ft. Hana & Yoam
Arnaquer des crétins sur le net, ça lui était venu tout naturellement, si ses idiots – plus souvent qu’autrement moches assurément vaguement satisfaits par leur seul contact intime disponible, leur propre main, avaient tendance à gober chacun de ses mensonges, la moindre de ses demandes, et il lui suffisait souvent de dévoiler un peu de peau – pas toujours la sienne, elle avait un répertoire de fausses identités plus que solide – pour les convaincre d’engraisser son compte en banque en contrepartie de son amour éternel… La belle connerie! Le hic, pourtant, avec ce genre d’activités illicites, c’est que ça prend du temps. Elle devait les chauffer, ces minables, les faire lentement succomber à son charme, avant de passer ‘’GO’’ et d’encaisser la récompense… Sauf qu’à force d’user du même stratagème depuis des années, quoi qu’il lui permette de conserver un statut social fort enviable, devenait graduellement plus barbant. L’excitation des débuts, cette adrénaline à l’idée d’usurper un con, de le torturer psychologiquement pour obtenir ce qu’elle désirait, cette certitude que le débile, de l’autre côté de l’écran, était plus pathétique qu’elle… comme tout le reste, comme chaque sentiment qu’avait pu vaguement anticiper la coréenne, elle s’était estomper. Elle avait besoin de plus, d’émotions plus brute, plus violente, pour remplir le vide cuisant en son poitrail, pour se sentir vivante. Ce fut donc un cadeau du ciel, pour son ennui mortel, que de rencontrer Yoam quelques mois plus tôt. Ce spécimen d’homme – ou de monstre, selon les versions – avait immédiatement capté son intérêt, eux deux, ils étaient de la même trempes, le genre à aimer faire le mal, ne serait-ce que pour se divertir.
Chez cet homme, elle avait trouvé un partenaire intéressant, un coach de vie peu recommandable, un complice dans les arnaques auxquelles elle s’adonnait. Avec des muscles comme les siens, elle pouvait se permettre de pousser le jeu plus loin, de flirter avec des abrutis en personne, de les observer avec amusement se démener pour ne serait-ce que la toucher, elle, inatteignable bloc de glace. Et puis, si ça tournait au vinaigre, il n’avait qu’à intervenir… contre cinquante pourcent des profits. En vrai, elle ne faisait pas tout ça pour l’argent, Hana, elle avait d’abord et avant tout besoin de ressentir quelque chose, n’importe quoi, pour meubler son existence… Alors d’avoir trouvé un partenaire de jeu était une grande bénédiction pour elle. Et ce soir, ils allaient hausser d’un cran leur terrain de chasse. Après tout, ça faisait quoi, cinq mois qu’ils s’adonnaient à pareille pratique dans des bars minables? Des pratiques, des diversions, qui les avaient amenés à ce soir-là. Couverte de la plus aguichante mais socialement acceptable des robes crèmes, Hana attendant sagement, dans le lobby de cet hôtel huppé, qu’arrive sa ‘’Date’’ du soir. Elle lui avait même fait faire – à ses frais – un habit hors de prix pour qu’il se fonde d’avantage à cette masse de corps, qu’il ne fasse pas tâche ici. Ce soir, elle aurait un gros poisson, le plan étant de séduire un riche connard, de le suivre jusqu’à sa chambre … et de lui voler tout ce qu’il avait sans qu’il n’ait eu la chance de poser ses mains de porc sur elle. Impatiente, elle avait commencé à narguer le sol de son talon aiguille, en attendant – enfin, l’arrivée de Yoam, les yeux rivés sur l’entré. Il en mettait du temps! Que pouvait-il donc avoir de mieux à faire hein? Elle s’était fringuée comme la plus belle pièce de viande du buffet, littéralement baisable, alors pourquoi il tardait avant de venir l’aider et lui donner son avis assurément approbateur sur son beau p’tit cul?
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