Lose your popcorn, win a bro

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Sun Jae a passé son dernier examen, la veille. Ça lui fait bizarre de se dire qu’il n'aura plus de cours pour deux mois. Il a tout de même des travaux à faire pendant les vacances, des lectures à dévorer et des sujets à commencer s'il veut être prêt selon ses hautes exigences. Il a passé son après-midi à danser au Dual Vibez. Beaucoup de free style, pour évacuer la pression, mais principalement le duo qu’il fera avec Sin. La chorégraphie est terminée, même que Sin a décidé de prendre en charge un autre projet. Cependant, Sun préférait attendre que tous les deux aient terminé leur session avant de filmer la vidéo. Ainsi, ils pouvaient chacun se concentrer sur leurs études et ensuite offrir une meilleure prestation pour rester fidèle à l'image de Dual Vibez. Son altesse pense peut-être avoir facilement eu le dernier mot, mais le coréen n’est pas aussi idiot qu’il n'en donne l'air. S'il n'avait pas eu confiance, il ne lui aurait pas donné son accord silencieux. Il ne le dit pas, mais ça lui fait plaisir de voir Sin s'investir. Dans le meilleur des mondes, Sun pourra toujours s'occuper de Dual Vibez, toujours faire vivre ce projet qui est devenu un organe essentiel à sa vie. Cependant, il voit bien sa charge de travail s'agrandir. Il a besoin de se concentrer sur ses études afin de garder ses notes toujours plus hautes, ses bourses en dépendent. L'étudiant ne pourrait pas se permettre de ne plus travailler, ayant aussi besoin de cette entrée d'argent pour vivre. Comme il ne se prend pas de marge sur l'argent faite par la chaîne YouTube (que ce soit les revenus des pubs ou de divers sponsors), puisqu’il préfère garder cet argent pour les activités de la troupe, le loyer, les accessoires nécessaires…

Il devra éventuellement se résigner à partager les responsabilités, accepter davantage l'aide des autres. Chose qui lui est difficile depuis le départ de Dong Jun, dernier membre fondateur a avoir quitté les Dual Vibez, il y a deux ans de cela. Des quatre, il était celui dont le danseur était le plus proche, depuis leur enfance. Il devait d'ailleurs accompagner Sun Jae au ciné, ce soir, mais il lui a envoyé un message, à la dernière minute. Sa petite fille est malade et sa femme préfère qu'il ne reste à la maison pour s'en occuper avec elle. Il est déçu, mais lui dit de prendre soin de sa famille. Il prend son billet pour le film et se prend un grand pot de pop corn. Ce genre d'avenir lui fait un peu peur… Il le voit toutefois approcher. Sun Jae aime bien s'imaginer pouvoir continuer à lier Dual Vibez et une brillante carrière, mais il sait qu’il devra éventuellement se montrer plus réaliste. Il doit faire confiance, dans les faits, pas seulement dans la théorie. Autrement, il n'arrivera jamais à concilier les deux. Il venait au cinéma pour se détendre, mais voilà qu’il se prend la tête tout seul. Il sourit, découragé et soupire en hochant la tête. Il prend place dans la salle et met son pot de pop corn à sa droite. Le banc à sa gauche est toujours libre. Il se perd sur instagram en attendant, répond à la blague à un commentaire sur le compte des Dual Vibez. Il envoie vite fait un message à Sae Jun, espérant que sa soirée se passe mieux que la sienne. Il ne lui dit toutefois pas que Dong Jun l'a planté au dernier moment, il lui envoie plutôt une photo de son billet et son pot de pop corn. Un grand inconnu vient s'asseoir à côté de lui, la salle étant pleine. Sun Jae lui sourit poliment en hochant la tête pour le saluer, puis les lumières s'éteignent. Le film va commencer, enfin. Le danseur pourra penser à autres choses que sa peur de devenir le prochain Dong Jun et à l'avenir de Dual Vibez sans les fondateurs… parce que ses études lui demanderaient trop.

Le film est divertissant, l’histoire est assez bien construite et la musique a été composée avec grands soins. Il éclate de rire en même temps que son voisin, sursaute en même temps que lui… d'ailleurs, il s'en rend compte une fois et échange un regard rieur avec lui. Pure coïncidences qu’ils ne réagissent simultanément, Sun Jae ne s'en soucie pas plus que ça. Ça l'amuse, en vrai. Trop pris par le film, il mange le pop corn de son voisin, sans s'en rendre compte. Ce n’est que lorsque les lumières s'allument de nouveau, à la fin du bon film qui lui a bien changé les idées, qu’il se rend compte que le pop corn qu’il a mangé n’était pas le sien. L'étudiant écarquille les yeux, se sentant trop con.

-« Je suis vraiment désolé ! J’étais trop absorbé par le film ! » admit-il très honnêtement.

Inutile d’inventer une histoire impossible, il assume sa connerie. Lui proposer son pop corn que l'autre voisine vient de foutre par terre en l'accrochant avec son sac est… un plan qui va directement à la poubelle.

-« Je peux vous offrir un autre pop corn ou quelque chose d'autre pour remplacer ? » proposa-t-il avec un sourire désolé.

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Aujourd’hui, on est mardi, et aujourd’hui, il ne travaille pas. Il faut dire que ça fait déjà 11 jours qu’il a enchaîné sans avoir un vrai jour de repos. A cause des absences, à cause des tournages. Hier encore, il était sur un film pour faire des cascades. C’était tellement intéressant, comme toujours, même s’il s’est fait mal. Les risques du métier. Son poignet gauche le déteste un peu présentement et il a une attelle. Il n’a pas encore osé le dire à Xiao Mei pour ne pas qu’elle s’inquiète. Parce que du lundi au jeudi, elle travaille et ce n’est pas facile pour elle. Il sait qu’elle a beaucoup de pression.  Alors, il ne veut pas l’inquiéter pour un truc qui sera passé dans trois jours.

Arrivant chez lui, il passe devant sa boite aux lettres et l’ouvre jusqu’à y trouver un colis étrange. Son coeur manque un battement. Il connaît un peu trop bien ce genre de… « Oh non... » Non pas ça, pas maintenant qu’il commence à savoir ce que c’est le vrai bonheur. Pas ça, s’il vous plaît. Remontant chez lui par les escaliers en les grimpant 4 par 4 ces foutues marches, il pousse la porte de son studio et la referme un peu vivement, avant d’ouvrir le tout pour simplement y trouver des photos d’un jeune homme et une note : c’est ton demi-frère, il faut que tu le protèges aussi. Et cette signature. La même que la personne qui lui a envoyé la montre de son père il y a quatre ans… Un demi-frère ? Vraiment ? Se mettant assis doucement, il se rend compte et observe les photos avant d’y trouver une ressemblance avec son père, même infime et de sentir ses yeux s’engorger d’eau. Le protéger ? Le protéger du gouvernement nord-coréen hein ? Qu’ils ne lui mettent pas la main dessus aussi ? Il part à sa fenêtre et scrute la rue jusqu’à voir un homme adossé à un poteau avec une casquette et qui se redresse doucement. Il n’arrive apercevoir que le bas de son visage, mais il le voit, ce petit sourire… Qui ? Il ne sait pas… Mais il signe un merci assez tendre en serrant la photo contre lui. Il a un bon instinct et cet instinct ne se met pas en route. Il lui a rendu la montre de son père. Il ne peut pas être méchant. Tournant la photo, il regarde le code et s’installe pour le déchiffrer, jusqu’à comprendre. « Jang Sun Jae… ? » Et il l’efface alors rapidement, puisque c’est noté avec un simple crayon de bois. « Sun Jae... » Alors, il a un petit ou un grand frère ?

Séchant ses larmes comme il peut, il reçoit une notification lui rappelant qu’il avait prévu d’aller au cinéma. D’abord, le coeur ne lui en dit pas, et puis finalement. Il se décide à ranger les photos dans sa cachette secrète que personne ne peut connaître ou trouver à part lui. Enfin, il prend son skate acheté depuis peu et s’en va, histoire de se changer un peu les idées.

Prenant son billet et son pop corn, il avance dans la salle déjà bondée et finit par trouver une place. Lorsqu’il s’installe, il bugue cependant assez violemment. COMMENT ? Par quelle coïncidence ? Comment ? Vraiment ? Son coeur manque un battement, mais il garde une poker face souriante avant de s’installer à ses côtés. Mon dieu, il l’a trouvé… Son frère… Déglutissant lourdement, il finit par poser son popcorn entre eux et essaie de se concentrer sur le film et de ne pas trop le regarder. Il finit quand même par se rendre compte qu’il rit en même temps que lui, sursaute en même temps que lui et lorsqu’ils finissent par se regarder, ils sont quasiment la même expression d’abrutis contents et surpris… Son coeur, il bat tellement fort… Une famille ? Enfin non. Il ne doit pas penser comme ça, il le sait.

Le film se termine et il s’étire, content de ce qu’il a vu, c’était vraiment sympa. « Je suis vraiment désolé ! J’étais trop absorbé par le film ! » « Hé ? » Il le regarde en papillonnant des cils, surpris, sans trop comprendre au début, jusqu’à voir le popcorn qui se renverse, de l’autre côté du jeune homme.

Son cerveau se connecte et il secoue ses mains. « Oh non, c’est pas grave ! J’ai même pas vraiment fait attention ! » « Je peux vous offrir un autre pop corn ou quelque chose d'autre pour remplacer ?» Il s’en fout du popcorn, mais il ne peut pas louper cette chance de se rapprocher de lui. « Une glace ? » Il adore les glaces. « Mais, fin, c’est vraiment pas grave, c’est juste.. on a passé la séance à avoir des réactions ensemble et manger le même popcorn, on pourrait discuter un peu. » Qu’il lance dans un sourire de nigaud en priant pour ne pas passer pour un dingue…

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À peine en vacances qu’il s’inquiétait déjà de comment gérer Dual Vibez, lorsque les cours reprendront ! Heureusement, le film était léger, mais agréable. Il a rempli son rôle de divertissement et a bien changé les idées du leader. Il s’est tellement prêté au jeu, éteignant son cerveau, qu’il a dévoré le popcorn de son voisin, plutôt que le sien. Ce n’est cependant qu’à la fin de la séance qu’il se rend compte de son erreur toute bête. Sun Jae est un peu embarrassé, mais il assume le fait qu’il a été con et s’excuse auprès de son voisin.

-« Hé ? »

Cette réaction est si sincère qu’elle ne peut qu’amuser le danseur, qui se retient toutefois de ne pas rire. Un simple sourire vient étirer les commissures de ses lèvres. Il aurait donc pu s’en tirer si facilement ? Le danseur se dit que c’est une chance pour lui, l’inconnu ne lui refera pas le portrait pour une histoire de popcorn ! Ça commencerait plutôt mal ses vacances…

-« Oh non, c’est pas grave ! J’ai même pas vraiment fait attention ! »

Cette réponse le rassure et lui laisse remarquer, qu’une fois de plus, ils ont eu une réaction similaire : ils n’ont pas remarqué l’erreur, sur le moment, ni l’un ni l’autre. Sun Jae lui propose de lui acheter un autre popcorn ou peu importe ce qui pourrait lui faire plaisir, afin de se faire pardonner. Ce n’est pas grand-chose, mais comme il a commis une erreur, il tient à la réparer.

-« Une glace ? »

On passe de maïs chaud et salé à de la crème glacée et sucrée ? Pourquoi pas, après tout ! Si c’est ce que désire l’inconnu, c’est ce que lui donnera Sunny pour se faire pardonner. Il hoche la tête pour accepter, son charmant sourire tranquille aux lèvres.

-« Mais, fin, c’est vraiment pas grave, c’est juste.. on a passé la séance à avoir des réactions ensemble et manger le même popcorn, on pourrait discuter un peu. »

Oh ? Il souhaite qu’ils ne mangent une glace ensemble ? Pas juste que l’étudiant lui paie sa glace et que leurs chemins ne se séparent ? Sun Jae est surpris par la proposition, mais pourquoi pas ? Ce n’est pas comme s’il avait quelqu’un qui l’attendait, autre que Baby Bowser. L’inconnu a raison, en plus, il est vrai qu’ils ont plus ou moins partagé ce film, sans en avoir convenu de base.

-« Ouais, pourquoi pas ! J’aurais sûrement traîné avec mon ami, s’il n’avait pas annulé à la dernière minute, de toutes manières. » admit-il, en passant sa main sur sa nuque.

Il l’invite à s’avancer en premier, puisque le côté droit est bloqué.

-« Si on va manger une glace et discuter, autant se présenter ? Non ? » lança-t-il avec un sourire naïf. « Moi, c’est Jang Sun Jae ~ et vous ? » demanda-t-il, curieux de l’identité de son interlocuteur.

C’est mieux de pouvoir mettre des noms sur les têtes, non ? C’est plus… vivant… et personnel que « le dude dont j’ai bouffé le popcorn ». Ça fait moins figurant de la vie. Ils se sont fondus dans la petite foule qui sort de la salle et ont réussi à se faufiler hors du cinéma. Le danseur connaît un bon glacier pas trop loin, c’est donc là qu’il a proposé de l’amener.

-« Au fait, vous avez quel âge ? » demanda-t-il, simplement pour savoir quel niveau de langage utiliser avec lui pour ne pas être impoli. « Je suis né en 1994, donc, je suis plus vieux que ma tête ne veut bien l’admettre. » partage-t-il avec un petit rire idiot.

On lui donne souvent moins que son âge. Il a tenté de contrer la chose avec ses tatouages, mais comme il les cache à l’occasion, l’effet escompté n’est pas toujours au rendez-vous. Ceux sur ses bras sont visibles, ce soir, les deux autres sont couverts par son t-shirt. Il n’avait pas d’utilités à les couvrir pour sortir avec Dong Jun.

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Il lui propose de manger une glace et de discuter. Ça peut sembler incongru non ? Ou sortit de nulle part. Sans doute. En réalité, il ne pensait pas tomber sur lui, là comme ça, d’un coup. Lui qui venait d’apprendre et maintenant ça ? C’est presque comme dans un mauvais drama d’espionnage. Pourtant, c’est comme cela que ça se passe et il a un frisson le long de l’échine en le regardant. Il a l’impression de voir un peu de leur père en lui et pourtant il a aussi ce sentiment de se mentir à soi-même. Il a besoin d’une confirmation et il se doute que ce n’est pas le jeune homme qui va lui donner en réalité. Alors, il reste là, comme un abrutit à le regarder longuement.

« Ouais, pourquoi pas ! J’aurais sûrement traîné avec mon ami, s’il n’avait pas annulé à la dernière minute, de toutes manières. » « Oh... » Oui, oh, juste pour dire un truc et pas passer pour un idiot, mais en vrai, il est juste en train de passer pour un idiot… alors, il rougit et regarde l’allée derrière lui avant de ramasser ses affaires et de se mettre en route pour sortir de là. Quand on le voit, pataud comme ça, on a du mal à se dire qu’il est un tueur d’élite. Il vit tellement dans son mensonge qu’il a presque réussi à se convaincre qu’il est Joo Ho et plus Myung Jae. Si Myung Jae disparaît alors la Corée du Nord aussi non ? Il aimerait si fort.

« Si on va manger une glace et discuter, autant se présenter ? Non ? » « Oh... » Allez, reprends-toi idiot ! Tu sais parler non ? « Moi, c’est Jang Sun Jae ~ et vous ? » « Joo Ho ! » Il sourit et s’incline vers lui. « Hong Joo Ho... » et il manque de se prendre une colonne qui se trouve dans le hall de sortie avant d’avoir un réflexe de samuraï, faut vraiment qu’il se reprenne.

« C’est vrai que c’est mieux de se présenter avant. » Il rit un peu et passe une main dans ses longs cheveux. En y pensant, ils ont un peu le même genre de coupe. Les siens sont justes plus fournis et plus longs. Mais sinon… Son père aussi avait le même genre de coupe quand il pense. Et lorsqu’il est mort, il se souvient encore de ses cheveux sur son visage.

« Au fait, vous avez quel âge ? Je suis né en 1994, donc, je suis plus vieux que ma tête ne veut bien l’admettre. » « Moi aussi ! » Enfin non, Joo ho est né en 94 mais Myung Dae en 97 et… ça lui fait quelque chose de se dire qu’il a un grand-frère à vrai dire… Qu’il a encore quelqu’un. Alors, il lui sourit et part avec lui vers un café kawai se trouvant juste à côté du cinéma pour demander un grand iced caramel macchiatto. C’est sans doute sa boisson favorite et il pourrait en boire au moins dix par jour s’il s’écoutait. Mais il tente de rester raisonnable. Au moins un peu.

Une fois posé à une table avec leurs boissons/glaces, il lui sourit tendrement et le regarde encore un peu. « Et tu fais quoi dans la vie alors ? Moi je suis professeur de Kendô et cascadeur. » Il est sportif ? Comme leur père pouvait l’être ? Où c’est un intellectuel ? Il a pu garder un recueil de poèmes que leur père avait écrit et qui sont tellement magnifique. Il aimerait les faire publier sous un faux nom, lui donner la gloire qu’il n’a jamais pu avoir. Mais il n’ose pas… Et si on lui demande des preuves pour savoir qui les a écrit ?

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Une glace ? Pourquoi pas ? Sun Jae n’avait rien prévu de précis après le film, de toutes manières. Il pensait garder un peu de temps libre afin de profiter de la compagnie de son ami, qui lui a fait faux bon pour des raisons familiales. Donc, il ne voit aucun inconvénient à traîner un peu avec ce pauvre voisin à qui il a volé le popcorn ! Il lui doit au moins ça, que de remplacer son bien perdu, non ? La réponse de l’inconnu est assez courte, expressive tout en restant relative. Le danseur lui sourit, montrant bien que ce n’est rien de grave. Il ne le disait avec aucune amertume ! Non, il émettait tout simplement un fait. De nouveau, sa réponse se traduit par la même onomatopée. Sunny sourit, se disant que s’il avait été un pokémon, son nom serait sûrement « Oh ». Sa pensée n’est pas méchante, il ne le juge pas non plus. Il s’en amuse tout simplement. « Oh » est-il simplement quelqu’un de timide et réservé ? Pourtant, c’est lui qui a proposé la glace et la discussion. Peut-être qu’il ne s’attendait pas à une réponse si facile et si sociable…

-« Joo Ho ! »

C’est qu’il n’était pas si loin que ça de la vérité avec son nom de pokémon ! Son sourire s’agrandit et il s’incline aussi, content de pouvoir mettre un nom sur ce visage. Loin de se douter du véritable lien qui les unit, Sun Jae ne prête pas attention aux similitudes qu’ils partagent.

-« Hong Joo Ho... »

Entre l’inquiétude, la surprise et l’amusement, il tend les mains vers lui, alors qu’il le voit… éviter la colonne. Ah, ça va alors, pas besoin de le tirer !

-« Tout va bien ? » demanda-t-il en laissant ses mains revenir pendre de chaque côté de son corps, puisque personne ne se prend de colonne, finalement.

Petit incident de rien du tout. Joo Ho a-t-il été si chamboulé par le film ? Ou est-il simplement maladroit ? Sun Jae ne le connaît pas et ce n’est pas en deux coups d’œil qu’il peut prétendre en savoir autant sur quelqu’un.

-« C’est vrai que c’est mieux de se présenter avant. »

Il hoche la tête, gardant cette expression lumineuse scotchée au visage. C’est qu’il a le sourire facile ce jeune homme. Même dans les situations délicates, il a tendance à le garder, chose qu’on lui a souvent reproché. Il est facile à vivre, sociable et assez ouvert, mais il a ce trait … « très Moon », selon son père, de se refermer comme une huître ou de se cacher derrière un sourire. Sa mère fait exactement la même chose et il sait que c’est aussi le cas pour sa tante Jae Hwa et son cousin Woojin… donc, en effet, c’est peut-être un trait de caractère qu’ils partagent dans cette famille.

-« Moi aussi ! »

-« Ah ! Parfait ! » fait-il, presque soulagé par cette réponse. « On peut donc se parler plus familièrement, c’est plus sympa comme ça et ça facilite les liens ! » admet-il avec un sourire sincère.

Il dit pas mal ce qu’il pense, n’y voyant pas d’inconvénients. En moins de deux, ils ont changé d’établissement, se retrouvant dans un café mignon et confortable. Sun Jae ne peut retenir une esquisse amusée en entendant que la glace est devenue un iced caramel macchiato, pour sa part, il commande une banana split. Il aime le mélange des saveurs douces, la fraîcheur de la glace se mariant avec celle, plus subtile, de la banane. Ils trouvent ensuite un endroit tranquille où se poser, Sunny regardant presque avec tendresse son dessert, il relève les yeux vers son interlocuteur lorsqu’il lui pose une question.

-« Et tu fais quoi dans la vie alors ? Moi je suis professeur de Kendô et cascadeur. »

-« Woah ! » fait-il d’abord, impressionné. « Ça doit être stimulant comme boulots ! » commente-t-il joyeusement.

Il prend une bouchée de son banana split, un sourire heureux et empreint de satisfaction s’étirant sur ses lèvres.

-« Moi… je suis étudiant boursier en psychiatrie, leader d’une petite dance crew et serveur dans un salon de thé… La vie d’un étudiant, quoi ! » admet-il en haussant les épaules, riant un peu.

Il a hâte de pouvoir dire qu’il est psychiatre, ne plus travailler au Tranquillitea… Le salon de thé est agréable, il s’entend très bien avec le patron aussi et il continuera sûrement d’y aller après ! Cependant, comme ce n’est pas sa passion, il a hâte de vraiment ne faire que ce qu’il aime. Pour ce qui est de Dual Vibez… ce n’est pas une « petite » dance crew… pas avec ses treize ans d’existence et ses presque 20 millions d’abonnés sur YouTube. Il le sait, mais pour lui, sa reste cette famille qu’il se choisit, ce projet qu’il a lancé sans prétentions et qui lui reste si précieux. Il le voit un peu comme un parent voit son enfant… ça reste son petit bébé.

-« Tu fais quel genre de cascades ? » demanda-t-il, curieux, bien qu’il se doutait qu’il devait beaucoup faire celles liées aux maniements du sabre. « Tu en as fait dans le film qu'on vient de voir ? » ajouta-t-il, se disant que c'était tout à fait possible, non ?