[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - Qu’est-ce que je fais là ? En fait, je pense que je prouve à tout le monde que je suis bel et bien con. D’abord, j’avais accepté, sous l’énervement, de visiter cette maison abandonnée… mais maintenant que j’y suis, j’admets que je regrette ma fierté. Les gens ne se rendent pas compte de combien leur « gentillesse » et leur « délicatesse » peut parfois devenir lourde ou être carrément déplacée ! Je suis aveugle, donc, il y a certaines choses qui me sont impossibles à faire, oui, mais je ne suis pas paraplégique ou atteint au niveau cérébral ! Quoique… peut-être, autrement, j’aurais réfléchi avant de m’emporter et de dire que je pouvais venir dans cette maison dangereuse ! Je ne crois pas aux histoires qui l’entourent, du charabias, des conneries pour faire peur aux gamins… Cependant, il est vrai que lorsque j’étais enfant – et que j’avais encore mon sens de la vue – elle me filait la chair de poule. Je n’avais jamais voulu y entrer. Maintenant que je suis adulte et aveugle, j’ai eu la brillante idée de le faire ! Sûrement que j’aurais dû y aller quand j’étais gamin… Là, j’ai l’air con à essayer de me guider avec ma canne… Si le bois cède sous mon poids ou parce qu’il y a une faiblesse dans la construction que je ne vois pas, Tomoya me fera encore la morale. D’ailleurs, j’ai préféré ne pas lui dire que je venais ici ce soir, autrement, il s’inquiéterait beaucoup trop pour moi.

J’ai l’impression de sentir une présence, depuis que je suis entrée dans cette maison… pourtant quand je lance des « Il y a quelqu’un ? » je n’ai aucune réponse. C’est sûrement mon stupide cerveau qui me joue des tours, mes angoisses enfantines doivent refaire surface. J’entends le bois craquer sous mes pas, je sens la poussière et la vieillesse des lieux. Je préfère ne rien toucher, parce que tout doit être sale et dégueulasse. Je crois être passé au salon, puisque je sens une texture se rapprochant de celle d’un coussin de canapé, lorsque je soulève ma canne pour savoir ce qu’elle a rencontré. Il y a d’ailleurs ce que je crois être une petite table, juste devant. J’entends encore un bruit, cette fois, j’en suis certain, il s’agissait d’une porte… et j’entends des pas aussi, peut-être une voix ?

-« Il y a quelqu’un ? » lançai-je, en prêtant l’oreille pour une réponse positive ?

Je ne dois pas être le seul à avoir accepté un défi à la noix ou à être assez idiot pour venir ici, ce soir, non ?

ft. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - Sae Ri, elle adorait Halloween, c'était probablement sa fête préférée avec Noël. Si bien qu'elle ne s'était pas faite priée pour se déguiser et déambuler dans les rues comme quand elle était petite. Mais enfant, il y avait cette chose qui lui avait toujours fait peur. Une chose qui se cachait dans les ombres et qui faisait vivre ses pires cauchemars. Une chose qui vivait dans cette maison terrifiante que personne n'osait jamais approcher, pas même le facteur. C'est drôle comment des souvenirs flous et sombres peuvent s'ancrer en vous, comme une peur lointaine et profonde dont on ne peut pas se débarrasser.

Elle ne savait même plus ce qui l'avait poussée à entrer là-dedans, un pari débile ou une envie folle. Elle se souvenait seulement de ce frisson qui lui avait parcouru l'échine quand elle avait passé la porte d'entrée, comme un avertissement de la gamine qu'elle avait été. "Tout va bien" qu'elle se répétait sans cesse, une incantation magique censée lui donner de la force et du courage. A croire qu'elle aurait mieux fait de se déguiser en sorcière pour lancer des sorts, parce que ça ne marchait pas des masses.

Les jambes tremblantes, elle explorait les pièces, n'osant pas faire le moindre bruit, grinçant des dents en même temps que le plancher sous ses pieds. Qu'est-ce qui lui avait pris bon sang? Elle savait qu'elle avait une bonne raison pour être là, mais sa mémoire était comme paralysée, parasitée par d'anciens souvenirs qui tentaient en vain de la prévenir.

Alors qu'elle sortait de la cuisine, une voix s'éleva dans les airs, brisant le silence pesant qui régnait, la prenant par surprise et lui faisant pousser un léger cri. « OH LA VACHE! » La main sur le cœur, elle se figea sur place avant de s'avancer doucement, et de voir qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la maison. Elle rit d'elle-même et de sa réaction, évacuant le stress qui s'était accumulé dans ses veines. « Vous m'avez fait une peur bleue! » En observant l'homme en face d'elle, elle remarqua une canne et à la façon dont il la tenait, se demanda s'il était aveugle. « Vous êtes tout seul? » Elle voulait savoir, au cas où elle se ferait surprendre à nouveau, valait mieux se préparer psychologiquement.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - Vais-je gagner un prix Darwin cette année ? Possible. Ça m’apprendra à me balader dans une maison qu’on dit hantée, alors que je suis aveugle… mais surtout d’y venir seul ! J’aurais dû demander à Tomoya, Yu Jin, même Hana ! En bref, n’importe qui, de m’accompagner… S’il m’arrive quelque chose et que je suis coincé ici, parce que blessé et incapable de sortir ? Je me rassure en me disant que j’ai mon téléphone avec moi, grâce aux directives vocales, je pourrai appeler à l’aide. Il faut seulement que la batterie ne me lâche pas d’ici là. Je prends une grande inspiration et expire lentement, cherchant à garder mon calme, à ne pas flancher sous la peur qui s’immisce toujours un peu plus en moi. Je n’ai pas beaucoup exploré la maison encore, je crois être rendu dans le salon lorsque j’entends du bruit – pour une énième fois. Même si je n’ai eu de réponses les fois précédentes, je lançai un « Il y a quelqu’un ? » sans vraiment savoir si je tenais ou non à avoir une réponse… Un cri. Voilà qui n’allait pas me stresser voyons ! Je reculai par réflexe, cherchant à m’éloigner de la source potentielle de danger. Je trébuchai, me prenant les pieds dans je-ne-sais-quoi, probablement un tapis poussiéreux qui a pris un mauvais pli et tomber dans le canapé. Une épaisse couche de poussière dû s’envoler autour de moi, puisque je me mis à éternuer à l’infini. Ce que ça pouvait être désagréable ! Et si peu subtil ! J’avais vraiment besoin d’indiquer au possible monstre ou tueur en série où me trouver !

Un petit instant s’écoula, durant lequel je tentai de ne pas mourir asphyxié et réussis à m’extirper du canapé renfoncé. Plein de poussières étaient venues se coller à mes habits, mais je ne le voyais pas, donc n’y faisait aucunement attention. J’essayais plutôt de me faire une carte mentale de mon entourage, me fiant à ma canne pour m’indiquer les divers objets. Je me figeai toutefois, mon sang ne faisant qu’un tour dans mes veines, lorsque j’entendis rire. Un rire diabolique ? Machiavélique ? Heureusement pour moi, ça ne semblait pas être le cas. Je me retournai lentement dans la direction du son nerveux.

-« Vous m'avez fait une peur bleue! »

-« Je ne peux pas dire que vous m’ayez fait l’effet d’une journée au spa, vous non plus… » admis-je avec un petit rire embarrassé, en passant ma main libre sur ma nuque.

Oh que non ! Ni son cri, ni son rire n’avait su me détendre ! Ainsi, nous avions ça en commun…

-« Vous êtes tout seul? »

-« À ma connaissance, oui. » admis-je en hochant lentement la tête. « Je n’ai vu personne d’autre… » commentai-je avec un petit sourire taquin. « J’ai plusieurs fois cru entendre des bruits, parfois… Mais vous êtes la première à m’avoir répondu. » ajoutai-je en haussant doucement les épaules. « Vous, vous êtes accompagnée ? » demandai-je supposant que ses compagnons avaient pu être ceux que j’avais entendu aussi.

Je m’étais adressé à elle en supposant qu’elle était de sexe féminin, en me basant sur le timbre de sa voix. Je n’étais toutefois pas certain de son genre et étais ouvert à la/le laisser me corriger, si je m’étais trompé. Mon but n’était pas de l’offenser, mais il est vrai que dans ces circonstances, l’identité de genre de l’autre personne me passait quelques kilomètres au-dessus de la tête ! On était dans une maison à l’horrible réputation !

-« Vous… êtes une habituée de cette maison…? » lançai-je, me disant qu’il y a bien des junkies d’adrénaline qui doivent venir à chaque année.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - Si seulement elle pouvait arriver à se souvenir de pourquoi elle était entrée dès le départ, ça l'aiderait beaucoup. Elle savait que c'était vraiment important, et qu'elle ne pouvait pas partir sans se souvenir, et ce même malgré le profond malaise que cette maudite maison lui inspirait. Vraiment elle ne comprenait pas comment cette antiquité était encore debout. Tout grinçait dangereusement, s'était à se demander si les murs n'allaient pas s'écrouler d'une seconde à l'autre. Un truc pareil, c'était censé être barricadé et fermé au public pour raison de sécurité, non? Alors comment on pouvait y entrer aussi facilement? Et qui en était le propriétaire d'ailleurs? C'était comme si personne ne le savait jamais. Ou plutôt. Comme si personne ne s'était jamais vraiment posé la question.

Elle était perdue dans ses pensées et sa terreur sourde quand cette voix inconnue s'était élevée dans les airs. Elle n'était pas seule. Bonne ou mauvaise nouvelle? En entendant les éternuements à répétition, elle se dit qu'un tueur en série perdrait de beaucoup en crédibilité si ça lui arrivait. C'était donc légèrement sur ses gardes qu'elle se dirigea vers la source de la voix et du bruit. Bon, visiblement, c'était pas un psychopathe. Et au vue de sa réponse, elle lui avait fait aussi peur que lui l'avait surprise. En voyant l'état dans lequel il était elle se sentit mal. « Oh pardon! Vous allez bien? » Elle espérait qu'il ne s'était pas blessé par sa faute, il ne manquerait plus que ça. Bravo Sae Ri.

Quand il lui répondit qu'il était seul, ça la rassura qu'à moitié. Y avait beaucoup trop de bruits étranges pour seulement deux personnes dans cette baraque. C'était pas vraiment bon signe. Pas pour eux en tout cas. « Moi aussi j'ai entendu pas mal de bruits, et pas des plus rassurants... » Elle se frotta machinalement les bras, comme si elle avait froid, et probablement que ça venait de ce frisson qui lui parcourait l'échine sans qu'elle sache pourquoi. « Et non, y a personne d'autre avec moi... faut croire qu'on est que deux à être assez dingues pour venir ici. » De nouveau elle échappa un petit rire nerveux. Mine de rien, ça faisait du bien au moral de savoir qu'elle n'était pas seule dans cette galère.

La question qu'il lui posa alors lui remit le cerveau en route. « Non, je déteste cette maison en fait... la seule raison pour laquelle je suis entrée c'est Gihoe... » Ce fut à ce moment que ça la percuta de plein fouet, comme une collision de train entre deux neurones. Gihoe. Son chien. Oh. Bon. Sang. C'était ça!! La raison pour laquelle elle était là!! Son satané chien qui avait foncé dans cette maison de l'horreur!! La réalisation lui fit perdre son calme tout juste retrouvé. « Oh c'est pas vrai... mon chien! Comment j'ai pu oublié??? Cet imbécile s'est mis à aboyer vers la maison et s'est engouffré dedans sans que je puisse l'arrêter! Mais quelle idiote! » Toute l'inquiétude du monde se réinstalla sur ses épaules et la panique refit surface tel un petit démon sur le haut de son crâne. Elle se tourna alors vers son nouveau compagnon d'infortune. « Vous auriez pas vu un chien? Enfin, entendu... » La peur lui faisait faire des gaffes. Mais elle devait avouer qu'elle s'en préoccupait à moitié seulement. Elle priait très fort pour que son chien aille bien et qu'il ne soit pas blessé ou coincé quelque part.