min. Et c’était bien pour ça qu’il le regardait avec tant de douceur le jeune sourd-né. Pour ça qu’il venait poser sa joue sur sa main et se laissait embrasser le front. Tant de délicatesse. Il aimait passer du temps avec l’artiste, lui qui avait été si compréhensif avec lui, qui avait agit comme personne par le passé. Il crut comprendre son murmure, mais Ki Tae n’en était pas sûr. Sang Min avait murmuré et il avait à peine vu ses lèvres bouger. Pourtant il avait bien cru comprendre, pourtant il ne voulait pas se faire d’idée. Il ne voulait pas l’évidence même. Il y avait un truc entre l’amnésique et lui.

Pourtant cette ombre planait, tout le mal que Sang Min pensait de lui. Il avait l’impression de s’entendre penser et d’une certaine façon ça lui faisait peur. Il ne voyait pas l’artiste de cette façon. Il ne comprenait pas que à quel point cet homme qu’il ne connaissait pas il y avait de cela deux semaines avait été incroyable pour lui. Beaucoup de gens prennaient Ki Tae en pitié à cause de son handicap et il ne supportait pas les regards emplis de tristesse, parce qu’ils n’était pas triste. Le sourd n’était pas une pauvre petite chose parce qu’il… ben parce qu’il était sourd. Et Sang Min n'avait jamais agit comme tel avec lui. Ou ne serait-ce que le jour de leur rencontre ou il est allé au la pluie en bouchant les oreilles pour se mettre dans la même condition que Ki Tae. Comment oublier ça ? Et chaque moment avec lui ? Impossible. Pourtant il le regardait parler il finit par secouer la tête, il sourit tristement avant de signer simplement. Je pourrais dire la même chose Il regarda Sang Min, lui même ne le connaissait pas. L’aîné ignorait le mal que Ki Tae avait fait autour de lui, ou ne serait-ce que son comportement dépravé et autodestructeur. Ki Tae passait ses soirée à se noyer dans l’alcool et autres drogues, à fumer et ses ruiner la santé. Il couchait avec des inconnus et les rares qu’il avait revus régulièrement, il les avait dégagé de sa vie. Ghostés sans la moindre honte. Kiki ne voulait personne dans sa vie, personne qui puisse lui faire du mal à nouveau, quitte à être cruel, il s’en moquait. Pourtant, l'artiste était là. Différent oui, mais amicalement ? Oui le sourd se le répétait, juste un ami.

La discussion ne put pas continuer, pourtant le plus jeune avait l’envie de dire des belles choses à Sang Min, l’aider à regagner son estime. Lui prouver qu’il était important et spécial. Mais à la place, c’est sa voix qu’il lui fit entendre une phrase simple qu’il se concentra comme pas deux pour prononcer du mieux qu’il pouvait. Il regarda Sang Min, avec une certaine appréhension, il ne faisait pas entendre sa voix à n’importe qui Ki Tae. Sa voix c’était son plus gros complexe, on s’était moqué d’elle par le passé et depuis il refusait d’ouvrir la bouche. A la question de son aîné, le plus jeune hocha timidement la tête pour lui répondre, il avait baissé quelques instants son regard sur leurs mains liées avant relever les yeux vers son ami. Quand il lut sur ses lèvres qu’il trouvait sa voix mignonne, ses joues se firent plus rouge encore. Me...r…...ci. Il s’était forcé encore une fois, il avait baissé le regard pour cacher ses petites joues empourprées.

Mais Sang Min s’éloigna et Ki Tae le regarda faire. Alors qu’il s’éloigna, le plus jeune se releva. Il avait retiré son pantalon semblable à un leggin mais aussi son boxer. Il se mit complètement nu pour l’artiste et attendit sagement son retour. Il voulait le faire, montrer son corps imparfait à son aîné pour qu’il fasse encore ce qu’il faisait à chaque qu’ils se voyaient tous les deux. Montrer à Ki Tae qu’il était beau. Bien des gens ne faisaient que voir Ki Tae comme un coup d’un soir et ça lui allait bien, mais personne ne lui disait qu’il était beau, séduisant, sexy. Souvent il se sentait comme un bouche-trou sexuel. Mais là, ce n’était pas le cas. Quand Sang Min revint, Ki Tae avait posé le plaid sur ses cuisses, il hocha doucement la tête au regardant les instructions de l’artiste pour prendre la pose. Il attendit qu’il soit au niveau de son chevalet pour s’installer. Il fit s’allongea sur le canapé et prit le plaid et ne se couvrit que partiellement le corps, le laissant à moitié nu. Timidement le posa son regard sur l’artiste attendant un geste, une approbation de sa part.

Ils ne se connaissaient que depuis deux semaines, pourtant, ils avaient passé pas mal de temps ensemble, déjà. Sang Min n’avait jamais refusé de le voir, arrangeant toujours au mieux son horaire en fonction de ses propositions. Il n’avait pas toujours pu accepter au moment pile qu’il lui proposait, mais l’auteur proposait toujours une solution afin qu’ils ne se voient quand-même. Voir Ki Tae, passer un peu de temps avec lui, lui changeait toujours les idées. Le visage souriant du jeune sourd lui faisait oublier ses tracas existentiels. Véritable exploit que le cadet réussissait et on pourrait même dire qu’il réussissait à le maintenir à flots, sans le savoir. Il arrivait à l’amnésique que de s’enfoncer profondément, son travail ne réussissant pas à tenir son esprit occupé et il allait se flageller devant ces photos. Sang Min sait pourtant que c’est complètement inutile. Déjà, il y a toujours cette possibilité que cette personne ne soit pas lui… Même si bon, la ressemblance entre eux est frappante et le fameux Hideto semble avoir disparu… le même jour où il a lui-même eu son accident qui l’a plongé dans l’amnésie… et c’est parce qu’il était le cousin d’Erin que cette dernière s’est approchée de lui, non ? L’auteur n’en sait rien, n’ayant pas eu le courage de revoir son amie depuis qu’il est tombé sur ce profil en ligne… Trop perdu, trop confus, trop… terrifié à l’idée d’être cette personne… Il regarde encore et encore ces photos, lorsqu’il est seul, comme si son cerveau allait décider de se réveiller et de coopérer. Il sait que ça n’arrivera pas, Tomoya et les autres médecins le lui ont dit, ses souvenirs ne lui reviendront jamais et il ne lui sert à rien de se torturer avec ça. Cependant, s’il est bien cette personne… il est effectivement un monstre horrible. Hideto n’avait pas l’air d’être un mauvais bougre, même qu’il avait l’air sympa ! Sauf que ça fait des années qu’il est ami avec Erin… jeune femme qui serait en vérité… sa cousine ? Et il ne l’a jamais reconnu. N’est-ce pas insensible que de ne pas reconnaître sa famille ? Il y a aussi cette Momoka… qui figure elle aussi sur les photographies, même qu’elle est plus souvent là qu’Erin… Sang Min a reconnu le visage de la photo comme étant celui de cette femme envahissante qui lui fait beaucoup trop peur, aujourd’hui.

Elle réussissait déjà à le rendre mal à l’aise, à le faire sentir super mal, quand il pensait qu’elle se fourvoyait royalement… alors maintenant qu’il y a cette possibilité qu’elle ait eu raison… Il a dû lui faire horriblement mal. Pour le moment, il continue toutefois à se dire que ce n’est pas lui, que la coïncidence est énorme mais possible. L’auteur pense qu’il devra confronter Erin sur le sujet, lui demander si elle pense qu’il est bien son cousin disparu et ensuite… il avisera. Mais il n’est pas prêt à le faire encore. C’est dur, c’est lourd… ça l’étouffe. S’il est bien cet Hideto… nombre de questions seront élucidées, mais combien d’autres seront-elles soulevées ? Tomoya lui en voudra-t-il ? Après tout, quel serait son intérêt de retrouver un demi-frère qu’il n’a jamais connu… amnésique ? Sang Min ne pourra en rien lui parler de leur mère… lui expliquer ses motivations ou lui dire qu’elle ne l’avait jamais oublié… Et son ami a bien dit ne pas être sûr d’avoir de la place dans sa vie pour cette nouvelle personne. Or, ce ne serait pas une nouvelle personne, puisque le suicidaire a déjà une place dans sa vie… depuis son accident… mais décidera-t-il de le rejeter ? Parce que ce sera trop dur de savoir que les réponses qu’il tenait tant à avoir ne pourront jamais lui être données ? Lorsqu’il est seul, l’auteur se pose trop de questions… il s’imagine trop de scénarios catastrophes… il se fait beaucoup trop de mal. C’est presque un miracle qu’il n’ait pas craqué encore, mais cela ne saurait trop tarder, au rythme où vont les choses. C’est fort probablement grâce à Ki Tae que ce miracle a eu lieu et qu’il réussit à ainsi tenir. Le sourd ne le sait pas encore, Sang Min ne lui en parlant pas. Il n’en a qu’à peine parlé à ses amis proches, alors c’est normal qu’il n’ait pas abordé le sujet avec son nouvel ami.

Des plans pour que Ki Tae ne s’enfuit en courant… Chose qu’il ne fait étonnamment pas, alors que Sang Min ose lui montrer ses horribles cicatrices. Ce n’était bien sûr pas prévu… mais ça c’était fait naturellement, pour montrer au jeune sourd qu’il le comprend et qu’il n’a pas à cacher ses bras… pas avec lui. Il est triste d’avoir vu ses tranches d’histoire sur son corps, sachant trop bien ce que ça voulait dire. L’auteur n’aurait jamais souhaité ça à personne, encore moins à Kiki qui réussit à lui apporter tant de quiétude, sans pourtant rien faire de particulier. Il ne peut qu’espérer que, contrairement à lui, le plus jeune ne s’en sorte mieux à présent et que ce genre d’idées ne le tourmentent plus. Il a peur l’amnésique… peur de laisser sa muse trop s’approcher de lui et de le faire souffrir comme il le fait, involontairement, avec ses proches. C’est pourquoi il le met doucement en garde et lui dit que le masque finira bien par tomber, tôt ou tard et qu’il verra, lui aussi, combien l’artiste est monstrueux.

-« Je pourrais dire la même chose. »

-« Tu pourrais… » commença-t-il, signant tranquillement.

Il finit une petite pause d’une fraction de secondes, se mordillant de nouveau la lèvre. L’auteur hésitait quant à la formulation de la suite et à ce qu’il était prêt à admettre ou non.

-« Mais… je ne te croirais pas… Ça ne changerait pas… comment je te vois… ni le fait que tu m’aides énormément… sans le savoir… » ajouta-t-il, mourant d’embarras, à présent.

Il ne disait pas en quoi il l’aidait, c’était trop d’aveux pour lui, mais il soulignait tout de même qu’il le faisait. Yoora était venue l’empêcher de faire une nouvelle tentative, l’empêcher de perdre pied, la veille de leur rencontre. Ki Tae ne le savait pas, peut-être était-il mieux qu’il ne l’apprenne jamais non plus… ou s’il devait le savoir un jour, mieux valait qu’il ne tarde. Mais, cela n’empêchait pas d’au moins lui partager qu’il avait son effet bénéfique sur l’artiste. Sang Min dit toujours vouloir aider son modèle à se sentir mieux dans sa peau, chose qui est très vraie, mais ses motivations ont toutefois ce brin égoïste aussi… Puisqu’en passant du temps avec lui, il fuit ses démons et se permet de se sentir bien, l’espace du moment qu’ils partagent ensemble. Gêné, il avait préféré changer de sujet et lui avait demandé s’il souhaitait continuer ce qu’ils avaient commencé. Après tout, le blond avait eu une raison de retirer son haut ! Sang Min était sensé faire son portrait ! L’artiste lui avait proposé de se contenter d’un portrait torse nu, craignant que de directement commencer avec le nu ne mette mal à l’aise Ki Tae. Il s’était d’abord inquiété des expressions qui traversaient le doux visage du jeune homme, puis avait été plus qu’agréablement surpris et attendri par sa réponse. Ses mots n’étaient pas très clairs, la prononciation n’était pas exacte, mais ça restait compréhensible et c’était trop mignon. Sang Min avait été content de pouvoir l’entendre, appréciant ce nouveau détail qu’il découvrait de lui.

-« Me...r…...ci. »

Il remarqua que le rose lui revenait aux joues et qu’il baissait les yeux, probablement gêné à son tour. C’était adorable comme toujours. Sang Min préféra ne pas insister, pour ne pas lui causer plus d’embarras. Cependant, il espérait que Ki Tae ne se sente libre de lui parler ainsi plus souvent, à l’avenir. Doucement, il serra un peu plus ses mains dans les siennes, cherchant à le rassurer et lui faire comprendre qu’il avait apprécié. L’amnésique s’était ensuite éloigné, jetant les tissus remplis de mensonges de couleur chair. Il avait pris des bouteilles d’eau et était revenu auprès de son ami. Surpris ? Pas qu’un peu ! Il réussit toutefois à le cacher plus ou moins, après tout, il est vrai que Kiki avait lui-même proposé de poser nu et s’il se sentait assez à l’aise pour le faire, Sang Min n’allait pas briser ça en lui disant de se rhabiller. Il ne s’était pas attendu à voir autant de sa personne, mais ce n’était pas désagréable. Ça allait très bien rendre sur la toile, l’artiste en était convaincu. Il lui signa quelques instructions, lui dit de ne pas se gêner s’il souhaitait boire quelque chose de chaud, le suicidaire le lui ferait avec plaisir. Il alla à son chevalet et sortit ce qu’il aurait besoin. D’abord, il allait faire une esquisse de traits fins et très clairs, des lignes directrices toutes simples… ensuite… les couleurs, les lumières, les ombres viendraient donner vie au tout. Mais il fallait donc sortir tout ce petit matériel ! Sang Min se montrait très méticuleux, comme toujours. C’était avec soin qu’il choisissait ses choses, souhaitant que le résultat ne soit à la hauteur de son modèle et de ses attentes. Une fois prêt, il releva les yeux vers son modèle et lui sourit avec tendresse.

-« C’est très bien ~ Tu te sens confortable comme ça ? » signa-t-il, tenant encore une fois à s’en assurer.

Il faut dire qu’il peut vite devenir dérangeant de tenir la pose et il essayait toujours de rendre la chose la plus agréable possible pour le sourd. Surtout que là… c’était rester immobile pendant un long moment en étant nu, donc possiblement plus gênant !

-« Ça deviendra peut-être ton portrait favori ! » lança-t-il, cherchant à lui donner confiance et l’encourager.

Un petit compliment détourné, lui disant indirectement qu’il était toujours aussi beau, même sans ses vêtements, malgré ses cicatrices. Il s’assura encore que Ki Tae était bien, puis commença à tracer les grandes lignes de son esquisse. Son expression était devenue plus sérieuse, alors qu’il se concentrait sur ce qu’il faisait. Il le regardait, l’observait, l’admirait. Ce ne sont pas que ses traits qu’il essayait de rendre sur cette toile mais sa personne si douce sur l’âme meurtrie du peintre… Une pointe de tendresse restait toujours quelque part sur son expression. Il ne le regardait pas comme on regarde un objet ou un modèle de bois que l’on tente de reproduire, mais bien comme une personne spéciale, extraordinaire même… Il avait terminé son esquisse et commençait à mettre les premières couleurs lorsque son téléphone vibra dans sa poche. Il l’ignora d’abord, étant certain de ne pas avoir oublier de rendez-vous ou quoique ce soit du genre, aujourd’hui. Cependant, il vibra de nouveau, à deux reprises. Il soupira et posa son pinceau, peut-être était-ce le temps de faire une petite pause pour Ki Tae aussi… autant saisir l’occasion.

-« Mon téléphone me dérange, il n’arrête pas de vibrer… » admit-il à son modèle, affichant une mine désolée, comme si c’était de sa faute. « On fait une petite pause ? Tu dois être inconfortable après tout ce temps… » proposa-t-il aussi, en lui faisant un petit sourire doux.

Il attendit sa réponse avant de se rapprocher à nouveau, s’arrêtant à côté de la table basse, le téléphone dans les mains pour voir ses messages. Un message de son éditeur, évidemment, il y répondit rapidement puis fut surpris de voir que les autres messages étaient de son amie Hana. Cette dernière l’invitait à une fête chez elle. Il grimaça, lui répondant qu’il serait sûrement un peu idiot à ne connaître personne et serait donc plus dérangeant qu’agréable…

-« Tu veux boire quelque chose de chaud ? Grignoter un truc ? » demanda-t-il à Ki Tae, en posant son téléphone sur la petite table.

Le bien-être de son invité était plus qu’important pour lui et il ne le cachait pas. Son téléphone vibra de nouveau, réponse d’Hana qui s’affichait sur son écran. L’auteur prit le petit appareil et hésita en lisant la réponse. Son amie lui avait dit d’amener quelqu’un, qu’elle tenait vraiment à le voir et qu’il lui ferait plaisir qu’il ne vienne. Qui inviter ? La réponse était facile… Cette personne sur son canapé réussirait sûrement à apaiser ses peurs des foules et des inconnus… Ils s’étaient montrés leurs plus douloureuses cicatrices… Ki Tae avait décidé de poser nu pour lui… ce ne serait donc pas trop bizarre de l’inviter, non ?

-« Ki Tae… T’es occupé… la semaine prochaine ? » finit-il par demander, ayant remis son téléphone sur la table. « Une amie m’invite à sa pendaison de crémaillère… je n’y connaîtrai qu’elle… et comme je ne suis pas à l’aise avec… les gens… bref… tu voudrais venir avec moi ? » demanda-t-il, signant timidement sa proposition.

Il était assez embarrassé de le lui demander, il se disait qu’il avait l’air con d’avoir peur d’aller tout seul chez sa propre amie ! S’il n’y avait eu qu’elle, il n’y aurait pas eu de problèmes, mais… il allait y avoir d’autres gens. Hana allait le trouver chiant à rester à ses baskets et à avoir trop peur pour se mêler aux autres ! Si Ki Tae ne voulait pas l’accompagner… Sang Min ne savait pas trop s’il voudrait y aller. Il pourrait sûrement inviter une autre personne, mais bon, ce serait différent… Il ne serait sûrement pas aussi calme et aurait peur d’inquiéter ses amis, qui le connaissent mieux… Chose qui les portent à se faire des films et qui exacerbe ce sentiment de culpabilité chez le suicidaire.

Sang Min et Ki Tae. Deux univers complètement différent à la base. Personne n’aurait misé sur ce duo de base. Sang Min l’artiste amnésique et Ki Tae l’ancien premier de la classe devenu débauché du quotidien. Deux personnes bien différentes et pourtant une force les avait fait se croiser dans ce parc un par une petite matinée ensoleillée. Une rencontre qui tenait plus d’un scénario de film romantique pour le coup. Et tout s'enchaînait naturellement entre eux deux. Bien que pour le moment aucun des deux n’était vraiment décidé de se rendre compte qu’ils se plaisaient l’un l’autre, encore trop tôt pour le moment. Beaucoup trop tôt. Pourtant kitae avait peur de finir par décevoir l’artiste. Le jour où le jeune sourd finirait par se rendre compte qu’il tenait beaucoup trop à son aîné et il savait très bien qu’il paniquerait. Et qu’il finirait par fuir. Pourtant… pourtant avec tout ce qu’il avait vu de l’artiste ? Il ne pouvait pas s’empêcher de se rapprocher de lui. C’était paradoxal, mais il ne pouvait tout simplement pas faire autrement. Quelque chose le liait à Sang Min, c’était comme ça.

Kiki finit par se déshabiller complètement pour Sang Min, il était à l’aise avec son corps. Après tout il s’était foutu à poil devant beaucoup d’autres mecs qu’il connaissait moins que ça depuis depuis qu’il était arrivé à Séoul. Et pour la première fois, il se mettait à nu devant quelqu’un sans que cela soit pour un but sexuel. Décidément, l’artiste n’était vraiment pas comme les autres, c’était plus que certains. Au moins ça faisait une nouvelle expérience pour le jeune sourd. Il s’installa confortablement il avait suivi studieusement les instructions de son ami. Ki Tae fut fasciné de voir Sangmin préparer avec un soin incroyable. C’était quand même impressionnant le matériel pour les arts. Il finit par sourire à Sang Min et simplement hocher la tête pour lui assurer que tout allait bien pour lui. Il était prêt pour ne plus bouger, peut-être qu’il allait même un peu sommeil. Le blondinet de manqua pas de rougir quand l’auteur annonça que le portrait qu’il tirerait de Kitae serait probablement celui qu’il préférerait. Il se contenta de sourire doucement avant de laisser l’artiste à son art. Alors le peintre lui offrit à nouveau cette expression si sérieux… si… sexy ? Il pouvait en tout cas l’admirer sans que cela fasse bizarre ou clairement étrange. Le temps passa vite sans même qu’il ne s’en rende compte. C’est quand le peintre pris son téléphone que Kiki haussa les sourcils. Il sourit avant de se redresser, il entoura le plaid autour façon toge et signa timidement.

Il n’y a pas de soucis.

Le décoloré se leva pour marcher un peu et désengourdir ses jambes. Il n’avait pas pour habitude de rester immobile trop longtemps, mais ce n’était si grave que ça. Après quelques pas il revint s’asseoir sur le canapé. Il regarda son ami avant de répondre timidement.

- Je prendrai bien un café, c’est ma faiblesse et… ce que tu veux à côté, j’aime le sucré. Il rougit doucement il n’aimait pas abuser de l’hospitalité des gens mais il commençait à avoir un peu faim, même s’il n’était clairement pas le plus gros mangeur du monde. Et quand il posa la question, Kitae ouvrit un peu plus les yeux. Il ne s’y était pas du tout attendu ? Genre, vraiment pas du tout ! Il tripota le plaid quelques instants avant de signer. Non je ne suis pas occupé et…. je suis flatté que tu penses à moi pour t’y accompagner. Il sourit plus franchement avant d’ajouter. Avec grand plaisir. Au moins tu connaîtra deux personne, tu te sentiras plus à l’aise. Il sourit avant de venir prendre les deux mains de son ami pour lui offrir un grand sourire rayonnant et franc. Oui à cet instant Ki Tae ne se prenait pas la tête. Il pensait simplement à ce moment, un nouveau moment entre lui et Sang Min.

Sang Min n'avait pas voulu gêner ou mettre de pression sur son ami, il avait donc été surpris de le retrouver sans vêtements. Il en avait toutefois été touché, pas pour des raisons sexuelles, mais bien parce qu’il croyait y comprendre que le jeune homme lui faisait assez confiance pour ainsi se dévoiler à lui. Sachant que Ki Tae avait des problèmes d'estime, qu’il ne se confie ainsi à l'artiste n’était pas rien. L'artiste se sentait honoré qu'on ne lui fasse autant confiance et il pensait que cela montrait aussi que le blondinet appréciait son art. Il est toujours surpris et un brin fier qu'on apprécie ce qu’il fait. En tant que personne, il considère n'avoir aucune valeur… ou une valeur négative. D'autant plus depuis qu’il a trouvé qui il est… possiblement ? S'il est bien cet Hideto… il a blessé de nombreuses personnes au cours des cinq dernières années, mais surtout, étant amnésique, il ne sera d'aucune utilité à son plus vieil ami. Cette idée le ronge, le laisse dans des états impossibles, lorsqu'il n'arrive pas à la fuir… Pour le moment, il réussit encore à nier un peu. Il n'a pas trouvé le courage d'en parler à Erin, autre personne charnière dans cette histoire. Il peut donc toujours se dire que ce n’est peut-être qu'une ÉNORME coïncidence de plus. Se noyer dans son travail est une échappatoire, bien qu’elle ne pourra durer éternellement et que ce dernier deviendra éventuellement une importante source de stress aussi. Passer du temps avec Ki Tae lui permet aussi de se détendre, l'éloignant de ses tracas en s'accaparant son attention. Contrairement au travail, le jeune sourd devrait toujours rester aussi apaisant pour l'auteur, même s'il ne le sait pas encore… peut-être le sent-il un peu. En tout cas, ce n’est pas en voyant Ki Tae dans sa tenue de naissance que l’artiste pense à cette possible identité qui viendrait répondre à la plupart de ses questions, mais viendrait en soulever d’autres aussi.

Sang Min prépara tout avec le plus grand des soins, observant une espèce de petit rituel qu’il s’impose. Tout est traité avec délicatesse, puisque tout deviendra un instrument plus ou moins important dans le processus de création. Une fois certain que tout était prêt et que son jeune modèle se sentait bien, il commença par esquisser les lignes directrices. Sérieux, concentré, il admirait les traits de Ki Tae afin de bien les transposer sur sa toile. Son regard n’avait rien de lubrique, rien de pervers, il ne le regardait pas comme un objet sexuel quelconque mais bien comme un être spécial et inspirant. Il le dessinait en suivant son style particulier, mélangeant le réalisme à son imaginaire coloré, sensuel et mystérieux. Le temps passa ainsi, alors qu’il restait silencieux et en oubliait presque que la Terre continuait de tourner, puisqu’il était plongé dans ce qu’il faisait. Son téléphone le ramena toutefois à la réalité, vibrant jusqu’à ce qu’il ne cède enfin et ne pose ses affaires pour proposer une pause à Ki Tae, s'excusant au passage pour son impolitesse avec le téléphone.

-« Il n’y a pas de soucis. »

Il le remercia d’un petit sourire, puis regarda rapidement les messages. L’auteur répondit d’abord à son éditeur, souhaitant éviter que celui-ci ne débarque en catastrophe parce qu’il s’inquiéterait pour lui. Sang Min avait aussi répondu à sa correspondante préférée, ayant l’habitude de lui répondre plus rapidement – puisqu’ils échangeaient plus souvent lorsqu’il était seul.

-« Je prendrai bien un café, c’est ma faiblesse et… ce que tu veux à côté, j’aime le sucré. »

-« Aaaahh… oui… c’est vrai… tu l’as dit le premier jour… je crois ? Pour le café. » dit-il, réfléchissant à haute voix. « J’ai fait un gâteau roulé au thé vert hier, c’est léger et sucré… mais tu préfères le café… » signa-t-il, une petite grimace désolée s’étant dessinée sur son visage.

Il faut dire qu’il n’avait pas spécialement prévu que leur rendez-vous tournerait ainsi et donc, n’avait pas pensé à spécialement faire quelque chose que Ki Tae aimerait. L’amnésique avait du café à boire, c’était toujours un début ! Lui-même avait plus tendance à aimer le thé que le café, donc il avait plus l’habitude de se faire des pâtisseries à cette saveur. Il avait d’ailleurs appris à en faire des excellentes, dans ses cours de pâtisseries. Cours qu’il avait pris, quelques années plus tôt, quand il essayait d’apprendre à vivre et se débrouiller seul. C’était une gentille infirmière qui s’était occupée de lui, qui lui avait conseillé de suivre ses cours, disant que le professeur était gentil. Ça avait été le cas et le jeune homme y avait appris beaucoup de choses, dans un environnement plaisant.

-« Je ferai un gâteau au café, la prochaine fois ~ » proposa-t-il, en lui tendant une soucoupe avec une généreuse part de gâteau moelleux.

Un sourire timide aux lèvres, il espérait que Ki Tae ne lui en voudrait pas trop, pour cette fois. Il posa sa propre part sur la table basse, à côté de son téléphone et alla chercher le café de son ami. Sang Min avait mis l’eau dans sa théière, qu’il laissait de côté, le temps que le thé n’infuse. Il était donc retourné auprès du petit blond et l’avait invité à venir avec lui chez Hana, craignant un peu d’avoir l’air bizarre, plein d’espoirs quand-même.

-« Non je ne suis pas occupé et…. je suis flatté que tu penses à moi pour t’y accompagner. »

Flatté qu’il ne l’invite mais… il se demande ce qui ne tourne pas rond dans sa tête pour déjà vouloir le présenter à une amie ? Il se dit que Sang Min doit avoir un sérieux problème pour ne pas avoir d’autres amis à inviter ? Il se demande pourquoi il est incapable d’aller seul à la soirée de sa propre amie ? C’est qu’il stresse le peintre, en attendant de savoir la conclusion !

-« Avec grand plaisir. Au moins tu connaîtra deux personne, tu te sentiras plus à l’aise. »

Ah ? Tiens ? De l’air ? Sang Min se rend compte qu’il avait retenu son souffle, idiot qu’il est, en attendant cette réponse ! Il est soulagé et content, le sourire qui s’esquisse sur son visage le montre bien. Reconnaissant, il stresse moins, maintenant, à l’idée d’accepter, puisque Ki Tae sera là. Étrange, non ? Ils ne se connaissent pourtant que si peu… mais la présence du jeune homme fait toujours une différence drastique. Il baisse les yeux sur les mains qui viennent prendre les siennes, surpris, il rougit un peu à ce contact innocent. Le suicidaire est toujours… étonné… qu’on ne soit pas dégoûté par l’idée de le toucher et il n’est généralement pas très à l’aise avec le côté tactile des gens, mais avec lui, ça va. C’est même agréable ?

-« Hm. » fit-il en hochant la tête pour acquiescer. « Merci beaucoup ! » dit-il en serrant un peu plus ses mains dans les siennes, voulant insister sur sa sincérité et sa reconnaissance.

Son regard remonte sur ses bras, sur ses cicatrices… elles sont vieilles… il n’a pas à s’inquiéter, non ? Il espère toutefois sincèrement que ce genre d’idées ne viendra plus tourmenter son jeune modèle. Sang Min se jure silencieusement de faire de son mieux pour que Ki Tae retrouve une estime de lui-même et qu’il ne pense plus à commettre ce genre de choses. Il est trop précieux pour ça. Il relève les yeux vers les siens, tout naturellement. Est-il sensé dire quelque chose ? Il devrait lâcher ses mains pour le laisser boire son café, non ? Cependant, c’est agréable de sentir cette douce chaleur… Il faut dire que l’auteur l’empêche aussi de manger son gâteau au … OH BORDEL ! SON THÉ ! Il ouvre grand les yeux en se rappelant que son thé infuse depuis… trop longtemps et sera probablement amer. Il lâche les mains de son ami et tombe en passant par-dessus le canapé, plutôt que de le contourner. Gagner du temps : raté. Il s’est fait un peu mal, cet idiot maladroit, mais il se relève en grimaçant et va retirer le petit filtre de la théière. Il revient s’asseoir à côté de Ki Tae, en grimaçant, et pose théière et tasse sur la table.

-« J’avais oublié mon thé… » admet-il en signant, déçu d’avoir raté sa boisson chaude.

Il s’en verse une tasse et attrape son téléphone pour confirmer à Hana qu’il sera bien là, accompagné d’un ami. Il a d’ailleurs hésité quelques secondes à savoir comment qualifier Ki Tae dans son message… rougissant un brin devant son écran, effaçant son mot après avoir entré deux lettres… Finalement, « ami », c’était le plus simple et le moins gênant ? Pas nécessairement, mais c’était ce qui compliquait moins le cerveau de l’auteur. Sang Min repose son téléphone sur la table et attrape enfin sa part de gâteau.

-« Tu en penses quoi ? » demanda-t-il, espérant que ça lui plaisait, même si ce n’était pas au café.

Poser nu devant quelqu’un. Oui c’était un expérience particulièrement bizarre. Enfin pas bizarre de la mauvaise façon, c’était une expérience qu’il n’avait jamais eu avant. Certes la nudité ne le dérangeait pas. Comme on pourrait le dire, il avait des moeurs légères et plus d’une personne l’avaient vu dans son plus simple appareil. Mais bien souvent les gens évitaient de poser des questions sur les cicatrices qui maculaient ses avant-bras. Il fallait dire que ceux qui fréquentaient Ki Tae pour une seule nuit n’en avait rien à faire de ses blessures ou de sa tentative de suicide, ou encore de sa santé mentale. Mais Sang Min, il n’était pas les autres. Il était bien différent. Différent parce qu’il s’intéressait à lui, Sang Min était bon pour Kiki et ça le sourd, ça le faisait flipper en quelques sortes. Parce qu’il savait que ça le poussait à s’attacher à lui, un peu trop même. Mais il ne pouvait pas s‘en empêcher, c’était plus fort que lui. Le sourd avait cette envie de rester autour de Sang Min parce qu’il se sentait compris. Leurs maux étaient semblables et ça suffisait à Kiki pour se sentir proche de l’artiste.

- Mais j’aime beaucoup le thé aussi, j’aime tout. Il souria doucement en baissant ses mains, il fallait dire qu’il était déjà heureux que quelqu’un puisse avoir une telle attention pour lui et face à manger. J’ai hâte d’être à la prochaine fois alors. Mais en attendant j’ai envie de goûter celui qui tu as fait.

Il était curieux de goûter la cuisine de l’artiste. Décidément le jeune homme était plein de ressources. Dessinateur, écrivain et maintenant cuisinier. Kiki aurait presque pu se sentir nul et moins bien face à tout ce que le jeune homme était capable. Toujours emmitouflé dans le plaid, il avait regardé Sangmin lui parler de cette soirée à laquelle il ne connaissait qu’une seule personne. Comment refuser ? Puis c’était flatteur de se faire inviter à une soirée par un ami, c’était preuve d’une certaine proximité non. Alors sans réfléchir plus, le petit blondinet avait accepté. Et en voyant l’artiste sourire, Kiki sentit son coeur se faire plus léger, comme si ce simple sourire suffisait pour le rendre terriblement heureux. Stupide réaction, mais le jeune homme n’arrivait pas à gérer ces émotions auxquelles il n’était pas du tout habitué. Tellement qu’il en était très tactile avec Sangmin. Il trouvait ça agréable. Il hocha la tête pour lui répondre, ce n’était rien, ça lui faisait plaisir, vraiment, ça se voyait à son regard brillant d’une joie sincère. Le fameux regard du jeune sourd qui était beaucoup trop expressif.

Mais quand il voit Sangmin vite lâcher ses mains, il le suivit du regard, il le vit se gameler et ne put s’empêcher de mettre sa main devant sa bouche, à la fois pour cacher sa surprise et un petit rire. Quand il revint avec la tasse de thé, le blondinet signa naturellement en souriant.

- Fais attention ou je vais devoir faire ton infirmier et soigner tes bosses.

Alors que l’artiste pianotait sur son téléphone, Kiki prit la part de gâteau pour la goûter. Il leva les sourcils surpris du goût de la pâtisserie. Tellement qu’il avait très vite dévoré le gâteau, doux et pas trop sucré, un vrai petit nuage. Et quand il vit Sangmin lui demander ce qu’il en avait pensé, timidement il montra sa petite assiette vide. Il sourit légèrement gêné d’avoir dévoré ce gâteau si vite. Il posa l’assiette sur la tablea avant de signer en rougissant.

- Je valide, tu es vraiment un bon cuisinier !

Et dire que lui ses repas se faisait principalement avec des nouilles instantanées et qu’il n’avait vraiment appris à cuisiner depuis qu’il vivait seul. Les fois où il mangeait autre chose c’était quand il récupérait des reste du restaurant japonais dans lequel il travaillait. Ou alors rien du tout, vu que Kiki avait la fâcheuse tendance à sauter des repas ou dépenser son argent pour boire. Il se pencha pour prendre sa tasse de café et en boire quelques gorgée avant de dire au plus âgé.

- L’art, l’écriture et la cuisine, tu as beaucoup de talents cachés. Je vais en découvrir d’autres ?