Un vendredi 13 pour un nouveau départ, ironie ? Coïncidence ? Sun Hee se posait sérieusement la question, étant assez superstitieuse, mais elle était tellement heureuse de pouvoir refaire sa vie, de voir cette petite lueur d’espoir qu’elle y fonçait quand même, prenant le train à la première heure, sa valise et son petit sac à dos qui contenait son ordinateur portable et son appareil photo. Il y avait déjà un meuble dans le studio qu’elle avait loué et n’avait pas l’intention de prendre toute sa chambre avec elle. Les mauvais souvenirs restent là ou ils sont.

Busan n’était pas très loin de la capitale coréenne, mais avec le coronavirus, le trajet semblait encore plus long. A chaque passager qui toussait, les autres le regardaient inquiets, tout le monde portait des masques et les gels antiseptiques était sur tous les sièges. Que ça soit Sun Hee ou les autres, personne n’osait toucher à la nourriture du train, personne ne semblait vouloir offrir de l’aide à son prochain et tout le monde devenait de plus en plus distants, comme si l’époque actuelle n’était pas suffisante pour séparer les gens et les rendre plus durs les uns envers l’autres et plus distants !

Alors elle soupira et pris son téléphone (qu’elle avait pris l’habitude de désinfecter à l’alcool deux fois par jour minimum, encore plus si elle sortait dans la rue) pour envoyer un message à son amie d’enfance, lui demandait si ça tenait toujours qu’elles se rencontre à son nouveau studio où si elle avait peur d’un quelconque rapprochement dû au virus.

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Elles se retrouvent à la gare, accolades interdites, bisous interdits, et elles se dirigent vers le fameux studios. Mun Su connaissait les environs et Sun Hee était émerveillée par tout ce qui s’affichait devant elle. Elle avait vu un tas de photos sur Seoul, la moitié étant envoyé par son amie d’enfance, mais le voir en vrai était autre chose.

« C’est magnifique Mun Su-ya ~ ! »

Elle avait déjà fait tout un planning, il n’était que 11h du matin, et elle programmait déjà une sortie en ville juste après qu’elle s’installe et prépare son appartement pour la nuit.

« Quoi de neuf ? » Dit-elle enfin, en changeant de sujet de la beauté de la ville et en se focalisant sur son amie. « J’ai pas encore fait les courses, mais j’ai ramené des nouilles instantanées et du thon, ça ne te dérange pas qu’on mange ça pour aujourd’hui ? »

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( Pando )

La réussite dépend grandement des amis qui nous entourent. Cette phrase ne pourrait être plus vraie. Plus sincère. Alors, certes, je ne possède que très peu d'amis. Mais cette amie-là est la clé de ma réussite et de mon bonheur. Sans elle, je ne serais pas celle que je suis, aujourd'hui. Je lui dois beaucoup, pour ne pas dire tout. Lee Sun Hee. Mon étoile. Mon tout. Ma vie. Ma meilleure amie. Oui, je la considère comme telle. Depuis plusieurs années, maintenant.

J'aimerais tant le lui dire. Ou bien lui écrire. Lui faire le plus beau de tous les textes qu'on puisse faire, une fois dans sa vie, à sa meilleure amie. Mais il y a tellement de choses à dire sur elle que je ne sais même pas par où je pourrais commencer. J'aimerais qu'elle sache qu'elle est la meilleure amie que je n'ai jamais eu. Sans elle, je pense que je ne serais plus là. Imaginer une seule seconde mon avenir, sans elle, m'est en réalité impossible. Elle est celle qui m'a fait croire en l'amitié, celle qui me soutient parmi tant d'autres personnes. Ces dernières étant totalement insignifiantes par rapport à elle. Elle connaît mes histoires et les moindres petits détails de ma vie. On se connaît par coeur. Toujours là l'une pour l'autre. Et ça jusqu'à la fin, on se l'ait promis. Si, un jour, elle vient à tomber, je promets de toujours être là pour la relever, la réconforter, la soutenir. Elle le mérite.

Elle est la seule en qui j'ai une totale confiance. Me confier à elle me permet de me sentir plus légère. Pour avancer, progresser, grandir, j'avais besoin de me confier et elle a été celle qu'il me fallait à tous ces petits moments de ma vie de professeur. Aussi bien, dans les pires moments comme dans les bons. Oui, à mon simple avis, tout le monde souhaiterait une amie comme elle. Parce qu'elle est cette fille qui est tout simplement exceptionnelle. Parce que je sais que lorsque j'irais mal, je pourrais toujours me tourner vers elle. Elle sait trouver les mots justes pour me remonter le moral. Elle ne m'a jamais lâché. Elle a toujours su rester près de moi. Même lorsque ma seule envie était de pleurer, elle a toujours réussi à me faire rire. Car, moi sans elle, c'est tout bonnement impossible.

Je ne pourrais jamais assez la remercier pour tout ce qu'elle a fait pour moi. Pour tous ses conseils. Toutes ses aides. Mais aussi et surtout, pour son écoute continuelle. Elle m'a toujours tenu la main assez fort afin de me donner la force de me relever. Et ce, après toutes mes chutes. Même les plus brutales. Elle, seule, sait à quel point je suis tombée bas. La vie n'est pas toute rose. Mais grâce à elle, la couleur s'en approche. Une amitié comme la nôtre, je n'en ai jamais eu d'aussi forte, d'aussi sincère et incassable. D'aussi semblable. D'aussi incontestable. Mais voilà, je n'arrive jamais à trouver les bons mots pour le lui dire. Elle mériterait pourtant d'entendre un tel discours. J'espère seulement qu'elle s'en doute. Qu'elle le sait. Je l'aime si fort.

- Je suis contente que cela te plaise !

Je lui souris et l'invite à faire comme si elle était chez elle. Nous partageons tout.

- Ne t'en fais pas, c'est très bien !

Je riais doucement. J'appréciais réellement le fait qu'elle se soit déplacée pour me voir. Cela me touchait et me prouvait une nouvelle fois sa sincérité.

- Comment vas-tu ?

J'avais conscience qu'elle m'avait, d'abord, posé la question mais je souhaitais que l'on parle d'elle. Et uniquement d'elle pour commencer.

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( Pando )

Sun Hee connaissait que trop bien son amie. Peut-être pas tous les détails de sa vie, mais elle savait lire en elle. Elle le sentait quand elle était sincèrement heureuse, et elle le sentait aussi quand elle faisait semblait. Et par dessus tout, elle savait qu’elle ignorait ses questions parce-que justement elle ne voulait pas y répondre. Est-ce que Sun Hee allait respecter son choix ? Probablement. Mais ça l’attristait plus que tout au monde qu’elle ne puisse pas vraiment l’aider à aller mieux. De toute façon, même si elle lui racontait tous les détails elle ne pouvait pas vraiment l’aider. Elle ne pouvait rien faire pour elle, elle ne pouvait pas l’aider dans son métier c’était un monde auquel elle n'appartient pas. Elle ne pouvait pas non plus faire en sorte que les gens dehors soient moins monstrueux, et elle pensait sincèrement que tout ce mal-être pour sa Mun Su était dû à ses raisons.

Sun Hee était boxeuse, et elle lui répétait à chaque fois qu’elle n’hésiterait pas à remettre quelqu’un à sa place - et lui enlever une dent ou deux - s’il dépassait les limites avec son amie ou s’il lui faisait du mal. Et elle était vraiment sincère quand elle le disait. Elle connaissait pas mal de gens, elle n’était pas thug mais elle avait un assez bon réseau qui pourrait l’aider même par rapport à la justice.

Cependant, aujourd’hui plus qu’un autre jour, elle ne voulait pas gâcher le moment. Elle était certaine que sa présence faisait du bien à Mun Su, et maintenant qu’elle s’installait à Séoul, elle allait faire en sorte d’être beaucoup plus présente pour elle qu’avant. Sa nouvelle mission ? Lui faire oublier ses misères et la rendre heureuse ne serait-ce que pendant les quelques heures qu’elles passaient ensemble.
« Je vais bien ! » Dit-elle en haussant les épaules et en prenant une bouchée de nouilles. « Mon père sort le mois prochain. » Elle avait sorti ça comme ça. Contrairement à Mun Su, elle lui disait ce qui se passait dans sa vie, elle ne montrait que trop peu ses émotions vis à vis de la chose. Elle sentait le besoin de le dire parce-qu’elle ne savait pas vraiment comment elle allait réagir. Elle est allée le voir deux ou trois fois en prison mais ça reste une personne dont elle n’est pas proche et dont elle a légèrement peur. Il a quand même tué quelqu’un.

Mais elle voulait changer de sujet Sunny. Elle ne voulait pas s’éterniser sur les mauvaises nouvelles et elle ne voulait pas non plus partager son ressenti par rapport à la situation.
« Dis, j’ai pensé à un truc ! » Son enthousiasme était venu de nul part. « Ça te dit un shooting photo avec moi ? Tu es trop jolie, tu ne veux pas faire carrière dans le mannequinat ? » Sunny est comme ça, ses idées lui viennent au fur et à mesure qu’elle parle et ça fait bien trop longtemps qu’elle voulait faire un projet avec sa meilleure amie, pas forcément un projet qui allait lui ramener de l’argent, mais elle voulait vraiment qu’elles fassent quelque chose ensemble.
« Eh ! Ou mieux encore ! Tu sais je me mets aussi à la vidéographie, t’en pense quoi si tu faisais des covers ou un truc du genre et on essayait de tourner un petit clip qui va avec ? Mélanger ton monde et le mien, je suis sûre qu’on pondrait des merveilles ! »
Elle s'excitait toute seule la photographe mais il n’y a rien qu’il lui fasse plus plaisir que d’être productive et créative et le mieux, c’est de partager ses moments avec la meilleure des amies.

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( Pando )

J'avais du mal à cerner les gens, en général. À leur faire confiance. La confiance est un combat de chaque instant que ce soit pour trouver des personnes en qui on peut avoir confiance ou faire confiance à des personnes qui feront de mauvaises choses. Mais faire confiance à son coeur est la chose la plus risquée. À la fin, la seule personne en qui on peut avoir confiance, c'est soi-même. Et je l'ai très bien compris. Voilà pourquoi malgré la présence de trois ou quatre personnes de confiance dans mon quotidien, je m'obstinais à rester seule. J'aimais sincèrement la solitude. Le calme. La routine que pouvait prendre ma vie, jour après jour. Elle avait un côté très rassurant. Je me sentais en sécurité. C'est pourquoi j'avais, aussi, du mal à me confier. Même lorsque je me retrouvais en face de la personne qui me connaissait par cœur. Depuis des années.

- Oh.. Je vois.. commencais-je à dire lorsqu'elle parla de son père. Et... Que va-t-il se passer pour lui, maintenant ?

Je ne sais pas si quelqu'un d'autre l'a remarqué : ce qui sépare les gens, ce sont les mots. Même les petits mots de rien du tout, ça peut produire les pires maux. Il y a des mots blessants, et puis des mots qui tuent. Ainsi l'amour peut commencer sur un signe et finir par un mot, un mot de trop. Peut-être bien qu'on habille la réalité avec des mots parce qu'on a peur de la voir toute nue. Peut-être bien aussi qu'il vaudrait mieux se taire plus souvent. Apprendre à contempler. Rien dire. Rester dans le silence. Mais pas n’importe quel silence ! Il y a toute une gamme de silences : des graves, les aigus, des intenses. Il y a le silence qui cache l’absence et le vide ; il y a le silence parce qu’on n’ose pas ; il y a le silence parce qu’on ne veut rien dire, ou qu’on s’en fiche ; il y a le silence parce qu’on ferme les yeux et qu’on ne veut pas s’occuper de ce qui ne nous regarde pas : tout ça, ce n’est pas des beaux silences. Moi, je parle des silences à étoiles, des silences à deux, avec des signes et des messages et des sculptures de connivence, un silence moelleux et rond comme de la tendresse, et grisant comme de l'amour. Un silence dense, la danse d'un silence.... Les amoureux, par exemple, n’aiment rien tant que le silence. C’est drôle : c’est quand ils ne disent rien qu’ils s’entendent le mieux. On reconnaît l’amour véritable à ce que le silence de l’autre n’est plus un vide à remplir, mais une complicité à respecter.

C'est en suivant cette image que j'ai décidé de garder le silence. Bien entendu, nous ne sommes pas amoureuses elle et moi. Bien que l'on pourrait dire que notre amitié repose sur un coup de foudre. Mais c'est le même principe. Faire comprendre à l'autre, l'essentiel. Le fait de mieux nous entendre. Le fait de mieux nous cerner. Ma façon de transmettre un message, difficile à décrire avec des mots. Tout simplement. Et lorsqu'elle eut fini ses propositions, que je me suis mise à rire, alors, et seulement à ce moment là, je pris de nouveau la parole.

- Je suis loin d'être assez jolie pour faire du mannequinat, Sun Hee ! Je continue de rire. Franchement amusée. Elle a, au moins, le mérite de m'avoir détendue. Quant aux vidéos... Ça me paraît être une bonne idée, oui. Mais encore faudrait-il que... Enfin... Je dois voir ça avec mon agence...

Je lui souris mais je suis mal à l'aise, tout à coup. Comme si nous venions d'aborder un sujet sensible. Et c'est le cas.

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( Pando )

Que va-t-il se passer pour lui maintenant ? Elle n’en a absolument aucune idée Sun Hee. Elle hésite même à aller le voir, à l’inviter à manger ou à lui faire à manger. Certes elle ne le connaissait pas et oui peut-être que c’était un criminel, mais d’après son avocat, d’après les résultats des investigations, ce n’était pas tout à fait de sa faute. Mais l’injustice peut être forte dans ce pays, là où les riches arrivent souvent à leurs fins. De plus, elle était persuadée que son père était quelqu’un de bien au fond, elle était persuadée que si elle avait vécu avec lui, sa vie aurait été bien meilleur qu’avec sa mère et son beau père.
« Je ne sais pas. Tu penses que c’est mal d’aller lui rendre visite maintenant ? » Oui, pourquoi pas après tout ? Elle ne l’a pas fait depuis ses visites avec son frère lorsqu’elle était encore ado et souvent, elle ne parlait pas. Elle regardait juste, lui avait toujours les larmes aux yeux mais elle avait trop de haine en elle à l’époque. Beaucoup trop pour pouvoir lui pardonner parce-qu’elle pensait que c’était de sa faute à lui. C’est drôle d’ailleurs, ce monde dans lequel on vit. Chacun accuse son prochain pour ses propres malheurs…

Et puis, au bout du compte, ce qui était bien avec Mun Su, c’est qu’elle connaissait déjà tous les détails de sa vie. Elle la connaissait tellement qu’elle savait exactement ce qu’elle pensait, le dire à haute voix était juste une manière pour se rassurer elle-même, comme si, dire à haute voix qu’elle voulait pardonner à son père allait lui donner du courage de le faire. Cependant, s’il y avait une chose qui énervait Sun Hee plus que tout, c’était la manière dont sa meilleure amie se critiquait. « Yah ! » Elle n’hésita pas à lui frapper la tête avec ses baguettes. « Loin d’être assez joli ? Tu te fous de ma gueule ?! T’es de loin la plus belle femme que j’ai eu à rencontrer ! Et puis pour les vidéos, on pourrait au moins faire un essai ? Ça pourrait être bien que tu leurs montres directement le résultat pour argumenter. Ça se trouve s’ils voient que c’est bien ils seront plus ouvert pour accepter ? »

Elle était vraiment déterminée Sun Hee. Son amie avait tout pour plaire au grand public, vraiment tout. Elle avait un vrai talent pour le chant et la danse, elle était très belle aussi et elle avait cette aura d’idole, mais elle ne semblait pas s’en rendre compte et son agence non plus d’ailleurs. « Tu veux qu’on teste aujourd’hui ? On commence d’abord par prendre des photos déjà ça fait longtemps que tu n’as pas joué le mannequin pour moi ! » En effet, quand elles étaient plus jeune, Sun Hee s’amusait toujours à prendre des photos de Mun Su à chaque fois qu’elles sortaient ensemble, ça a toujours fait rire Mun Su et elle avait besoin d’une bonne dose de rire.

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( Pando )

Je la regarde et l'écoute me poser cette fameuse question. Je m'y attendais, dans un sens. Je la connais bien maintenant et il était évident qu'elle allait me demader mon avis. Bien qu'elle le connaisse déjà. Je lui souris, bienveillante.

- Mal ? Pourquoi ? Malgré tout ce qui s'est passé, il reste ton père... Alors non, je dirais que c'est plutôt légitime !

Je lui souris. Je comprenais sa position et le fait qu'elle soit un peu perdue. Je le serais aussi, à sa place. Alors je ne pouvais que compatir. Je continue de lui sourire, sans me douter, une seule seconde, de ce qu'elle allait faire dans la foulée. Je grimace assez rapidement d'ailleurs et me tiens la tête.

- Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?

Je fais la moue et la laisse me réprimander. Je soupire et la laisse parler. Décidément, elle ne plaisante pas. Quand elle a quelque chose en tête, elle s'y accroche. Et elle ne supporte toujours pas que je me dénigre. Dans un sens, cela me touchait et ne pouvait que me faire sourire. Même si elle venait d'aborder un sujet sensible. Il fallait d'ailleurs que je lui en parle...

- Sun Hee... écoutes... Je vais quitter mon agence !

J'avais longuement réfléchi à comment lui annoncer une nouvelle pareille. Elle avait un peu l'aspect d'une bombe, celle-ci. Je tente de garder un mini sourire.

- Il est temps, je crois, que je passe à autre chose...

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( Pando )

La nouvelle que venait d’annoncer Mun Su mettait Sunny dans un état … bizarre. D’un côté, Sunny se réjouissait du jour où son amie allait enfin quitter l’agence car il fallait qu’on se le dise, ça se sentait à 3000 kilomètres qu’elle n’était pas épanouie depuis la séparation du groupe. Et d’ailleurs cette agence, ne faisait absolument rien pour garder ses talents, c’était assez toxique comme lieu de travail. D’un autre côté, quitter une agence et dans le cas où elle ne signait rien avec une autre, voulait également dire la fin de la carrière de sa meilleure amie. Certes elle pouvait toujours retenter de nouveaux trucs mais ça allait être de plus en plus difficile dans ce cas.

La photographe n’osait dire aucun mot, ces retrouvailles allaient finalement être riches en nouvelles et émotions. Alors elle mit son assiette à côté avant de se lever pour offrir à son amie le plus tendre des câlins, dans l’espoir de la rassurer. Elle n’osait pas non plus demander plus de détail se doutant qu’elle parlerait d’elle-même lorsqu’elle se sentirait prête. Mais curieuse et inquiète surtout, elle demanda d’une petite voix « Tu veux en parler ? »
On n’était qu’en début d’après-midi, Sunny venait à peine de s’installer dans son nouvel appartement alors que ses valises étaient toujours au pas de la porte. Elle se sentit égoïste de ne pas avoir demandé plutôt de ses nouvelles et de parler directement de ses histoires avec son père ! Son père pouvait attendre alors que son amie… « Viens dans la chambre, je vais ranger et faire le lit pour qu’on se mette à l’aise et tu m’en parles ? »

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( Pando )

Je ne m'attendais pas à un tel silence. Je m'attendais, plutôt, à ce qu'elle me pose des tas de questions ou à ce qu'elle me donne directement son avis. Je ne venais pas de révéler n'importe quelle nouvelle. Je venais très clairement de lui dire que je quittais l'agence pour laquelle j'avais signé des années auparavant. J'ai toujours vécu et travaillé pour eux. Depuis longtemps. C'était bizarre de me dire que tout allait se terminer aussi vite. Mon contrat approchait de son terme et je ne voulais plus le prolonger. Mieux que ça, j'avais peut-être une porte de sortie. Une sortie de secours pouvant me permettre de rebondir. Je ne voulais pas encore lui en parler. Pas vraiment, du moins. Je ne voulais pas me porter malheur en en parlant trop tôt. Après tout, rien ne me garantissait que cette agence allait bel et bien pouvoir me prendre. Rien ne me disait que Mei allait vouloir de moi. Je la respectais beaucoup. En tant qu'idole, bien entendu, au vu de sa carrière incroyable. Mais aussi un immense respect en tant qu'être humain. Elle est une femme absolument adorable. Elle aime et soutient quiconque croise son chemin. Je lui suis reconnaissante d'avoir pris contact avec moi, d'avoir répondu à mes questions et de m'avoir parlé de son plan d'avenir. J'aimerais en faire partie et accepter le futur qu'elle me prévoit. Je donnerais tout pour réussir, cette fois. Mais rien n'est encore fait et je ne voulais pas donner de faux espoirs à ma meilleure amie. Je ne voulais pas vraiment me donner de faux espoirs à moi-même, non plus.

- Ne t'inquiètes pas pour moi. D'accord ? Je lui souris doucement. Beaucoup de choses m'arrivent depuis quelques semaines... Mais je vais bien.

Je voyais bien à travers ses yeux qu'elle s'inquiétait pour moi. Ce n'est pas ce que je voulais. Je souhaitais simplement lui confier mes petites aventures et ce qu'il m'arrivait depuis quelques temps. Je finis par acquiescer lorsqu'elle me propose d'aller nous installer dans sa chambre pour en discuter plus en détails. Je dois la rassurer.

- D'accord, allons-y !

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( Pando )

Ne t’inquiète pas pour moi, ne t’inquiète pas pour moi ! Ô combien cette phrase exaspérait et énervait Sun Hee. Elle avait beau rester calme, elle avait beau canaliser ses émotions mais ! “Ne t’inquiète pas pour moi”, si elle ne s’inquiétait pas pour elle, elle s'inquiétait pour qui dans ce cas ? Le voisin ? C’était réellement l’un des défauts que Sun Hee ne supportait pas dans le caractère de son amie. Elle savait bien qu’elle était forte, à aucun moment elle avait l’impression qu’elle était juste faible ou autre, mais elle avait tendance à se cacher et cacher ses émotions les plus sincères, elle avait tendance à repousser les autres et repousser leur aide et à force, Sun Hee en avait marre. Bien sûr qu’elle s’inquiétait pour elle, elle était prête à tabasser quiconque osant la maltraiter, c’était sa meilleure amie, sa soeur de coeur, la seule personne qui ne l’a jamais jugé, qui l’a écouté râler, crier, pleurer de haine, de nerfs et surtout, celle qui l’a empêché d’en finir avec sa vie. Elle a toujours été ce bout d’espoir que Sun Hee cherchait désespérément. D’un oeil externe et sûrement du point de vue de Mun Su, elle n’aurait pas pu le comprendre, elle n’a jamais su à quel point elle avait aidé Sun Hee à se surpasser chaque jour un peu plus, et par conséquent, elle ne pouvait pas comprendre à quel point elle lui était reconnaissante et à quel point elle serait prête à tout pour elle.

Elle n’était pourtant pas envahissante, loin de là. Elle a toujours su garder ses distances ayant peur de la faire fuir en l'étouffant, mais c’en était trop qu’elle la mette sur un banc de touche. Elle était vexée à force et il fallait que ça s’arrête au bout d’un moment ! « Mun Su ya ! » dit-elle en fermant les yeux et en inspirant profondément pour essayer de ne pas dire une chose qu’elle regrettait. « Tu m’énerves à me répéter de ne pas m’inquiéter, tu sais ?! Bien sûr que je m’inquiète ! Je ne veux pas te ramasser à la cuillère quand ça sera trop tard… » sa dernière phrase était beaucoup plus calme et douce que les premières, c’est vrai, tout ce qu’elle voulait c’était d’éviter la catastrophe, d’éviter d’être présente pour elle une fois que son monde s’écroule comme le jour du tremblement de terre… « Mais bon, je t’écoute… » avait-elle ajouté sereinement enfin, alors qu’elle s’installa sur le lit.

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( Pando )

Je pensais que cette fois-ci, ça passerait encore de sourire et d'assurer que tout allait pour le mieux dans ma vie. Bien que ce ne soit absolument pas vrai. Certains diraient que je mens, mais je ne le vois pas ainsi. Avouer être mal est une faiblesse pour moi et j'ai déjà été bien assez faible par le passé pour continuer à l'être. Je ne peux pas continuer à l'être sinon je serais trop vulnérable. Et qui prendra soin de moi lorsque je m'effondrerais car je n'aurais plus la force de supporter mon quotidien qui me crève de l'intérieur ? Il faut dire que les derniers événements n'ont rien aidé, bien au contraire. Ils ont plutôt compliqués les choses pour moi. Mais encore une fois, et pourtant Sun Hee est là pour m'écouter - je le sais -, je garde tout pour moi et maintiens ce fameux sourire de façade. Mais ce doit être la fois de trop puisqu'elle semble exaspérée par mon comportement. Elle me le fait même vite comprendre et je l'écoute en perdant petit à petit mon sourire. Je suis assez surprise de l'entendre me parler ainsi mais au fond, je savais qu'un jour ça devait finir par arriver. Et lorsqu'elle me dit ne pas vouloir me ramasser à la petite cuillère, mon cœur finit de se briser à l'intérieur de moi. Je la regarde fixement, silencieuse. Pendant de longues, très longues secondes. Je déglutis légèrement et entrouvre les lèvres.

- Je t'assure, je... Mes lèvres se mettent à trembler. Je vais bien... Ma voix s'étouffe. Je...

Je suis figée et des larmes se mettent à couler toutes seules. D'habitude, je me serais cachée. Je me serais empressée d'essuyer mes joues et de rire pour la rassurer. Mais cette fois, je n'en ai pas la force. Je continue de la regarder dans les yeux jusqu'à ce que mes yeux soient trop mouillés et que je doive baisser la tête. Mes larmes coulent de plus en plus et je me mords fortement la lèvre pour éviter de faire le moindre bruit. J'ai si honte de craquer mais je n'arrive pas à me contrôler. Je n'y arrive plus..

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( Pando )

Mun Su n’était pas plus différente que Sun Hee. Elles étaient toutes les deux en quelques sortes cachotières, toutes les deux prenaient le fait de se plaindre ou de craquer comme une faiblesse pourtant aucune des deux ne jugeait l’autre et au contraire, elles se poussaient chacune à extérioriser. A défaut d’être faibles devant les autres, au moins comme ça elles étaient protégées. C’était leur promesse depuis toutes petites, l’une pour l’autre à tout jamais. Et bien que leurs vies avaient évolués de manières complètement différentes, elles restaient toujours soudés, malgré les fautes de temps et la distance, elles se trouvaient toujours le temps de partager un moment de bonheur ou de crise et ce n’est pas maintenant que ça allait changer.

Mais son coeur se brisa. Chaque seconde qui passait elle sentait la douleur de Mun Su comme si c’était la sienne. La photographe était prise d’une sensation qu’elle ne connaissait que trop bien, de la peur, l’impression d’être soudainement en hypoglycémie, ressentir une sorte de tachycardie alors qu’on est assis sans efforts et sans problème cardiaque. C’était une sensation des plus désagréables qu’elle connaissait et elle tremblait à son tour en voyant les larmes qui coulaient sur le beau visage de sa meilleure amie. « Non non pleure pas mon dieu. » Ne put s’empêcher de dire. Elle se leva cette fois en se jetant d’un coup sur sa meilleure amie, la prenant si fort dans ses bras. Elle n’imaginait pas toute la pression et toutes les mauvaises choses qu’elle a dû subir pendant toute son absence et malheur aux personnes émotives comme Sun Hee, elle ne put s’empêcher de pleurer à son tour, pleurer de voir son amie pleurer, pleurer de toute les misères qu’elles ont eu, pleurer à cause de leur vies qui n’avaient pas l’impression de s’arranger malgré toutes ces années…

Elle prit son courage et se redressa, après tout, ce n’était pas un enterrement ici. Elle se devait d’être forte pour Mun Su, si elle craquait aussi, il n’y aurait personne pour les ramasser à la cuillère et ce n’était pas une option à envisager. Toutefois, elle rit en se regardant dans le miroir à l’opposée de son lit. « Regarde dans quel état nous sommes. Ridicules. » Et non ce n’était pas un jugement. Finalement, il fallait plutôt rire de ses malheurs qu’en pleurer, et c’était surtout pour dire que c’était Sun Hee la plus ridicule des deux, pleurer ainsi, aussi facilement. Mais elle vit Mun Su sourire et ça a suffit pour lui redonner de la force.

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( Pando )

Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour si peu, finalement. Car oui, c'était peu de choses, au final. Je me devais de quitter mon agence pour espérer mieux ailleurs. Dans un sens, c'était quelque chose de positif. Je me devais de me le répéter pour ne pas sombrer. J'essayais de mettre de côté tout ce que j'avais pu ressentir ces derniers mois pour ne penser qu'à mon avenir. Mais face à Sun Hee, mon plan a lâchement foiré. Je crois que c'est la faute au surplus. Un surplus d'émotions. Un surplus d'événements. Et je finis tout bonnement par craquer et par pleurer devant ma plus fidèle amie. Je déteste me montrer faible. Habituellement, je ne pleure devant personne. Elle le sait. Elle me connait depuis le temps. Elle doit donc comprendre que ce que je vis depuis quelques temps, maintenant, ce n'est pas anodin. C'est très certainement pour cette raison qu'elle se met à pleurer dans mes bras. Etrangement, cela me réconforte. C'est comme si elle partageait ma peine. Comme si elle me prenait un peu de tristesse grâce à cette douce et sincère étreinte qu'elle m'offrait. Et quand elle s'écarta de moi pour plaisanter, je ne pus m'empêcher de sourire tout en essuyant les quelques larmes restantes aux bords de mes yeux. Il était temps de se reprendre !

- C'est ma faute, c'est moi qui ais commencé... Dis-je, avant de me laisser tomber et de me coucher sur son lit pour fixer son plafond. Je déteste ça mais ça m'a fait du bien ce petit craquage. J'avais l'impression d'être sur le point d'exploser, mais ça va beaucoup mieux désormais.. Merci, Sun Hee.

Je souris timidement en la regardant avant de fixer de nouveau son plafond. Je ne peux pas me permettre de pleurer devant elle sans rien lui expliquer. Mais je ne savais pas vraiment par où je pouvais bien commencer.

- Il s'est passé tellement de choses... La dissolution de mon groupe est l'élément déclencheur, je crois. A moins que ce soit... Ma peine de coeur...

Je soupire longuement et ferme les yeux. Et voilà, c'est sorti. Je lui parle enfin de cet homme qui m'a brisé le coeur... Jusqu'à maintenant, elle n'en a jamais rien su. Il faut dire que je me confie que très rarement. Je préfère écouter plutôt que de parler.

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( Pando )