[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Si Jun Ho n’avait plus relevé, il avait compris les remerciements de la jeune femme et s’était alors contenté de lui sourire légèrement en guise de réponse. Elle pouvait l’appeler quand elle voulait qu’il accourait pour l’aider sans hésiter. C’était normal de douter avec tous les mensonges qu’il lui avait lancé et aussi son départ silencieux à l’époque… Pourtant, il aimait Chul Hei ; il était le plus précieux bijou qui avait pu apparaître dans son existence. Il n’aurait jamais pu rester là sans rien faire et c’était la raison pour laquelle malgré les distances qu’il s’était instauré ces dernières années, il n’avait pas hésité non plus à les amener à son appartement. Il n’y avait pas d’endroit plus sûr que son logement puisque personne dans la mafia n’avait vent de son existence, lui-même s’assurant de jongler entre les hôtels pour ne pas se faire repérer. C’était pour leur protection avant tout… S’il s’était éloigné d’eux, ce n’était pas parce qu’il ne les voulait pas dans sa vie ou parce qu’il n’avait aucune importance dans son cœur mais bel et bien pour les protéger du danger qu’il pourrait leur causer. Il était donc hors de question qu’il les laisse s’en aller tout en ayant conscience du mal qui rodait autour d’eux en ce moment précis… Pour Tiffany, pour son fils, il mettrait sa vie en péril s’il le fallait et ça, il n’y avait aucun doute à avoir là-dessus. Il avait sacrifié son bonheur pour leur sécurité, c’était à ce point qu’il les aimait et si c’était à refaire, il le referait sans hésiter.

Le sourire aux lèvres, il l’avait remercié à son tour puisqu’elle semblait comprendre sa situation et il s’était échappé ensuite dans la cuisine pour leur préparer le repas. C’était étrange de se retrouver ainsi tous les trois après toutes ces années, ça lui tordait le cœur autant que d’une certaine façon, ça lui donnait envie de pleurer. C’était comme être dans un rêve et ne jamais vouloir se réveiller car il s’agissait de tout ce qu’on avait toujours désiré. Certes, s’il devait choisir, il aurait préféré qu’on ne touche jamais son fils et qu’il n’ait pas à partager un tel moment avec eux néanmoins maintenant que c’était fait, il s’apercevait à quel point ça lui manquait. Tiffany était une femme formidable et si on lui demandait ce qu’il souhaitait le plus, c’était certainement de pouvoir changer le cour des choses afin de fonder cette famille qu’il avait toujours voulu. Un nouveau soupir avait traversé sa bouche tandis qu’il finissait de préparer à manger, retournant dans le salon ensuite. Ses yeux ne les quittait jamais du regard, triste et soulagé en même temps tandis qu’ils discutaient. « Je viens de te le dire. Vous n’êtes pas en sécurité ailleurs. » Reprit posément le mafieux « Et vous ne me dérangez pas. » Vraiment pas. « Restez ici. » Il insisterait autant de fois que nécessaire pour la convaincre… Comme il le lui avait déjà rétorqué l’autre fois, il ne fallait pas prendre la mafia à la légère, ils étaient bien plus doués que ce que la jeune femme pouvait imaginer. Chul Hei avait été kidnappé et si elle pensait que ces hommes en resteraient là, c’était se tromper. Ils s’en prendraient à leur fils autant qu’à elle et oui, une seule erreur pouvait leur coûter la vie… Il était parti pour eux mais c’était l’évidence même que s’ils étaient en danger, il ne leur tournerait pas le dos une nouvelle fois.

Qu’elle insiste pour le faire manger ne l’étonna pas non plus et là encore, Jun Ho s’était contenté de lui sourire. Il n’eut de toute façon le temps de dire grand-chose d’autres puisque la fleuriste avait remarqué sa blessure et il en avait profité pour s’éclipser. A ses yeux, ce n’était vraiment rien… Les cicatrices qui dessinaient son corps prouvaient ô combien on lui avait mené la vie dure, ô combien il semblait habituer à être attaqué de la sorte alors non, ce n’était pas un coup de couteau qui allait le faire flancher. Lorsque la porte s’ouvrit subitement, le jeune homme avait machinalement sursauté avant d’arrondir ses pupilles sous la surprise… Il n’avait rien contre le fait d’être vu torse nu, c’était plus le malaise qu’il éprouvait à l’idée de montrer toutes ses marques présentes sur sa peau. Tiffany les avait déjà vu, une fois, cependant lui-même n’était pas dans son état normal ce soir-là ; s’il avait été sobre, sûrement qu’il ne se serait jamais déshabillé de la sorte. Il n’avait pas honte de ses cicatrices seulement elle en révélait beaucoup sur la manière dont il vivait sa vie et jamais, il n’avait voulu la mêler à tout ça… Ses prunelles rivés en sa direction, il pouvait clairement discerner l’inquiétude et la culpabilité dans le regard de la jeune femme, ce qui compressa son cœur un peu plus. S’il n’avait pas souhaité lui parler de ses blessures, c’était principalement pour éviter une telle situation mais c’était trop tard à présent.

« Je ne suis pas doué, que veux-tu ? » Avait-il toutefois enchéri à ses propos, une voix légèrement taquine… Chul Hei était là lui aussi et ça le tourmentait de le voir dans la même pièce alors qu’il était dans cet état. Ce n’était clairement pas pour un enfant de son âge cependant Tiffany semblait savoir comment faire pour alléger une telle situation et il lui en était reconnaissant. « Evidemment. » Non, il n’était pas magique son désinfectant cependant il avait largement de quoi se soigner et s’assurer que sa plaie ne s’aggrave pas. Une esquisse amusée avait naturellement accompagné ses dires alors qu’il s’installait sur les toilettes… Ce serait certainement plus confortable et plus facile dans une telle position. Hors, ce qui l’étonna de plus bel, faisant manquer un battement à son cœur, c’était la main de son fils qui était venu se glisser dans la sienne. Son regard s’était posé sur lui, un doux sourire orna ses lèvres tandis que lui-même n’avait pas résisté à renforcer l’étreinte entre leurs phalanges. Si on lui en avait donné l’autorisation, il aurait voulu pleurer en cet instant ; il avait l’impression qu’on lui plantait des centaines d’épines en pleine poitrine parce que c’était lui donner ce qu’il n’aurait en vérité jamais. Ce n’était qu’un rêve éphémère et tôt ou tard, il n’aurait pas d’autres choix de revenir à la réalité.

S’il n’avait pas effacé ce fin éclat qui étirait ses traits, ses yeux avaient changé leur direction pour s’égarer sur ses doigts qui s’attelaient à le soigner. Il n’y avait pas prêté attention jusqu’à présent cependant maintenant qu’il l’observait, il pouvait clairement repéré les blessures sur les mains de la fleuriste. Une lueur inquiète brilla dans ses iris alors qu’il n’attendit pas une seconde de plus pour l’arrêter et se saisir de celle qui le soignait. « Pourquoi tu fais toujours passer les autres avant toi-même ? » L’avait-il interrogé, ses tracas s’entendant assurément dans le ton de sa voix. Son regard se détourna sur son fils à qui il sourit chaleureusement, serrant sa petite main entre les deux siennes tandis qu’il s’apprêtait à lui parler. « Maman a aussi quelques bobos alors je vais m’en occuper mais pour ça, j’ai besoin de toi. Tu veux bien m’aider ? » Si cela n’avait tenu qu’à lui, il aurait souhaité ne jamais lâché ces doigts qui enlaçaient les siens cependant il avait besoin de ses deux mains. Chul Hei avait acquiescé timidement et sans se soucier de sa propre plaie, Jun Ho s’était saisie de la boîte de pansements posée sur le lavabo, la donnant ensuite au garçon. « Je vais en avoir besoin alors quand je te dirais, tu me les passeras d’accord ? » Il attrapa ensuite le désinfectant ainsi que quelques compresses, déclarant à la jeune femme que ça risquait de piquer… Lui était habitué cependant ce n’était pas tout le monde qui supportait ce genre de produits. « Je me demande ce que tu fais avec tes fleurs pour te faire mal ainsi. » Il avait retenu la leçon quelques instants plus tôt et reproduisait exactement le même schéma que Tiffany afin de ne pas inquiéter trop l’enfant. S’excusant d’avance pour la peine qu’il risquait de provoquer, il s’empara d’une de ses mains avec douceur et commença à tapoter lentement le bout de ses doigts à l’aide d’un coton. « Il me faut un pansement, Chul Hei. » Déclara-t-il tout en tendant sa main vers ce dernier, attendant qu’il lui dépose sagement le bandage dans sa paume. « Waouh, tu ferais un bon assistant ! » Le complimenta-t-il ensuite dans un beau sourire, c’était sa manière d’alléger l’atmosphère et faire en sorte que le garçon ne se concentre pas sur autre chose. Sur ses propos, il enroula ainsi délicatement le pansement autour du doigt de la fleuriste puis réitéra ses gestes sur chacune de ses phalanges. A croire que tous deux se ressemblaient énormément, ils ne se souciaient jamais de leur personne, s’inquiétant bien plus pour celle de l’autre.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || La situation était si… étrange et inattendue. Tiffany n’aurait jamais cru la personne qui lui aurait dit qu’un jour, elle se retrouverait chez Jun Ho avec leur fils. Peu importe le contexte, depuis la naissance de Chul Hei, elle s’était faite à l’idée que cet enfant était le sien et qu’elle en était l’unique responsable. Des années durant le visage de son meilleur ami n’avait pas voulu se montrer à ses iris qui l’avaient pourtant cherché, au début. Puis, en moins d’un mois, ils s’étaient recroisés et les choses s’étaient bousculées de manières incompréhensibles. Même si c’était déstabilisant, la jeune mère ne pouvait pas se permettre de trop se pencher sur la question. Elle avait d’autres soucis en tête, des choses plus importantes encore. Il s’agissait de la sécurité de son rayon de soleil, se demandant où ils pourraient aller, maintenant. Elle se doutait bien qu’elle ne pouvait pas rentrer chez elle, ni chez personne qu’elle ne connaissait… La québécoise pensait aussi qu’elle devrait laisser le moins de traces possibles, donc payer en liquide et ne pas utiliser ses cartes. Devait-elle quitter la ville et se trouver un hôtel dans une banlieue oubliée, s’y enfermer un temps avec Chul Hei ? Si on les remarquait alors qu’elle retirait de l’argent et qu’on les suivait ? Puisque bon, elle n’y connaissait pas grand-chose de plus que ce que les films et séries télévisées en laissaient imaginer, mais elle n’était pas stupide au point de croire que tout était fini. Ils n’avaient pas eu ce qu’ils désiraient, même si elle ne savait même pas ce que c’était… S’ils avaient enlevé le sens de sa vie une fois, sans raisons, ils pourraient très bien le faire de nouveau et lui faire payer d’avoir été le chercher la première fois. Tiffany sentait les griffes tranchantes de l’anxiété caresser sa nuque, alors qu’elle pensait à tout cela. Pour ce soir, elle n’avait aucune idée et le petit était fatigué, donc, elle avait accepté la surprenante proposition que Jun Ho lui imposait, plus ou moins.

-« Je viens de te le dire. Vous n’êtes pas en sécurité ailleurs. »

-« J’ai compris. » l’avait-elle coupé, n’ayant pas envie d’être prise pour une idiote, alors qu’elle en avait déjà assez comme ça sur les épaules.

Ce n’était probablement pas ce que faisait le mafieux, mais elle était particulièrement à fleur de peau.

-« Et vous ne me dérangez pas. Restez ici. »

La petite main de Chul Hei serra un peu plus la sienne, lui rappelant qu’elle devait se calmer et faire attention à ses réactions pour ne pas apeurer davantage l’enfant qu’elle calmait à peine.

-« On en reparlera demain… » finit-elle par soupirer.

Ce n’était pas une conversation qu’elle pouvait avoir maintenant et elle avait déjà accepté de rester pour cette nuit. Peut-être que la nuit lui porterait conseils, qu’elle trouverait l’endroit parfait. Pour l’instant, elle n’avait pas d’autres idées de toutes manières et elle souhaitait s’occuper de son fils, en premier lieu. Ils étaient en sécurité, pour le moment. Enfin… c’était ce qu’elle voulait croire… Donc, ils pouvaient plus ou moins passer à autres choses et commencer par s’assurer du bien-être de Chul Hei. Pour lui, Tiff avait instauré une routine quotidienne dans sa vie. Elle avait pensé qu’il valait au mieux élever son fils sur cette base qui pourrait lui donner une source de confort et le rassurer, tout en lui montrant à ne pas trop se laisser aller comme elle-même l’avait fait. Elle essayait d’en faire une meilleure personne qu’elle ne l’avait été, mais aussi de lui offrir ce qui lui avait manqué. Un des rares exemples qu’elle tirait de ses parents était la routine alimentaire : des repas et collations sains, à des heures plus ou moins fixes. L’enfant n’était pas réglé comme une horloge, mais il sentait les effets de la faim venir s’installer autour de ses horaires. Ainsi, il ne mangeait pas trop tard et ne développait pas de troubles de santé liés à cela. C’était, du moins, ce qu’il faisait d’habitude et ayant sauté collation et repas ce soir… il avait très faim à présent. Le nourrir était donc une des premières étapes pour l’aider à se remettre de ses émotions. Tiffany ne le laissait pas sauter de repas, il devait toujours manger un minimum – sauf s’il était vraiment malade et dans l’incapacité de se nourrir, évidemment. La fleuriste n’allait donc pas laisser Jun Ho lui montrer le mauvais exemple…

C’était du moins ce qu’elle pensait, jusqu’à ce qu’elle ne pose les yeux sur la tache de sang sur sa veste… et le sang qui coulait sur sa main. Il avait un bon passe-droit, pour le moment. Le mafieux lui avait dit que ce n’était rien, chose qu’elle n’avait pas cru une seconde. Après avoir gérer la situation comme elle le pouvait avec Chul Hei, ils étaient allés le retrouver. Tiffany aurait préféré éviter cela à son fils, mais… ce dernier refusant de la quitter, c’était compliqué.

-« Je ne suis pas doué, que veux-tu ? »

-« Que tu fasses attention à toi. » lui avait-elle répondu naturellement.

L’enfant releva les yeux vers sa mère, un sourire tendre et admiratif aux lèvres. Elle était si gentille sa maman ! Il avait coopéré, faisant comme ils avaient dit dans le salon, alors que la fleuriste s’improvisait infirmière. Elle avait l’impression de retourner des années dans le passé… c’était toujours aussi étrange.

-« Evidemment. »

Jun Ho jouait le jeu, elle lui en était reconnaissante. Une partie d’elle avait envie de lui mettre une claque derrière la tête pour n’avoir rien dit et se demandait combien de temps il comptait attendre avant de se soigner… Cependant, une autre partie se disait qu’il n’avait peut-être pas voulu affoler Chul Hei. Ce n’était pas exactement le genre de spectacle auquel elle avait souhaité le faire assister… n’ayant pas le choix, elle s’adaptait toutefois au mieux. De son côté, le petit était certain que sa mère réussirait à faire des miracles. Il répondit au sourire du monsieur en l’imitant et alla jusqu’à lever le pouce de son autre main.

-« Ma maman, c’est la meilleure ! Elle va vous rendre comme tout neuf ! » commenta-t-il pour l’encourager, dans un petit murmure.

Tiffany tourna la tête vers lui, ils échangèrent un regard complice, chose qui rassura encore l’enfant. Il était si mignon, elle ne pouvait que se dire qu’elle ne le méritait pas. Son attention s’était rapidement reposée sur la blessure de Jun Ho, faisant au mieux pour commencer à le soigner correctement. Il aurait besoin de points… qu’elle préférait éviter de lui faire devant Chul Hei, mais déjà, elle pouvait laver ce sang et quelques petits soins avant de lui faire un bandage. La jeune femme fut toutefois surprise d’être arrêtée dans ses gestes, mais d’autant plus par ses mots.

-« Pourquoi tu fais toujours passer les autres avant toi-même ? »

-« Parce que ÇA, ce n’est rien… » soupira-t-elle, se disant qu’il devait revoir ses échelles de gravité.

Entre sa blessure au bras et le bout de ses doigts massacrés, il y avait tout de même une différence. Puis, elle comptait se soigner après, quand tout serait plus calme, de toutes manières. La fleuriste passait son temps à se ronger les doigts, quand elle n’avait rien à grignoter pour faire passer le stress. Elle avait donc l’habitude, même si elle battait des records inégalés dans l’existence de l’humanité, cette fois.

-« Maman a aussi quelques bobos alors je vais m’en occuper mais pour ça, j’ai besoin de toi. Tu veux bien m’aider ? »

Chul Hei lança un regard inquiet à sa mère, cette dernière lui fit un sourire rassurant. Ce n’était rien, elle allait bien. Toujours prêt à aider, tel un fidèle scout et encore plus lorsque c’était pour sa maman, il avait timidement accepté. Tiffany restait perplexe, n’ayant jamais vraiment pris l’habitude qu’on ne s’occupe d’elle. C’était une chose plus fréquente dans sa vie, surtout depuis qu’elle était venue vivre en Corée. Sa tante et son oncle lui donnait un peu l’affection et l’amour que ses parents avaient préféré donner à son aîné et sa cadette, elle avait aussi des amis sur qui elle pouvait compter. Cela dit, elle ne s’y faisait jamais. Encore moins dans ce cas, alors qu’il s’agissait de Jun Ho qui voulait la soigner. Pourquoi faisait-il ça ? S’il n’avait rien dit, la québécoise ne l’aurait pas souligné non plus et se serait naturellement occupée d’elle-même sans broncher.

-« Je vais en avoir besoin alors quand je te dirais, tu me les passeras d’accord ? »

Son regard s’était posé avec horreur sur le désinfectant, liquide tout droit sorti des enfers. Il n’y avait pas pires sensations physiques que le picotement qu’il procure, selon elle. Elle ne s’y faisait absolument jamais et comme ça avait toujours été le cas par le passé, la québécoise ne pouvait retenir quelques plaintes colorées dans son français natifs. Avant, c’était des injures. Maintenant, c’était des expressions originales qui faisaient rire le petit. Ainsi, il ne s’inquiétait pas pour elle, malgré toutes les grimaces qu’elle pouvait faire. Tiffany n’essayait pas de lui rendre la douleur amusante, encore moins séduisante, mais de faire qu’ainsi, il ne paniquait pas et ne s’inquiétait pas. On trouve toujours un moyen de surmonter les choses.

-« Je me demande ce que tu fais avec tes fleurs pour te faire mal ainsi. »

La québécoise ne savait pas qui avait inventé le désinfectant, mais elle détestait profondément cette personne et c’était assez évident qu’elle ne portait pas Jun Ho dans son cœur alors qu’il la torturait avec. Il y allait avec douceur, heureusement !

-« J’ai visité une serre de plantes carnivores… je n’investirai pas, finalement… » grommela-t-elle, s’efforçant de penser à répondre en coréen.

La sensation du coton sur ses maintes petites, mais profondes blessures n’était pas agréable, mais c’était une promenade dans les prés en comparaison au désinfectant.

-« Il me faut un pansement, Chul Hei. »

De nouveau, elle avait lancé un sourire bienveillant à son petit rayon de soleil, lui montrant que tout allait bien. Le petit s’exécuta, content de pouvoir aider.

-« Waouh, tu ferais un bon assistant ! »

Un éclat de fierté se dessina sur le visage du petit garçon. Sa maman lui fit un clin d’œil pour approuver les mots du mafieux. Elle avait envie d’elle-même prendre les pansements et se les mettre, ce serait plus naturel, mais elle connaissait Chul Hei… Il ne la laisserait pas faire. Pour une fois que quelqu’un d’autre soignait sa maman ! Et en plus, il en était l’assistant ! Tiffany se laissa donc faire, tiraillée par l’étrangeté de la situation. Une fois que ce fut terminé, elle plia ses doigts, s’assurant de toujours avoir une certaine mobilité malgré tout.

-« Tiffany aux mains de pansements, le retour… » marmonna-t-elle en regardant ses doigts.

C’était presque bizarre d’avoir des bandages d’adultes et non des trucs colorés avec des personnages de dessins animés. C’est comme ça que les autres adultes se soignent ? Elle avait un peu oublié, il faut l’admettre. Chul Hei avait ri à son commentaire, comprenant la référence puisqu’il aimait beaucoup regarder ce film avec elle. La québécoise se pencha vers son fils, posant doucement ses mains sur ses joues et déposa un baiser sur son front, avant de le remercier et lui dire qu’il avait très bien fait.

-« Maintenant, tu redeviens mon assistant ? » demanda-t-elle en lui indiquant les mains de Jun Ho.

L’enfant hocha la tête, mais attendit, la regardant avec insistance, puis regardant Jun Ho. N’oubliait-elle pas quelque chose qu’elle lui répétait sans cesse ? Tiffany soupira, se disant que son fils était mieux élevé qu’elle ! Mais c’était si embarrassant… parce que ça avait été si inattendu et inhabituel ! Elle pinça les lèvres, quelques secondes, puis finit par retourner son attention vers Jun Ho qu’elle remercia rapidement. Le remercier pour Chul Hei avait été naturel, le remercier pour elle-même… avait été bizarre. Non pas qu’elle n’était pas reconnaissante, simplement qu’elle ne pensait pas que ce genre de choses arriveraient.

-« Tu me laisses terminer ce que j’ai commencé, maintenant ? Je vais te mettre un bandage et on verra si ton désinfectant magique a fait ses effets… quand Chul Hei dormira… » reprit-elle, préférant changer de sujet.

Jusqu’à maintenant, Jun Ho semblait avoir compris même si elle ne disait pas directement les choses à cause de la jeune présence. Elle espérait que ce serait encore le cas. Évidemment que le désinfectant n’était pas suffisant, mais recoudre quelqu’un devant le gamin ? Tiffany préférait vraiment éviter et elle se disait qu’il ne tarderait pas à tomber de fatigue, de toutes manières. Elle reprit donc là où elle en était, faisant toujours attention à ne poser que des gestes délicats pour ne pas lui faire mal. Chul Hei avait repris sa main, se rappelant de sa tâche d’assistant.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Jun Ho lui-même n’avait pas insisté lorsque Tiffany avait déclaré qu’ils en reparleraient demain ; c’était préférable bien que le jeune homme savait d’avance qu’il ne reviendrait pas sur sa position. Peu importait à quel point la fleuriste pouvait être mal à l’aise par la situation, ce qui comptait pour le moment était leur sécurité, rien de plus. Bien sûr qu’il se mettait à sa place, bien sûr qu’il se doutait que son amie ne devait pas comprendre cet élan de bonté et pourquoi le père de son fils était soudainement prêt à les aider… Il n’y avait aucunement besoin de s’interroger sur le sujet, tout ce qu’il avait toujours souhaité été leur bonheur. Pendant leurs précédentes retrouvailles, il le lui avait sous-entendu à plusieurs reprises même si chacune de ses remarques était si infime qu’il était probablement difficile de les discerner… Ils avaient ainsi occupé leur temps du mieux qu’ils le pouvaient puis alors que ses deux invités mangeaient, il avait pris la fuite dans la salle de bain lorsque la jeune femme remarqua sa blessure. Pourquoi ne pas l’avoir mentionné plus tôt ? Parce qu’il n’avait pas voulu les inquiéter, parce qu’il n’avait pas voulu perturber Chul Hei plus qu’il ne l’était déjà et parce qu’il s’était dit qu’il aurait toute l’occasion de se soigner plus tard lorsque tous deux seraient couchés. Il n’avait pas imaginé une seconde que Tiffany puisse s’en apercevoir et décide finalement de le suivre jusqu’à la pièce dans laquelle il s’était déshabillé. « Ce n’est rien. » Avait-il soupiré doucement lorsqu’elle lui demanda de faire attention à lui… Ce n’était qu’une petite séquelle causée par son combat précédent, il s’en remettrait autant que ses blessures bleutés laissés sur sa peau. Elle ignorait la vie qu’il menait et à ses yeux, une telle plaie n’était vraiment pas grand-chose comparé à ce qu’il avait dû traverser par le passé.

Un sourire orna ses lèvres à l’intervention de l’enfant qui était bien plus qu’adorable… A chaque fois que Jun Ho posait ses yeux sur lui, il ne pouvait que constater ô combien la fleuriste avait élevé une petite merveille ; elle avait sincèrement de quoi être fière. « Je n’en doute pas une seconde. » Avait déclaré le mafieux sans éteindre l’esquisse qui décorait son visage. Ce n’était qu’ensuite qu’à son tour il prêta plus attention aux mains de la jeune femme et aux blessures de celle-ci. Il ne s’était pas laissé prier pour la forcer à arrêter, se tracassant bien plus pour elle que pour lui-même alors qu’il devrait savoir qu’en effet, elle ne mourrait pas pour si peu. « Chut. » Oui, c’était tout ce qu’il avait trouvé à lui dire alors qu’elle essayait de se rebeller à son tour… Même si pour elle ce n’était rien, pour le jeune homme sa blessure était plus importante que celle qu’il avait sur le bras. L’être humain et son paradoxe… Parfois, il valait mieux ne pas se questionner et laisser le fil nous diriger.

Avec l’aide de Chul Hei, Jun Ho s’était attelé minutieusement à sa tâche, essayant d’être délicat dans chacun de ses gestes… Il avait toujours été ainsi, même autrefois à s’inquiéter pour elle, à s’assurer de son bien être avant le sien et si Tiffany doutait de sa sincérité, chaque moment qu’il avait pu partager avec elle étaient assurément les meilleurs de toute son existence. Il n’y avait qu’en sa compagnie qu’il se laissait autant aller, qu’il restait lui-même sans s’en apercevoir et avec qui il oubliait tout. Elle avait cet effet sur lui qui l’apaisait et le relaxait plus que ce qu’il ne lui avait avoué jusque là… Bien qu’elle l’ignorait, non, il n’avait jamais cessé de l’aimer ; plus que de l’amitié, c’était bel et bien de l’amour qu’il éprouvait à son égard… Un amour qui n’avait fait que grandir au fil des années et qui le torturait un peu plus à chaque fois qu’il se rendait compte que cet amour était impossible.

Sans la quitter des yeux, son travail terminé, Jun Ho n’avait pu s’empêcher de sourire discrètement en l’observant, non pas sans féliciter son assistant une nouvelle fois. « Je t’en prie, c’est normal. » Il ne l’avait pas soigné pour obtenir un quelconque remerciement, il l’avait fait parce que ça l’inquiétait et qu’avant de s’occuper de lui, Tiffany devait s’occuper d’elle-même. Hors s’il devait bien admettre une chose, c’était que malgré lui, il était envieux de cette complicité qu’elle avait avec Chul Hei… Le contraire aurait été étonnant cependant qu’est-ce qu’il n’aurait pas donné pour avoir le droit à de tels moments lui aussi… « Vas-y je te fais confiance. Les pansements magiques sont efficaces en général. » Il lui sourit sur ses propos, ayant parfaitement compris ce qu’elle sous-entendait même si selon lui, elle en faisait trop. Il était capable de se débrouiller seul, Tiffany n’avait pas besoin de se tourmenter… Elle avait déjà dû subir tant d’émotions aujourd’hui, il était important qu’elle se repose avant tout.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Jun Ho insistait encore que ce n’était rien ? Tiffany hocha la tête, ne partageant visiblement pas son avis. D’accord, il avait des cicatrices plus anciennes, donc… il devait malheureusement avoir vécu tout un tas de choses plus ou moins plaisantes. Peut-être aussi qu’il était à fond dans les fétiches S&M, la jeune femme n’en savait rien. Cependant, cette fois, c’était parce qu’elle n’avait pas réussi à protéger son fils qu’il se retrouvait avec cette blessure qui n’était pas exactement une piqûre de maringouin. Il y avait donc plusieurs choses sous-entendues, lorsqu’elle s’entêtait à dire que ce n’était pas rien. La blessure n’était pas superficielle, elle n’était pas due à une situation dans laquelle il se serait trouvé, sans elle… C’était peut-être la plus importante, mais elle n’était pas la seule non plus. Tiffany voyait bien les autres teintes que sa peau prenait ici et là. Lui ramener Chul Hei n’avait pas été une petite balade dans la prairie. Jun Ho avait beau faire comme si de rien n’était et se prêtait bien au jeu, souriant à son fils, mais… la fleuriste ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable pour toute cette soirée cauchemardesque. Selon elle, il n’y avait pas de besoins pressants à soigner ses doigts. Certes ils étaient dans un état impossible et elle ne s’était jamais autant détruit les mains… cependant, elle pourrait très bien s’en occuper plus tard. Elle avait l’habitude, elle ne s’en plaignait pas et ne pouvait que s’en prendre à elle-même de ne pas réussir à gérer cette mauvaise habitude. Le mafieux lui avait fait comprendre de se laisser faire, de ne pas rouspéter, elle s’était contentée de pincer les lèvres.

Une moue boudeuse au visage quelques secondes, son expression avait rapidement changé puisqu’elle et le désinfectant… ils ne s’aimaient pas du tout. Les interactions entre Jun Ho et Chul Hei avaient été adorables, mais loin d’être suffisantes pour lui faire oublier combien elle détestait ces sensations au bout de ses doigts. Une fois qu’il eut terminé, elle avait tout naturellement remercié son fils qui l’avait plus ou moins forcé à en faire de même au mafieux. Moment quelque peu malaisant, quand c’est votre fils de 5 ans qui vous dit d’être polie… Ne perdant toutefois pas le nord, Tiffany avait repris sa tâche initiale. Elle lui était reconnaissante de continuer à se prêter au jeu, ainsi, le petit ne s’inquiétait pas et ne s’affolait pas. La situation aurait pu être totalement autre, s’ils ne l’avaient pas bien géré. La fleuriste avait bien fait attention en le soignant, faisant au mieux pour ne pas lui faire mal, mais lui faire un bon pansement. Une fois terminé, elle avait tendu la main à Chul Hei qui était joyeusement venu lui en taper 5. C’était une manière de souligner le bon travail qu’il avait fait. Elle avait ensuite un peu hésité, mais avait fini par demander à Jun Ho s’il n’y avait pas un moyen qu’elle ne douche l’enfant et s’il n’avait pas un t-shirt à lui prêter pour dormir. Tiffany avait été surprise qu’il ne lui ramène le nécessaire pour le petit, mais aussi pour elle. Elle l’avait remercié, puis avait pris sa douche avec le rayon de soleil. Il n’allait pas la laisser sortir de la pièce, de toutes manières… La jeune mère avait réussi à le faire rire, allégeant les craintes de son petit cœur, le calmant un peu plus. Une fois sorti, alors qu’elle l’avait vêtu et avait, elle aussi, enfilé les vêtements dans lesquels elle flottait. Elle avait ouvert la porte afin de ne pas s’enfermer dans l’humidité chaude. Alors qu’elle séchait les cheveux de Chul Hei avec la serviette, le petit avait ri en commentant combien il était étrange de la voir vêtue comme ça et qui sentait autres choses que les fleurs. Tiffany lui avait souri et répondu une bêtise qui avait encore plus fait rire l’enfant.

Il avait baillé, la fatigue s’affaissant finalement sur son corps menu. C’était normal, il avait eu une journée plus longue que la normale et, surtout, plus lourde en émotions. La fleuriste avait été demander au mafieux où elle pouvait coucher l’enfant, n’osant pas se balader comme ça dans son appartement, alors encore moins s’imposer quelque part. Tiffany s’était allongée à ses côtés, le couvrant bien et commença à lui caresser les cheveux. Elle lui expliqua, murmurant tendrement, qu’il n’irait pas à l’école le lendemain, ils allaient se prendre quelques jours pour profiter d’être ensemble. Ils ne l’avaient pas fait depuis longtemps, en-dehors des week-ends, et même… il arrivait à la québécoise de l’amener à la boutique pour quelques heures. Non, les prochains jours, il ne serait question que de lui et elle ! Journées entre VIP ! L’idée semblait plaire à Chul Hei qui en était rassuré, il n’avait pas envie de se séparer de sa mère… Tiffany lui raconta quelques histoires, cherchant à apaiser son esprit qui combattait tout de même le sommeil. Tourné vers elle, il s’agrippait à son t-shirt, ne voulant pas qu’elle ne le quitte. La jeune mère le couvrait de baisers et de caresses, le réconfortant jusqu’à ce qu’il ne sombre finalement dans les bras de Morphée. Elle attendit un moment, s’assurant qu’il dormait profondément, puis se glissa telle la ninja qu’elle était devenue, hors du lit. Tiffany ne referma pas complètement la porte derrière elle, voulant éviter la panique de se sentir enfermé, si jamais l’enfant se réveillait. Sur la pointe des pieds, elle retourna au salon où elle retrouva Jun Ho. Situation… étrange… Maintenant… qu’est-ce qu’elle faisait ? Qu’est-ce qu’elle disait ? Elle hésita quelques secondes, puis posa son regard sur son bandage.

-« Tu as mangé… ? Autre chose que deux bouchées en faisant les nouilles… » demanda-t-elle, ses yeux remontant vers les siens.

Il avait réussi à s’en sauver plus tôt, mais ce ne serait pas éternellement le cas ! Croire le contraire serait mal la connaître ! Puis, cela lui permettait d’éviter les sujets incompréhensibles qui la laissaient complètement perdue. Ça l’aidait à garder la tête hors de l’eau… ne pas craquer sous toute cette culpabilité qui venait lui compresser la poitrine à lui en couper la respiration.

-« Il faudra qu’on s’occupe de ton bras aussi, en espérant que Chul Hei ne se réveillera pas… » ajouta-t-elle, faisant de son mieux pour garder son calme.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Jun Ho n’aurait pu dire combien de temps exactement ils avaient passé dans la salle de bain à se soigner mutuellement hors à ses yeux, ça n’avait pas été désagréable. C’était la première fois qu’il partageait un moment avec son fils et la mère de celui-ci, si une partie de lui était affligée à l’idée que cet instant ne soit qu’éphémère, l’autre était reconnaissante qu’on lui accorde cette honneur. Certes, le mafieux aurait préféré que cela soit à cause d’autres circonstances néanmoins on ne pouvait pas tout avoir dans la vie alors il profitait… Dire que ce n’était pas étrange serait mentir cependant lui n’était pas mal à l’aise pour autant, au contraire. Une fois terminée, le jeune homme n’avait guère pu refuser la demande de la fleuriste puis s’était échappé dans sa chambre, revenant quelques minutes plus tard avec des vêtements pour tous les deux. Il avait essayé de prendre le plus petit qu’il avait pour l’enfant cependant malgré tout, le haut risquait de lui allait très grand. Sans s’attarder trop longtemps, il les abandonna à leurs occupations pendant que lui-même était parti se changer dans sa chambre, enfilant des vêtements tout aussi confortables mais plus propres et sans aucune trace de sang. Ensuite, il enleva les draps de son lit pour en mettre des nouveaux puisque ce n’était pas lui qui dormirait ici les jours qui suivraient mais bel et bien Tiffany et Chul Hei. Cette pensée le fit sourire légèrement autant qu’elle faisait paradoxalement bouillir son sang sous sa peau… Il n’avait pas oublié, pas même un instant, ce qui était arrivé à son fils et que c’était la raison principale de leur présence ici. Pour rien au monde, il ne laisserait passer un tel drame et se promettait de trouver une solution pour que ces vauriens, tous autant qu’ils étaient, pourrissent derrière les barreaux. Un soupir traversant ses lèvres, le jeune homme s’était rendu dans son salon pour débarrasser les assiettes qui traînaient et nettoyer le tout, perdu dans ses réflexions.

Ce n’était qu’après s’être assuré de n’avoir rien oublié qu’il était parti s’asseoir sur le canapé, posant la tisane qu’il s’était préparé sur la table, avant de clore ses paupières afin de se reposer. Il entendait le bruit que ses deux invités faisaient mais plutôt que le dérangeait et ça l’apaisait… Il était habitué au calme et à la solitude, il était habitué d’être fermé entre quatre murs et de nombreuses fois il avait rêvé qu’on vienne casser cette routine, qu’on le sorte de cette étrange prison dans laquelle il était enfermé. Ouvrant ses yeux à nouveau lorsque la jeune femme s’adressa à lui, il lui indiqua calmement l’endroit où se trouver la chambre et en profita pour boire quelques gorgées de sa boisson.

A l’entente de pas, ses prunelles s’égarèrent machinalement sur la fleuriste qui le rejoignait après avoir endormi leur fils ; il lui adressa un sourire discret avant que son expression se referme et devienne un brin plus sérieuse à la remarque de Tiffany. « Non. Mais je n’ai pas faim et je ne mangerais pas. Inutile de me forcer. » Si c’était pour se rendre malade, c’était stupide. Il n’avait pas l’appétit et si lui qui mangeait pourtant habituellement bien déclarait ne pas avoir faim, c’était que vraiment il serait incapable d’avaler quoi que ce soit. « Ne t’en fais pas pour moi. » Dit-il sans la quitter des yeux, lui arborant une esquisse qui se voulait rassurante avant d’enchérir aussitôt « Je peux me débrouiller, j’ai l’habitude. J’irais me soigner quand tu seras couchée. Tu as eu une dure journée, tu devrais te reposer. » Il n’était pas idiot, pas besoin de le voir pour savoir que la jeune femme était assurément encore chamboulée des évènements précédents. « Assied-toi déjà, je vais te faire un thé, ça te fera du bien. » Et peut-être que ça l’aidera aussi à se détendre avant d’aller rejoindre Morphée. Tiffany n’avait pas à se tracasser pour lui, elle devait penser à elle-même en premier mais comme toujours, elle en supportait beaucoup trop.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || L’enfant avait finalement bien voulu fermer les yeux. N’étant pas dans un endroit familier, alors qu’il venait de vivre une aventure plus effrayante que tout ce qu’il avait pu imaginer vivre, il lui avait fallu du temps avant de se sentir assez calme pour sombrer. Tiffany comprenait, elle aussi ne se sentait pas bien… Elle le cachait toutefois derrière des sourires et des tendresses. Le petit n’avait pas besoin d’en vivre davantage et elle souhaitait minimiser son possible traumatisme au maximum. Pour sa part, la fleuriste n’arriverait pas à fermer l’œil maintenant, elle était encore beaucoup trop chamboulée. Elle ne pensait pas que le mafieux viendrait leur faire du mal, il aurait déjà pu le faire un bon nombre de fois, si ça avait été son but… Mais toute la situation lui restait particulièrement… étrange. Elle n’arrivait pas à se sentir à l’aise, le fait d’en avoir des tonnes sur la conscience n’aidait sûrement pas. Jusqu’à maintenant, la fleuriste avait pu conserver son calme, s’y efforçant pour son fils. Mais… il dormait, à présent. Comment allait-elle réagir ? Pour le moment, elle continuait à faire au mieux pour garder cette fausse sérénité. Tiffany avait toujours été du genre à crier ouvertement ses frustrations en public, mais de bien conserver ses larmes pour elle-même ! Rares étaient les gens qui l’avaient vu pleurer. Même son mari, avec qui elle avait pourtant vécu un bref moment, devait pouvoir compter sur ses doigts le nombre de fois où c’était arrivé. Son regard pouvait à l’occasion luire de tristesse, mais les larmes restaient bien prisonnières.

Elle n’était pas chez elle, la québécoise ne pouvait pas se réfugier sur le canapé et se couvrir de ce plaid qui lui offrait un réconfort inconditionnel… Il y avait une autre personne, voisine à sa solitude, donc même si elle avait couché Chul Hei, elle ne pouvait pas relâcher la pression. Puis, ce n’était pas le moment… Tiffany devait penser à ce qu’ils allaient faire le lendemain et les jours suivants. Comment allait-elle gérer cette histoire ? Comment faire pour que ça n’arrive pas de nouveau ? Quelles mesures de sécurité devrait-elle envisager pour son fils ? Non, elle n’avait vraiment pas le temps de s’arrêter pour se plaindre. Cherchant toujours à occuper son esprit et cacher ce malaise qui s’installait à présent en elle, la jeune mère avait demandé à l’homme s’il avait mangé.

-« Non. Mais je n’ai pas faim et je ne mangerais pas. Inutile de me forcer. »

Elle lui lança un regard rempli de son désaccord, mais ne dit rien. Autant ça aurait été une échappatoire facile que d’argumenter sur le sujet, autant… elle n’en avait pas la force, en réalité. La québécoise avait conscience que fuir ses inquiétudes ne la mènerait nulle part. Elle devait réfléchir, le lendemain arriverait bien assez vite.

-« Ne t’en fais pas pour moi. Je peux me débrouiller, j’ai l’habitude. J’irais me soigner quand tu seras couchée. Tu as eu une dure journée, tu devrais te reposer. »

Un long soupir découragé s’échappa de ses lèvres. Elle hocha la tête et releva les yeux vers lui, toujours aussi déterminée malgré tous les chamboulements.

-« Tu as peut-être l’habitude, mais cette fois, ce n’est pas à cause de ton quotidien. Je n’irai pas me coucher tant que je n’aurai pas soigné au moins ça… » répliqua-t-elle, montrant bien son obstination.

Pas besoin de se voiler la face, pas besoin de la ménager, si c’était arrivé, c’était de sa faute ! Il était donc normal que la jeune femme ne veille au moins à ça. C’était même la moindre des choses qu’elle pouvait faire et probablement la seule… non ? Le soigner n’était rien, comparé à ce qu’il avait fait pour elle, ce soir. Puis, ils parlaient de l’idée qu’elle n’aille dormir… mais… qui serait le plus fort ? Son anxiété et sa culpabilité ou le sommeil ? C’était une bonne question…

-« Assied-toi déjà, je vais te faire un thé, ça te fera du bien. »

Tiffany hésita quelques secondes, puis finit par s’asseoir sur le canapé. Il n’avait pas complètement tort… peut-être qu’un thé l’aiderait à y voir plus clair. Les coudes sur les cuisses, tout près de ses genoux et le visage dans ses mains, elle prenait de profondes inspirations et expirait lentement. Ses doigts dessinaient de petits ronds sur ses tempes, les massant. Elle réfléchissait, en attendant. Où aller demain… ? Prendre un bus, un car, le train… peu importe… et aller le plus loin possible ? Y avait-il vraiment un endroit où ils pourraient se réfugier, cela dit ? Mais aussi… et probablement surtout… Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle avait fait à qui pour se retrouver dans cette situation ?! La québécoise soupira de nouveau, exaspérée et frustrée de ne rien comprendre, de ne pas savoir comment protéger son fils. Elle releva la tête et se redressa pour prendre la tasse que Jun Ho lui tendait. Elle le remercia et approcha la tasse de ses lèvres, sans pour autant l’y porter. Le contenu devait être trop chaud encore, mais l’odeur était agréable.

-« Il a des petites marques rouges… aux poignets et aux chevilles… mais sinon… il n’a rien de plus… Ça devrait partir, il n’en aura pas de cicatrices… » commenta-t-elle d’un ton qu’elle forçait calme, en fixant son thé. « J’imagine que c’est parce qu’il était attaché…? » demanda-t-elle, même si cela lui était difficile.

Bien sûr qu’elle aurait pu poser les questions à Chul Hei, mais elle préférait éviter pour le moment et ne pas savoir la torturait.

-« Il était avec quelqu’un… quand tu l’as trouvé ? » ajouta-t-elle, fixant toujours sa boisson chaude.

Tiffany ne savait pas ce qu’elle voulait entendre… peu importe la réponse, le sens de sa vie devait avoir été mortifié.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Personne n’avait envie de voir son fils se faire enlever, personne n’y était préparé non plus. Même lui qui en avait vu des choses dans son existence était tourmenté par les évènements, incapable de songer correctement dés que son esprit n’était plus occupé. Il n’osait pas imaginé ce que cela devait être pour Tiffany en cet instant précis, elle devait être perturbée, troublée, effrayée et se morfondre de culpabilité. Jun Ho avait conscience que quoi qu’il puisse lui dire, il ne serait pas en mesure de la réconforter hors ce n’était pas de sa faute, vraiment pas… Même s’il avait été présente pour aller récupérer Chul Hei, elle se serait fait kidnapper avec ce dernier et non, cela ne se serait pas arrêté sur eux deux enfermés dans une pièce. On les aurait certainement tué, sans l’ombre d’un doute en réalité. La mafia n’était pas gentil avec les innocents… Ce qu’avait vu le garçon équivalait clairement à la mort du point de vue d’un gang et s’il l’avait gardé en vie, c’était simplement parce qu’ils ignoraient quel était le cas de la mère. La raison pour laquelle Jun Ho refusait à ce qu’ils quittent son appartement pour se réfugier ailleurs… Il comprenait la fleuriste, il comprenait son angoisse et sa gêne de rester chez l’homme qui l’avait abandonné des années plus tôt et lui avait demandé de dire à son fils qu’il était mort cependant ils étaient réellement en sécurité ici. Il se démènerait pour détruire ces vauriens à tout jamais, il se le promettait silencieusement… Evidemment qu’il leur souhaitait le pire cependant agir stupidement et cruellement signifiait se rabaisser à eux et il le refusait.

Un soupir avait traversé ses lèvres aux paroles de la jeune femme qui tentait de le forcer à manger toutefois il lui était reconnaissant qu’elle n’insiste pas plus que cela… Tiffany devait déjà avoir tellement de choses à penser, qu’elle se concentre sur elle-même, qu’elle se détende et laisser aller ses émotions si elle en éprouvait le besoin… Maintenant que l’enfant n’était plus là, elle pouvait baisser les armes et évacuer… Jun Ho savait qu’elle n’allait pas bien, il n’était pas dupe donc elle n’était pas obligée de se forcer à sourire et garder la face devant lui. « Si ça peut te faire plaisir, ça ne me dérange pas. Mais sache juste une chose, ce n’est pas de ta faute… Je sais ce que tu penses en ce moment mais tu n’as pas à t’en vouloir. Pour rien. » Que cela soit pour lui ou pour Chul Hei, il était sincère dans ce qu’il déclarait et sans lui avoir laissé le temps de répliquer quoi que ce soit, il avait quitté la pièce pour lui faire un thé. Il aimerait tant avoir le pouvoir de la réconforter et de la calmer néanmoins il savait que dans ce genre de situations, seul le temps finirait par l’apaiser.

Il n’eut besoin que de quelques minutes avant de revenir dans la pièce, la tasse entre les mains. Il l’avait tout d’abord observé en silence, culpabilisant d’être inutile et de ne pas être en mesure de lui apporter le soutien adéquat… Qui était-il pour ça, hm ? Jun Ho s’avança finalement, annonçant son retour au salon tandis qu’il lui tendait la boisson chaude. S’asseyant ensuite auprès d’elle, se saisissant de sa propre tasse, ses yeux ne la quittèrent pas du regard, inquiets et soucieux. « Hum. » S’était contenté de répondre le mafieux, ne préférant pas entrer dans les détails… Mais oui, si l’enfant des marques, c’était à cause des cordes qu’on lui avait placé autour des mains et des pieds. « Non. Il était tout seul mais la pièce était surveillée. » Là encore, inutile de rentrer dans trop de détails… Moins la jeune femme en savait, mieux elle se porterait. « Il s’en remettra. » Rétorqua-t-il posément mais avec certitude « Ce sera peut-être long mais il s’en remettra. » Il savait de quoi il parlait puisque lui-même avait subi une enfance terriblement difficile. Il lui avait sourit doucement sur ses propos avant d’enchérir sur un « Tu sais, Tiffany… » marqué d’un instant de silence avant qu’il poursuive « Ce n’est vraiment pas de ta faute… Cela serait arrivé avec ou sans toi… Je me doute que ça ne doit pas réellement te rassurer mais tu n’as pas à porter toute cette culpabilité pour toi. » Bien que c’était sûrement plus facile à dire qu’à faire, Jun Ho en avait conscience.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ||  -« Si ça peut te faire plaisir, ça ne me dérange pas. Mais sache juste une chose, ce n’est pas de ta faute… Je sais ce que tu penses en ce moment mais tu n’as pas à t’en vouloir. Pour rien. »

Il était parti sans lui laisser le temps de répondre. C’était probablement mieux comme ça parce que la fleuriste n’aurait pas eu de douces réponses à lui offrir. Qui était-il pour dire qu’il savait ce qu’elle pensait ? Il ne la connaissait plus, au même titre qu’elle ne le connaissait plus. Enfin, elle ne savait toujours pas si elle l’avait réellement connu un jour… Oui, il avait sauvé son fils et Tiffany n’aurait pas su quoi faire sans son aide, elle le reconnaissait. Cela ne voulait pas dire qu’il savait pour autant ce qui pouvait se passer dans sa tête et comment elle le vivait. Jun Ho n’avait plus à se donner cette peine de s’efforcer à être gentil ou autres… Chul Hei était couché, il pouvait donc être lui-même tranquillement. La québécoise voulait simplement tenter de se rendre utile, d’occuper son esprit. Son fils avait été enlevé ce soir, elle avait cru le perdre à jamais, elle ne savait pas trop où elle se trouvait, elle ne pouvait pas se calmer en discutant avec un de ses proches… Elle ne pouvait pas sortir non plus pour prendre l’air… La fleuriste se sentait coupable, piégée et étouffée. Que pouvait-elle y faire ? Rien. Elle ne pouvait qu’attendre, rester sur la pointe des pieds à tenter de tout tenir en équilibre. Combien de temps cela durerait-il ? Elle n’en savait rien. Pour le moment, elle essayait de se rassurer en se disant que ce ne serait qu’une nuit. Tiffany devait simplement trouver où se réfugier le lendemain, pour être en sécurité et un peu plus calme…

Elle avait quitté ses pensées, quelques instants, puisque son attention avait été attiré par la tasse que lui avait tendu Jun Ho. Si elle voulait en savoir un peu plus, elle n’avait pas 50 000 choix… C’était entre lui et Chul Hei. Considérant qu’elle cherchait à rassurer et apaiser son fils, Tiffany ne pouvait pas lui en parler dans l’immédiat. Elle se rabattit donc sur sa seconde option : l’homme qui avait été le chercher. Elle ne le regardait pas, fixant son thé comme s’il contenait le fil de ses pensées.

-« Hum. »

Pour les informations détaillées… on allait repasser hein ! La jeune femme ne se découragea pas immédiatement, cherchant à en savoir plus tout de même. Elle pensait en avoir besoin pour mieux savoir comment gérer Chul Hei par la suite, comment bien l’aider… Allait-elle devoir l’envoyer voir un de ces psy pour enfants ? Cela risquait d’exposer Jun Ho ? Malheureusement pour lui, la fleuriste pensait plus à la santé mentale de son fils… mais cela pourrait encore leur amener des problèmes ? Elle s’arrachait les cheveux, rien que d’y penser. Combien de décisions imbéciles avait-elle pris dans sa vie pour se retrouver dans cette situation ? Trop… elle en était consciente.

-« Non. Il était tout seul mais la pièce était surveillée. »

Tiffany hocha la tête en soupirant. Son regard délaissa sa tasse de thé pour se diriger vers le couloir menant à la chambre. Aucune petite voix qui l’appelait, il devait s’être bien endormi… Tant mieux… Elle préférait qu’il ne rêve de douces folies et de petits plaisirs plutôt que de faire des cauchemars qui le réveilleraient en panique. Elle essayait de réfléchir, gérer l’information, se demander ce qu’elle voulait savoir ensuite…

-« Il s’en remettra. Ce sera peut-être long mais il s’en remettra. »

-« Je sais. » répondit-elle, tout simplement, mais avec conviction.

Il ne s’agissait pas de n’importe qui. Ils parlaient bien de ce petit rayon de soleil qui avait joué 9 mois à cache-cache pour être sûr que son écervelée de mère ne s’en débarrasse pas comme du premier. Chul Hei n’était pas un gamin comme les autres, il s’agissait de son fils à elle et de ce fait, elle était peut-être affreusement biaisée, mais elle pensait le connaître. Elle savait donc qu’il allait s’en remettre, il s’agissait simplement de bien gérer le truc… Tiffany allait s’assurer que son fils évolue au mieux.

-« Tu sais, Tiffany… »

Ses iris sombres quittèrent le couloir pour se reposer sur Jun Ho, attendant la suite. Son regard semblait lointain, peut-être même absent. Elle essayait de bloquer un tas de choses en elle, afin de rester calme, et de réfléchir plus ou moins rationnellement pour le lendemain.

-« Ce n’est vraiment pas de ta faute… Cela serait arrivé avec ou sans toi… Je me doute que ça ne doit pas réellement te rassurer mais tu n’as pas à porter toute cette culpabilité pour toi. »

Dès sa première phrase, son regard s’était déconnecté de lui et s’était plutôt plongé dans le vide. Prenant une grande inspiration, elle avait ensuite bu une gorgée de thé, le laissant terminer.

-« J’imagine que tu essaies d’être gentil… je ne sais pas trop pourquoi, maintenant que Chul Hei est couché… » dit-elle calmement, d’un ton absent. « Je ne sais pas trop quoi te répondre… ce qui me vient en tête n’est pas agréable… donc… je ne vais rien en dire, parce qu’il n’y a pas de raisons pour que je te dise ça… Ce ne sont pas des choses qui te sont personnellement dirigées… » admit-elle, après un instant de réflexions silencieuses.

Son attention avait été délicate, elle le savait. Cependant, elle n’était pas d’humeur à entendre que ce n’était pas de sa faute. Ça ne faisait que l’énerver puisqu’elle en était intensément convaincue. Ce n’était pas à lui qu’elle en voulait si violemment, c’était à elle-même. Elle le lui admettait, même si c’était en expliquant ne pas vouloir embarquer dans ce sujet. Elle soupira de nouveau, agacée, en se passant une main dans les cheveux.

-« Tu sais pourquoi ils l’ont enlevé ? Afin que je sache à quoi faire attention, à l’avenir… » finit-elle par demander, sérieuse, en reposant son regard sur lui.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Evidemment que non, Jun Ho ne faisait pas ça par gentillesse ; c’était frustrant de se prendre de telles réflexions à chaque fois cependant il n’avait pas le droit de s’en plaindre, il le méritait. Hors qu’est-ce qu’il mourrait d’envie de lui dire qu’elle se trompait à son sujet, qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer et qu’elle et Chul Hei étaient ce qu’il avait de plus précieux. Il voudrait qu’elle sache que s’il se permettait de parler, c’était parce qu’il savait, parce que quelque part il avait toujours été là non loin d’eux, telle une ombre qui les observer pour les protéger. Il n’oubliait jamais d’envoyer un cadeau pour l’anniversaire de leur fils ou même pour noël… Parfois, il s’amusait à lui offrir des choses à elle, que ça soit un simple bouquet de fleurs ou payer ce café qu’elle avait entamé au bar du coin. Certains le traiteraient d’idiot, que s’il ne pouvait pas l’avoir, il devrait passer à autre chose hors aller dire ça avec la vie compliquée qu’il menait. Probablement que si celle-ci avait été plus simple, il serait mariée avec elle aujourd’hui et ils formeraient une famille heureuse… Mais tout n’était pas toujours comme on le voulait et ces petites choses que nombreux trouveraient futiles, étaient ce qui égayait un peu plus ses journées. Son seul bonheur provenait de ces deux-là et c’était la raison pour laquelle Jun Ho avait vu rouge lorsqu’on avait osé s’en prendre à son enfant. Parce qu’ils étaient son unique raison de vivre et qu’il ferait tout, sacrifiant corps et âme pour leur propre survie. Il se l’était promis le jour où il avait abandonné Tiffany et il se le promettait encore aujourd’hui. Alors non, peu importait ce que disait cette dernière, le jeune homme ne faisait pas semblant, il ne jouait pas la comédie ; il était plus que sincère… Si vraiment il n’en avait que faire de leur situation, il n’aurait même pas bouger un pouce pour les aider. Hors, il s’était inquiété, il s’était déplacé, il s’était aussi blesser pour le sortir de là… Il n’y avait pas de plus belles preuves à sa sincérité que ses actes d’aujourd’hui mais il n’était pas certain de vouloir s’aventurer sur ce sujet. La fleuriste était chamboulée et perturbée, elle ne devait rien comprendre aux évènements ni pourquoi tout ça leur arrivait eux puis surtout, elle devait se morfondre de culpabilité. Quoi que Jun Ho puisse dire en cet instant, il ne la rassurerait pas néanmoins il avait voulu tenté malgré tout…

Un léger soupir, discret, passa la commissure de ses lèvres tandis que la jeune femme s’exprimait. « Peut-être, mais je tenais à te le dire quand même. » Avait-il conclu posément « Et je n’essaie pas d’être gentil. » Bien que ses pensées étaient tourmentées à ce propos, il n’avait pas pu résister à rectifier ses paroles. « Je m’inquiète pour vous. » Elle ne le croirait pas mais quelle importance… Il lui avait arboré une triste esquisse sur cette déclaration, désolé et triste de ne pas pouvoir faire plus mais aussi de ne pas pouvoir lui révéler tout ce qu’il avait sur le cœur. « Pendant le mariage, il a assisté à une scène de trafic qu’il n’aurait pas dû voir. » Quand il disait que la mafia était dangereuse, il ne plaisantait pas à moitié cependant qu’il leur demande de partir ce jour-là n’avait vraisemblablement pas suffi… Il était intervenu trop tard, le mal avait déjà été fait. « Tu devrais essayer d’aller te reposer, ça te ferait du bien. » Peut-être se répétait-il un peu trop néanmoins après tous ces évènements, elle devait reprendre des forces et ça commençait en premier lieu par le sommeil.

Sa tête était partout à la fois, ne sachant pas par où commencer dans cette histoire. C’est le genre de chose qui n’est pas sensée arrivée dans la réalité. On le voit à la télévision, aux nouvelles, dans les films, les dramas… Le genre de situations qui ne devraient survenir que dans les fictions, mais jamais pour vrai. Pourtant, les sentiments qu’elle ressentait, cette culpabilité cuisante et détestable… c’était bien vrai. Jun Ho pouvait tenter de la rassurer, de lui dire des mots gentils… ça ne servait à rien. Déjà, Tiffany ne comprenait pas pourquoi il agissait comme ça avec elle. Il était celui qui avait disparu, le premier a toujours lui dire de ne pas croiser son chemin, faire comme s’ils ne se connaissaient pas. Évidemment, ce soir, elle l’avait appelé au secours, étant complètement désemparée et ne sachant pas si elle pouvait vraiment donner de la crédibilité à leur dernier échange. La québécoise s’était sentie tellement conne de le chercher, de le contacter, pour cette histoire qui lui semblait impossible. Il était venu, il avait même sauvé son fils et il avait ensuite joué le jeu. Elle ne savait pas ce qui était le plus dur à croire dans tout ça, ce qui était le plus incompréhensible dans ce récit sans queue ni tête. Au final, où se retrouvait-elle ? Chez lui. Si ce n’était pas la parfaite cerise sur le gâteau de la confusion ! Tiffany avait conscience de ne pas avoir toute sa tête, peut-être qu’elle l’avait perdu en cours de soirée… Peut-être qu’elle ne faisait qu’un mauvais rêve…

Soulagement, tristesse, confusion, culpabilité, anxiété, panique, sentiments d’être inutile, d’avoir failli à la tâche… Elle n’a jamais dit être une mère parfaite, mais elle ne pensait pas être la pire non plus. Pourtant, elle avait failli perdre son fils, ce soir. On pouvait lui dire n’importe quoi, ça ne changerait pas le fait qu’elle avait eu peur de perdre le sens de sa vie. Petit être innocent qu’elle est sensée protéger de ce monde qui aime s’en prendre aux plus faibles. Il n’a que cinq petites années et déjà, elle échoue lamentablement à son rôle de mère. Ses parents n’étaient pas les meilleurs, Tiffany a très clairement manqué d’attention et d’affection, de tendresse et de compassion, mais… jamais elle n’a vécu d’expériences aussi dures. Elle n’a même pas été capable de faire mieux que ce couple qui l’a abandonné, ne voyant en elle qu’une accumulation d’échecs et une rébellion qu’ils ne pouvaient pas contrôler. Alors quand Jun Ho tente d’alléger sa conscience, c’est gentil, mais… la québécoise s’en veut trop profondément pour accepter. Dire qu’habituellement, c’est vers lui que ce genre de sentiments sont tournés… Les couteaux se sont retournés et ont une nouvelle cible : elle-même. Le mafieux est celui qui a sauvé son fils. Elle… elle est l’idiote qui aurait dû aller chercher elle-même son fils, plutôt que d’en confier la précieuse responsabilité à une voisine. Plutôt que de lui répondre agressivement des mots qui ne lui sont même pas dédiés, la fleuriste lui explique qu’il n’a pas à se forcer et qu’elle n’arriverait pas à tenir une conversation autour de ce sujet.

-« Peut-être, mais je tenais à te le dire quand même... Et je n’essaie pas d’être gentil. »

Tiffany se contente simplement de hocher la tête à sa première phrase. Elle ne comprend pas pourquoi il tenait à le dire, mais d’accord. Son sourcil se hausse à sa seconde phrase. Il n’essaie pas d’être gentil ? Que fait-il alors ? Il n’est pas en train de danser la samba, de ce qu’elle en sait.

-« Je m’inquiète pour vous. »

Cette fois, elle plisse les yeux et les relève vers lui. La confusion la plus pure s’exprimant sur son joli visage. Mais qu’est-ce qu’il disait comme bêtises encore ? Elle jeta un regard à sa tasse. Il ne l’avait pas drogué quand-même ? Non. Tiffany ne pensait pas sincèrement que l’homme irait à cet extrême. Il disait simplement des choses qui ne faisaient aucun sens. Pour s’inquiéter pour quelque chose, il faut y accorder de l’importance, non ? Or, elle ne pensait pas qu’elle et son fils en ait une quelconque pour lui. Oui, oui, il avait été sauvé son fils, alors qu’il aurait très bien pu l’envoyer balader… Ça aussi, elle en était surprise, en un sens. Mais ce soir, tout l’étonnait, donc, elle ne savait plus quoi penser du tout. Cherchant à trouver une quelconque raison dans toute cette histoire, la québécoise lui avait demandé s’il savait pourquoi on avait enlevé son fils.

-« Pendant le mariage, il a assisté à une scène de trafic qu’il n’aurait pas dû voir. »

Ce sale mariage… Tiffany pince les lèvres et inspire profondément avant de soupirer. Personne ne lui a dit que d’ouvrir sa boutique de fleuriste la fouterait en danger de mort ! Pour le coup, Jun Ho avait raison, elle en a conscience. Elle ne le lui dit pas, il est assez évident qu’elle le sait et l’a compris… Elle penche la tête vers l’arrière, fixant le plafond et se demandant jusqu’à quel point elle peut merder dans sa vie. Ses doigts de momie viennent se glisser dans sa chevelure, elle a envie de les arracher, mais ne le fait pas. Elle ramène sa tête et lâche ses cheveux, replaçant plutôt ce t-shirt dans lequel elle flotte.

-« Je sais vendre des fleurs en trois langues différentes… mais malgré tout, on ne m’a jamais averti du danger de se retrouver à s’occuper de mariages de mafieux… Je vends des fleurs… Je n’ai pas le réflexe de faire les recherches dignes de la police à tout le monde ! » commenta-t-elle, découragée de sa malchance infinie.

Il y a des gens qui viennent pour leurs femmes et leurs maîtresses, d’autres pour des événements funèbres, pour des célébrations, pour des fleurs pour la maison… Elle a ce client aveugle qui venait au moins une fois par mois, depuis des années parce qu’il disait suivre une thérapie de groupe ! Un ancien toxico qui essayait d’entretenir une plante pendant au moins un an ! Bon, à voir sa tête, il a traversé une vie assez mouvementée, mais il n’a jamais causé aucun problème et il est étonnamment adorable avec Chul Hei ! Toutes sortes de gens viennent au Wild Flower, c’est devenu une petite maison cosmopolite où tout le monde peut venir, à condition d’aimer les fleurs et d’être un minimum sympathique ! Tiffany s’y sentait en sécurité ! Mais tout ça… c’est mort. Dans la panique, elle se demande si elle ne devra pas fermer boutique.

-« Tu devrais essayer d’aller te reposer, ça te ferait du bien. »

Elle soupire, complètement découragée et blasée par cette réponse. La jeune femme prend une gorgée de son thé, puis pose sa tasse sur la table avant de se levée, décidée.

-« Non. » répondit-elle, ne laissant pas de place à discussion. « Viens que je te recouse ce bras… Je n’ai pas fait ça depuis longtemps, donc je doute que ce soit digne d’un tableau pinterest… » commenta-t-elle en grimaçant. « Tiens… je crois que le dernier que j’ai recousu se tapait mon mari ! Ouais… ça date vraiment… Tu n’as pas commencé à coucher avec Noah, toi aussi ? Respecter la tradition…? » lança-t-elle sur le ton d’une connerie, cherchant à se détendre.

Son mari… ou ex-mari… elle ne sait plus, elle devrait regarder les termes d’un mariage et voir ce qui s’applique à leur singulière relation, est tout de même dans la même ville qu’eux ! Il dit ne pas être gay, mais bon, Tiffany n’a plus 18 ans, elle sait bien reconnaître les signes. Il est au minimum bicurieux ! Jun Ho, cela dit… ça l’étonnerait fortement. Sauf que ce soir, qu’est-ce qui peut l’étonner encore ? La québécoise déblatère ses idioties, essayant d’occuper son esprit, de garder ce masque de « calme » avec le mafieux. Si elle continue à lui parler sérieusement, elle va craquer, elle le sent. Donc, elle se range derrière ce mécanisme de défense stupide. Délicatement, sa main vient se refermer sur son poignet et elle le tire avec elle jusqu’à la salle de bain.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Malgré l’expression que Tiffany avait affiché, Jun Ho n’avait pas insisté. Il avait envie de se justifier et de lui expliquer ne serait-ce qu’un petit peu ce qu’il en était hors il avait peur que s’il commençait, il finisse par tout lui révéler. Il s’était éloigné d’elle pour la protéger, pour les protéger et ce n’était pas le moment de craquer. Chose qui était encore une fois plus facile à dire qu’à faire parce que la fleuriste était la dernière personne à qui le mafieux avait envie de mentir… Peu importait ô combien il souhaitait la protéger, il y avait des choses qu’il ne parvenait pas à lui cacher ; elle le rendait faible et vulnérable. Probablement était-ce l’une des raisons pour laquelle il était parti sans dire un mot à cette époque… Il avait su que s’il l’affrontait de face, il ne serait pas en mesure de dissimuler la vérité et ne réussirait par à lui tourner le dos. La preuve était ce qu’il se passait aujourd’hui… Plus les minutes s’évanouissaient, plus il lui était difficile de ne pas être affecté par la situation. Le moindre geste, le moindre mot et la moindre réflexion lui donnait envie de rester à leur côté ne serait-ce qu’une seconde de plus… Tous ses sentiments lui brûlaient les lèvres et le jeune homme devait se faire violence pour ne pas les laisser sortir. Pourtant qu’est-ce qu’il ne donnerait pour lui avouer ô combien il tenait à elle et à quel point il souhaiterait la serrer dans ses bras ?! Rien que pour la réconforter et peut-être aussi pour se réconforter un peu lui-même, pour soulager tout ce chagrin en lui qu’il gardait en lui depuis des années. Lorsqu’on l’observait de l’extérieur, Jun Ho n’en donnait sûrement pas l’impression cependant il était plus seul que jamais… Contraint de vivre sous une identité qui n’était pas la sienne, contraint de mentir à tous ceux qu’il aimait pour ne pas les mettre en danger, contraint de se battre seul contre une armée d’hommes sans merci et contraint de regarder de loin celle qu’il aimait le plus et pour qui il aurait tout sacrifié.

Ce n’était pas grave si Tiffany ne le croyait pas, c’était peut-être même mieux ainsi de toute façon… Certainement que si elle réfléchissait, si elle remettait les pièces du puzzle à sa place, elle réaliserait qu’il était sincère. Depuis qu’ils s’étaient retrouvés aujourd’hui, il n’avait pas cessé une seule seconde se tracasser pour eux et la lueur qui avait brillé dans ses prunelles en avaient été la plus belle preuve. « Ce n’était pas quelque chose que tu aurais pu deviner. » Si lui l’avait su, c’était principalement parce que ça concernait sa famille et qu’il était lui-même du milieu… Avec la vie paisible qu’elle avait mené jusqu’à présent, comment aurait-elle pu s’imaginer un tel revirement de situation ? Si le garçon avait été sa place, probablement qu’il n’aurait pas réagi mieux. Quand on ne savait pas, on ne pouvait pas prévoir. Jun Ho n’avait pas désiré insister plus, voulant sincèrement qu’elle arrête de se tourmenter et aille se reposer bien qu’il s’était douté qu’elle n’accepterait pas s’y facilement.

Souriant faiblement à sa remarque, il s’était contenté de hausser les épaules. « Ne t’inquiète pas pour ça. » Toutes ses cicatrices n’étaient pas digne d’un tableau Pinterest ; ce qui comptait était que la plaie soit recousue, le design n’avait pas d’importance. « Pourquoi est-ce que je coucherais avec Noah ? » Avait-il déclaré sérieusement tandis qu’il se levait, enchérissant aussitôt sans lui laisser le temps de répondre « J’ai plus envie de lui casser la gueule que de coucher avec. » C’était sorti instinctivement parce qu’il n’aimait pas ce type et que le peu qu’il avait entendu le concernant par le passé ne lui avait pas donné envie de l’apprécier un minimum. Tiffany était une femme merveilleuse mais il avait osé la blesser et lui faire du mal, comment pourrait-il vouloir lui accorder un quelconque intérêt ? Certes, dans le fond, il n’était probablement pas mieux néanmoins lui savait que jamais il n’aurait pu la tromper pour une autre.

Ne disant plus rien ensuite, il l’avait laissé le guider jusqu’à la salle de bain ; calmement, il lui donna tout le nécessaire pour s’occuper de lui puis s’installa comme précédemment, assis sur la cuvette des toilettes. S’il ne parlait plus, il n’avait pas été capable de la lâcher des yeux tandis qu’elle le soignait. Il y avait tant de choses qu’il aurait voulu lui dire en cet instant mais plutôt que parler, il était resté là à la contempler, silencieux.  

Ce matin, lorsqu’elle s’était levée, Tiffany avait pensé vivre une journée sans histoire. Des heures tranquilles et calmes s’étaient écoulées, puis… son monde avait brusquement perdu son sens. Jun Ho avait été le lui retrouver, mais la jeune femme restait des plus confuses. Tout était de la faute de la mère irresponsable qu’elle était, elle en était convaincue. Même si le mafieux avait essayé de la réconforter, elle n’arrivait pas à partager son avis. La culpabilité était trop étouffante, l’instant trop vif et il avait peut-être de bonnes intentions, mais comment Tiff aurait pu comprendre ? Elle ne doutait pas complètement de lui, mais en même temps… ce qu’il disait était si insensé ! Elle devait mal comprendre quelque chose, c’est pourquoi elle préférait ne pas continuer sur le sujet. À quoi bon ? Les choses étaient claires entre eux. Chacun fait sa vie et ils sont sensés rester très, très, très, très loin l’un de l’autre ! Bon, être dans le même appartement après tout ce qui s’est passé, ce n’était pas exactement respecté les termes que Kôsei ? Jun Ho ? avait lui-même imposé. Cependant, c’était aussi lui qui les y avait amené. Être fleuriste n’est pas sensé être un travail qui met sa famille en danger non plus… comme elle le disait, n’arrivant pas à se faire à ce qui venait de se passer. Comment pouvait-elle être si stupide ? Comment avait-elle pu laisser ça arriver ?

-« Ce n’était pas quelque chose que tu aurais pu deviner. »

Non, rien ne laissait présager que ça n’arrive. Le couple de futurs mariés avait toujours été si gentils avec eux. Tiffany s’entendait vraiment bien avec Jung Sook, jamais elle n’aurait cru que d’assister à leur mariage causerait tout ce cataclysme !

-« Qu’est-ce que je vais faire… ? Ça se saura si nous retournons au Wild Flower… Jung Sook est sensée repasser à la boutique, en revenant de sa lune de miel ! » commenta-t-elle, désespérée alors qu’elle réfléchissait à haute voix.

Cette idée lui avait fait plaisir, la première fois qu’elles en avaient parlé. Aujourd’hui, cependant, la fleuriste s’imaginait l’attendre avec son plus gros pot de fleurs à lui lancer par la tête et une pelle, oui ! Celle qu’elle avait considéré comme une amie n’était peut-être pas responsable, mais ce soir, elle était dans le même panier. C’était quand-même à SON mariage que Chul Hei avait vu quelque chose que les mafieux auraient pu faire AILLEURS ! Trop de sentiments, trop de pensées, trop de soucis, Tiffany se perdait dans tout ça et oscillait d’une émotion à l’autre. Jun Ho devait bien le voir puisqu’il lui conseilla d’aller se coucher. Bonne tentative de se débarrasser d’elle, mais ce ne serait pas si aisé ! Essayant de se détendre, elle lui répond une poignée de bêtises.

-« Ne t’inquiète pas pour ça. »

Malheureusement pour lui, il n’a pas à lui dire ça. Ce n’est pas exactement le plus gros de ses soucis ! Mais bon, il essaie de la rassurer et de dire que ce n’est rien… Ça reste gentil. Le pauvre, en guise de réponses, il a d’autres idioties à propos de Noah ! Elle y a réfléchi deux secondes et Max est probablement le dernier qu’elle a dû recoudre… Dealer imbécile qui ne savait pas comment éviter les ennuis, lorsqu’il sortait de l’appartement.

-« Pourquoi est-ce que je coucherais avec Noah ? J’ai plus envie de lui casser la gueule que de coucher avec. »

Pourquoi ? Elle lui a pourtant dit pourquoi ! La tradition ! Tiffany n’est intéressée que par les imbéciles et les homosexuels ! Bon, le mafieux entrait quand-même dans la première catégorie, c’est pourquoi elle avait développé des sentiments pour lui, à l’époque… et Noah avait affirmé ne pas être gay… La fleuriste restait incertaine quant à son hétérosexualité, mais bon, il y a longtemps qu’elle a passé à autres choses, donc, son … mari (?) peut disposer à loisirs de son corps ! Puis, il y avait cette tradition de recoudre les idiots qui couchaient avec Noah. Enfin, ce n’en était pas vraiment une, il aurait fallu qu’elle recouse d’autres gens au moins pour appeler ça comme ça. De toutes manières, il ne l’avait pas laissé répondre puisqu’il avait encore ajouté quelque chose qui la surprenait.

-« Pourquoi tu voudrais faire ça ? Même moi, je ne l’ai pas fait quand je l’ai revu ! » admit-elle, cherchant un peu à comprendre.

N’était-elle pas sensée être la plus fâchée de l’histoire ? La plus violente ? C’est elle qui avait été prise pour une idiote – et qui en avait été une – il y a presque une décennie de cela ! Oh… en y pensant, ça ne datait pas d’hier qu’elle ne voyait rien et ne servait à rien pour protéger ses proches ! Son visage s’assombrit quelque peu, mais elle préféra se concentrer sur la plaie de son bras. Tiff grimaça en la revoyant, nouvelle couche de culpabilité. Inutile de dire qu’elle a cessé de les compter depuis longtemps ! Elle inspire et se met quelques gifles mentales, elle peut au moins soigner ça ! Ça ne change rien aux événements, mais… c’est la moindre des choses qu’elle puisse faire.

-« Tu le sais déjà mais bon… ce ne sera pas une balade dans les prés… » commenta-t-elle, cherchant à le préparer aux joies d’être recousu.

Aux vues de toutes les cicatrices qu’elle avait remarquées, la fleuriste devinait que son commentaire était probablement inutile. Elle était triste pour lui, se demandant quel genre d’enfer il devait affronter pour se retrouver comme ça… Il devait être difficile pour lui de traverser tout ça, certaines blessures devaient être plus compliquées à soigner… Quelqu’un l’aidait ? Peut-être une petite amie compréhensive ? Oh bordel ! Une petite amie pas si compréhensive que ça n’allait pas débarquer et en ajouter une couche hein ? Tiffany n’avait pas besoin de ça et ne voulait pas causer de malentendus !

-« Dis… ta copine ne va pas arriver pour une soirée romantique et se méprendre et vouloir mettre ma tête sur une pique, elle aussi, hein ? » demanda-t-elle avec un petit rire nerveux.