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Ca se dit », confirma-t-il, les sourcils un peu haussés dans une sorte de grimace gênée. Sa tête se pencha d'un côté puis de l'autre, comme s'il étudiant silencieusement le sujet. «
Mais en même temps, ça se dit pas », il fronça les sourcils, les pommettes un peu rosies, l'air perturbé. «
Ca fait un peu trop égoïste non ? Parce que si l'autre personne veut pas, c'est un peu comme si t'imposes un truc non ? », il arqua un sourcil, ses doigts frottant maladroitement sa joue. Son regard partit lentement sur le côté tandis qu'il se mordit la lèvre, les phalanges accrochées au col de son t-shirt, jouant distraitement avec, encore plongé sur la question. Il n'aimait pas être égoïste, Aoki. Il n'aimait pas penser qu'à lui. Il ne voulait pas penser à lui. Il préférait penser aux autres. Ca le rendait moins triste. Et il se perdait moins dans des idées sombres. Quand il ne pensait qu'à lui, Aoki voyait soudainement toutes ces choses négatives qui l'entouraient ou le définissaient. Quand il ne pensait qu'à lui, il se trouvait inhumain et trop narcissique. Il avait lu, un jour, qu'il fallait penser à soi de temps en temps. Que c'était primordial. Mais Aoki n'y arrivait plus. Ou peut-être qu'il n'y arrivait plus. Il se trouvait parfois déjà bien assez égoïste alors qu'il ne faisait pas grand chose. Il essayait de se satisfaire de son métier et d'autres petits détails ici ou là. Il essayait de s'accrocher à ça – enfin, il s'agissait là de grands mots, Aoki ne s'accrochait à plus grand chose.
Et il n'aimait pas imposer les choses aux autres non plus, Aoki. Il n'aimait pas ça. On lui en avait trop imposé, sans doute. Il ne voulait pas être comme ça.
«
Peut-être ? », il lui lança une grimace boudeuse, un brin enfantine, le nez plissé. Peut-être oui, ou peut-être non ? Sa grimace s'accentua. Il se moquait pas un peu de lui là ? «
Génial », et son sourire réapparut aussi vite qu'il était parti, sa grimace totalement oubliée, le regard satisfait. Ca lui faisait plaisir, qu'il veuille passer un peu de temps avec lui. Ca lui faisait plaisir, qu'il sacrifie de son temps pour le passer avec lui. C'était peut-être rien pour Je Ha, mais pour Aoki cela représentait beaucoup.
Se pinçant quelque peu les lèvres, il hocha légèrement le visage aux mots du croupier. Il avait entendu que certaines zones étaient plus sensibles que d'autres. Il avait entendu des personnes dire que c'était douloureux, aussi, alors que d'autres comme Je Ha disaient pratiquement l'inverse. Tout dépendait de la personne. «
La tête ? T'en as un sur la tête ? », la bouche ouverte comme un gamin choqué d'avoir découvert une porte secrète, il fixait Je Ha, les paupières clignant faiblement. «
Il ressemble à quoi ? Mais oui ça doit faire mal sur la tête », il se massa brièvement les cheveux, un léger rire au bord des lèvres.
Baissant quelque peu la tête, il haussa rapidement les épaules, une petite moue au visage. «
Je le suis. Mais Ryota est mon frère, il est important », dit-il en redressant son visage, observant Je Ha, une fine esquisse douce aux lèvres. «
Je ne vois pas faire quelque chose sans son avis », pour qu'il soit déçu, ou triste à cause de lui ? Non merci. Aoki en avait déjà trop fait, il ne voulait pas lui faire plus de mal. Il n'avait pas le droit. «
Allons-y alors », et il partit en direction de la caisse la plus proche, déposant ses articles sur le tapis. Il patienta jusqu'à son tour et paya, attendant ensuite que Je Ha ait fini lui aussi. «
Tu veux poser tes courses à la maison ? », il le regarda, le visage basculé sur le côté. «
Ce serait moins embêtant que de les emmener partout avec », pensa-t-il à voix haute. «
Tu voudras faire quoi du coup ? Du shopping ? », qu'il lui proposa, un rire vibrant dans le fond de sa gorge, peu certain que le croupier serait partant pour une session shopping.