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Dimanche matin. Ton jour de congé. Il était encore assez tôt, Cheol dormait comme un loir, et c'était tout juste si tu étais parvenue à t'extirper de son emprise sans le réveiller. Un miracle, vraiment. Ça faisait déjà bien longtemps que t'avais abandonné l'idée de le faire dormir sur le canapé. De toute façon il arrivait toujours à se taper l'incruste dans le lit pendant que tu dormais. Et puis, c'est pas comme s'il faisait quoique ce soit, il avait juste besoin d'une peluche humaine, et c'était tombé sur toi. Par contre, pour arriver à te défaire de son étreinte, c'était toujours une galère sans nom. Tu ne savais même pas comment quelqu'un d'endormi pouvait avoir autant de force! Mais tu avais de l'entraînement maintenant, tu avais développé des techniques dignes des meilleurs ninjas. Si bien que ce matin-là, tu avais réussi la mission impossible de ne pas le réveiller.

Ce jour-là, t'avais envie de prendre soin de toi, tu t'étais donc décidée à te faire couler un bain. Un bon bain, avec des sels et des bulles. Oh oui. Tu en rêvais! Tu te déplaçais dans tout le loft sur la pointe des pieds, grimaçant à chaque fois qu'un son te semblait trop fort, et tournant doucement la tête pour vérifier que l'ours endormi l'était toujours. Tu te dirigeais rapidement dans la salle de bain et fermas la porte derrière toi, le tout aussi silencieusement que tu le pouvais. Tournant le robinet de la baignoire, tu priais tous les dieux et déesses pour que l'eau soit sympa avec toi et ne fasse pas trop de bruit. Quand elle se mit à couler, tu te figeais un instant, guettant le moindre bruit qui pourrait venir de la pièce d'à côté. Rien. Ouf! Tu te détendis légèrement, remontant tes cheveux en un chignon ébouriffé. Tu te déshabillais et déposais tes vêtements dans le panier de linge sale. Mmmh, il commençait à être bien rempli, il allait falloir faire des lessives aujourd'hui.

Après y avoir versé tes sels de bain préférés - ceux à la rose - tu glissas doucement dans l'eau, te délectant du parfum qui emplissait tes narines. Tu avais ton téléphone en main et tes écouteurs aux oreilles. Quoi de mieux qu'un peu de musique pour se détendre? Tu posais ton téléphone sur le rebord, et te plongeais jusqu'au cou dans l'eau. De la mousse et des bulles s'étaient formées en un temps record. Tu lâchas un soupir de plaisir tout en fermant les yeux pour profiter. Avec Cheol endormi, pas de risque qu'il débarque à l'improviste.

Mais Sae Ri, tu avais encore oublié de verrouiller la porte....

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Cheol aimait beaucoup dormir. Depuis qu’il avait passé sa première nuit dans ce lit, il redécouvrait le confort. Après plus de dix années allonger à même le sol, son corps se réveillait enfin le matin sans douleur. C’est pourquoi le soir, il s’endormait très tôt, bien avant minuit. Si les premiers mois dans ce loft il avait excellé dans les douze - voir plus! - heures d’affilées, maintenant il avait besoin de neuf ou dix heures maximum. Mais le dimanche, c’était sacré. Il avait droit de faire comme avant, puisqu’il ne devait pas aller travailler le matin au skateshop. Il pouvait donc rester tel un pacha, sa peluche humaine dans les bras. Aka Sae Ri. La pauvre, le garçon aux cheveux ébène ne lui avait pas vraiment laissé le choix quant à ce statut. Mais sa présence le rassurait, l’apaisait. Était-ce vraiment mal ?

Sauf que ce matin-là, sa source de chaleur naturelle disparut sans trop qu’il ne comprenne. Cheol peina à ouvrir les yeux, encore les pieds dans le monde des songes. Mais il savait que la demoiselle était partie. Et comme toujours, la peur prit possession de lui. Les yeux ouverts, il regarda paniqué dans la pièces, laissant échappé un faible « Noona… ? ».  Tel un enfant, la panique le gagnait bien avant la raison. Aucune odeur de nourriture ne parvenait à ses narines : elle n’était donc pas en train de cuisiner. Quittant le lit d’un pas fébrile, le jeune homme parcourut toutes les pièces du loft, en vain. Il ne lui restait alors qu’une porte à franchir : celle de la salle de bain. S’approchant lentement, il tenta tout d’abord d’écouter au travers de celle-ci. Rien. Il toqua, une première fois. Une deuxième fois. Alors, lentement, Cheol enclencha la poignée.

Et en passant sa tête dans l’entrebâillement, il la vit enfin. Tout allait bien, Sae Ri était là. En train de prendre un bain moussant, ses écouteurs dans les oreilles. C’était donc pour cela qu’elle ne lui avait pas répondu. Faute d’autant plus d’avoir les yeux fermés, elle ne le vit pas entrer dans la pièce. Ne voulant pas la déranger, il referma tout aussi discrètement la porte derrière, et en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, son boxer joncha le sol et le voilà qui se glissait dans la baignoire, d’un naturel déconcertant. Ce qui, évidemment, effraya dans un premier temps la demoiselle. Cheol la salua alors de la main, un petit et innocent sourire au visage. « Bonjour noona. ».

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T'étais paisible. Relaxée. Détendue. Rien ne pouvait te perturber dans ta tranquillité. T'avais la tête penchée en arrière, adossée au bord de la baignoire. T'étais plongée dans ta musique, dans ton monde. T'y étais tellement bien que t'avais rien vu venir. Tu l'avais pas entendu t'appeler. Tu l'avais vu entrer non plus. Tu l'avais senti au dernier moment, juste quand il entrait dans l'eau. Surprise, t'avais pas pu retenir un cri. Par réflexe, tu cachas ton visage dans tes mains, replias tes jambes sur toi-même et ouvris grand tes yeux pour identifier ce qui venait de s'introduire dans ton espace personnel sans demander la permission.

Et puis t'avais vu son sourire innocent et ses yeux de chiot perdu. Cheol. Bien sûr que c'était lui. Qui d'autre? Doucement, tu baissais tes mains, reprenant ton souffle, essayant de calmer ton cœur qui battait à tout rompre. La stupeur fit place à l'agacement. Il te salua gentiment, ne comprenant absolument pas la gêne qu'il te causait à chaque fois qu'il se tapait l'incruste comme ça. Tu lui avais dit un million de fois de pas le faire, mais c'était comme parler à un sourd. Il suffisait que t'oublies de verrouiller la porte comme ce jour-là, et tu pouvais être certaine qu'il allait venir te rejoindre. Pour se brosser les dents, ça allait, c'était mignon. Mais quand t'étais sous la douche ou dans ton bain - comme dans le cas présent - y avait de quoi criser.

Tu restais recroquevillée contre toi-même dans ton coin de la baignoire, et tu te remerciais intérieurement pour avoir mis des sels de bain. Au moins la mousse couvrait la surface de l'eau et rendait toute transparence impossible. Tu le jaugeais, avec son air innocent. Bon sang. Il avait de la chance d'être adorable. Parce que sinon ça ferait longtemps que tu l'aurais noyé. Mais il avait cette capacité énervante au plus au point, ce super pouvoir venu de nulle part, qui faisait que tu étais incapable de lui en vouloir plus de cinq minutes. Furtivement, tu jetais un regard vers ta serviette, un espoir de t'échapper, mais cette dernière était loin, trop loin. Tu enlevais tes écouteurs, réalisant enfin que tu avais eu une chance incroyable que ton téléphone ne soit pas tombé à l'eau quelques instants auparavant.

Tu poussas un soupir las. T'étais coincée. Tu savais que si tu lui demandais de sortir, il ne le ferait pas, cette tête de mule. Résignée mais toujours tendue, tu fis une moue non-convaincue. « Cheol-ah .... je t'ai déjà dit un milliard de fois de pas faire ça .... » Tu soupirais encore. « Tu peux pas venir dans mon bain avec moi comme çaaaaa ... Cheol-aaaaaah ... ça se fait paaaaas ... » Tu râlais, comme à chaque fois, trépignant légèrement sur place, faisant onduler l'eau au gré de tes mouvements.

Et adieu la détente ...

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Cheol s’apparentait tantôt à un chiot tantôt à un poussin. Dans le premier cas, c’était lorsqu’il réclamait l’attention de Sae Ri, qu’il grognait quand un inconnu lui tournait autour, ou bien encore quand il la regardait avec ce petit air perdu adorable. Pour le deuxième cas, c’était ce comportement si atypique lorsqu’il la suivait partout. Certes, depuis qu’il vivait avec elle, il ne supportait plus être seul, notamment la nuit. Mais il se permettait aussi de la suivre surtout jusque dans la salle de bain. Elle avait maintes fois hausser la voix, pour le réprimer. Il était à présent un homme, il ne pouvait pas prendre sa douche avec une femme. Ce concept, Cheol tentait réellement de l’intégrer. Mais il trouvait cela tellement plus agréable d’être à deux. Ils pouvaient discuter, elle lui lavait les cheveux, il lui frottait le dos.

C’est pourquoi ce matin-là encore il se glissa sans gêne dans le bain de Sae Ri. Cette dernière frôla visiblement la crise cardiaque, faute de ne rien avoir vu ou entendu venir. Clignant des yeux, le brin la regarda sans comprendre : qui à part lui ou Gihoe aurait-ce put être ? Il la trouvait marrante, Sae Ri. Pour lui laisser de la place dans la baignoire, il l’imita et se recroquevilla aussi. Sauf que faute de sa grande taille, ses genoux dépassèrent de la mousse. Et tandis que lui la saluait, la demoiselle elle râlait de nouveau pour son acte. Fronçant quelque peu les sourcils, Cheol fit une petite moue attristée. Il n’aimait pas la mettre en colère. « Pardon. ».

Pourtant, pour une fois, il ne comprenait vraiment pas le mal qu’il pouvait lui causer. Elle lui avait déjà expliquer les raisons qui faisaient qu’un homme et une femme, non amoureux, ne pouvaient pas avoir ce genre de moments. « Il y a de la mousse. On ne voit rien. Tu m’as dit que la douche c’était pas bien car je voyais ton corps et que tu voyais le mien. Mais là, moi, je ne vois que ton visage. ». Plantant son regard dans le sien, Cheol était on ne peut plus sérieux. Il montra alors ses cheveux. « Il faut me les laver. ». Et oui, c’était Sae Ri qui avait instauré ce rituel, elle ne pouvait plus retourner en arrière dorénavant. « Comment je les mouille ? Il n’y a pas le… ». Incapable de trouver le mot, le jeune homme mima alors la paume de douche. Il n’allait quand même pas devoir plonger la tête dans l’eau ?

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Cheol, c'était comme un enfant à qui il faut tout le temps expliquer le pourquoi du comment. Le truc c'est que, il n'y a pas toujours de raison derrière certaines choses. C'est comme ça, et c'est tout. Il n'y a pas à tergiverser. Mais les enfants, quand ça comprend pas, qu'il n'y a pas de logique, ça estiment que ce n'est donc pas une règle à laquelle ils doivent se plier. Et Cheol, il fonctionnait comme ça. Parfois c'était drôle, et le plus souvent, ça donnait vie à des situations de ce genre. Où lui ne voyait absolument pas le mal qu'il faisait, et où toi tu désespérais sous le poids de la gêne causée.

Tu le fixais, réprimant un rire en le voyant t'imiter et se recroqueviller dans son coin de la baignoire, sauf que lui avait l'air beaucoup moins à l'aise que toi. Tu l'observais, avec son expression toute penaude et ses yeux de chiot désolé. Et tu soutins son regard perçant quand il t'annonça ses arguments infaillibles et irréfutables. Comment tu pouvais répliquer à ça? A coup de "c'est comme ça et pas autrement, point final"? Ça ne résoudrait rien, et ça le ferait encore moins changer d'avis. A bout de nerfs, tu te pris la tête entre les mains, ne sachant plus quoi dire ou inventer. Et tu gémis de désespoir. Il avait gagné. Encore une fois.

Tu soupirais une dernière fois, comme pour capituler, et tu le regardas à nouveau. Tu souris malgré toi, parce qu'il arrivait toujours à ses fins avec toi, et ça t'agaçait d'une façon ridicule. Tu lâchais finalement un rire en le voyant mimer un pommeau de douche. « T'es vraiment pas possible, j'en peux plus ... » Tu secouais la tête, dépitée de toi-même et de ta faiblesse de cœur.

Tu gardais tes genoux contre-toi, au moins comme ça, tu te sentais moins exposée dira-t-on. « Tourne-toi et penche toi en arrière. » Tu tendis tes bras vers lui pour l'inciter à s'exécuter. « T'inquiète pas, je te tiens, ok? » Tu le rassurais tandis qu'il se mettait en position, te tournant le dos. Tu ne pu empêcher tes yeux d'être attirés par les cicatrices qui s'y trouvaient. Peu importe le nombre de fois que tu les voyais, ça te faisait toujours un pincement au cœur. Tu n'arrivais pas à intégrer le fait que quelqu'un puisse avoir subit autant de choses horribles, tu n'y arriverais probablement jamais d'ailleurs. Mais trêve d'idées noires...

Tu te focalisas à nouveau sur Cheol et ses cheveux. Tu passais un bras dans son dos et derrière sa tête pour le soutenir et l'aider à descendre sa tignasse jusque dans l'eau. Puis doucement et avec ta main libre, tu entrepris de lui mouiller les cheveux, prenant soin de ne pas lui mettre de mousse dans les yeux. Tu sentis ces derniers se lever vers toi. Tu lui fis une grimace, retroussant ton nez en tirant la langue. « Qu'est-ce qu'il y a? »

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Cheol avait ressenti plusieurs peurs dans sa vie. Celle de mourir, celle de finir en prison, celle d’être retrouvé par sa famille. Mais maintenant, c’était une peur bien peu ordinaire qui l’habitait : celle d’être abandonné par Sae Ri. Si depuis la mort de son père il avait toujours éprouvé le désir d’être seul, maintenant qu’il vivait sous le toit de la jeune femme, c’était bien l’inverse. La preuve en était ce matin-même où la panique le gagnait faute de ne pas apercevoir la demoiselle. Son cœur s’emballait à l’idée qu’elle soit partie, à tout jamais. Il avait grandi, grâce à elle. Et il savait survivre seul. Pourtant pour rien au monde il ne désirait retourner dans cette ancienne vie. Cheol aimait bien trop le confort de ce lit, les petits plats de son aînée, et leurs discussions en tout genre.

Et puis il avait fini par retrouver Sae Ri, la rejoignant dans son bain. Il lui exposa sans soucis la raison qui le poussait à croire que tout allait bien dans cette situation pourtant si particulière. Comme toujours, il gagna le point et la belle cessa de le réprimander. Le brun esquissa alors un sourire incroyable de fierté : il aimait avoir le dessus sur ce genre de débat. Il finit même par lui faire remarquer que c’était le jour où il devait se laver les cheveux. Enfin, plutôt, où elle devait lui laver les cheveux. Et comme à son habitude, Cheol hésita avant de se retourner. Il n’aimait pas être de dos à sa colocataire : elle pouvait y voir ses nombreuses cicatrices. Il savait que cela la mettait mal à l’aise. Avec une petite moue, il finit par s’exécuter, tout en haussant la tête aux paroles rassurantes de Sae Ri.

Ainsi il se retrouva penché en arrière, la tête à moitié dans l’eau. Il laissa la jeune femme faire, lui accordant toute sa confiance. Et il finit par relever les yeux pour la regarder, sans un mot. Elle le remarqua très vite, lui tirant la langue sans doute pour dissimuler sa gêne. Cheol ne lui répondit pas de suite, laissant un léger blanc de quelques secondes s’installer avant de répondre avec une sincérité déconcertante. « T’es belle noona. ». Sae Ri avait ce petit truc indéniable. Le brun se redressa alors et tendit le bras pour attraper la bouteille de shampoing, s’en vidant sur ses cheveux dorénavant humides. « Je ferme les yeux. ». Pour ne pas que le liquide les attaque. Et de nouveau, comme s’il n’avait pas jeter cette petite bombe avec sa précédente phrase, Cheol rebascula la tête en arrière.

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T'avais jamais été quelqu'un qui aimait être seul. Tu adorais le bruit, l'animation, la compagnie. Te retrouver toute seule à rien faire c'était ta hantise. Alors quand Cheol avait débarqué dans ta vie, tu t'étais faite à sa présence avec une rapidité et une facilité déconcertante! Beaucoup auraient souhaité que le jeune homme trouve une autre solution très vite et s'en aille de chez eux. Mais toi, tu aimais l'avoir avec toi. Il faisait partie intégrante de ta vie, et tu n'imaginais pas qu'il puisse s'en aller, que ce fut dans un futur proche ou lointain. Quand quelqu'un te rappelait cette possibilité, tu éludais le sujet sur le champ. Et même si tu refusais de te l'avouer, au fond de toi, tu n'avais pas envie qu'il parte. L'idée qu'il finisse par vouloir s'en aller, un jour ou l'autre, ça te rendait triste et ça te faisait comme une boule dans la gorge. T'aimais pas penser à cette éventualité. Alors tu le faisais pas. Tu continuais de vivre au jour le jour, en espérant que ça continue comme ça pour toujours.

Son sourire fier au visage, il savait qu'il avait gagné le bougre. T'arrivais jamais à lui en vouloir. Avec une bouille pareille en même temps, fallait avouer que c'était peine perdue. Tu le sentais savourer sa victoire, comme si tu pouvais l'entendre penser. Puis tu le vis hésiter, et tu savais que c'était à cause de ses cicatrices. T'avais jamais vraiment osé lui poser trop de questions sur celles-ci. Tu voulais pas l'obliger à se rappeler des souvenirs douloureux, alors t'en parlais pas, ou très peu. Tu savais pas si un jour tu connaîtrais leur histoire. Tu savais pas si t'avais réellement envie de savoir non plus. Qu'est-ce que tu aurais pu y faire de toute façon? A par retrouver celui ou celle qui lui avait fait du mal et le ou la jeter dans la Han River, tu voyais pas grand chose d'autre.

Ses yeux levés vers toi, tu te demandais ce qu'il avait dans la tête, et le lui demandas sans faire de chichi. C'était l'avantage avec Cheol, tu pouvais être directe, sans tourner autour du pot. C'était tellement facile de parler avec lui. Bon, quand il fallait lui expliquer les règles de bienséance c'était clair que c'était le parcours du combattant. Mais en règle générale, c'était très agréable et drôle de discuter avec lui. Lui aussi se montrait très direct. Y avait pas de faux-semblants avec lui. Alors quand il te sortit sa remarque, t'étais qu'à moitié prise de cours. Tu lâchas un rire malgré toi, détournant tes yeux des siens si sincères. Il avait toujours la sale manie de te dérouter dans des moments pareils. « Étant donné que tu me vois d'en-dessous et à l'envers, je suis pas sûre de comment le prendre, mais .... merci ! » Tu blaguais surtout pour toi-même, et désamorcer la gêne qui te teintait les joues de rouge. Tu le regardas attraper le shampoing et s'en vider un peu sur la tête, avant de pencher à nouveau sa tête vers toi. Tu te mis alors à lui masser gentiment le crâne, faisant mousser le savon sur la totalité de ses cheveux. Tu t'appliquais soigneusement, très concentrée. Tellement concentrée que t'en disais plus rien.

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Cheol avait beau être à l’aise avec celle qui l’avait recueilli, n’éprouvant aucune pudeur à son égard, il demeurait cependant toujours mal à l’aise avec ses cicatrices lorsque Sae Ri s’en trouvait si proche. Lui, avec le temps, avait appris à les oublier. Mais plus d’une fois il avait capté le regard tantôt curieux tantôt dérangé de son aînée à leur égard. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise. Et il désirait encore moins qu’elle apprenne la vérité sur leurs origines. Bien qu’était une femme intelligente, elle devait se douter qu’une sombre histoire se cachait derrière. Sauf qu’elle était tout sauf prête à l’entendre. Alors le brun faisait son possible pour être le moins souvent de dos à Sae Ri, sauf qu’être dans une baignoire s’en avérait compliqué.

« À l’endroit ou à l’envers, tu restes belle. ». Cheol appréciait sincèrement la beauté de sa colocataire. Elle ne ressemblait pas à toutes ces filles refaites et identiques qu’il voyait à la télévision, ou bien à ces pots de peinture qu’il croisait en ville. Oh non, Sae Ri était naturelle, avec des traits particuliers qui lui sciaient à ravir. Une fois les cheveux couverts du shampoing, le brun se laissa faire, appréciant grandement le presque masse crânien qui lui était donné. Il ne dit rien, restant les yeux fermés à profiter. Il manqua presque de s’endormir, faute de ne pas avoir eu la totalité de son quota de sommeil puisque réveillé par l’absence de la plus âgée. Mais lorsqu’elle fit part qu’elle avait terminé, Cheol se remit face à elle et rouvrit les yeux.

« Je me laverai le corps ce soir. Je vais danser. ». Par ce temps radieux de début d’été, il avait déplacé son horaire sportif du matin au soir, lorsque la nuit tombée apportait enfin de la fraicheur à la capitale sud-coréenne. Et ce soir-là, il comptait troquer le jogging pour une séance de danse. Son unique passion. Baissant le regard sur la mousse, le cadet en prit alors dans ses mains et se pencha soudainement vers Sae Ri. Il déposa délicatement la mousse sur sa tête et sépara le tas en deux, tentant ensuite de les modeler. Cheol se recula par la suite et un adorable sourire se forma sur son visage. Il retira le restant de mousse de ses doigts sur le nez de la jeune femme, et éclata alors de rire. Elle était à la fois amusante et trop mignonne. « Tu ressembles à la souris célèbre ! ». Aka Minnie.

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En règle générale, quand une personne dit à une autre qu'elle est belle ou mignonne, c'est bien souvent par politesse ou réflexe. Une sorte de convention de bienséance. Un accord tacite et silencieux sur fond d'hypocrisie innocente. Mais Cheol il n'avait pas conscience de tout ça. Il disait toujours ce qu'il pensait. Alors à chaque fois qu'il te sortait un truc du genre, il le faisait le plus sincèrement du monde. Et toi ça te touchait d'une façon qui te rendrait presque dingue. C'était le seul qui arrivait à te faire perdre tous tes moyens avec des choses aussi simples, et c'était probablement ce qui t'agaçait le plus. C'est pourquoi tu te contentais de rire nerveusement à ses compliments, ne sachant jamais vraiment quoi y répondre.

Concentrée sur le lavage de tête du squatteur de salle de bain, tu le sentais somnoler sous tes doigts. Chose qui te fit sourire, attendrie. Il n'avait pas mis bien longtemps à se réveiller une fois que tu fus sortie du lit. Il devait avoir un radar à peluche humaine, ou quelque chose du genre. Tu te sentis presque désolée qu'il se soit réveillé plus tôt qu'il aurait dû, il ne devait pas avoir eu son quota d'heures de sommeil. Tu décidas intérieurement qu'une fois sortie du bain, tu lui préparerais un petit-déjeuner digne de ce nom pour te faire pardonner. D'ailleurs, rien que d'y penser tu commençais déjà à avoir faim!

Une fois ses cheveux propres, il se tourna de nouveau pour te faire face, t'annonçant qu'il comptait danser ce soir. Tu penchas la tête sur le côté à ces mots, souriant doucement. Avec le temps, t'avais appris que s'il y avait bien une chose qu'il adorait, c'était la danse. Tu l'avais déjà vu s'entraîner plusieurs fois, et tu ne cessais d'être impressionnée à chaque fois! « Quelle chorégraphie tu vas travailler cette fois? » Tu étais sincèrement curieuse et enthousiaste. Probablement sa première fan d'ailleurs! Avoir une passion, c'était comme avoir une bouée de sauvetage à laquelle se raccrocher à tout instant, alors tu l'encourageais et le soutenais sans retenue. Si c'était important pour lui, ça l'était pour toi aussi.

Tu eus un léger sursaut quand il se pencha soudainement vers toi, mousse en main. « Qu- ... qu'est-ce que tu fabriques encore? » Tu fermas les yeux par réflexe, ne sachant pas à quoi t'attendre. Et quand il eu fini, se reculant de nouveau, tu rouvrir les yeux pour le regarder, lui et son sourire adorable. Puis il te colla le surplus de mousse sur le nez, chose qui te fit retrousser ce dernier, et qui le fit rire aux éclats. Minnie, hein? Qu'à cela ne tienne! « Attends un peu toi... » Tu pris de la mousse entre tes mains à ton tour, et la déposas sur son menton, lui façonnant une magnifique barbe blanche. Tu réussis même à lui en mettre sur les sourcils, et tu te mis à rire toi aussi. « Et voilà! un magnifique Père Noël! »

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Cheol était à présent peut-être trop relâché lors de ces séances baignoire. Si à ses tout débuts dans l’appartement il n’appréciait alors guère, ne comprenant surtout pas l’intérêt de rester à barboter dans l’eau qui se refroidissait progressivement, maintenant c’était bien l’inverse. Il réclamait au moins une fois par semaine, mais surtout, il se laissait volontiers somnoler sous les mains de Sae Ri quand elle lui shampouinait les cheveux. Les feulements du chat sauvage avaient laissés place aux ronronnements du chaton. D’autant plus que ce matin-là, il n’avait pas l’ensemble de ses heures de sommeil, ce qui allait sans aucun doute tôt ou tard avoir un impact sur son comportement.

Lorsque Cheol annonça à sa colocataire qu’il allait partir danser le soir, l’intérêt de la jeune femme à ce sujet lui fit plaisir, comme à chaque fois. Ils n’avaient malheureusement pas assez de place dans l’appartement pour qu’il puisse s’exercer alors il retournait aux sources : la rue. « Quelque chose de moderne. J’ai trouvé une vidéo hier, sur le téléphone. Je te montrerai. ». Il utilisait trois applications dans son téléphone : les messages, la météo et youtube. Les seules qui pour l’instant, à ses yeux, avaient une utilisé. « Tu pourras venir. ». Si Sae Ri le souhaitait, bien évidemment. Sa présence ne le dérangeait jamais, bien au contraire. Elle était un moteur. Car Cheol voulait la rendre fière.

Cette baignoire était définitivement trop petite pour eux deux. Le brun s’en rendit de nouveau compte lorsqu’il se pencha vers son aînée pour lui mettre de la mousse sur ses cheveux. Heureusement, elle avait fermé ses yeux et ne put ainsi voir l’eau déborder. Ouf. Ce fut avec un rire franc qu’il ramena Sae Ri sur terre, visiblement décidée à lui rendre la pareille. Alors sagement, et sans perdre son sourire, Cheol se laissa faire pour finir par ressembler à un Père Noël. Ce personnage, c’était la demoiselle qui le lui avait apprit l’hiver dernier. « Ah, oui, le vieil homme au gros ventre ! ». Il tenta alors d’imiter le vieillard, en vain. C’était davantage un mélange de ridicule-mignon que d’une réussite.

Et le ventre du brun émit alors un son l’alerte à l’appétit. Clignant des yeux, il se pencha alors en avant en fermant les yeux, signe qu’il était prêt à se faire rincer les cheveux. C’était l’heure de manger, et autant vous dire qu’il ne comptait pas la manquer. Surtout qu’à côté de ses plats ratés ou trop fades, ceux de Sae Ri s’avéraient toujours être un franc succès. Il y mettait de la bonne volonté, mais rien à faire : à croire que la cuisine, ce n’était définitivement pas son domaine.

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Ça te faisait toujours plaisir de l'entendre parler de danse. Sa passion se lisait dans ses yeux, et c'était magnifique à voir. Tu étais toujours prête à regarder les vidéos de danse et les chorégraphies qu'il souhaitait te montrer, et tu étais encore plus excitée d'assister à ses répétitions, un peu plus impressionnée à chaque fois que tu le voyais danser. Alors l'entendre te proposer de venir, tu ne pus retenir un léger sursaut de joie, manquant de faire déborder l'eau de la baignoire. « Ah oui! Je veux! » Tu avais déjà hâte de l'encourager, et de voir les passants faire de même. Ça te faisait toujours plaisir d'observer les gens finalement voir ce que tu voyais en Cheol ; un garçon pleins de talents, qui méritait une vie remplie de sourires et d'applaudissements.

De la mousse pleins les cheveux, et lui pleins le menton, tu riais joyeusement en le voyant tenter une imitation du Père Noël. Tu te souvenais encore de ta réaction quand tu découvris qu'il ne connaissait pas le fameux personnage de fêtes de fin d'année. Surprise, et un peu triste qu'il ai grandi sans ces histoires pleines de magie et de fantaisies. Tu t'étais alors mis un point d'honneur à lui faire découvrir tout ce qu'il avait raté. Et ainsi vous retombiez tous les deux en enfance. « Pour le gros ventre on repassera! » Tu riais encore plus. Fallait avouer que Cheol était plus qu'en forme, tu avais déjà pu voir et apercevoir ses abdominaux, et tu te demandais toujours comment il pouvait être aussi musclé en ne faisant que de la danse. Un mystère de plus à résoudre sur Min Cheol. Ça, tu avais de quoi faire!

Et puis, un cri de famine se fit entendre de l'estomac de ton squatteur. Tu lâchas de nouveau un rire, l'observant se pencher vers toi pour lui rincer les cheveux, chose que tu fis sans te faire prier. Tu en profitas pour faire te même avec les tiens, encore pleins de mousse. Maintenant, il fallait sortir de la baignoire... Tu t'arrêtas dans ton élan, fixant ta serviette au loin. Tu poussas un soupir et dirigeas de nouveau ton regard sur Cheol, prenant un air faussement autoritaire. « Bon, ferme les yeux le temps que je sorte, ok? » Et pour appuyer ta demande, tu lui pris les mains et plaquas ses paumes sur ses yeux. Tu lui faisais confiance, tu savais qu'il ne voyait aucun intérêt à regarder, mais on est jamais trop prudent, n'est-ce pas?

Une fois que la voie fut libre, tu sortis rapidement de la baignoire et te jetas sur ta serviette, t'enroulant dedans sans attendre. Tu en pris une autre et la donnas au jeune homme qui barbotait encore dans l'eau. Puis tu sortis de la salle de bain, accueillie par Gihoe qui attendait devant la porte. Lui aussi devait avoir faim. Tu lui fis une caresse avant de filer vers ton armoire. Sur-entraînée, tu te séchas à la vitesse de la lumière et t'habillas aussitôt. Une fois ton t-shirt et ton short enfilé, tu pouvais te détendre. Tu commenças par aller nourrir ton compagnon à quatre pattes qui n'attendait que ça, réveillant le couple de perruches au passage. Tu attendais que Cheol sorte de la salle de bain et s'habille, préparant déjà les ingrédients pour faire des pancakes, rituel du dimanche matin.

i hate waking up alone in that bed. it scares me. do not leave me before i open my eyes. or the demon will be back and devore me again.

Cheol n’avait certes qu’une passion dans la vie, mais il s’y donnait corps et âme. La danse, il l’avait découvert par hasard, tandis qu’il faisait les poubelles le soir d’un grand restaurant. Et cette petite bande de danseurs qui s’entraînait l’avait émerveillé. À l’époque, il contrebalançait son mutisme avec cette nouvelle façon de s’exprimer. Depuis, elle ne l’avait jamais quitté, et il se voyait mal un jour arrêter. Elle le maintenant en vie. Alors savoir que Sae Ri allait venir avec lui ce soir-là le remplissait de joie. Même s’il avait une légère pression puisqu’il allait tester une toute nouvelle chorégraphie. Au moins, son aînée allait pouvoir l’aider en lui indiquant les possibles erreurs à corriger en comparaison de la vidéo.

L’imitation du Père Noël de la part de Cheol semblait réussir puisque la jeune femme en face de lui éclata d’un doux rire communicatif. Ou bien peut-être qu’elle se moquait de lui ? Qu’importe la raison, il adorait la voir ainsi. Et à la remarque de Sae Ri, il se relâcha et baissa le regard sur ses abdos, en dégageant la mousse qui lui cachait la vue. Bon, il était vrai que le gros ventre, il était bien loin de l’avoir. « Mais c’est bien aussi d’être tout plat, non ? ». Enfin, plat. Tout était relatif. Il se passa finalement les mains sur le visage pour en retirer son costume blanc. « Toi non plus d’ailleurs, tu ne l’as pas le gros ventre. ». Elle était jolie son aînée. Bien trop jolie.

Mais quelque chose vint couper net leur petit moment agréable dans le bain. En effet, le ventre de Cheol se mit à grogner, témoignant ainsi qu’il était l’heure du petit déjeuner. Se pinçant les lèvres, il finit par se pencher pour laisser Sae Ri lui rincer les cheveux. Se les plaquant ensuite en arrière, un petit sursaut prit le brun lorsqu’elle lui plaça ses propres mains sur les yeux. « Promis. ». Il resta donc ainsi jusqu’à ce qu’elle dise qu’il pouvait retrouver la vue. Il la remercia pour la serviette et attendit qu’elle quitte la pièce pour quitter la baignoire. Il en retira le bouchon pour laisser l’eau s’évacuer et se sécha à son tour. Cheol s’apprêta à sortir de la salle de bain mais s’arrêta net, la main sur la poignée de la porte. Il était nu. Et Sae Ri lui avait déjà répété maintes fois qu’il devait s’habiller.

Alors le jeune homme fit un détour par la chambre et enfila [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] avant de rejoindre la belle dans la cuisine. « Tu as besoin d’aide Noona ? ». Sortant deux verres, il les remplit de jus d’orange avant d'en mettre un de côté pour elle. Il en profita en même temps pour câliner le chien, qui était lui aussi sortit de son sommeil. Soudain, sans dire un mot, Cheol enfila des claquettes et quitta l’appartement pour revenir quelques minutes plus tard avec le courrier. « Tu as deux lettres Noona. Et de la pub, comme toujours. ».