Ami de mon âme.
Pour toi, je prendrai le blâme.
Ami de mon enfance.
Pour toi, je passerai à la potence.
Ami de mon existence.
Pour toi, je me ferai violence.
Ami de toujours.
Pour toi, je serai amour.
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Roule ∞Le vent s’engouffrait dans ma veste et faisait involontairement frissonner ma peau. Le regard fixé sur la route, je roulai à vive allure sur ma moto, une magnifique hyosung gv 125 noire. L’esprit confus ou hagard, je n’aurai su trop dire. À chaque fois que les souvenirs de ce visage aux traits fins, de cette chevelure d’une blondeur méconnue apparaissaient, mon attention avait beaucoup de mal, à rester fixer sur le chemin. C’était dans ses moments-là que mon hypermnésie, m’apparaissait comme la pire des malédictions. Rares étaient les personnes au courant de cette situation. Cette capacité particulière, faisait de moi un être étrange et à bien des égards un monstre en quelque sorte. Eun Ae m’avait toujours dit que cette bizarrerie m’aiderait sans doute, mais à présent, seuls les souvenirs éprouvants taraudaient mon esprit. Je tournais en direction d’une voie plus étroite, quittant ainsi la route principale.
Marche ∞Je retirai mon casque et descendais de la moto. Au loin, le soleil commençait déjà à sombrer, mais la nuit ne tomberait pas avant au moins une heure. Je marchais en direction du rocher, où nous allions souvent. C’était un coin peu fréquenté, tout autant agréable pour parler, traîner. On pouvait se laisser aller, oublier ne serait ce que l’espace d’un instant qui nous étions. Goûter de nouveau à l’innocence des jours enfantins que nous avions connus. Puis, enfin, nous revêtirons à nouveau le manteau de notre destinée. Je songeais, tout en marchant, à ce que je devrai faire concernant la jeune femme. Je ne pouvais pas simplement en rester là. Oublier m’était impossible, je n’avais pas le droit d’effacer ma mémoire. Je n’étais pas une cassette qu’on pouvait reset, par un simple claquement de doigts.
Pose ∞Les rayons du soleil caressaient ma peau de façon agréable, alors je me posais, prenant appuie sur la roche, pour contempler la ville en contrebas. J’étais sans doute en avance, ce qui m’arrivait souvent, ou alors Soo Bin était en retard. Quoiqu’il en soit, cela n’avait aucune importance. J’aurai pu rester des heures, là, assis, à regarder l’agitation d’un monde qui semblait, se détacher de ce que j’étais. Soo Bin et moi, étions deux êtres si semblables et à la fois emplis de tant de différences. Il était mon ami le plus proche et était comme un frère à mes yeux. Quand j’avais parlé de mon meilleur ami à grand-père Kim, il avait su trouver les mots justes, pour définir la manière si particulière qu’il prenait place dans ma vie :
« Mon meilleur ami est celui auprès de qui ma pensée se réfugie et s'abrite. »