Just a dream ?

ft. Zero

~ Certains mots, comme orgie, ne font tout simplement pas parti du vocabulaire de l’agent de probation, alors lorsque son visiteur mentionna avoir déjà eu cinq mecs dans la même journée, il se dit tout bonnement qu’il doit faire une quelconque forme de sport d’équipe. Il ne cherche pas plus loin. Et puis, ses quelques neurones encore en état sont plutôt occupés pour le moment. C’est que cette rencontre le trouble, et même s’il l’a provoqué, il en est tout retourné. Ça fait tellement étrange de n’avoir aucun souvenirs de l’homme qu’il a ramené chez lui, de ne savoir ni vraiment comment ils étaient ensemble, par le passé, ni comment ils s’étaient rencontrés. Il ne connait son nom que par sa mère et son visage par ses cauchemars. Il n’a rien de tangible qui explique la connexion instantanée qui le lie au plus jeune et pourtant, elle est là, brute, elle le prend aux tripes et il est bien incapable de s’en détacher. Il regarde Maximus couvrir le nouveau venu de baiser, le lécher incontrôlable ment pour exprimer sa joie, et il se dit qu’il est bien chanceux, son chien. Le besoin cuisant qu’il a, de se coller sur Zéro, de le serrer si fort qu’il ne lui échappera plus, il ne se l’explique pas en réalité. Il a juste cette drôle d’impression d’avoir enfin trouvé cette chose qu’il poursuit depuis ses années. Parce que lorsqu’il l’a tenu contre lui, il n’as pas eu peu, il s’en senti entier… et ce baiser, il ne le voit même pas comme une quelconque forme d’envie, de désir non, c’est pire que ça, c’est viscérale, c’est un besoin primaire de fusionner, de le retrouver, enfin, totalement… juste, de valider qu’il existe. Dans son excitation, et pour tenter de détourner l’attention de l’acteur de son pitoyable appartement, il le bombarde de faits divers sur sa vie bordélique, incohérente, ne s’arrêtant avec un sourire navré que lorsque Zéro se mit à le bombarder de question. Oups. « Ah! J’avoue que dit comme ça… Je suis agent de probation, tu sais, pour les gens qui sortent de prison? Moi j’ai les homicides, personne n’en voulait et c’est pas juste pour eux…. mais je fais aussi maison d’accueil pour sans-abris. Alors c’est souvent des drogués… » Il avait bombé le torse en avouant ça, super fier de son job. C’est qu’il donnait une deuxième chance aux gens Noah, il aidait… ça venait de son âme, ce besoin de sauver la veuve, l’orphelin, et le tueur.

Par contre, il demeura un peu plus interdit quand on parle de drogue. « De la drogue? » Il avait envie d’être franc…mais ses sept années de dépendance, il n’en est pas fier. Il en a même plutôt honte, en fait, alors il opte pour la réponse prudente, craintif à l’idée que Zéro, il ne le renie s’il en sait trop tout de suite… « Non. J’en prends pas. » pas totalement faux, il n’en prenait plus en ce moment… pas depuis 3 ans. Passant une main dans ses cheveux sombres, alors que son cadet le questionnait à nouveau, il a un petit rire amusé, avant de lever les mains en signe de paix, en le dirigeant au salon. « Désolé. J’ai tendance à donner beaucoup d’information. Alors Eun Mi, ma colocataire – pas ma meuf, elle est enceinte. On sait pas qui est le père, mais tu sais… les mères célibataires ici… c’est pas facile. Alors j’vais l’adopter, je vais être papa! » Encore une fois, ce sourire à damner un saint. Il est très excité pour le bébé, Noah, et il compte bien l’élever comme le sien. Une idée un peu conne quand on y pense, surtout avec Riley… mais Noah, il en réfléchit pas souvent avant d’agir. Comme d’avoir trainé Zéro ici, ou de l’avoir laissé une fois de plus prendre possession de ses lèvres. Le pire, c’est sans doute que ce n’est même pas étrange, que sa main glisse sur sa joue et qu’il laisse l’instant se prolonger. Encore et encore, pris par une envie débile qu’il ne s’arrête jamais. Parce que comme ça, il le sent, il est là… Il se sent chez lui. Comme un gamin privé de contact humain trop longtemps, il prend ce qu’il peut et il est gourmand. Raison pour laquelle il n’est pas celui qui se recule, et même, il demeure immobile un long moment après … si jamais l’envie prenait à son patient de recommander? « Tu me raconteras? C’est pas juste si tu gardes tout pour toi. » Leur passé, leurs secrets. En fait, si ça concerne Zéro, il veut tout savoir!

… Y compris pourquoi il déteste visiblement son appartement. Et qu’il lui propose de venir le squatter. Il rit, un peu gêné, et propose, avec humour. « T’haïs vraiment mon appartement à ce point? Ou alors tu me demandes en mariage? … Non parce que j’ai toujours pas divorcé de mon ex. » Pas faux. Encore une histoire pour traumatiser Zéro… alors qu’il était assez sympa pour l’aider dans sa recherche d’appartement! Tout excité, il fini sa corvée d’infirmier et sourit, vraiment motivé du coup. « C’est vrai? Est-ce qu’ils acceptent les pigeons? » … Les pigeons? Et c’est à cet instant que son oiseau décida de se promener sur le sol du salon en observant autour de lui. Ah oui, Chico, son pigeon manchot. Qu’il ignora pour se concentrer sur plus urgent, Zéro, qui disait qu’il ne partirait plus…« Un tournage? De qu------------- Oh. Oh. J’ai vu tes films … en te cherchant sur le net. » Et le voilà qui rougit furieusement, gêné à la simple idée. Il est assez prude, Noah, sachant que se faire toucher le terrorise. Pourtant, il ne met pas deux secondes à accepter l’invitation. Timidement, sa main attrape celle de son cadet – la non blessée – et il la serre dans la sienne, comme si, s’il arrêtait de le toucher, il pouvait disparaitre pour toujours. Il fixe le sol, un peu gêné de demander, mais il ose, quand même. « Ok… est-ce qu’on peut manger chez toi? » Il l’a bien invité non? Ses iris sombres remontent sur le visage du plus petit des deux, et pourtant, probablement, le plus fort, et il demande, avec un sourire auquel on ne peut rien refuser. « On vient de se retrouver et… j’voudrais qu’on soit… que tous les deux un peu? » Avec Max … vu comment le petit chien suit Zéro comme son ombre depuis qu’il est arrivé. Faut dire qu’il copie pas mal Noah, parce que cette main, il n’est pas prêt de la libérer. Plus jamais.

Just a dream ?

ft. Noah

~ Trop d’informations pour un petit cerveau comme le sien. Zero, il n’avait pas de diplôme, et il avait passé plus de temps dehors qu’à l'intérieur de l’école. Trop perturbé. Trop perturbant. Surtout trop dyslexique. Une incapacité à se concentrer qui lui avait valu bon nombre d’exclusion. Alors quand Noah lui lâchait des bribes de sa vie au hasard, il n’était pas très doué pour les remettre dans l’ordre. Agent de probation. Il connaissait le mot, il était simplement incapable de l’écrire.  « Et c’est pas dangereux ? » Parce que les homicides, c’était pas du trafic de lait en poudre. Les sourcils froncés, l’instinct protecteur aux aguets. Il ne voyait pas d’un très bon œil la venue de sans-abris dans son appartement. Mais est-ce qu’il avait son mot à dire ? Absolument. Jusqu’à aujourd’hui, il ne savait même pas qu’ils vivaient dans la même ville. Alors il n’avait pas à se mêler de la vie qu’il s’était construit. Pourtant..  « Peut-être que tu devrais fermer la crèche maintenant ? » Parce que les types en manque...Ils pouvaient devenir agressifs. Zero, il avait toujours refusé de toucher à cette merde. Il se suffisait de l’alcool. Et puis sa drogue favorite, c’était bien le sexe.

Et cette histoire de poison, il avait envie de la mettre au claire avec le plus âgé. Parce qu’il était prêt à lui mettre un bon coup de pied au cul s’il avait osé s’enfiler de la poudre dans le nez. Ou bien pire...  « Ok... C’est cool. » Il lui offrait un sourire, presque rassuré. Noah, il était la cible idéale pour ces conneries. Avec son enfance merdique et son père qui méritait de crever pour avoir osé le toucher. Mais il était fort ce frère sur lequel il avait compté en étant gosse. Il n’avait aucune raison de douter de lui. Le bébé se rajoutait à la liste des incompréhensions. Et malgré les explications, il n’était pas certain de bien le suivre.  « Papa ? Tu vas adopter un gosse ?  » C’était louable certes, mais pas forcément l’idée du siècle. Face à son enthousiasme, il était faible l’acteur, alors il ne pouvait que sourire. Gardant ses commentaires désobligeants, mais réalistes pour plus tard. Est-ce qu’il avait idée de ce que c’était d’élever un enfant ? Quand on ne menait pas une vie stable. Non... Il avait oublié Noah. Et il avait de la chance. Chaque cicatrice lui rappelait les tortures qu’il avait subi. Il n’avait aucune envie de les prononcer à voix haute. Des enfants battus, il y en avait des tonnes. Pas de quoi en faire toute une histoire.  « Plus tard peut être ? » Ou jamais. Jamais. C’était bien.

Comment est-ce qu’il pouvait lui lâcher autant de bombes en si peu de temps.  « T’es marié ? » Un concept qu’il n’avait jamais réussi à comprendre. Lui incapable de se lier. S’il devait passer le restant de sa vie avec quelqu’un. C’était bien Dae Suk.  « C’est juste que je le trouve pas très sûr... J’imagine que tu mérites mieux même si ça te suffit... » Parce qu’il n’avait pas l’air difficile Noah. Alors il pouvait bien lui faire une place dans son salon non ?  « Les pi... les pi... hein ? » Les pigeons ? Est-ce qu’il avait bien entendu ? Zero, il en avait déjà assez des emmerdes. Mais est-ce qu’il pouvait refuser ? Il se levait du canapé en voyant l’oiseau, pas tellement rassuré.  « Merde c’est quoi ça ? » Et il posait un regard moralisateur sur le plus âgé. Si on lui avait dit qu’un jour il jouerait le rôle de l’adulte responsable, il n’y aurait jamais cru.

Ok. Il avait besoin de temps pour digérer les informations. Et il allait en avoir avec ce tournage qui tombait au bon moment.  « Pourquoi tu fais cette tête ? T’avais jamais vu de porno avant ? » Il n’avait jamais eu honte de ce qu’il faisait. Ni de qui il était. Ce boulot, il l’assumait avec un peu trop de fierté. Il n’y avait rien de honteux. C’était naturel non ? D’être filmé en faisant l’amour ? Pas tellement.  Marché conclu. Je vais te montrer à quoi ressemble un vrai appart quand on est une star du X ! » Il pouvait remercier les japonais pour leur appétit en ce qui concernait le sexe. Le regard posé sur le chien, il soupirait, capitulant face à ses yeux doux.  « Aller prends le chien on y va.»

Just a dream ?

ft. Zero

~ Il pouvait comprendre, Noah, que les gens ne comprennent pas l’importance qu’il accordait aux plus démunis, son besoin pathologique de sauver les gens qui ont eu une vie difficile, mais pour lui, c’était un peu comme offrir la chance qu’il aurait aimé recevoir, une façon détournée de combler le vide cuisant qui emplissait son poitrail, c’est que des contacts humains, il en avait toujours manqué, à chaque putain de seconde, et il n’était même pas capable d’en demander sans ressentir une panique cuisante, débilitante… Alors aider son prochain, c’était encré en lui, dans ses cellules, comme s’il était programmé pour adopter tout ce qui était minimalement brisé… « Bin… un peu. Mais tu sais… ils ont nulle part où aller sinon… Et puis, tout le monde mérite qu’on leur tende la main tu sais. Même eux qui font des conneries. » Comme lui, comme cette addiction passée qu’il avait visiblement décidé de lui cacher… pour l’instant. Ces blessures-là, elles étaient trop vives, trop honteuses, pour des retrouvailles. S’il y a une chose qui fait cruellement défaut à l’agent de probation, c’est bien sa capacité à lire les situations. Il est trop prompt, trop franc, et alors, quand son visiteur le questionne sur sa prochaine paternité, sur cette adoption qu’il compte faire pour sauver à Eun Mi l’humiliation d’une vie de mère célibataire en Corée, il ne remarque nullement son inquiétude. Non, plutôt, c’est un sourire radieux qui éclaire ses traits, une quasi-euphorie, alors qu’il s’emporte, vibre de joie et se met à parler très vite, avec un bonheur palpable. Un peu comme un chiot devant un nouveau jouet, adorateur, envieux! « Mais oui! J’ai même la dernière échographie ! Ça va être une petite fille, et on a entendu son cœur battre! J’ai trop hâte! C’est un peu pour ça qu’on déménage en vrai… j’peux pas faire n’importe quoi avec un bébé… faut un bon environnement. Non? »

Il pince les lèvres, observe son cadet en passant une main dans sa tignasse en bataille. C’était important pour lui, de donner à cet enfant une vie saine, une maison sécuritaire. Il ignorait d’où lui venaient toutes les cassures de son âme, ses souvenirs cauchemardesques qui lui tordaient les tripes, mais il se doutait, sans oser l’avouer que ça avait un lien avec ces huit années qu’il avait oublié. Avec ce qu’il avait vécu en Corée, avec cette partie de son histoire que le jeune homme dans son salon semblait connaître… et ne pas vouloir lui raconter. Enfin, pas maintenant. Parce qu’il comptait bien l’apprendre, Noah. « Tu promets? » De lui dire, pourquoi près de trente ans plus tard, il était encore obsédé par son visage… pourquoi avec lui, c’était si facile, de tout confier, de tout avouer… Y compris son mariage raté. « Sur papier. Disons que j’ai merdé sur ce coup-là … et qu’on est plus vraiment ensemble depuis genre… dix ans? » Petit rire nerveux, c’était vraiment con, dit à voix haute. C’est qu’il avait cette étrange sensation d’être arrivé à la maison, d’être à sa place, quand il était contre Zéro. Toutes ses bêtises, il voulait les lui confier, il voulait rattraper toutes ses années sans le voir, le coréen, il mettait un tel baume sur son cœur que l’agent de probation avait envie de le dévorer, de le serrer à l’étouffer… c’était une étrange, parce que c’était pratiquement viscérale, ça le prenait au ventre, avec une force paralysante. Que son pigeons, qui surgit et visiblement, terrorise Zéro, gâche un peu. « Les pigeons! Et c’est pas un ça, c’est Chico, mon premier fils. » Il lui pointe la créature à plume, qui s’agite au milieu du salon, avec la fierté d’un père de famille. « T’as vu comme il est mignon? Il peut plus voler le pauvre, alors j’lui ai construit des rampes partout pour qu’il ait aux fenêtres ici. Il aime bien. Il est mignon tu trouves pas? »

… Oui, il a un soucis sur l’adoption d’animaux. Et aussi, un peu, avec la sexualité. Il rougit furieusement lorsque son visiteur lui parle de son boulot, et lui demande s’il a vu des pornos. « … Non. » Sincère, timide, faut dire que ce genre d’acte, ça le terrorise un peu trop. Il a du mal à s’imaginer franchir ce cap là sans confiance, alors sur vidéo, ça ne l’excite pas vraiment, pas du tout, ça le plonge dans un enfer de crainte. « Enfin, je juges pas ou rien, parait que t’es doué selon wikipedia… mais… je sais pas, le sexe en général, ça m’allume pas. J’aime pas qu’on me touche, je sais pas pourquoi. » Il regarde le sol, honteux, il sait bien qu’il n’est pas normal. Alors il s’active à passer la laisse à son chien, dans un « Ok. Je te suis. Allez viens max! T’es invité aussi! » en dirigeant le petit groupe vers la porte, en route vers l’appartement de l’acteur. Puis, d’une petite voix, il demande, pour lui faire bien comprendre qu’il ne le juge pas juste… C’est pas pour lui. « Dis… comment t’as découvert ce boulot-là? C’est pas très conventionnel… non? » Ils sortent, se dirigent vers sa bagnole, il s’arrête. Puis, d’une petite voix, il ose. « Hey… Zéro? » La réponse, elle lui ferait presque peur. « Est-ce que tu m’en veux…. J’veux dire… de pas me souvenir… ? »